La sisa, drogue de l’extermination des pauvres

Nous avons tout à fait conscience que la question straight edge n’apparaît pas nécessairement comme extrêmement importante. Pourtant, elle l’est ; affirmer une utopie positive, en liaison avec la question de la Nature, demande un très grand réalisme social.

Nous avons parlé de la drogue dite « crocodile », ce terrible fléau en Russie. Plus près de nous cette fois, et tout aussi terrifiant, voire encore plus terrible dans ses effets, il y a la « sisa », en Grèce (la Σίσα).

Allusion à la chicha (et se prononçant pareillement), il s’agit d’une drogue terrible, un mélange de crystal meth, soit la métamphétamine, avec… avec justement personne ne sait trop.

Les médias commencent seulement à en parler, car en fait, elle est plus ou moins passée sous silence depuis son apparition en 2010 ; les conditions de cette apparition ne sont pas encore connues.

Ce n’est guère étonnant : elle est un fléau terrible frappant les populations désocialisées.

C’est un meurtre social auquel on assiste, au moyen d’une drogue dont une dose coûte un peu moins de deux euros. La sisa, c’est la drogue de l’extermination des pauvres.

Il ne s’agit pas de faire une théorie du complot, mais de constater les faits : des couches entières de la population sont laissées à l’abandon, laissées à la sisa.

Insomnie allant jusqu’à plusieurs semaines, hallucinations, agressivité massive aboutissant à l’ultraviolence, graves problèmes internes et mêmes effets abrasifs que la drogue « crocodile » en cas de prise en « shoot » : la sisa, c’est de la métamphétamine, dans une version terrible, celle de la crise du capitalisme et de gens se précipitant dans la sisa de manière suicidaire.

On remarquera d’ailleurs, et c’est quelque chose de compliqué qui a dû certainement faire grand débat là-bas, est que les consommateurs de sisa, qui s’avèrent être particulièrement dangereux, ont été chassés dans certaines zones par les mouvements anarchistes.

Il est tout à fait compréhensible que soient protégés les lieux militants, d’autant plus qu’il est une tradition des polices partout dans le monde de faire en sorte que les trafiquants et les personnes consommant des drogues se placent autour des lieux militants, particulièrement les squatts.

C’est une manière de criminaliser et de marginaliser ; une autre tactique est la diffusion massive d’héroïne à bas prix, ce qui est arrivé en 1977 en Italie.

Pour autant, il y a une avalanche de textes anarchistes au sujet des révoltes en Grèce, et rien au sujet de la sisa. Ce n’est pas logique, ni correct. Comment peut-on vouloir la révolution et tout simplement « oublier » le phénomène de la sisa ?

La sisa est une question de santé publique, et on ne peut pas voir les choses de manière individuelle, ou alors on en reste à une simple ligne d’extermination nazie des consommateurs de drogues, ce qui est évidemment la position de l’extrême-droite.

Pourtant, il n’est pas difficile de comprendre qu’avec la sisa, l’Etat grec laisse s’effondrer définitivement les couches les plus pauvres. Rien qu’en 2010, la contamination du SIDA chez les héroïnomanes a augmenté de 1500 %.

C’est un exemple terrible, et nous disons ici simplement : si vous ne l’êtes pas encore, devenez straight edge, assumez un engagement social en refusant de manière nette les solutions destructrices, et en le montrant de manière positive !

Une revue anarchiste part en guerre contre le véganisme

« Le jour où les animaux se révolteront, alors on verra. » (Courant Alternatif, octobre 2010)

Qui sont les gens risquant des années de prison pour libérer des animaux ? Qui sont ces gens donnant leur énergie pour s’occuper d’animaux en détresse ? Qui sont ces gens qui prônent un rapport avec les animaux qui ne soit pas la guerre ?

