Le film District 9

Le film « District 9  » sorti en 2009, aurait pu être une grande contribution à la libération animale. A LTD en effet, nous avons comme principe de considérer que les « extra-terrestres » sont surtout une projection des animaux non-humains.

Alors forcément, quand on voit en quoi a consisté la campagne de promotion de District 9…

« Soutenir les droits non-humains » et « chacun a le droit à l’égalité »: voilà qui s’annonçait plutôt pas mal. Ce film, basé sur le scénario d’un court-métrage et produit par Peter Jackson (réalisateur de la superproduction « Le seigneur des anneaux »), raconte en effet comment un engin spatial se place juste au-dessus d’une ville en Afrique du Sud: Johannesbourg.

Ces extra-terrestres, mal en point (leur vaisseau a eu un problème et ils sont en mauvaise santé), sont alors parqués dans de véritables camps, totalement mis à l’écart. Ils sont qualifiés de « crevettes » par les humains, ils sont maltraités, etc.

Une allusion bien entendu à l’Afrique du Sud (le « District 6 » est un quartier blanc du Cap né en 1966 de l’expulsion massive de la population noire). Et là on pouvait espérer une véritable remise en cause des pratiques humaines avec les autres espèces… Comme ces images de promotion pouvaient le faire espérer!

Il y avait même un site – MNUSpreadsLies.com (La MNU répand des mensonges) qui se présentait comme un site défendant les droits des extra-terrestres…

Sauf que, finalement pas du tout. Il y a bien une scène où l’on comprend que cette MNU, qui est un gros trust (« Multi-National United »), pratique la vivisection et traite les extra-terrestres comme aujourd’hui l’humanité traite les animaux.

Mais à part cela, il n’y a rien: le film est un simple thriller de science-fiction avec des extra-terrestres… Il est à la limite de l’excellent sur le plan du contenu, et se retourne en son contraire et devient un simple film d’action, où cela tire partout, avec des effets spéciaux, etc.

Le scénario est très simple (le film commence comme une sorte de reportage). On a un employé qui fait office « d’idiot du village » et doit organiser l’expulsion des extra-terrestres du District 9 pour les amener au District 10. Il doit leur faire signer un papier, tout en étant lourdement protégé par l’armée…

Le film montre alors ses limites: contrairement à sa promotion, on voit des extra-terrestres brutaux, tuant des animaux, faisant de la contre-bande, etc. Même si on comprend qu’ils font cela pour survivre, ils n’en sont pas moins très peu sympathiques…

Le film montre tout le monde comme « méchant »: l’armée, les extra-terrestres, les contrebandiers noirs, la population noire locale, etc.

Pas de chance en tout cas donc pour notre héros (le seul s’avérant sympathique avec un extra-terrestre).

Car il se fait contaminer et devient lui-même une de ces « crevettes » qu’il haïssait tant. Il est obligé alors de combattre la MNU aux côtés d’un extra-terrestre et de son fils, de remettre en cause son égoïsme et de défendre la cause des « crevettes », etc. Il se réfugie dans leur camp, combat à leurs côtés les militaires, tout cela afin de permettre à l’extra-terrestre de repartir chez lui et de revenir plus tard pour le retransformer en humain.

Le film aurait pu être une véritable ode au respect, à la compréhension inter-espèces… c’est un échec. Cependant, qu’un tel film existe montre les énormes questions qui existent en arrière-plan dans la société…

La série « V les visiteurs » et le film « Monsters »

Hier, nous parlions de la NASA et de l’astrobiologie au sujet de la vie sur Terre, aujourd’hui parlons d’un thème dont nous avons déjà régulièrement parlé : celui des « vilains » extra-terrestres comme métaphore du darwinisme et de la guerre contre les animaux.

On a eu en effet il y a quelques jours le retour de la série télévisée du début des années 1980, « V – les visiteurs », dans un remake ultra moderne aussi bien fait qu’insipide, mais toujours avec le fantasme anti-reptile. Cela passe sur TF1, le mercredi en seconde partie de soirée (voir le site de la série en français).

Et il y a quelques jours sortait « Monsters » un fil à petit budget acclamé par la presse (Le Monde, Le Figaroscope, L’Express, Mad Movies, Première…).

Dans ces deux cas, on a les animaux qui sont présentés comme une menace terrible pour l’humanité. Ces animaux sont intelligents mais incompréhensibles ; leurs attaques sont perverses et défient la rationalité humaine.

Leur objectif est, évidemment, la suprématie et la liquidation de l’espèce humaine. Il s’agirait d’une lutte à mort. Ces films sont ni plus ni moins que le darwinisme érigé en philosophie de la vie.

La série « V – les visiteurs » va vraiment très loin dans cette logique. Déjà, on a des extra-terrestres reptiles qui se déguisent en humains, s’infiltrant pendant de longues années dans tous les postes à responsabilité sur la planète. Notons d’ailleurs que ces reptiles veulent se servir des êtres humains comme garde-manger.

Le principe est en soi totalement grotesque. Néanmoins, il a fasciné et fascine encore aujourd’hui, parce que tant qu’à être paranoïaque, autant accabler comme cause de tous les maux de « faux êtres humains », c’est-à-dire des humains étant plus animaux qu’autre chose.

