Action de l’ALF à Paris / Nouvelle libération de beagles, en Catalogne

Voici le communiqué de l’ALF à Paris, et suit une action de libération extrêmement documentée ayant eu lieu en Catalogne, dans un laboratoire de vivisection.

« La célèbre boucherie parisienne Desnoyer vandalisée la veille de Noël.

Dans la nuit du 23 décembre 2010, l’ALF a rendu visite à la célèbre boucherie Hugo Desnoyer, fournisseur des grandes tables françaises et de l’Elysée; 45 rue Boulard dans le 14ème arrondissement de Paris.

Pendant qu’une personne faisait le gué, quelqu’un d’autre engluait les serrures et jetait de la peinture indélébile sur le rideau métallique, la devanture et l’enseigne au dessus de la boucherie, et qu’un autre taggait au sol VIANDE = MEURTRE devant la porte d’entrée et devant la vitrine.

ALF est vivant en France !!! »

Voici le communiqué de la libération de beagles d’un laboratoire de vivisection, par des personnes sympathisants de l’association Igualdad animal (égalité animale), en Espagne. Rappelons qu’il y a quelques jours avait été rendu public le communiqué d’une autre libération de beagles, en Italie.

Une vidéo de l’action a été tournée :

Haute qualité (746 mégas)

Qualité moyenne (371 mégas – 12)

Qualité faible (67 mégas – 12)

Un pack de photographies est également disponible (523 mégas).

On notera l’importante description (et les images tournées le prouvent) accordée à la réaction des chiens. Non seulement cela prouve évidemment qu’il ne s’agit pas de « machines », mais cela souligne également l’importance qu’il y a à reconnaître l’existence personnelle de ces animaux là, et de ne pas parler des animaux de manière abstraite, « en général. »

La nuit du premier janvier 2011, 36 six chiens ont été sauvés par un groupe d’activistes pour les droits des animaux d’une unité d’élevage d’animaux pour les expériences de Harlan Interfauna, située dans la périphérie de la ville catalane de Sant Feliu de Codines (Catalogne, Espagne), offrant une nouvelle vie à ces animaux dans cette nouvelle année.

Une fois que nous étions à l’intérieur, nous avons documenté la vie misérable de ces animaux, et préparer leur transport.

Bloqués en permanence dans leur chenil sans pouvoir courir, jouer, explorer leur environnement ou avoir des rapports les uns avec les autres, plusieurs avaient des plaies – comme le montrent les images filmées cette nuit – comme ils devaient dormir en hiver avec le contact direct du béton froid couverts de leurs propres défécations et urine.

Un des chiens sauvés vivait en isolement total, sans aucun type de contact avec les autres animaux. C’est une forme de torture psychologique pour des animaux sociaux qui ont besoin de compagnie des autres animaux.

D’autres étaient tellement anxieux d’avoir un contact et un stimuli après avoir été dans ces chenils pour presque quatre ans qu’ils essayaient désespérément de nous toucher à travers les barreaux et de capter à tout prix notre attention.

Lorsque nous sommes entrés dans leur chenil, ils sautaient autour de nous de manière excitée, cherchant de l’affection. Quelques minutes plus tard, ils nous ont accompagné joyeusement hors de cet endroit, dans leur première promenade libre de toute leur vie.

Considérant leur santé mentale et physique, tous les animaux sauvés ont été examinés par des vétérinaires. Certains se sont vus accordés toute notre attention afin de les aider à surmonter la peur constante dans laquelle ils vivaient.

Tous ont déjà été amenés à des maisons sûres où ils seront aimés et protégés. Nous ne savons pas combien de temps cela prendra avant qu’ils ne fassent de nouveau confiance aux humains, cependant nous sommes certains que l’attention et les soins qu’ils recevront dans leurs nouvelles maisons permettra d’ouvrir un chemin vers leurs coeurs et qu’ils vivront heureux et en sûreté pour le reste de leur vie.

Après une vie pénible dans les unités catalanes de Harlan Interfaune – pas différent de Green Hill en Italie ou de Marshall aux USA – un destin bien pure attendait ces animaux : être transportés dans les laboratoires de vivisection où ils seraient en permanence enfermés dans des cages, ne sortant que pour être utilisés dans des expériences.