Pour la revue anarchiste « Courant alternatif » c’est clair : ce sont des gens qui suivent la « mode. » Dans le numéro d’octobre 2010 on peut lire cela dans l’article « Etre vegan : une mode pour un temps de crise. »

C’est intéressant : pour ces gens le véganisme serait quelque chose de « récent. » Comment expliquent-ils alors que la libération animale soit née dans les années 1970, la libération de la Terre dans les années 1980 ? Surtout que les gens à l’origine de cette revue se revendiquent de cette époque de contestation…

En fait pour ces gens pétris de conception réactionnaire typiquement française, les vegans sont même une menace de grande ampleur. Même des structures comme les Food not Bombs et leur nourriture gratuite est une menace littéralement terroriste :

« Depuis quelques années, les bouffes organisées dans des lieux collectifs et dans des rassemblements sont de plus en plus prises en charge par des vegans sans que la chose soit réellement discutée collectivement. »

Il n’y a pas à dire : il y en a qui n’ont vraiment rien d’autres à faire… D’ailleurs, on avait déjà droit à un article anti vegan dans le numéro de mai 2010 : « L’environnement c’est Kapital ! Spécial écologie. »

On y trouvait déjà un article anti-végan écrit… par un vegan straight edge « repenti »… N’aurait-il pas été franc de le dire ? Et quelle étrangeté de multiplier les allusions en filigrane à LTD… tout en faisant en sorte de résumer le véganisme à une question d’alimentation…

Comme dans ces lignes de ce nouvel article où le véganisme est présenté comme une mode, lignes qui visent le côté beauf dans tout lecteur (voire lectrice):

« Ce dont nous avons besoin, c’est aussi du plaisir, sans lequel il n’y a pas de vie supportable !

Il y a déjà la télé avec son surplus de spécialistes… de la minceur, de la diététique, de l’élevage des enfants, de la sexualité ; des psys, des curés, des pédagogues, des économistes qui ne font qu’infantiliser le public en lui donnant des conseils sur ce qui est bien pour lui ; faut-il en plus qu’on en retrouve en milieu libertaire qui nous disent comment bien manger? »

Les vegans donnent de la nourriture : c’est un piège ! Ils/Elles n’en donnent pas : c’est qu’ils/elles veulent imposer leur nourriture !

C’est donc une véritable terreur que vit « courant alternatif. » Et d’où vient cette terreur ?

Eh bien c’est facile à trouver : pour les Français bien réactionnaires, ce qui est mauvais ne peut venir que des « anglo-saxons », par définition anti « latins » et anti « plaisir. » On croirait lire de la prose des années 1930-1940:

« L’antispécisme, comme le véganisme, est une culture urbaine.

Ce n’est pas un hasard si l’un comme l’autre sont venus des Etats-Unis et d’Angleterre, sous la double influence d’un zest de puritanisme protestant et de l’urbanisation précoce dont ces deux pays ont été les champions. »

Cela est bien évidemment n’importe quoi : le véganisme vient tout autant d’Allemagne et d’Autriche, ce dernier pays étant catholique. De plus, la libération animale s’est développée à vitesse grand V tant dans les pays d’Amérique latine (Chili, Argentine, Brésil…) que les pays « latins » d’Europe : Espagne, Italie…

Mais il ne faut pas rechercher trop de cohérence, car on a même droit au classique « les vegans nous traitent de nazis » ou encore l’accusation comme quoi nombre d’associations antispécistes veulent imposer une alimentation simplement à base de pilules !

Ces gens délirent totalement ! Mais il faut les comprendre ! Car ces gens savent que le sol se dérobe sous leurs pieds.

Leur immonde visage ultra-réac bien franchouillard est plus que visible. Quant on pense que ces personnes totalement dénaturées imaginent que les animaux sont des machines. Ils sont incapables de comprendre que les animaux préfèrent ne pas vivre en cages ! Voici par exemple ce qu’on peut lire :

« Selon nous, les revendications de la politique, de l’anarchisme, des mouvements d’émancipation, c’est que la liberté, la justice, etc. soient portées par les intéressés eux-mêmes et pas décidées en dehors d’eux. Or, dans ce cas des animaux, les « libérateurs » seraient des représentants autodésignés et non révocables !

