Après l’arrestation de Walter Bond: répression contre Peter Young

Dans le cadre de la répression contre Walter Bond, le FBI a mené une perquisition chez Peter Young, du site Voice of the Voiceless.

C’est la seconde fois en cinq mois que le FBI perquisitionne chez Peter Young; la « perquise » a cette fois-ci duré cinq heures.

La raison, ou le prétexte, est bien évidemment la pression du FBI après l’arrestation de Walter Bond. Toute cette histoire mélange trop d’aspects critiques de la société américaine pour ne pas poser un réel souci…

Le FBI a donc très officiellement dans le collimateur des mots d’ordre comme « ALF », « Go vegan » et « straight edge » (à titre indicatif, des personnes interrogées par la police en France il y a quelques temps au sujet de la libération animale ont également eu droit à la question « êtes-vous straight edge? »).

La perquisition avait donc comme objectif pour le FBI de rassembler des informations sur tout ce qui touche à ces thèmes, de trouver d’éventuels plans criminels en liaison avec les droits des animaux…

Mais également de rechercher des communiqués d’actions, une éventuelle correspondance entre Walter Bond et des « groupes extrémistes » ainsi qu’avec Peter Young, des preuves en rapport avec les incendies attribués à Walter Bond…

Le FBI cherchait également des manuels et des objets servant pour des actes illégaux, et enfin des preuves comme quoi Walter Bond a été, avant son arrestation, un colocataire de Peter Young (ce qui est faux).

Il va de soi que ce qui se profile, c’est une criminalisation de Peter Young et du site Voice of the voiceless. L’idée du FBI est d’impliquer une activité légale dans des actes illégaux, afin de criminaliser…

Mais aussi d’intimider toutes les personnes désireuses ne serait-ce que de savoir ce qui se passe. C’est exactement ce qui se passe avec la criminalisation en Autriche (à la différence il est vrai que le site Voice of the voiceless revendique son identité avec la stratégie de l’ALF, mais aux USA cela est théoriquement relativement légal).

D’ailleurs, la maison de Peter Young, à Salt Lake City, est une colocation d’activistes: pas difficile de voir que le FBI a décidé de frapper une activité militante en faveur de la libération animale.

Il va de soi que le FBI s’est intéressé de près aux téléphones portables et aux disques durs.  Il va de soi également que les colocataires de la maison de Peter Young ont été « approchés » par le FBI.

Les agents du FBI ont proposé que les affaires soient rendues plus rapidement en échange d’informations, ou bien de devenir directement un informateur…

Cette pratique ne doit nullement nous surprendre, elle fait partie des démarches basiques de la police pour recueillir des informations…

La situation de Walter Bond, et sa déclaration très claire

Walter Bond, arrêté aux USA pour des actions revendiquées au nom de l’ALF et victime d’une campagne de dénigrement médiatique, a fait sa première déclaration.

Voici tout d’abord son point de vue général concernant son arrestation et sa position quant à la libération animale.

« Il est clair que je ne peux pas parler de mon ou mes accusations en cours, mais je dirais cela : les accusations qui me sont portées sont sérieuses. Et le temps [d’emprisonnement] qui va avec est proportionnel.

Toutefois, rien qui ce qu’ils ne peuvent me faire n’est ne serait-ce que comparable avec ce que les animaux endurent dans les mains des oppresseurs humains spécistes.

S’il vous plaît, utilisez tous les moyens à votre disposition pour utiliser ce qui concerne mon cas pour faire passer le message concernant la détresse des animaux.

Je suis végan et un activiste de la libération animale, et ne céderais jamais dans la lutte pour la liberté totale des animaux non-humains. »

Cette déclaration est à saluer comme étant juste et celle de quelqu’un qui honore son devoir. Walter Bond aurait pu ne rien dire, ou même se dissocier de la libération animale afin d’essayer d’éviter d’avoir à affronter l’État américain.

D’autant plus que Walter Bond est la quatrième personne à être accusé selon l’AETA : l’Animal Enterprise Terrorism Act. Walter Bond est considéré comme un terroriste pour l’Etat américain, et sera considéré tel quel lors de son procès et par les médias.

L’AETA a été votée à l’unanimité par le sénat américain en 2006 (seulement 6 personnes ont participé au vote qui a eu lieu de manière express, républicains et démocrates étant d’accord), et bien entendu la seule voix dissonnante a été Dennis Kucinich, congressiste végan et très à gauche dont nous avons parlé ici au sujet de sa position très claire sur la marée noire dans le Golfe du Mexique.

L’AETA fait que tout acte violent contre une entreprise liée aux animaux (commerce, tests, boucheries, etc.) sera considéré comme terroriste.

Et ainsi malgré cette pression, le risque d’avoir 20 ans de prison, le fait d’être considéré comme un terroriste par le système pénitentiaire aux USA… Walter Bond appelle pourtant à parler des animaux plutôt que de lui-même.

Cette position est on ne peut plus parlante!

Parlons maintenant de l’affaire du hamburger non vegan que Walter Bond aurait prétendument mangé juste avant son arrestation.