Tous sont nés avec une sentence, celle d’être de devenir des victimes de tests de toxicité, de la recherche biomédicale et vétérinaire, ou des expériences militaires, tous se terminant avec la fin de leurs vies.

Les activistes qui ont mené cette action sont vegans, et rejettent le spécisme, comme tout type d’exploitation animale, y compris la vivisection comme dans ce cas, ou la consommation de produits d’origine animale, leur utilisation pour nos habits.

Nous pensons que le seul critère important pour respecter les autres est leur capacité à ressentir, pas l’appartenance à une espèce, un sexe ou une race.

Nous voulons en arriver à une société libre de discriminations, où les animaux non humains ne sont pas considérés comme des êtres inférieurs devant être utilisés comme des ressources, mais bien comme des individus méritant un respect total.

Nous continuerons à sauver des animaux et à dénoncer leur exploitation, jusqu’à ce que la dernière cage soit vide, et que les autres formes d’oppression d’animaux appartiennent au passé.

Enfin, nous voulons dédier cette action à tous les activistes qui luttent pour mettre un terme à la vivisection, et rappeler l’existence de tous les animaux qui sont juste maintenant dans les unités d’élevage et les laboratoires.

Soutenir les projets de solidarité

De la même manière qu’il est important d’adopter et de disposer de boîtes de transport dans le cas de sauvetages éventuels, il faut soutenir les projets de solidarité, faire passer le message, mobiliser.

Nous avions parlé d’une SPA du sud de la France qui a fait faillite et où les animaux avaient tout simplement été abandonnés. Une association, SOS animaux en détresse, s’était montée pour aider les animaux.

Cette association a encore besoin d’aide matérielle, à l’approche de l’hiver!

Le refuge de Pierrelatte a un grand besoin de couvertures, coussins, lainages, niches… tout ce qui est nécessaire pour réchauffer les animaux à l’approche de la mauvaise saison (qui a d’ailleurs déja commencé) .

Je vous ai présenté ce nouveau refuge dans un précédent article. Il fonctionne avec toute la bonne volonté des bénévoles. L’un d’eux s’est chargé de la création et du fonctionnement d’un site internet : http://www.sosanimauxpierrelatte.com

Dans la moyenne vallée du Rhône, où est situé ce refuge, il fait très froid en hiver (et cette année il semble précoce !). Le refuge a donc grand besoin de tout ce qui pourra apporter du confort aux petits pensionnaires.

Si vous habitez la région, n’hésitez pas à aller rendre visite à ce refuge ; il est ouvert du lundi au samedi de 13 h 30 à 17 h 30.

Des brocantes sont aussi organisées périodiquement pour apporter quelques euros supplémentaires (le nombre d’animaux a considérablement augmenté depuis la reprise du refuge par la nouvelle association). A suivre sur le site internet de SOS Animaux.

Merci pour les animaux qui comptent sur vous !

Rappelons également que cette association a besoin de bénévoles, par exemple pour les chiens:

Les promenades :
Sans choisir un chien en particulier, vous pouvez nous aider en offrant à nos pensionnaires de petites ou grandes balades. Cela les change un peu des parcs de détente, ils découvrent de nouvelles odeurs, et cela nous aide aussi à connaître leur comportement en laisse et à l’extérieur du refuge.

L’aide spécifique pour les vieux chiens :
Pour ceux qui ont peu de chance de retrouver un foyer car les gens les trouvent trop vieux, un petit geste, une caresse, une promenade, une aide pour leur entretien seront toujours appréciés. Et pourquoi pas un petit week end de temps en temps chez vous ?

Dans le même ordre d’idées, il y a une nouvelle initiative pour venir en aide aux galgos (voir notre article Les lévriers Galgos, torturés et massacrés à grande échelle en Espagne). Il s’agit d’une boutique vendant des porte-clefs muraux, des bijoux de sacs, des boucles d’oreille, des boîtes à mouchoir, des colliers pour chiens (attention ils sont en partie fait en feutrine, matière d’origine animale).

Et à propos des galgos, l’association Galgos Espoir organise des voyages de sauvetage en Espagne, et voici quelques photos des prochains chiens à adopter. Certains ont été grièvement blessés (une chienne a ainsi été amputée d’une jambe), et on notera qu’il y a également des chiens qui ne sont pas des galgos (qui seraient sinon incinérés vifs).

