« Le terrorisme végétarien » et un étrange droit de réponse…

Il est bien connu qu’il y a une criminalisation certaine de la cause vegan, ce qui est dans l’ordre des choses vu que l’Etat et les médias sont au service de ceux qui font le plus de profits.

Voici un petit exemple que nous avions raté et qui a amené en réaction une chose assez étrange… Cet article est tiré d’un blog lié au Nouvel Observateur et date du 30 mai 2009:

Le terrorisme végétarien

Les végétariens se targuent volontiers de leur non-violence. Ils prétendent que la consommation de produits animaux rend agressif, et affichent en guise de slogan cette phrase de Tolstoï: «Tant qu’il y aura des abattoirs, il y aura des champs de bataille».

Pourtant, c’est la nébuleuse des amis des bêtes, ennemis de la viande, et autres antispécistes qu’on soupçonne d’avoir, le 28 mai, ravagé par le feu l’important marché de la viande dit le Cadran d’Ussel, dans la Corrèze. Comprenne qui pourra.

Mais peut-être qu’à défaut de manger du bifteck, ces non-violents apprécient l’odeur du barbecue, finalement. Cela les rapprocherait presque des humains ordinaires, c’est-à-dire omnivores.

D’ailleurs les mêmes, dans un communiqué de presse, nous annoncent: «Le 6 juin, ça va saigner ». Il s’agit de promotionner la «Journée contre le spécisme», qui se déroulera samedi prochain dans une dizaine de villes de France, dont Paris bien sûr.

Clou de ces manifestations, destinées à nous dégoûter de la viande: des «opérations barquette», comme il disent. Des corps humains, nus et ensanglantés (mais avec du faux sang, nous rassure t-on), seront exhibés sous cellophane dans de gigantesques barquettes type supermarché. «De la chair humaine en barquettes!», proclament-ils avec gourmandise. C’est certain, ils vont nous dégoûter de la chair humaine. Promis, je n’en mangerai plus jamais!

En tout cas il y en a une qui apprécie la viande. C’est Madame la Gouverneure générale du Canada, représentante de la reine d’Angleterre en ces terres lointaines, et qui fait donc fonction de chef de l’Etat par délégation. Or cette personne très haut placée, en visite chez les Inuits et partageant de bon cœur l’un de leurs repas festifs traditionnels, a, sous les objectifs et les caméras, dégusté un morceau de cœur de phoque. Cru, et a peine extrait de la bête.

«Après la dégustation, Madame Jean a utilisé un mouchoir pour essuyer le sang sur ses doigts, et a expliqué son geste de solidarité envers les chasseurs inuits de la région», nous apprend l’agence Associated Press. On se demande ce que les végétariens du Canada vont en penser.

Comme on le voit, rien d’exceptionnel dans le ton, l’attitude, la mentalité. Non, si nous le publions c’est pour archiver et faire remarquer quant au « droit de réponse » qui a été fait.

En effet, le journaliste du Nouvel Obs, après avoir parlé de ce qui est en fait une action de l’ALF (dont nous avions parlé d’ailleurs), dit:

D’ailleurs les mêmes, dans un communiqué de presse, nous annoncent: «Le 6 juin, ça va saigner ». Il s’agit de promotionner la «Journée contre le spécisme»…

Normalement, dans ce genre de cas, la moindre des choses est de ne rien dire, ou alors on est condamné à considérer l’ALF comme « terroriste. » C’est d’ailleurs évidemment le but de la manoeuvre du journaliste et de son titre « le terrorisme végétarien » et de son assimilation ridicule entre « végétariens » et « anti-spécistes. »

Et pourtant… il y a une réponse des associations, expliquant justement que l’ALF est terroriste. Nous avons pensé qu’une telle chose méritait d’être mentionnée.

Voici donc le communiqué des « organisateurs » (les associations participantes étant: Droits des Animaux, PeTA France, Association Végétarienne de France, L214, CLEDA, Combactive, VegNord, VegLorraine, Dignité Animale, Croc Blanc, Animal Amnistie, AVIS, Action mutante, CLAM, collectif marseillais pour l’égalité, collectif Diois pour l’égalité, Collectif antispéciste de Besançon, Lausanimaliste, les Artichauts Mécontents, VegRouen).

