Appel au Black Block Antispe à Francfort début 2011

Dans l’interview d’hier, il est parlé de l’appel à un « Black Block Antispe » lors d’une manifestation en Allemagne, à Francfort, début 2011. Voici l’appel à ce cortège.

Rappelons juste pour la forme que si nous trouvons tout cela très intéressant, et souvent juste, cela pêche selon nous de perspective constructive. Il faut mettre en avant une vie harmonieuse avec Gaïa, une ouverture aux animaux (et pas seulement leur reconnaissance, juridique notamment).

Les conséquences de cette différence de perspective sont innombrables: les antispécistes refusent ce que nous refusons (c’est le point commun), mais ils ne vont pas dans le sens d’une ouverture à Gaïa: l’écologie n’est pas prise en considération à sa juste mesure, l’adoption n’est pas mise en valeur, les végétaux ne se voient attribués strictement aucune reconnaissance…

Nous pensons ainsi que les antispécistes n’ont pas du tout compris le besoin d’harmonie et d’ouverture à la nature qu’éprouvent les êtres humains, et que les animaux sont surtout les objets de leur politique « contre toutes les dominations », aussi progressiste soit-elle.

On dira que ce n’est déjà pas si mal. C’est certainement vrai, et c’est pour cela que nous en parlons. Mais, question d’honnêteté intellectuelle, et histoire de poser les choses comme il se doit, préciser cela est toujours bien. De notre côté, notre mot d’ordre c’est: la planète doit redevenir bleue et verte!

Nous vivons dans un système de domination – un système où la plus grande partie des êtres vivants est opprimée et exploitée.

Au lieu de pouvoir définir leur vie eux-mêmes, les gens sont obligés dans le capitalisme de participer à des rapports de travail salarié et de formation aliénants, afin de terminer comme un rouage d’un système qui doit toujours produire plus afin de pouvoir continuer d’exister, et ce peu importent les conséquences catastrophiques pour la Terre, l’être humain et l’animal.

Que ce soit par le travail salarié, l’esclavage animal, la police ou la surveillance – en chaque endroit dans le capitalisme, la domination règne. C’est ce système que nous voulons attaquer – dans le bloc de critique de la domination lors de la manifestation « Francfort – Aucune fourrure! »

Avec une manifestation démonstrative, nous voulons porter la résistance dans le centre-ville et nous opposer à l’opinion dominante passive. Que ce soit dans les têtes des gens ou bien institutionnalisé dans le capitalisme, que ce soit le nationalisme, le racisme, le sexisme, le spécisme, que ce soit le culte du look ou le rejet des personnes handicapées – nous nous opposons à toute discrimination, contre les rapports de domination, que subissent les animaux humains et non-humains.

Antispécisme… Hein ?

Le spécisme c’est l’ensemble du système de préjugés contre les animaux, et cela peut être compris, de manière analogue au racisme et au sexisme, comme un ensemble de stéréotypes, un assemblage de préjugés. L’antispécisme critique le fait de mésestimer ou la surévaluation d’individus en raison de leur appartenance à une espèce.

Dans les questions éthiques, les êtres vivants doivent être considérés avec les mêmes facultés – mais si une personne sévèrement handicapée sur le plan mental a des droits à la vie et à l’intégrité corporelle, les animaux eux, qui n’ont pas moins de facultés, se voient refuser ces droits, avec comme justification qu’ils appartiendraient à une autre espèce.

Ce chauvinisme humain – le spécisme – ne se distingue pas dans ses structures du sexisme, par exemple, où l’autre sexe se voit refuser des droits en raison de différences non essentielles. Cela ne peut pas être une raison de discrimination que la moins grande compréhension des animaux non-humains, leur manque de conscience, étant donné qu’ils peuvent tout aussi bien ressentir et souffrir comme les animaux humains, car sinon on devrait alors également discriminer les gens avec des handicaps qui ne pourraient pas montrer avoir de telles facultés. L’antispécisme, à l’opposé, reconnaît justement que les animaux ont également des droits, au lieu de refuser les droits aux êtres humains avec des handicaps.

Rejoins le Black Block AntiSpe !

Un système qui doit dégager de la voie même les enfants et les personnes âgées qui manifestent pacifiquement contre un projet comme « Stuttgart 21 » , avec des matraques, des canons à eau et des gaz au poivre, un système qui doit mener des perquisitions contre les activistes des droits des animaux, de manière armée et avec des commandos spéciaux… exige une résistance qui peut s’organiser et se défendre efficacement.

C’est pourquoi nous voulons réussir à monter un Black Block AntiSpe à la manifestation « Francfort – Aucune fourrure! », afin de permettre nos actions et en même temps d’assurer la sécurité la plus grande qui soit pour chaque personne participante à la manifestation.

Venez par conséquent habillé en noir et recherchez un groupe affinitaire !

Informez vous de comment vous protéger de la répression !

