Délibéré du jugement du GANVA

Nous avions parlé du procès, voici le délibéré dans un compte-rendu par le site Résistances – Caen.

Pour ce délibéré du jugement des militants ayant bloqués le convoi de déchets nucléaires, les forces de l’ordre étaient présentes en nombre : dix fourgons de gendarmes mobiles étaient garés sur l’esplanade de la mairie. Les gendarmes se relayaient à l’intérieur du tribunal, aux entrées de la salle des pas perdus et de la salle d’audience.

Avec un léger retard, le président du tribunal a rendu son verdict : 6 des 7 militants sont condamnés à un mois de prison avec sursis et 1 000 euros d’amende, le dernier est condamné à un mois de sursis et 1 500 euros d’amende car il avait refusé de donner ses empreintes. Le tribunal a accédé à la requête des avocats pour l’exclusion du casier judiciaire, bulletin numéro 2 pour la militante travaillant dans l’Education nationale.

En outre, les militants doivent un euro chacun à Areva au titre de dommages et intérêts et collectivement 20 797,50 euros à la SNCF. Ils sont aussi condamnés à verser 1 000 euros à Areva et à la SNCF au titre des frais de justice.

Ces sommes sont prises sur la caution qu’ils avaient du verser (16 500 euros) suivant la répartition suivante : 15 727,13 euros pour la SNCF et 772,87 pour Areva. Les scellés sont confisqués.

A l’issu du délibéré, l’avocat des militants a insisté sur le fait que la condamnation était lourde car il y avait peine de prison plus amende, ce qui n’était jamais arrivé pour une telle action (généralement des amendes).

Il a aussi indiqué que les sept militants ainsi que le réseau sortir du nucléaire avaient saisi le conseil d’Etat sur l’autorisation du convoi qui avait décidé de confier l’instruction au tribunal administratif de Paris.

Sur les violences policières, une requête est toujours en cours auprès de la CNDS (Commission Nationale de Déontologie de la sécurité). Par ailleurs, les militants vont saisir dans les prochains jours le doyen des juges d’instruction afin que toute la lumière soit faite sur les conditions de désincarcération.

Blocage en Allemagne d’un convoi de Castor en provenance de France

La neige n’empêche pas la mobilisation, et on peut voir ces photos courageuses qui viennent d’Allemagne. Un peu moins d’une centaine d’activistes ont en effet réussi à freiner voire bloquer le CASTOR alors qu’il rejoignait une station de transfert, à Lubmin.

L’action s’est passée mercredi dernier et était organisée par différents groupes autonomes de la région de la Thuringe. On peut voir ici une vidéo.

Le convoi provenait du centre français de Cadarache, dans le sud de la France et consistait en quatre de ces fameux Castor, les wagons-containers. Trois wagons de « protection » les accompagnait.

Les déchets, qui ont été vitrifiés, venait initialement d’Allemagne, du surgénérateur de recherche de Karlsruhe KNK-IIe et de l’ancien cargo spécialisé dans la recherche (et à propulsion nucléaire) le NS Otto Hahn (Otto Hahn a été prix Nobel de chimie, était spécialisé dans le nucléaire mais s’est très largement engagé contre les armes atomiques).

A la base donc, 0,5 tonnes de combustible MOX ont parcouru Karlsruhe – Marcoule – Cardarache – Lubmin sans avoir été traité!

Le CASTOR bloqué à 30 km de l’arrivée

A 30 kilomètres du terminus du convoi, 5.000 personnes sont sur les rails, campant dans cette froide nuit, mais évidemment avec un ravitaillement en boisson et et en nourriture… vegan, comme il se doit dans la culture allemande autonome.

Une quarantaine de tracteurs bloquent les routes avoisinantes, alors que des centaines de lits avaient été mis à la disposition des activistes pour pouvoir attendre l’arrivée du train.

Hier, dès sept heures du matin des centaines d’activistes ont mené des opérations contre les rails. Des grimpeurs installés dans les arbres ont ainsi par leur présence bloqué le convoi pendant un peu plus de deux heures.

La plus réussie des actions a permis d’enlever le ballast sur 500 mètres. On peut voir ici et l’action ultra brutale de la police, utilisant matraques, gazeuses, coups de poing et de pieds, etc.

Le CASTOR dû être arrêté hier soir près de la gare de Dahlenburg, où il devait passer la nuit en raison des blocages. Un convoi où il y a apparemment une surchauffe entre deux wagons, comme on peut le voir sur la photo ici…

La police a annoncé de son côté que ses membres étaient… épuisés ; en fait, les forces de répression capitulent devant l’ampleur du blocage. Rappelons que plus de 16.000 policiers allemands mènent la répression du mouvement anti-nucléaire, et qu’ils ont de fait dû affronter une forte détermination, amenant même l’incendie d’une sorte de tank de la police.

Mobilisation anti-CASTOR en Allemagne… A quand en France?

En Allemagne a lieu de nouveau une mobilisation énorme contre le CASTOR, avec plus de 100 initiatives visant à préparer le bloquage de ce transport ferroviaire de déchets nucléaires; il y en aura encore trois d’ici la fin de l’année.

Le mouvement nucléaire anti-CASTOR mobilise en effet des dizaines et des dizaines de milliers de personnes, qui attendent patiemment et de manière organisée le « jour X » : le jour du passage (censé être secret). Le slogan est ainsi « castor niX » (soit « castor nichts » c’est-à-dire « pas de castor »).

Le CASTOR, c’est le « cask for storage and transport of radioactive material » c’est-à-dire un conteneur de produits radioactifs, transportés ici par train.

Un train en fait en provenance… de la Hague en France. A la Hague, les déchets nucléaires sont donc mis dans des containers, ceux-ci sont placés dans des trains, et ces trains vont donc en Allemagne, à Gorleben.

Évidemment, ce qui se passe en Allemagne n’a rien à voir avec la passivité française. Le mouvement est tel que la mobilisation policière est énorme, avec une progression très lente des trains afin de vérifier les rails et de repousser les nombreux groupes de bloqueurs.

Le mouvement d’opposition au centre de récupération des déchets de Gorleben a plus de 30 ans, il s’agit d’un mouvement très connu en Allemagne, et très populaire, avec même un foklore local : celui de la république du Wendland libre, avec des passeports, une radio, etc.

On peut voir ici de très nombreuses et longues vidéos des initiatives de protestation (en cas de téléchargement à faire, le mot de passe sera « nix-da ») et là des vidéos courtes sous-titrées en français (cliquez directement ici et pour y accéder), celle-ci balayant en fait tout un très large spectre, allant de l’initiative locale aux actions clandestines.

Notons d’ailleurs ici deux faits au sujet du CASTOR par rapport à la France : tout d’abord, un activiste français, Sébastien Briat, est mort en 2004 écrasé par le convoi, alors qu’il participait à un groupe tentant de bloquer le convoi. Il était membre de la CNT.

Et il faut savoir que l’accusation faite dans « l’affaire Tarnac » s’appuie en fait sur une démarche tout ce qu’il y a de plus connue en Allemagne, notamment dans le cadre du mouvement anti-CASTOR, à savoir le sabotage des caténaires par une sorte de crochet métallique.