Droit de réponse

Dans un article du 30 mai 2009, Fabien Gruhier, journaliste au service « Notre Époque » du Nouvel Observateur, assimile les associations participantes à la «Journée contre le spécisme» (discrimination exercée contre les animaux) aux auteurs d’incendies dirigés contre un marché de la viande.

Un tel amalgame est indigne d’un journal d’information, qui ne se serait probablement pas permis une telle assimilation à l’égard d’autres catégories de la population. Les défenseurs des animaux ne méritent-ils pas d’être considérés avec objectivité ?

Ce ne sera que la seconde fois que Le Nouvel Observateur se livre à ce type de caricature à leur sujet. Un premier droit de réponse leur avait été accordé. Nous continuerons à réagir chaque fois que de tels manquements à la déontologie du journalisme seront constatés.

Véhiculer l’amalgame entre végétariens et terroristes n’est pas anodin. C’est empêcher le débat de fond en discréditant aux yeux du public ceux qui remettent en cause la légitimité de la viande. Il est des moyens plus nobles d’exprimer un désaccord dans une démocratie.

A l’heure où les lois antiterroristes sont utilisées en Autriche pour détruire le mouvement des droits des animaux, dans un mépris éclatant de la liberté d’expression et d’association, de la présomption d’innocence et des droits de la défense, il est profondément choquant de voir Le Nouvel Observateur participer à une stigmatisation qui facilite de telles opérations.

C’est pourquoi nous vous adressons cette protestation collective, comme droit de réponse, afin que soit soulignée clairement la distinction entre les auteurs des incendies et les associations engagées dans la remise en cause du spécisme le 6 juin prochain.

Les associations participantes à la Journée contre le spécisme.

En parlant d’assimilation caricaturale, le communiqué explique donc clairement que l’ALF n’a rien à voir avec le mouvement pour les animaux. C’est une position guère tenable, quel que soit le point de vue qu’on puisse avoir sur l’ALF.

Et on peut remarquer d’ailleurs que ce n’est pas du tout le point de vue des gens inculpés en Autriche. L’association VGT, la principale concernée, ne défend pas la libération animale mais le principe de réformes allant au véganisme; cela n’est pas pour autant qu’elle tient ce discours sur les « terroristes. »

Rappelons d’ailleurs comme nous l’avions dit que l’une des personnes passant au procès en Autriche est arrivée habillée d’un t-shirt avec sur le devant la photo d’une personne masquée tenant un chien Beagle, avec inscrit « Smash HLS » et au dos le slogan « I support the ALF. »

Il y a également durant ce même procès des ballons roses placées au niveau de la fenêtre de la salle, avec accroché en dessous un poster de l’extra-terrestre de la célèbre série télévisée ALF.

Bref, ce communiqué raconte absolument n’importe quoi et il est très révélateur que soit dit justement:

« Il est des moyens plus nobles d’exprimer un désaccord dans une démocratie. »

Démocratie? N’est-il pourtant pas clair que les grandes entreprises décident? N’est-il pas clair aussi qu’il ne s’agit en rien d’un « désaccord » mais d’une vision du monde, et que justement les grandes entreprises qui font des bénéfices se moquent bien des « désaccords »?

A l’opposé de tout cela, faisons-nous plaisir en revoyant les belles photos de la traditionnelle manifestation pour les animaux de la mi-mars à Francfort en Allemagne.

« Les animaux ont-ils des droits ? »: non, mais des gens sont payés pour entretenir l’illusion

Une fois n’est pas coutume, nous allons publier un document insupportable. Il s’agit d’un article intitulé « Les animaux ont-ils des droits ? » et publié hier dans le quotidien Le Monde, dans la section « Point de vue. »

Nous disions encore hier que la violence contre les animaux explose, que l’agro-business massacre toujours plus d’animaux. Pour autant, il ne faut pas croire qu’il n’y a justement pas de subventions destinés à des gens qui font semblant de critiquer, afin de donner l’illusion que tout cela est « démocratique ».

Les auteurs de cet article sont Florence Burgat, notamment directrice de recherche à l’INRA, et Jean-Pierre Marguénaud, professeur de droit privé à la Faculté de droit et des sciences économiques de Limoges et directeur du Centre de recherche sur les droits de la personne.