Espagne: la juste rébellion du taureau

Les médias ont tous diffusé les images du taureau se rebellant lors d’un spectacle tauromachique en Espagne, bondissant au-dessus de la barrière du couloir circulaire pour se retrouver dans le public.

Cela est une démonstration de ce que nous répétons régulièrement: les animaux se rebellent, humains comme non humains. Aucun être vivant ne veut subir l’oppression, tous les êtres vivants veulent vivre de manière heureuse.

Aucun être vivant ne tue donc par plaisir, mais seulement par nécessité: aux humains de stopper leur logique barbare de meurtre et de domination!

En disant cela nous ne sommes pas béats devant des « lois de la nature », mais nous constatons simplement que la vie appelle la vie, et que dans la nature la coopération est une valeur essentielle, et ce n’est pas pour rien!

Le taureau devait subir des provocations incessantes du torero à l’arène Tafalla, dans le nord de la Navarre; le protagoniste de ce « spectacle » de « recortadores » doit provoquer le taureau et montrer sa capacité à l’éviter.

Il ne s’agissait donc pas d’une corrida au sens strict, mais d’une sorte de jeu de domination typique tout à fait équivalent de la corrida (voir ici notre article sur Simon Casas présentant toute la « théorie » de la corrida comme « expérience ultime »).

Ce n’est pas pour rien, comme nous l’avons déjà dit, que la République espagnole avait aboli la corrida, alors que le franquisme en a fait une valeur « espagnole » essentielle.

On notera d’ailleurs qu’il y a quelques jours la boutique de vente des « spectacles » tauromachiques de la ville de Ciudad Real a été incendiée.

Soulignons d’ailleurs deux aspects dont les médias n’ont pas parlé et qui souligne la rébellion du taureau.

Celui-ci a en effet tenté trois fois en tout de sauter dans le public. Les deux premières fois il a donc échoué, et s’est même cassé une corne dans ses tentatives.

La troisième tentative a été la bonne. Il a évidemment pris peur, tout comme le public de cet horrible spectacle. Le taureau a ensuite été maîtrisé, puis tué au fusil, puni pour sa rébellion.

40 personnes ont été blessées, la grande majorité légèrement, mais d’autres gravement comme un enfant de dix ans conduit aux soins intensifs.

Sa troisième tentative doit être comprise comme un acte rebelle, un acte de combat pour  sa liberté. Les partisans de la domination parleront bien entendu d’anthropomorphisme. Cela ne fait que souligner la différence de sensibilité entre nous et les barbares.

Pour les barbares les animaux ne sont que des machines, ou « au mieux » des sortes d’êtres primitifs réagissant de manière machinale. Il est plus que temps d’affirmer le point de vue de la libération animale!

Les lévriers Galgos, torturés et massacrés à grande échelle en Espagne

Il est une chose qu’il faut comprendre si l’on veut amener l’humanité entière à être végan: les gens ont honte, et les gens ont peur, peur d’affronter la souffrance, de voir à quel point elle est généralisée.

Pourtant, il faut oser affronter la peur, afin de conquérir sa dignité d’être humain, d’avouer sa sensibilité. Et de faire face à la barbarie!

Voici par exemple une photo de Géorgie, sur la côte est des Etats-Unis. Il s’agit d’une mère et ses 9 chiots abandonnés devant un refuge, avant l’ouverture de celui-ci. Les chiots étaient mis dans une cage…

Et cette ambiance sordide se généralise, avec la crise et l’absence de réponses positives. Voici le titre d’un journal du Missouri et de l’Illinois, aux Etats-Unis encore :

Animal rescuers deal with explosion of abandoned creatures

Voici celui d’un média d’information belge :

Augmentation massive d’animaux dans les refuges depuis le début des vacances

Et évidemment la situation est la même dans tous les pays, y compris en France, surtout même en France puisque le record d’abandons a lieu en France.

Nous n’aurons les chiffres complets qu’à la fin de l’été…

Mais on peut deviner la tendance générale. Et inversement voici déjà d’autres chiffres, en provenance d’Espagne: 20 000 lévriers ont été tués, mais il est probable qu’en réalité ils soient 50 000.