La position de Walter Bond est la suivante : il n’a jamais été dans cette maison où les hamburgers étaient cuit, et en deux ans il n’a parlé qu’une demi-douzaine de fois aux gens de cette maison, juste pour de simples salutations.

Il n’a pas participé à un barbecue, il a simplement été arrêté devant la maison en question par le FBI et pense que c’est le « Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives » du FBI qui a organisé cette mise en scène.

Son arrestation a été également organisée par l’intermédiaire de son frère. Walter Bond ne l’avait pas vu depuis 12 ans et c’est par l’intermédiaire de celui-ci que le FBI a organisé la manoeuvre pour piéger Walter Bond.

En ce qui concerne son emprisonnement : Walter Bond reçoit une alimentation vegane, mais évidemment elle laisse à désirer. Il n’a pas d’argent et appelle juste à la solidarité pour qu’il puisse acheter des enveloppes et améliorer un peu le quotidien au niveau de l’alimentation.

Nous vous tiendrons au courant lorsque on en saura plus pour envoyer de l’argent à Walter Bond.

Évidemment il serait aussi content de lettres de soutien. Revoici son adresse, en rappelant que ce courrier sera lu et qu’en cas de voyage aux USA, il y a un risque clair d’ennuis avec le FBI.

Si l’on veut un exemple parlant: Gabriel Kuhn, que nous avions interviewé ici au sujet du Straight Edge, a été interdit d’entrée aux USA pour participer à des conférences, en raison de son engagement à l’extrême-gauche et de ses centres d’intérêt…

L’adresse de Walter:

Walter Edmund Bond
PO Box 16700
Golden, CO 80402-6700
USA

Du nouveau sur Walter Bond, et quelques réflexions

Voici les dernières nouvelles concernant l’arrestation de Walter Bond pour des incendies au nom de l’ALF alors que les nouvelles de son arrestation sont prétextes aux USA à de nombreux articles et reportages sur les chaînes de télévision (voir par exemple ici).

La première chose qui a marqué est que le groupe Earth Crisis, qui est une si ce n’est la figure principale de la scène musicale de hardcore vegan straight edge aux USA, a fait récemment une chanson sur l’incendie par Walter Bond d’un laboratoire de drogue (pour rappel : le clip est ici et notre interview de Walter Bond est là).

L’arrestation de Walter Bond est ainsi prétexte pour les médias à un aperçu sur la scène vegan radicale et ses revendications.

Ceci va évidemment de pair avec une tentative de ridiculisation. Certains médias affirment ainsi que Walter Edmund Bond avait, juste avant son arrestation… mangé deux hamburgers non vegan. Cela est naturellement prétexte à de nombreuses moqueries anti-vegan allant de pair avec celles sur le physique de Walter Bond. On reconnaît bien ici la culture beauf et son sens des priorités.

Plus sérieusement (même si ce genre de propagande fait évidemment du mal, surtout chez les hommes en raison de la dimension patriarcale), l’office de presse nord-américain de la libération animale a exprimé sa solidarité.

Son porte-parole Jerry Vlasak (qui a été interdit de rentrer en Grande-Bretagne pour participer à une conférence de SHAC) a déclaré : « S’il est celui qu’il prétend et s’il est à l’origine de l’incendie, nous le soutenons et pensons que c’est quelque de très bien. Il y a plein d’exemples de cas où de telles actions ont été menées et nous avons eu des résultats concrets, à l’opposé du lobbying au congrès et des lettres envoyées aux rédactions. Quand vous mesurez ce genre d’actions par rapport aux autres options, cela a montré qu’il s’agissait d’une des voies les plus porteuses pour amener les choses à changer. »

On a appris également que la personne qui a donné Walter Bond au FBI va obtenir 25.000 dollars de récompense. Cette personne est appelée CI-01 par le FBI, qui ne révèle ainsi ni son nom, ni même s’il s’agit d’un homme ou d’une femme (on peut lire ici le rapport de l’agent du FBI concernant l’arrestation).

Il n’est cependant pas difficile de penser que tout cela sent la fuite en avant. Rien que par le fait que, si Walter Bond a agi seul, ce qui semble être le cas (les actions étant signées « loup solitaire » par ailleurs), alors c’est la première fois que des actions de l’ALF sont menées en solitaire de manière revendiquée.

Il faut bien entendu attendre que Walter Bond s’exprime, et il le fera certainement, notamment sur cette question des prétendus hamburgers. Pour autant, il est dans l’ordre des choses que tout cela n’est, finalement, pas très constructif, ni même très clair finalement.

La morale, à elle seule, ne suffit pas à faire une stratégie pour la libération animale. Bien entendu, c’est toujours mieux que ceux qui se placent sur le terrain du « droit », des réformes, etc. qui eux n’arrivent à rien concrètement.

Mais il est évident que pour qu’un mouvement vegan se développe, il y a besoin d’un substrat, d’une culture. Prenons par exemple cette photo d’un stand de SHAC.