Bref, des « intellectuels » au sens vraiment « bourgeois » du terme. Des gens payés par l’Etat et la société pour critiquer l’Etat et la société, et l’on peut se douter de quel genre de critiques il s’agit: un discours pacifiste, totalement inféodé aux lois, aux institutions, à l’esprit dominant.

Du propre, du lisse, du bourgeois; aucune attaque frontale contre l’agro-business, aucune affirmation du véganisme.

Un discours de la « protection animale » absolument insupportable, tant parce qu’il ne répond pas aux exigences simples du jour: le véganisme, la libération animale, que parce qu’il est pompeux, élitiste, juridique, fatiguant jusqu’au harassant, et… personnel: les gens se mettent en avant en tant qu’individus, en tant que penseurs.

A LTD notre principe est simple: les point de vue doivent être clairs, compréhensibles et reprenables par tout le monde.

Aucune personnalité ne doit être mise en avant (avec sa photo, son nom, son « parcours », etc.), ce sont les animaux qui comptent, c’est Gaïa qui compte.

La question de la libération animale n’est pas une question « juridique », mais un devoir culturel et moral, et la libération animale n’est pas négociable.

L’article suivant est vain; il donne l’illusion qu’appeler à des réformes « par en haut » changera quoi que ce soit; il s’agit d’une démarche institutionnelle, d’une démarche opposée au développement populaire du mouvement vegan, à la base, par en bas, de manière démocratique, et sur des fondements absolument sans compromis.

Cet appel, alors que l’exploitation animale est en pleine expansion, est faux, décalé, élitiste, et ne répond pas aux exigences de la libération animale!

Les animaux ont-ils des droits ?

LEMONDE.FR | 15.07.10 |

Florence Burgat et Jean-Pierre Marguénaud sont respectivement rédactrice en chef et directeur de la Revue semestrielle de droit animalier

Les animaux ont-ils des droits ? Cette question, communément moquée et balayée d’un revers de main il y a peu, fait aujourd’hui partie des interrogations recevables, comme l’a montré récemment le 21e forum « Le Monde – Le Mans » intitulé « Qui sont les animaux ? ».

Qu’est-ce qui justifie que l’on fasse souffrir, de manière routinière, industrielle, et dans des proportions jamais atteintes, des milliards d’animaux terrestres et marins pour des bénéfices dont la légitimité et l’utilité sont au moins discutables ? Si l’on pense que les animaux n’ont pas de droits et qu’ils n’ont, somme toute, que ce qu’ils méritent, il faut s’en expliquer.

Un grand pas vers l’explication est franchi lorsque beaucoup se sentent contraints d’étayer une position qui semblait jusque-là acquise, inébranlable, pour ne pas dire irréprochable : après tout, ce ne sont que des bêtes ; d’où il faut entendre que quand on agit contre l’intérêt des bêtes, on ne fait rien de vraiment mal, rien de vraiment grave.

De cela, nous ne sommes peut-être pas absolument persuadés en notre âme et conscience, mais la collectivité ayant entériné les pratiques cruelles et massives contre les animaux, tout se passe comme si nous nous sentions individuellement justifiés d’en profiter, et donc innocents.

Ce trouble que chacun ressent en songeant aux souffrances infligées aux animaux a du reste entraîné depuis longtemps ses premières conséquences juridiques sur le continent européen : en Angleterre par le Martin’s Act, dès 1822, en France par la loi Grammont de 1850 punissant les mauvais traitements commis publiquement envers les animaux domestiques. Ces premiers pas étaient cependant bien timides, car la condition de publicité des actes commis tendait à protéger davantage la sensibilité des hommes auxquels le spectacle en était imposé que celle des animaux qui les subissaient.

Sans doute la condition de publicité tombera-t-elle par le décret du 7 septembre 1959 pour les mauvais traitements et ne sera-t-elle pas reprise par le loi du 19 novembre 1963 qui institua le délit d’actes de cruauté.

Cependant, aux côtés des souffrances inutilement infligées, c’est-à-dire non nécessitées par la finalité d’usages la plupart du temps générateurs de souffrance, il faut désormais songer à ces violences qui sont imputables au système d’exploitation.