Il faut réussir à avoir ensemble une résistance réelle !

Contre la reprise des symboles de gauche – l’antispécisme reste opposé à toute domination!

La tentative des nazis de reprendre des symboles de gauche, comme le logo AntiSpe, ne se limitent plus à la seule forme ; les nazis tentent maintenant également d’apparaître comme « autonome », Straight Edge et antispéciste.

Théoriquement, il est possible de vraiment arriver à tout copier et inverser. Mais la conséquence de cela n’est pas de reculer ou de commencer à considérer comme ayant un sens les constructions imaginaires des nazis.

L’antispécisme rester opposé à toute domination et se distancie de toute comparaison bourgeoise à l’holocauste et de l’euthanasie ; l’antispécisme ne propose rien qui ait un sens pour les nazis, car avec l’antispécisme, la domination et la discrimination sont remis en cause de la manière la plus radicale, et ainsi combattus.

Au lieu de se distancer de ses propres symboles et de les laisser aux nazis, il y a lieu de défendre ceux-ci. Même si au fond ce qui compte c’est le contenu, et que la forme choisie par un tel ou un tel. Nous ne laisserons pas voler par les nazis notre esprit de confrontation !

C’est pourquoi : allons dans la rue !

Le XX.XX.2011, à Francfort !

S’opposer au système de domination!

Heidegger: une prétendue critique de la technique qui n’a rien d’écologiste

En France, les anti-écolos ont réussi à mettre au point un stratagème impitoyable. Ils présentent le philosophe allemand Martin Heidegger comme un grand critique de la « technique », afin d’en faire un « précurseur » de l’écologie.

Heidegger ayant fait partie des institutions de l’Allemagne nazie, ce stratagème permet de disqualifier l’écologie, selon l’équation : écolo = nazi. Il y a ici un véritable fonds de commerce, avec une énorme littérature, dont celle de son chef de file actuel : Luc Ferry, ancien ministre de l’éducation nationale (avec son ouvrage Le Nouvel Ordre écologique).

Ce thème est quasi systématiquement abordé en classe de terminale, en philosophie: on peut s’imaginer de l’impact anti-écologique et anti-vegan.

Non seulement Heidegger n’est pas du tout un précurseur de l’écologie, mais en fait il n’est même pas un critique de la technique…

Comme il le dit lui-même, lors d’une émission à la télévision allemande ZDF en 1969 : « Au préalable il faut dire que je ne suis pas contre la technique. Je ne me suis jamais prononcé contre la technique, et pas non plus comme le prétendu aspect démoniaque de la technique ; en fait, j’essaie de comprendre l’essence de la technique. »

D’où le fait que, que ce soit dans les cours de philosophie en terminale ou bien dans les articles « philos », la prétendue critique de la technique par Heidegger n’existe toujours qu’en seconde main. Son explication à lui n’est jamais mise en avant, et pour cause !

Le point de vue de Heidegger est en effet très différent de ce que les anti-écolos disent de lui. Les anti-écolos, mais également les mystiques délirants qui pour le coup sont favorables à la prétendue « critique » de Heidegger… Les deux courants se nourrissant l’un l’autre !

Les anti-écolos, et les mystiques, disent donc que selon Heidegger, la technique devient une fin en soi. Ce n’est plus l’être humain qui domine la technique, c’est la technique qui domine l’être humain. Tout est subordonné à la technique ; la technique est devenue indépendante.

En France, on présente ainsi Heidegger comme quelqu’un regrettant que la nature perde toute valeur en raison de la domination de la technique, et il serait par conséquent un précurseur de l’écologie.

Mais que dit vraiment Heidegger ? S’il s’est senti obligé de rappeler qu’il n’est pas contre la technique, ce n’est pas pour rien.

Car Heidegger considère que la philosophie est une sorte de poésie mystique capable de « transcender » le réel. Il n’est pas « contre la technique », en réalité il rejette toute science, au nom de la métaphysique.

Il dit ainsi : « La philosophie cherche un savoir qui est antérieur à toute science et pousse au-delà de toute science, elle cherche un savoir qui n’est pas nécessairement assujetti aux sciences » (La logique comme question en quête de la pleine essence du langage).

Si Heidegger se méfie de la « technique », il se méfie donc tout autant du langage, c’est-à-dire de tout ce qui n’est pas « l’être. » Voilà pourquoi il apprécie la poésie de type « mystique » ou délirante : pour lui elle va plus loin que la science.

Mais Heidegger ne s’intéresse pas à la nature : il s’intéresse seulement à l’être humain, l’être humain qui se transcende, comme dans les films pro-nazis de Leni Rifenstahl : « Le triomphe de la volonté » et « Les dieux du stade. »

Dans ce schéma, il n’y a pas de place pour les animaux et pour la Terre, qui n’ont certainement pas une valeur en soi.