C’est de l’anthropocentrisme assorti d’anthropomorphisme : qu’est-ce qu’un animal « sait » de la liberté, de l’égalité? »

Quel verbiage « radical » sans valeur aucune… Et dire que ces gens nous accusent de faire dans le pathétique… Qu’ils osent parler de justice, alors qu’ils se moquent des animaux, préférant leur temps à critiquer les végans…

Le problème n’est pas seulement que dans cet article (signé de l’ensemble de l’organisation qui produit la revue!) la rébellion des animaux soit niée. C’est surtout que la ligne est carrément social-darwiniste: malheur au plus faible!

Une logique folle qui va jusqu’à dire:

« Le jour où les animaux se révolteront, alors on verra. »

Une phrase honteuse, criminelle, dont la fausseté saute aux yeux. En clair quand ces gens voient la photo suivante, ils pensent: « ce n’est pas mon problème, ils ne veulent pas se rebeller. »

Et ils disent cela des animaux aujourd’hui, comme ils diront des êtres humains demain, lorsqu’ils s’apercevront que personne ne veut de leur conception: alors ils joueront les aristocrates!

Quant au fait d’être des représentants « autodésignés »… Est-ce que ce ne sont pas des humains qui ont mis des animaux en cage ? N’est-ce pas donc aux humains de réparer cela ?

Sur la photo suivante, cet animal ne proteste-t-il pas de la manière la plus claire qui soit, ne se rebelle-t-il pas? Et les humains ne sont-ils pas responsables de ce qui lui arrive?

Et même en suivant le raisonnement de ces anarchistes : qu’est-ce que cela bien faire à « Courant alternatif » que des gens soient végans ?

N’ont-ils pas une révolution à faire, et donc autre chose à parler que de véganisme, dans deux longs articles très denses, nous visant par ailleurs ouvertement mais sans même le reconnaître ?

Dans l’article on peut lire finalement:

« Occupons-nous donc déjà de ceux et celles qui, au sein de l’humanité, réclament de la liberté, de l’égalité et de la justice. Il y a de quoi faire! »

Alors pourquoi faire des charges brutales contre le véganisme? Le véganisme est-il une si grande menace?

Il est évident que oui: les gens de « Courant Alternatif » savent que la question de la libération animale sera incontournable au 21ème siècle, et ils tentent de freiner la compréhension de cela autant qu’ils peuvent, car finalement le libéralisme, pour eux il n’y a que cela de vrai…

Crise annoncée dans le Golfe du Mexique

Ce qui devait arriver est arrivé : il est maintenant quasi officiel que la fuite de pétrole dans le Golfe du Mexique est bien plus importante qu’annoncée.

Ainsi, selon la radio publique américaine, la National Public Radio, il faut considérer qu’il n’y a pas 800.000 litres de pétrole passant dans la mer chaque jour, mais… 11 millions de litres !

La radio se fonde sur une enquête faite à sa demande et réalisée par Steven Wereley, professeur d’ingénierie mécanique à l’université de Purdue. Celui-ci a analysé les images des vidéos fournies par BP et montrant la fuite au fond de la mer.

Voici quelques vidéos de cette fuite, vidéos très impressionnantes :

Vidéo 1

Vidéo 2

Même si les calculs de Steven Wereley ont une marge d’erreur de 20% (en moins comme en plus!), et que BP réfute ces chiffres (tout en proposant aucune évaluation officiellement), il est évident que le message commence à être passer à l’opinion publique.

Alors qu’évidemment, les choses étaient relativement claires dès le départ, comme nous l’avions dit. Mais c’est une crise qui s’annonce terrible, et les médias lâchent du lest.