Si la cruauté contre les animaux n’a pas d’âge, quelque chose s’est emballé. Dans le même temps, l’invisibilité de la souffrance animale se fissure, l’évidence selon laquelle les bêtes ne sont bonnes qu’à être tuées semble, pour peu qu’on y réfléchisse, douteuse. Derrière le « produit » se profile parfois quelque chose que nous n’aimons pas voir. La torsion que subit le statut juridique des animaux traduit ce malaise.

Le législateur européen prend des mesures de plus en plus nombreuses pour « protéger » les animaux et veiller à leur « bien-être », y compris et surtout au moment le plus paradoxal où on les mutile et où on les tue. La prédilection des législateurs pour un mot aussi fort que le « bien-être », visant à faire face à des situations où sa prise en compte confine à l’absurdité, reflète probablement pour une part le malaise inhérent à la justification implicite d’activités animalicides.

La proposition de règlement du Conseil du 18 septembre 2008 sur la protection des animaux au moment de leur mise à mort en appelle d’ailleurs à la « prise en compte du bien-être des animaux » tout en enjoignant les exploitants « d’épargner au maximum la douleur, la détresse ou la souffrance aux animaux destinés à l’abattage ».

On découvrira une nouvelle dimension du paradoxe dans la Directive 93/119/CE du Conseil du 22 décembre 1993 sur la protection des animaux au moment de leur abattage ou de leur mise à mort qui mentionne dans l’un de ses alinéas qu’il « est interdit d’assener des coups ou d’exercer des pressions aux endroits particulièrement sensibles. Il est en particulier interdit d’écraser, de tordre, voire de casser la queue des animaux ou de les saisir par les yeux. Les coups appliqués sans ménagement, notamment les coups de pied, sont interdits ».

Faut-il que ces actes fussent répandus pour qu’il ait été nécessaire de les noter aussi explicitement dans une directive !

LA PERSONNALITÉ JURIDIQUE

Alors que certains scientifiques s’en remettrent au concept mécaniste de nociception, que d’autres admettent l’existence de douleurs « seulement physiques », le législateur européen, quant à lui, reconnaît aux animaux cette évidence, à savoir la capacité à souffrir, à être le sujet de leur douleur et à ressentir la souffrance psychique qu’est la détresse.

En vérité, tout le monde sait cela. Pourtant, les animaux sont très exactement traités comme des matières premières dont les règles de transformation sont soigneusement décrites.

Comment peut-on tranquillement reconnaître en même temps que les animaux sont profondément affectés par ce qui leur est fait, et en affirmer le caractère licite ? La légitimité de ces pratiques n’est-elle pas mise en question au cœur de leur réglementation ?

S’il est vrai que les animaux demeurent versés du côté des biens, et à ce titre appropriables, ils bénéficient depuis le décret de 1959, la loi de 1963 (précités), la loi du 10 juillet 1976 – dont l’article 9 proclame que « Tout animal étant un être sensible doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce » – et le Code pénal entré en vigueur en 1994, d’une protection contre leur propriétaire lui-même.

Désormais, le droit ne laisse plus le propriétaire disposer de sa chose comme bon lui semble lorsque cette chose est un animal. D’ailleurs cette prise en compte de l’intérêt propre de l’animal, être vivant et sensible, n’exprime-t-elle pas une forte résistance à sa classification dans la catégorie des choses ?

Une ligne se dégage alors pour comprendre les raisons d’octroyer des droits aux animaux, par-delà les devoirs de l’homme à les utiliser le moins cruellement possible.

A ceux qui considèrent que les avancées législatives en matière de protection des animaux, et plus encore l’idée de leur reconnaître des droits, comme une insulte à la misère humaine, il faut répondre que la misère humaine résulte de l’exploitation ou de l’indifférence à la souffrance des plus faibles et que c’est au contraire l’insulter, sinon la légitimer, que de prôner l’indifférence farouche à l’égard de la souffrance d’autres êtres plus faibles encore et qui ne peuvent jamais consentir.

Il faut leur répondre que, dans la mesure où il ne suffit pas de rester indifférent à la souffrance des animaux pour soulager la misère humaine, la protection des animaux et celle des plus faibles des hommes relève du même et noble combat du Droit pour aider ceux à qui il peut être fait du mal, beaucoup de mal.

Considérer les animaux comme des choses, c’est les maintenir dans la catégorie où on les avait enfermés à l’époque où la négation de leur sensibilité permettait de les exploiter pleinement.