Pourquoi cela? Parce que c’est la fin de la saison de chasse. Les lévriers Galgos – des centaines de milliers – sont utilisés pour la chasse. Ils sont affamés, battus… et à l’âge de deux ans ils sont massacrés.

Si le lévrier a « bien » chassé, sa mort est rapide, mais sinon il s’agira d’une mort lente: il sera affamé jusqu’à la mort, mutilé, lentement pendu, immolé, asphyxié, brûlé vif…

Voici une présentation de la situation par une association belge se consacrant à aider les Galgos (on notera également une autre association de ce pays: amour de Galgos):

Quand un galgo ne donne pas de bons résultats pendant la chasse, le chien est maltraité. (On leur tire dans les pattes et dans les yeux, on enlève les yeux avec des couteaux, on leur donne des coups de couteau, on les lapide,….). La tradition veut que plus un chien souffre dans cette vie, meilleur sera le prochain galgo pour le chasseur espagnol.

A la fin de la saison de chasse (septembre à mars) les chiens sont remerciés. Car cela coûterait trop cher de les entretenir jusqu’à la nouvelle saison.

Les chiens qui ont mal travaillé sont atrocement maltraités (même par les enfants dans la rue) pour ensuite être pendus vivants à une branche d’arbre. Leurs pattes arrière touchent encore le sol et quand le galgo veut s’asseoir pour se reposer, alors il se pend. Le chien meurt d’une mort lente et atroce.

Les chiens qui ont par contre bien travaillé sont directement pendus à une branche plus haute et meurent rapidement. Les femelles qui ont bien chassé restent encore une saison pour porter des chiots. C’est la nouvelle génération de galgos pour le chasseur espagnol.

Voici de la même manière une présentation qu’on peut trouver sur wikipédia (on notera qu’on ne trouve rien de cela d’expliqué dans la version espagnole du site):

Les perdants sont systématiquement éliminés de façon cruelle inversement proportionnelle à leurs performances pendus (appelée de façon sordide « technique du pianiste »: le chien est pendu long ou court selon ses performances pour résister plus ou moins longtemps à l’étranglement, prenant appui sur ses pattes arrières), jetés au fond d’un puits, empoisonnés, abandonnés sans pouvoir s’échapper (retenus), affamés, amputés, traînés derrière une voiture jusqu’à ce que mort s’ensuive, vendus comme appâts de pêche, utilisés comme cibles vivantes pour le tir, comme proie pour des combats de chiens type pitbulls.

Plusieurs dizaines de milliers d’entre eux sont ainsi sacrifiés tous les ans. La législation en vigueur sur le droit des animaux ne serait pas appliquée envers les propriétaires.

La fierté « bafouée » du chasseur dont le(s) chien(s) n’a/n’ont pas chassé à hauteur des exigences du propriétaire autorise ce dernier à punir son chien ou ses chiens en torturant et en imposant la mort qu’il choisit. On retrouve des similitudes avec la corrida et la mise à mort du taureau, le Galgo subissant cependant son sort et revenant parfois même vers son maître, amputé, eborgné.

L’hégémonie du massacre des Galgos est total en Espagne. Tout l’Etat espagnol couvre cette pratique; même dans les refuges, les lévriers Galgos ne sont pas présentés, étant mis à l’écart, sans qu’on puisse les voir!

On sent véritablement toute la culture franquiste de la mort suinter de ces pratiques dignes des nazis. Les photos et vidéos sont littéralement terrifiantes.

On peut en voir ici, sur un site lorrain consacré aux Galgos. Il existe en effet en France de nombreuses initiatives pour les Galgos, on notera notamment Agir pour les Galgos. Il existe également une plate-forme internationale: pro-Galgo.

On peut voir une série de photos de chiens martyrs ici; il y a également l’association adoption lévriers.

Existe aussi l’association Galgos France, qui elle aussi se consacre au sauvetage des Galgos, et cette association appelle également à une souscription –  rappelons que même les petits dons comptent! – pour un véhicule de transport pour aller chercher les animaux et pouvoir les placer en France.