On a pu ainsi savoir que Timothy Crone de l’Université de Columbia, et Eugene Chiang, professeur d’astrophysique à l’Université de Californie, ont obtenu les mêmes résultats que Steven Wereley, avec une méthode différente.

On a également pu entendre dans les médias américains Ian R. MacDonald, spécialiste en océanographie à l’université de Floride, expliquant qu’il fallait multiplier les estimations officielles de la fuite facilement par quatre ou cinq !

Inversement, les experts Richard Camilli et Andy Bowen, de la Woods Hole Oceanographic Institution du Massachusetts, avaient été invités par BP pour évaluer la fuite au moyen de machines sous-marines ultra perfectionnées, puis finalement « décommandés » sans explication.

Il faut dire, les images satellites les plus récentes sont très parlantes…

Pour sa défense, BP explique que sa priorité est le colmatage, pas l’évaluation de la fuite… Le directeur général Tony Hayward a même expliqué au quotidien anglais le Guardian que

« Le Golfe du Mexique est un très vaste océan. Le volume de pétrole et de dispersant que nous y déversons est minuscule par rapport au volume total d’eau. »

Cette phrase restera certainement dans l’histoire. Malheureusement!

Et Obama lui-même a soutenu cette ligne de défense, tout en critiquant les compagnies pétrolières parce qu’il y est obligé devant la pression de l’opinion publique.

Surtout que le débat entre BP (locataire de la plateforme), Transocean (propriétaire de la plateforme), et Halliburton (qui a cimenté la base de la plateforme) a tourné au ridicule, chaque entreprise accusant l’autre d’être responsable de la catastrophe.

Obama a donc fait semblant de s’énerver, en bon showman, tout en cherchant à profiter de la situation pour préparer l’opinion publique. Il a ainsi expliqué « qu’il y a eu des informations différentes ces derniers jours sur l’importance de la fuite », tout en disant que « ce qui est vraiment important, c’est qu’il y a du pétrole qui fuit, et il faut le stopper, le stopper le plus vite possible. »

Comme on le voit bien, il s’agit d’en dire un peu, mais pas trop. Il s’agit de préparer au choc, tout en cherchant à éviter une prise de conscience ! Car justement, au Congrès américain, BP donne des chiffres.

Et ceux-ci sont impressionnants : dans le pire des cas, l’équivalent de la catastrophe de l’Exxon Valdez se réaliserait tous les quatre jours!

Et les réserves de la nappe pétrolière dont part la fuite sont… de l’équivalent de 50 millions de barils de pétrole.

C’est une terrible catastrophe à laquelle nous assistons.

Tout cela montre la vanité de ceux qui prétendent ne s’intéresser qu’à leur entourage, ou à leur propre pays. Il faut avoir une vision globale, à l’échelle de Gaïa!

Il faut un mouvement sans compromis luttant pour la libération de la Terre!

Notons aussi que la catastrophe du Deepwater horizon permet donc paradoxalement une critique auparavant étouffée. Ainsi, le Centre pour la diversité biologique a porté plainte contre le Service de gestion minier (MMS), qui dépend du ministère américain des affaires étrangères.

Le Centre pour la diversité biologique critique l’administration Bush qui a vendu l’autorisation à BP, ainsi que l’administration Obama qui l’a approuvé en avril 2009.

Il accuse l’État américain d’avoir « traité le golfe du Mexique comme une zone sacrifiée », en « oubliant » les autorisations nécessaires sur la protection des mammifères marins, ou bien carrément en faussant les rapports : « Si vous découvrez que les risques sont élevés ou que certaines espèces seront touchées, votre rapport finit dans un tiroir, et ils trouvent quelqu’un d’autre pour le refaire. »

Et le Centre pour la diversité biologique de constater : que se passera-t-il lorsqu’une telle catastrophe arrivera dans l’arctique ? Dans une zone éloignée de tout port, dans une eau glacée, en pleine nuit arctique, dans des conditions donc bien plus dures que dans le Golfe du Mexique?