Nous estimons au contraire que tant sur le plan éthique que sur le plan juridique, dans le prolongement des idées avancées par René Demogue il y a plus d’un siècle, il est inacceptable de continuer à considérer les animaux comme des choses.

On peut, certes, améliorer le sort des animaux sans leur accorder la personnalité juridique, et des progrès ont été accomplis en ce sens aussi bien en droit français qu’européen.

Il semble cependant difficile de faire véritablement ressortir l’utilité de règles protectrices toujours plus nombreuses sans accorder aux animaux un statut qui leur reconnaisse la personnalité juridique et leur attribue techniquement des droits.

De toute façon, dans ce domaine comme dans tout autre, les améliorations concrètes dépendent de l’interprétation des textes par le juge.

Or, il ne fait guère de doute que les mêmes règles également protectrices ne seront pas interprétées dans un sens aussi favorable aux animaux dans un Etat continuant à les considérer comme des choses, toujours un peu viles, que dans un Etat les ayant déjà admis dans la catégorie des personnes titulaires de droits.

Florence Burgat est directeur de recherche en philosophie, INRA, université de Paris-I.

Jean-Pierre Marguénaud est professeur de droit privé, faculté de droit et de sciences économiques de Limoges (OMIJ).

Bold Native: interview

Nous parlions récemment du film américain Bold Native, à l’occasion de la mise en ligne du site de ce film produit de manière alternative. Voici ici une interview au sujet de ce film engagé.

1. Pouvez-nous parler de « Bold Native », comment en êtes-vous arrivé à réaliser ce projet cinématographique?

Nous avons d’abord commencé à travailler sur le script de Bold Native il y a dix ans de cela. Il a été conçu par moi-même et par Casey Suchan, mon partenaire chez Open Road Films.

Avec à nos côtés nos autres partenaires Jeff Bollman et Jessica Hagan, ainsi que beaucoup d’autres amis et collègues, nous avons revu le script de très nombreuses fois tout au long de la décennie.

Je suis été intéressé par le mouvement de libération animale depuis 18 ans maintenant, et c’était une manière pour moi de faire réunir mes deux passions: faire des films et les droits des animaux. Je dirais que la majorité des gens qui ont travaillé sur ce film, clairement plusieurs centaines jusqu’à présent, ont également une passion pour le message du film et ont travaillé pour quasiment rien ou pour rien du tout, afin qu’il puisse être fait.

Notre espoir était de faire un film qui pourrait attirer à la fois le noyau dur du public des droits des animaux et un public général qui ne connaît rien à ces questions. Cependant, nous ne l’avons pas fait dans l’esprit de réaliser un film mainstream.

Nous nous sommes engagés à faire un film honnête et affrontant le sujet. Nous voulions utiliser le cadre d’une fiction pour explorer les idées de la libération animale, des droits des animaux, et la nature du terrorisme et de la violence.

Notre espoir était que le film incite à des discussions et à faire que les gens y pensent à deux fois quand ils entendent quelqu’un qui, dans les médias, qualifie de terrorisme la libération, tout comme les droits des animaux.

Nous avons pendant plusieurs années essayé de trouver des financements pour le film, mais finalement nous avons décidé d’aller de l’avant et de le faire avec nos propres moyens. A la base notre activité, c’est de faire des films documentaires (notre dernier film est Rock The Bells, www.rockthebellsmovie.com).

Notre approche de Bold Native est ainsi très proche de celle que nous aurions pour un documentaire. Nous avons filmé avec une équipe de quatre personnes sur place, employant souvent des personnes réelles et incorporant une large part d’improvisation.

Cela a aidé, avec notre tout petit budget, à ce que le film soit réaliste et vivant. Mais si nous voulions maintenir l’authenticité par rapport au sujet, le film est clairement une fiction, et emploie les techniques cinématographiques de la fantaisie, de la comédie et de l’aventure, afin de raconter l’histoire.

Du début à la fin, le film a été un laboratoire d’amour pour les personnes impliquées. A partir du moment où nous avons décidé d’en faire le notre, nous avons commencé à amener au projet des gens enthousiastes, et ce magnétisme continue alors que nous passons au stade de la distribution. Nous avons déjà reçu de nombreuses offres pour nous aider à ce que le film soit vu ici, et nous remercions chaque volonté de nous aider!