L’association Passions Lévriers, en Aquitaine, organise aussi des adoptions; soulignons l’urgence qu’il y a à s’occuper de Minkee, au refuge depuis 2004!

Rappelons qu’adopter un animal demande de l’organisation. Et ce que cela exige aussi, c’est qu’on oriente sa sensibilité vers le véganisme, qu’on l’assume sans compromis, car les animaux en ont besoin, et nous-mêmes en avons besoin, afin de sauver la dignité de l’être humain, de le transformer en quelque chose de meilleur.

Car le monde où nous vivons est barbare… Alors pas de compromis dans la défense de notre mère la Terre!

Simon Casas, un faux humanisme de faux prophète

La catastrophe naturelle d’Haïti ne cesse de susciter des actes de générosité plus ou moins sincères envers les sinistréEs. Plus ou moins sincères, car malheureusement, certains en profitent simplement pour en profiter en terme d’image.

Le summum de l’hypocrisie vient de l’organisateur de corridas, ancien matador, et directeur des arènes de Nîmes Simon Casas qui aurait demandé au matador Sébastien Castella, de se produire à Nîmes le 13 mai, afin de reverser les recettes de la corrida aux sinistrés d’Haïti.

Sachons lire entre les lignes et comprenons bien que cet acte se voulant charitable n’est qu’un gros coup de pub, qui se sert honteusement du drame d’Haïti afin de tenter de se donner une belle nouvelle image, mais surtout d’insuffler un nouvel essor à ces pratiques cruelles qui sont à bout de souffle.

En effet, face aux nombreuses interdictions de corridas dans les villes « taurines » (de France et d’Espagne) et aux protestations grandissantes face à cette barbarie, le milieu tauromachique en manque croissant de supporters, tente dorénavant de s’implanter en Chine. Une arène serait construite à Pékin afin de pratiquer 16 spectacles sanglants par an dès fin 2010.

Mais attention: il tente aussi de faire en sorte que la tauromachie devienne une valeur « identitaire » fournissant une base électorale aux notables.

Car Simon Casas est quelqu’un de très ambitieux: sa société dirige les arènes de Nîmes et d’Alicante, en étant associée à la gestion de celles de Malaga et de Mont-de-Marsan.

Arènes de Nîmes dont il a gagné en fait tout récemment la responsabilité pour les 5 prochaines années, en décembre 2009. Et les arrières-pensées politiques sont ouvertes, comme il le montre dans une interview, affirmant clairement l’importance « politique » de la tauromachie dans sa région.

Interview où il dit d’ailleurs dans un grand élan d’apologie de soi: « dans mon domaine, la tauromachie, je suis prophète sur l’ensemble du monde taurin international. »

Car pour Casas la tauromachie est une quête, dont la dimension doit bien être saisie. Casas est en effet un prophète, et évidemment un faux prophète.

Nous avions parlé du livre « Eternel Treblinka »; eh bien la philosophie de Simon Casas est l’exact contraire.

S’il est fasciné par la tauromachie jusqu’à s’incruster dans l’Espagne franquiste pour pouvoir devenir torero, c’est pour satisfaire sa quête existentielle:

« Triompher de la mort. Celle de mon père. Une méthode pour affirmer mon identité. Celle de ma mère. Venger l’exil de mes ancêtres chassés d’Espagne. »

Lui, dont la mère est juive séfarade (juifs orientaux originaires surtout d’Espagne et exilés de ce pays en 1492), a donc décidé de « braver les interdits » et de prendre sa revanche individuelle.

C’est non seulement n’importe quoi, mais honteux. Son initiative se déroule alors que les antifascistes se sont torturés et assassinés par la dictature franquiste, alors que la république espagnole avait aboli la corrida par le décret du 10 juillet 1937, et que justement l’Espagne franquiste avait fêté sa victoire sur la République par la « corrida de la Victoire » le 24 mai 1939…

Faisant de la corrida une composante de son identité culturelle catholique-réactionnaire.

Mais Simon Casas n’est intéressé que par une seule chose: lui-même. La corrida est pour lui un moyen de se transcender.

Rien de plus faux d’imaginer quelqu’un n’ayant pas une théorie profonde de sa propre activité. Simon Casas connaît tous les classiques de la théorie de la transgression; dans son imaginaire il doit se considérer comme le Sade des temps modernes.