Heidegger le dit de manière explicite :

« Quand un chien périt ou qu’une chatte met bas, ce n’est pas là de l ‘histoire ; à la rigueur ce qui peut arriver est qu’une vieille tante en fasse toute une histoire (…).

Nous avons restreint l’histoire à l’être de l’homme. Mais de l’étant non-humain, comme par exemple l’avion du Führer que nous avons mentionné, peut lui aussi devenir historique, en entrant dans l’histoire d’une manière spécifique et qui constitue une manière particulière d’advenir.

Avec cette restriction, nous déterminons l’histoire comme être de l’homme et rejetons les expressions d’ « histoire des animaux » et d’ « histoire de la Terre » comme ne disant rien. L’histoire est un caractère distinctif de l’être de l’homme » (La logique comme question en quête de la pleine essence du langage).

Il va de soi que ces propos sont à l’opposé total d’une vision de Gaïa comme lieu de l’histoire de la vie. Pour Heidegger, la Terre n’existe que de manière mécanique, et les animaux seulement de manière instinctive.

Seul l’être humain décide, et il est donc supérieur. Sa supériorité résidant dans le « choix », voilà pourquoi Heidegger a soutenu le nazisme, le culte de la volonté de dominer, le principe de « la force par la joie », etc.

Et voilà aussi pourquoi il se méfie de la technique : celle-ci risque de nuire à l’esprit de domination. Ce qui fait que Heidegger préfère les poètes et les artisans des époques passées, car le fait de « dominer » en faisant quelque chose de choisi était plus « clair » (et donc plus « facile » pour l’esprit conquérant).

Être humain dénaturé, environnement dénaturé…

Il faut bien comprendre que si le véganisme se développe, c’est en partie également une conséquence de la destruction forcenée de la nature qui est en cours ces dernières années.

Les êtres humains se dénaturent, ils bétonnent le monde, vivant dans un rapport de force avec la nature.

Dernier symbole de cette culture : la semaine dernière, un pique-nique annuel de fin d’année de la cantine scolaire de Venansault a consisté en une démonstration de force du cuisinier.

Des écoliers de 8 à 11 ans ont été confronté à un discours on ne peut plus typique de la domination : « comme vous avez traité le personnel comme des chiens, on va vous traiter comme des chiens. »

Et ils ont été obligés de ramper pour obtenir de la nourriture…

C’est une belle démonstration de comment la domination des animaux fait partie du principe de domination en général, tout comme l’exploitation animale fait partie de l’exploitation en général ! Pour refuser la domination, il faut refuser toute domination, qu’elle soit symbolique (les jeux sado-maso par exemple) ou pratique même si elle concerne des êtres vivants non humains!

Et qui dit être humain dénaturé dit monde dénaturé. La semaine dernière, à Dammartin-en-Goële en Seine-et-Marne, dix vaches se sont échappés d’un enclos.

Or, la nature est tronçonnée par le béton. Résultat, de nombreuses routes ont été concernées par ces vaches : la N2 a été fermée, mais ont aussi été concernés l’A1, l’A104, la N3 et la N330 !

C’est dire le maillage du bétonnage ! Et à quel point l’organisation des habitations est mal faite : soit il y a des villes surpeuplées, soit des zones où l’on vit de manière isolée et où la voiture est nécessaire…

Des zones organisées tout aussi de manière chaotique que les villes : il a fallu une semaine pour récupérer les vaches, alors qu’un veau a été abattu. C’est dire comment c’est le sens de la propriété et de l’exploitation qui façonne la nature, la rendant incompréhensible pour les humains, qui ne la voient que comme une simple ressource, alors qu’eux-mêmes sont une composant de la nature!

Et c’est dire également l’hypocrisie des éleveurs. Parmi les méthodes pour les capturer, on a le fait de mettre de l’eau et une vache calme dans un endroit, ou encore de parler à la vache en fuite pendant une heure – ce qui montre que les êtres humains cherchant à capturer les vaches ont dû reconnaître, bien malgré eux, le caractère vivant des vaches, leur sensibilité.

Subitement on se rappelle qu’il s’agit d’êtres sensibles… C’est le premier aspect.

Le second aspect est la dimension totalement dénaturée : voici les propos de l’éleveur, qui reconnaît qu’il n’a en fait aucun rapport avec les vaches :

«Il faut réinstaurer la confiance. Il faut du temps. Avant, ce n’était pas possible avant car elles étaient traquées. On parle à l’oreille des vaches, sourit-il, enfin soulagé. Et il ne faut pas oublier qu’elles pèsent 600 kilos et sont élevées pour la viande. Elles n’ont pas l’habitude d’être manipulées. Si elles résistent alors qu’on essaye de les attacher, c’est dangereux. »

Entre le cuisinier qui a pratique l’humiliation sur des enfants et l’éleveur pour qui « ses » vaches sont des sortes d’abstractions, on a tout un résumé de la culture dominante…