2. Parlez-nous de l’histoire racontée dans le film. De quoi est-ce que cela parle?

Le film est au sujet de quelqu’un libérant des animaux, nommé Charlie Cranehill, et qui est recherché par le FBI pour terrorisme domestique.

Suivant la loi US actuelle (tel qu’établie par l’AETA, Animal Enterprise Terrorism Act), la libération animale et de nombreuses autres activités de protestation pour les droits des animaux sont maintenant considérées comme du terrorisme et ceux et celles qui sont accusés sont condamnés à de plus sévères sentences.

Charlie voyage à travers le pays avec une petit cellule, qui organise en commun la première libération coordonnée à l’échelle nationale.

Le père de Charlie, Richard, qui s’est brouillé avec son fils, est un directeur général d’une grande entreprise. Quand le FBI rend visite à Richard, pour perquisitionner sa maison et trouver des informations sur Charlie, Richard doit décider s’il continue à attendre que Charlie rentre à la maison, ou bien chercher son fils et le trouver avant que le gouvernement ne le fasse.

Le film suit également une jeune femme, appelée Jane, qui travaille dans une organisation qui négocie avec les entreprises en ce qui concerne un traitement plus humain des animaux.

Nous utilisons ces trois histoires comme une intersection pour explorer le débat entre l’abolitionnisme et la protection animale, la signification des mots terrorisme et violence, et d’essayer d’aller à l’intérieur des coeurs et des esprits des personnes qui risquent leur liberté pour les vies des animaux non humains.

3. Est-ce que le film traite également de la question de l’écologie, de la Terre?

Le film ne traite pas de manière explicite des questions environnementales. Notre opinion est que le véganisme est un pas nécessaire sur la voie d’une manière de vivre durable sur cette planète.

Cependant, Bold Native ne touche pas ce sujet. Il est centré sur la question des droits des animaux et des personnes qui luttent pour eux.

4. Aux USA, il y a déjà eu des films traitant d’importantes questions de notre époque, comme Koyaanisqatsi, Silent Running, The Sunchaser ou Earthlings. Quelle est selon vous l’importance de l’art, et particulièrement des films, dans le changement des esprits et le fait de forger une nouvelle culture?

Nous allons tout un chacun dans la vie avec une série de choses que nous pensons savoirs, comme par exemple « Les animaux sont là à notre service. »

Défier ces conceptions peut amener à une posture intellectuelle défensive lorsque quelqu’un essaie de maintenir son sens de soi-même et du monde. L’art peut dépasser une partie de cette posture défensive de l’ego, et communiquer avec les coeurs et les esprits des gens.

En ce sens, l’art a la capacité d’aller à l’intérieur des esprits des gens, et d’amener à reconsidérer des croyances tenues depuis longtemps.

Les films peuvent également nous relier émotionnellement avec des gens ou des personnages que nous considérerions normalement comme étranger pour nous. L’histoire a montré que la familiarité avec les autres est le meilleur moyen de supprimer le sens de la séparation entre nous et eux.

5. Comment est-il possible d’aider votre projet?

Restez connectés à www.boldnative.com ou bien la page facebook de Bold Native, pour les informations à venir. Nous allons vendre des marchandises par notre site internet, afin d’aider au financement de la distribution du film.

Et lorsque le film sera disponible, sans doute en juillet, regardez le et partagez le avec des amis! Et visitez la page Take Action sur le site internet (http://boldnative.com/take-action) pour des informations sur comment vous pouvez vous impliquer dans les campagnes pour les droits des animaux.

Cette page traite en ce moment davantage des organisations des USA, mais si quelqu’un a des suggestions pour des campagnes internationales, nous ajouterons une section pour cela!

6. Il y a aux USA une grande répression contre l’activisme pour la libération animale, comme avec l’AETA. Comment pensez-vous que votre film sera considéré dans ce contexte?

Nous espérons que notre film contribuera à la prise de conscience de ce qu’est l’AETA par davantage de gens. Beaucoup de gens, y compris des cercles progressistes, activistes, ne savent pas que cette législation existe et sont choqués lorsque nous leur en faisons la description.

