« Mesures d’urgence » (« Extreme Measures » en anglais) est un film de 1996 qui n’a pas eu de succès. C’est pourtant un film très intéressant et très intelligent, et c’est sans nul doute son thème qui a fait qu’il est passé à la trappe.
Derrière la façade d’un thriller relativement bien fait, avec des acteurs connus entre autres (Hugh Grant et Gene Hackman dans les rôles principaux), le film aborde en effet le thème de la vivisection.
Non pas de la vivisection sur les animaux, mais sur les humains. Le docteur Myrick, prix nobel de médecine, mène en effet des opérations sur des SDF qui ont été kidnappés par ses hommes de main.
Mais un docteur d’un service d’urgence d’un grand hôpital tente de sauver un SDF arrivé à son service, et s’aperçoit qu’il a subi d’étranges opérations. Constatant que son dossier tout comme son corps disparaissent, il mène son enquête.
De la drogue est alors caché chez lui pour qu’il soit arrêté, mais au bout du thriller, il arrive évidemment à stopper le médecin fou.
Là où ce film est très intéressant, c’est qu’à la fin, avant le dénouement, le docteur fou (évidemment joué par Gene Hackman) fait croire au héros qu’il est paralysé en raison d’une blessure.
Celui-ci s’aperçoit de la supercherie, mais alors le médecin fou lui présente sa fille paralysée, et lui demande ce qu’il faut être prêt à donner pour la science.
Il explique alors qu’il faut sacrifier des vies pour faire avancer la science. La vivisection sur les animaux est selon lui compliquée et coûteuse: pourquoi n’aurait-il pas le droit de s’approprier la vie de quelques SDF, les sacrifiant pour que d’autres, plus nombreux, puissent vivre?
Tout cela est extrêmement intéressant, et le problème est posé de manière rationnelle, voilà pourquoi le film n’a pas marché.
Car la vivisection est une pratique tellement barbare, tellement anti-démocratique, qu’elle est cachée. Lorsqu’elle fait surface, lorsque le problème est posé, cela perturbe.
Et cela d’autant plus que si dans le film la question est posée de manière rationnelle, il est évident qu’il ne saurait d’y avoir de réponse personnelle, d’un ou plusieurs scientifiques à une question qui doit être posée de manière démocratique.
Mais il n’y aura évidemment jamais de référendum sur la vivisection dans un pays où les industriels dirigent et façonnent l’idéologie dominante!