La position de Simon Casas est très élaborée intellectuellement: dans ce genre de pensée on trouve Leiris, Bataille, Lacan, dont se revendique bien entendu Simon Casas. Et évidemment de la « victoire sur le taureau » dans l’antiquité dont nous parlions récemment.

Dans une interview Casas dit ainsi:

« La corrida est un art, la rencontre de l’humain et de l’animal dans une magie que la société ne saurait organiser, un phénomène de transfert, au sens psychanalytique du terme, où je gagne de la bestialité et où la bête gagne de l’humain.

(…)

Si la corrida n’est pas pour vous un art, reconnaissez au moins qu’elle en est un support sublime : Picasso, Goya, grands interprètes de la culture et de l’humanité, s’en sont inspirés. Choisir ce sujet serait-il anecdotique ? Pour moi, lorsque je me retrouve face au taureau dans l’arène – et ¡ci je me fais le porte-parole de tous les toreros -, je ne suis animé que par le souci de beauté. »

C’est là où la pensée de Simon Casas est perverse: il ne s’agit pas de quelqu’un qui nie la problématique posée par la question de « l’Eternel Treblinka. »

C’est quelqu’un qui pense exactement l’inverse.

Avec Simon Casas on est aux antipodes d’une réflexion sur la Shoah (voir ici sa critique par Hapoel) affirmant qu’il faut rejeter toute barbarie. On est dans une sorte d’affirmation mégalomane et absolue de son propre être, de sa toute puissance.

La quête du pouvoir: tel est le but de Simon Casas. Là où quelqu’un comme Isaac Bashevis Singer mettait au centre la compassion, Casas place le pouvoir. Là où l’un dit: tout le monde doit vivre, lui dit: je veux survivre et l’éprouver, par la mort (d’un autre) ou au moins la démonstration du pouvoir.

Casas peut ainsi se poser en humaniste: à propos d’une « poule paralytique et grabataire », il a affirmé ne pas vouloir « l’achever »:

« Je ne supporte pas la mort. Même pas celle du taureau, sauf si c’est un grand combattant, lorsqu’il a manifesté sa capacité à rêver sa vie. »

« Rêver sa vie »: dans son imaginaire, Casas accorde de la dignité à l’humain mais aussi à l’animal que l’humain élève en « dignité. » Un délire que Casas pousse jusqu’au bout; il dit ainsi, très certainement de manière sincère:

« Si j’avais la conviction que le taureau souffre, je n’irais pas à la corrida. Certes, il meurt, mais son destin est des plus enviables. Il vit quatre ans alors que ses congénères disparaissent à deux ans, par paquets, dans les abattoirs. Le taureau de combat, lui, est reconnu. On sait quelle est sa lignée. Il est élevé dans les meilleurs pâturages, dans un environnement intact du point de vue écologique. Et puis il surgit un jour dans l’arène… »

Simon Casas se croit un vrai humaniste, il croit vraiment que la corrida est une transgression, une manière d’affirmer (dans le sang) son individualité humaine.

Tout cela est de la folie, l’expression d’une course en avant, ou plutôt d’une fuite.

Simon Casas a cru fuir la destruction en se créant un personnage, lui qui s’appelle en réalité Bernard Combs, né d’une mère séfarade et d’un père juif polonais.

Il a cru se recréer éternellement par la corrida.

Mais tout cela est fictif, idéaliste, vain, absurde. Tout comme son délire de prendre la nationalité espagnole, en raison de la présence de Le Pen au second tour de la présidentielle, en raison de ce « coup de corne à la République. »

C’est lui qui parle de la République, lui dont la culture de la corrida est celle de l’Espagne franquiste, dans le sang de la démocratie.

Quelle ironie qu’il soit d’ailleurs exactement de la génération de Pierre Goldman, autre juif polonais né en France (et demi-frère de Jean-Jacques), mais qui lui avait choisi l’engagement révolutionnaire des années 1970. Quelle différence de morale.

Quelle tristesse de le voir répandre son faux humanisme, mais vraie barbarie, alors qu’il aurait dû construire son identité dans la libération totale, en faisant face à l’éternel Treblinka que vivent les animaux!