L’AETA a été poussé par le congrès ici par les groupes de pression de l’industrie de la viande et l’industrie pharmaceutique, avec très peu de médiatisation ou d’information. Il y a un mouvement grandissant pour faire pression sur le congrès et abroger la loi.

Cependant, comme nous avons appris avec le Patriotic Act, il est très difficile de faire en sorte que les gouvernements abandonnent des pouvoirs une fois qu’ils ont été établis. Nous pensons que l’AETA est anti-constitutionnel et espérons qu’un appel d’un de ces cas arrivera finalement à la Cour suprême.

Interview de BerTA

Voici une interview de BerTA – Berliner-Tierrechts-Aktion – l’Action pour les droits des animaux de Berlin. Elle est également en ligne à la section Culture vegane.

Le site de la Berliner-Tierrechts-Aktion (BerTA): berta-online.org.

1. Pouvez-vous présenter votre groupe?

En 1997, des gens ont fondé la Berliner-Tierrechts-Aktion (BerTA) (Action pour les droits des animaux de Berlin), afin de s’engager pour la libération des animaux des rapports de domination.

BerTA se comprend comme un groupe ouvert. Toutes les personnes qui veulent être actives contre la domination et l’exploitation animale sont la bienvenue chez nous. Nous voulons attirer l’attention de la société, par différentes formes d’action, sur ce que l’industrie de l’exploitation cache derrière ses portes, et contribuer à un changement de l’ordre social dominant.

Les intérêts et besoins des individus non-humains ne se voient rien accorder ou presque dans les rapports sociaux actuels. Que ce soit dans l’industrie alimentaire, dans la recherche scientifique, à la chasse, dans les zoos ou dans la branche du textile: les animaux sont gardés enfermés, sont exploités et tués.

Le fondement de leur oppression est la conception selon laquelle les animaux, en raison de leur appartenance à une espèce ou plus exactement en raison de leur non-appartenance à l’espèce humaine, sont considérés comme ayant moins de valeur et relevant de la domination.

Ce rapport de domination, le spécisme, doit, selon notre point de vue, se terminer. Voilà pourquoi nous organisons des manifestations, des réunions d’informations, des discussions avec contenus, des concerts de solidarités et des actions de désobéissance civile.

Bien que nous ne fassions pas nous-mêmes d’actions autonomes de droits des animaux (par exemple des libérations d’animaux), nous nous affirmons solidaires de celles-ci.

2. Qu’est-ce que cela signifie qu’être vegan en RFA?

L’acceptation sociale vis-à-vis des gens mangeant vegan a fortement grandi ces dernières années. Contrairement à il y a ne serait-ce que quelques années, on trouve dans chaque supermarché des produits comme du lait de soja, des pâtés végétaux ou des soi-disant produits de remplacement de la viande.

On prend en compte les personnes veganes également dans les universités et dans les restaurants, et avant tout ce n’est pas rare de trouver des personnes veganes dans les milieux de gauche et alternatifs.

Les personnes veganes n’ont par contre une certaine acceptation que dans la mesure où il s’agit de leur décision personnelle. En cas de critique de l’exploitation des animaux dans la société, tout est différent. Elles font alors face aux vieux arguments bien connus, comme quoi les êtres humains mangent de la viande de manière naturelle, qu’il en a toujours été ainsi, qu’il ne s’agit « que » d’animaux ou que le veganisme est une question de luxe.

Les revendications en faveur de la libération des animaux sont considérées par la grande majorité des gens comme allant trop loin et utopiques.

3. La situation est-elle différente à Berlin? Il y a là-bas apparemment chaque jour plusieurs cuisines populaires veganes !

La situation à Berlin, et en général dans les grandes villes, est certainement différente des régions moins urbaines où les personnes veganes sont souvent considérées comme des « bizarres ». Il y a entretemps à Berlin plusieurs restaurants totalement vegan, un ou deux magasins ne proposant que des produits vegans et également beaucoup de gens vivant dans des colocations veganes.

C’est également valable pour les cuisines populaires, surnommées Vökus (=Volksküchen). Elles sont le plus souvent organisées par des groupes et des projets liés à des maisons, et s’adressent avant tout aux gens de la scène autonome et de gauche.

Les racines reposent dans l’autodéfense socialiste du mouvement ouvrier, et ne sont pas à confondre avec les dons pour les pauvres de la part de l’Eglise, ou bien avec les structures sociales publiques.