Il n’est pas difficile de voir que si en Angleterre le mot d’ordre est que « l’action compte, pas les mots », il y a quand même derrière énormément de mots, énormément de discussions, de débats, de réflexions…

Le tout rentre dans une culture globale, qui permet d’avancer dans la société. N’est-ce pas de cela dont nous avons besoin ?

Nous pensons que si, voilà pourquoi LTD aborde de très de nombreux thèmes, toujours à partir du prisme de la libération animale et de la libération de la Terre. Plus il y aura de gens à faire cela, plus une nouvelle culture grandira.

La question n’est pas de se fonder sur un esprit de réformes, pour aller dans une perspective très lointaine à la libération animale. La question est de commencer tout de suite à faire vivre l’esprit de la libération animale, et de contribuer à cette culture, pas à pas.

Walter Bond est malheureusement coupé de ce genre de démarche, parce qu’il voulait relancer abstraitement un mouvement hardline, qui se serait appelé vegan hardline. C’est honorable, malheureusement les résultats sont ce qu’ils sont et étaient prévisibles, car la démarche était unilatérale.

Naturellement, il faut prendre en compte les situations locales, les particularités, etc. et il ne s’agit pas de critiquer Walter Bond en particulier. Surtout vue sa situation! Non, il s’agit juste de voir de quoi on a besoin.

D’ailleurs, soulignons qu’en France on également a besoin de principes fermes et de refus du libéralisme. Sinon on en arrive à des situations où quelqu’un peut considérer que regarder précisément la liste des ingrédients d’un produit est trop « fatiguant », où quelqu’un peut se dire vegan « pour toujours » pour finalement terminer rapidement omnivore sans l’assumer, etc.

Finalement, que manque-t-il en France pour que la libération animale grandisse ? De la culture, de la fermeté et de la continuité.

Voici pour finir l’adresse de Walter Bond (les activistes aux USA n’ont pas réussi à savoir où il était emprisonné pendant cinq jours):

Walter Edmund Bond
PO Box 16700
Golden, CO 80402-6700
USA

Il n’est pas possible de lui envoyer des revues ou des livres, et rappelons évidemment que son courrier sera contrôlé de très près par le FBI. Il encourt une peine de 20 ans de prison.

Walter Bond a été arrêté 

Parmi les interviews que nous avons faites et mises en ligne, il y a celle de l’américain Walter Bond. Nous n’avons alors pas mentionné son nom, mais c’était lui qui, âgé d’un peu plus de 20 ans, avait incendié un laboratoire de drogues de type méthamphétamine, une drogue extrêmement puissante très répandue aux États-Unis.

Son acte avait été motivé car son frère était tombé dans la dépendance à cause du dealer possédant le laboratoire ; sa mère était également droguée et son père alcoolique. Walter a passé quatre années de prison pour cela, et le groupe de hardcore Earth Crisis a fait une chanson à ce sujet pour saluer son acte (voir le clip).

Walter est vegan straight edge et a travaillé par la suite dans un sanctuaire pour animaux ; il vient de se faire arrêter pour au moins un incendie.

Le FBI considère que Walter est à l’origine de l’incendie d’une usine de peaux de moutons à Denver dans le Colorado (500.000 dollars de dégâts), mais aussi de l’usine de cuirs Tandy, dans l’Utah, et du restaurant Tiburon spécialisé dans le foie gras.

Walter a apparemment été dénoncé par une personne qui a informé le FBI de ses activités ; le FBI a ensuite monté une rencontre entre l’informateur et Walter, enregistrant la conversation afin d’obtenir des preuves.

Le FBI affirme avoir trouvé sur Walter lors de son arrestation le document « Declaration of War – Killing People to Save Animals and the Environment. »

Cela peut très bien être un montage de la police, mais Walter était connu pour ses opinions radicales et était en train de chercher à relancer le mouvement hardline (la véritable scène, pas les gens d’extrême-droite ayant volé le terme depuis quelques années en Russie).

Le document en question date justement du début des années 1990 et est un « classique » de la scène hardline et de celle autour de l’ALF ; il reflète le point de vue d’anciens activistes de l’ALF posant la question de la nécessité de la lutte armée.

Répression contre Voice of the Voiceless au nom de l’AETA

La personne qui met en ligne les informations sur le site américain Voice of the Voiceless (« la voix des sans voix ») a vu son domicile perquisitionné par huit agents du FBI, qui ont notamment confisqué les ordinateurs.

L’opération rentre dans le cadre de l’AETA, l’Animal Enterprise Terrorism Act. Selon cette loi, tout acte illégal en faveur de la libération animale est considéré comme relevant du terrorisme. Mais le fait même d’en parler est criminalisé, et le site Voice of the Voiceless ne cache pas son soutien à l’ALF, avec notamment le document The Blueprint qui répertorie comme « cibles » les fermes à fourrure.

Rappelons ici que l’ALF et l’ELF sont considérés comme la menace intérieure numéro 1 aux USA. Des informations concernant la répression contre Voice of the Voiceless sont disponibles sur le site Green is the new Red.