Nous avons d’ailleurs déjà parlé de David Icke (au moment de l’affaire du « DJ Ripley » lors du « réveillon vegan » de 2009, et qui a d’ailleurs également été DJ lors du « Paris Vegan Day 2010), un américain conspirationniste qui propage ce genre d’idées.

Selon lui, seraient des reptiles déguisés la reine d’Angleterre, George Bush, Hillary Clinton… Et de manière proprement délirante, le scénario de « V – les visiteurs » est le même : dans la série, ce sont ces « visiteurs » infiltrés et déguisés en humains qui seraient la cause des guerres, des crises économiques, des attentats, etc.

Dans le scénario, ces reptiles pourraient même devenir à moitié humain, acquérir des sentiments humains (tout en étant pourtant reptiles sous leur fausse peau!), et chercheraient même à s’accoupler avec des personnes humaines, voire pour une infime minorité à abandonner leur « nature » pour rejoindre les humains.

Bref, un grand n’importe quoi en superproduction, où on a la vieille thèse nazie du « complot » organisé par des humains qui n’en sont pas mais qui en sont quand même un peu, mais seulement un peu, etc.

Le fait que la « phobie » des reptiles soit utilisée est malheureusement très parlante sur notre époque. Et inévitablement d’ailleurs, une autre phobie est utilisée : celle des araignées et des pieuvres.

Il s’agit ici du film « Monsters » qui utilise cette phobie. Voici le scénario:

Synopsis : Une sonde de la NASA s’écrase dans la jungle mexicaine, libérant sur terre des particules d’une forme de vie extra-terrestre. Six ans plus tard, le Mexique et le Costa-Rica sont devenus des zones de guerre désertées par les populations locales, mises en quarantaine et peuplées de créatures monstrueuses.

Un photographe est chargé d’escorter une jeune femme à travers cette zone dévastée. Seuls sur la route, ils vont tenter de rejoindre la frontière américaine

Le film a été fait avec peu de moyens et le jeu d’acteurs ainsi que l’atmosphère priment sur les extra-terrestres, qu’on ne voit pratiquement jamais.

Sauf qu’en réalité les deux personnages principaux traversent une zone interdite comme s’il s’agissait d’un centre commercial à New York, parlant de leur vie privée tourmentée… avec une sorte de candeur et de naïveté quasi enfantine et des gros plans réguliers sur la jeune femme blonde, sorte de pâle copie de Jean Seberg dans « A bout de souffle » (le tout n’étant pas sans faire penser à l’ambiance du clip « Hey you » de Pony Pony Run Run).

Mais ce qui compte surtout pour nous ici, ce sont donc les animaux. Car ce sont bien des animaux, une des scènes à la fin le montre très bien et les deux personnages sont fascinés comme on peut l’être par des animaux. Sauf qu’évidemment à la fin ces animaux fascinants sont responsables du malheur et de la mort.

Dans tout le film, ces animaux à tentacules, sorte d’éléphants brillant électriquement et munis de multiples tentacules (comme dans la dernière version de la guerre des mondes), sont clairement montrés comme apportant la mort.

Il est évident qu’il s’agit là de rappeler que la domination de l’humanité est précaire, qu’il ne faut jamais faire confiance aux animaux car un jour « notre » place peut être remise en cause, etc. etc.

Il faut accepter la guerre contre les animaux (dans le film l’armée apparaît comme héroïque face aux « monstres »), il ne faut pas éprouver des sentiments, il y a une hiérarchie et « c’est bien ainsi. »

La guerre, voilà la seule chose qui serait juste, selon cette idéologie darwiniste.

Voici justement la critique faite par les Inrockuptibles:

« Le pitch est vieux comme La Guerre des mondes : des extraterrestres, croisements géants entre Paul le Poulpe et un baobab, occupent une zone entre les Etats-Unis et le Mexique. Un no man’s land que l’armée bombarde régulièrement pour limiter leur propagation.

(…)

Bateau échoué dans les arbres comme un hommage au Fitzcarraldo d’Herzog, autels mexicains aux morts, pyramide aztèque répondant à la muraille que se sont bâtie les Etats-Unis pour contenir les créatures : une poésie de bric et de broc, digitale et quotidienne, se dégage de ce voyage hagard, culminant dans un finale qui tient joliment du documentaire animalier. »

« Qui tient joliment du documentaire animalier » : voilà bien le problème.

Car qui dit animaux, dit nature, évidemment. Libération animale et libération de la Terre allant de pair, les gens qui sont contre sont à la fois contre l’une et l’autre.

Et dans Monsters, la nature est présentée comme chaotique, source de danger, incompréhensible, insaisissable, prête à se vendre à l’ennemi extra-terrestre (car les arbres permettent la reproduction des « monstres »!).

Dans V les visiteurs, on a de la même manière une sorte de ville idyllique mise en avant au coeur même du vaisseau-mère, histoire de souligner l’importance de l’urbanisme, de la domination de la nature.

« V – les visiteurs » est une superproduction, tandis que « Monsters » a été produit avec un budget de même pas 15.000 euros. Et pourtant, ces deux films qui jouent sur la corde intimiste n’échappent pas au poids terrible de l’idéologie dominante, et tous deux se complaisent dans une vision dénaturée du monde… et des animaux!