Même si la plupart des cuisines populaires sont veganes, cela ne signifie pas que la majorité des gens dans les mouvements de gauche soient vegans, c’est le contraire qui est vrai.

Mais nous saluons qu’il soit fait attention aux personnes veganes et aux revendications des personnes partisanes de la libération animale. Notre groupe organise également des cuisines populaires et des brunchs veganEs. Pour nous il s’agit de proposer des rendez-vous pour les activistes, de soutenir un quotidien culturel non commercial et enfin, chose tout aussi essentiel, de montrer que le veganisme ce n’est pas se nourrir exclusivement de céréales et de racines.

4. Dans un communiqué, vous dites:

« Nous n’agissons pas avec le mot d’ordre « Le principal, c’est pour les animaux. » Nous luttons pour une société libérée et nous dirigeons contre les rapports sociaux de domination. Nous ne travaillerons pas avec des groupes ou des gens qui mettent en avant des positions racistes, antisémites ou sexistes. De telles formes de pensée sont tout autant à combattre que le spécisme ancré dans la société. »

Pouvez-vous en dire plus à ce sujet?

Dans ce communiqué, nous nous sommes distancés de nazis qui entendaient participer à l’une de nos manifestations. Même si nous nous engageons de manière principale contre l’exploitation animale, cela ne veut pas dire que nous travaillons avec tout un chacun afin d’en arriver à nos objectifs. Les néo-nazis sont ici un exemple assez affreux.

Mais nous ne ferions pas non plus d’actions du type de la campagne de PeTA « plutôt à poil qu’en fourrure », parce qu’elle attire l’attention sur le thème de l’exploitation animale par l’intermédiaire de présentations sexistes.

Ici il en va seulement du principe « Le sexe fait vendre »; le problème est que les femmes ne sont montrées que comme objet, et cela n’a rien à voir avec nos conceptions d’une société raisonnable.

Comme nous l’avons dit, le but est pour nous d’en arriver à la fin des rapports d’oppression. Ceux-ci ne concernent pas seulement le rapport être humain – animal, mais le capitalisme, le racisme ou le sexisme sont également une partie du problème.

Ici notre tolérance à un travail en commun a des limites. Cela ne veut pas dire que nous excluons de prime abord toutes les autres personnes qui ne pensent pas comme nous, ou que nous les méprisions.

Nous voulons justement par nos réunions amener les gens à ces positions. Mais nous voyons comme une nécessité de nous confronter, et cela non pas de manière secondaire, aux pensées et aux actes discriminatoires, afin d’être cohérent avec nos affirmations.

5. Pouvez-vous nous-donner un exemple de comment vous tenter de réaliser vos objectifs?

Nous participons par exemple à la campagne internationale contre la grande entreprise de mode de luxe allemande ESCADA (www.antifur-campaign.org). Nous menons régulièrement des actions et participons à des manifestations reliant différentes régions.

Cette campagne sera menée jusqu’à ce que toutes les formes de fourrures travaillées soient enlevées des rayons d’ESCADA. Elle est reliée à des protestations réussies contre de nombreuses autres entreprises de l’habillement. Ces protestations sont organisées depuis 1999 et entretemps il n’y a en Allemagne quasiment plus de grands magasins vendant de la fourrure.

Les débouchés se réduisent avec chaque campagne réussie et l’industrie de la fourrure en Allemagne est proche de l’effondrement, ce qui signifie également, comme une conséquence, que toujours moins d’animaux sont tués pour la « fourrure ».

Il faut bien remarquer que ce sont des tout petits groupes comme la Berliner-Tierrechts-Aktion qui organisent ces campagnes, et non pas de grandes organisations ou de grands partis.

Avec ces actions, il ne s’agit pas pour nous d’exiger seulement des gens que ne soit plus achetée de la fourrure, et d’imposer de meilleures conditions carcérales.

Nous voulons au contraire apporter une contribution avec nos actions, pour qu’il en soit fini avec les rapports de domination. Les chances d’abolir l’industrie de la fourrure ne sont pas mauvaises.

Il en va pour l’instant autrement pour des thèmes comme la viande, la vivisection, la chasse ou les zoos.

Mais nous sommes confiant dans le fait que nous réussirons dans le futur à faire bouger les choses.