Le discours le plus important de votre vie – Gary Yourofsky

Gary Yourofsky est un vegan militant américain, qui fait des conférences sur le véganisme, dont voici des vidéos, en bas de l’article. La première consiste en la conférence, la seconde en une série de questions posées par les étudiantEs…

EtudiantEs qui sont déjà 60 000 à avoir écouté une de ces conférences, dans 170 écoles, hautes écoles et universités. Comme expliqué sur son site, il a monté l’ADAPTT (Animals Deserve Absolute Protection Today and Tomorrow – Les animaux méritent la protection absolue aujourd’hui et demain).

C’est une organisation voulant l’abolition de toutes formes d’exploitations et de tortures : vivisection, dissection, cirques, rodéos et toutes les autres formes d’esclavage, d’exploitation, de maltraitance et de meurtre. ADAPTT croit aussi en la désobéissance civile et aux actions directes car les actions pacifistes et réformistes sont inefficaces.

Bien que se soit, bien sûr, une démarche énorme et essentielle, Gary Yourofsky ne se « contente » pas que d’informer. Son but n’allant clairement pas dans le sens des réformes ou de l’attente passive que les choses changent et que les mentalités évoluent doucement… Ce vegan militant est d’ailleurs banni de 5 pays dont l’Angleterre et le Canada depuis 1999 car en 1997, Gary a libéré 1542 visons d’une ferme fourrure dans l’Ontario.

Parrainé par PeTA de 2002 à 2005, il a pris ses distances pour diverses raisons comme expliqué lors de la conférence : refus du profit voulu par PeTA ainsi que des campagnes sexistes et de la condition animale dans les refuges de PeTA.

Dénonçant aussi l’énorme pression quotidienne pour nous faire ingurgiter des produits animaux et sous-animaux, Gary Yourosky est un très grand orateur au discours limpide, simple et efficace. Ce militant déborde d’énergie et sort ainsi des clichés du vegan mou dépressif qui ne croit en rien…

Cependant la traduction porte à confusion car vegan est traduit par végétalien alors que, rappelons-le encore, il existe des personnes végétaliennes qui ne sont pas véganes. Le végétalisme étant, dans ce cas, une pratique égoïste de santé et rien d’autre. Cette conférence doit être vue et diffusée, malgré quelques points décevants comme l’apologie claire et nette de la fausse viande.

Le véganisme est une nouvelle culture, et ne saurait être crédible si l’on met en avant de la « chaire animale végétale » ! Comment le goût de la mort pourrait-il avoir un sens dans une société de vie ?

Même si il ne faut pas donner trop d’idées différentes, au même moment, afin de rendre un discours compréhensif, la seule dénonciation de la souffrance des animaux dans les élevages industriels est présente.

Pourtant, la finalité des élevages bio est exactement la même et il n’en est jamais question. Ce qui est très regrettable de ne pas en parler ! Nous laissons donc cette conférence en visionnage permanent afin qu’elle soit vue et diffusée. Afin que le message soit compris et appliqué !

Voici les deux vidéos, les deux sont sous-titrées; si les sous-titres ne s’affichent pas cliquez sur cc sur la vidéo et choisissez le français, ou parmi les autres langues disponibles.

Slogans de manifestation en Allemagne et Action Antispéciste

Les activités menées en Allemagne par les groupes se revendiquant de « l’action antispéciste » ont éveillé un intérêt certain. Il y a eu cette fois avec le groupe « Vegane Antifa Süd » et l’appel à la manifestation à Francfort début 2010, mais il y a eu d’autres exemples comme justement les précédentes manifestations à Francfort, ou encore l’interview du groupe berlinois BerTA.

Un intérêt parfois critique, d’ailleurs nous-mêmes n’utilisons jamais le terme de « antispéciste » et considérons que la libération de la Terre va de pair avec le véganisme (chose d’ailleurs parfois partagée en Allemagne également).

Mais il est évident que tout cela est fortement intéressant, vu depuis notre pays où dans la scène pour les animaux prédominent Bardot et l’obsession du Halal…

Toutes les activités de ces groupes en Allemagne montrent que la libération animale peut être un mouvement avec plusieurs centaines de personnes, avec des groupes très nombreux dans tout le pays, avec une base à la fois claire et radicale : aucun compromis dans la lutte pour la libération animale.

Dans ce court article, nous avions compté 61 groupes activistes vegans en Allemagne… A Berlin, il y a chaque jour plusieurs cantines populaires veganes, en plus des restaurants…

Il y a donc de l’idée et certainement quelque chose qui peut nous aider à construire quelque chose. Nous ouvrons donc une catégorie « action antispéciste » et afin de souligner que dans l’idée il s’agit de construire, cette catégorie est directement accessible à l’adresse actionantispeciste.fr.

Est-ce que cela se construira, sous quelle forme, nous n’en savons rien, mais cela ne peut que faire avancer le débat… et surtout la prise de positions permettant de se couper véritablement de ceux pour qui l’actualité animale, c’est le « halal » …

Comme autre contribution à cela, voici une petite liste des slogans qui sont utilisés lors des manifestations, lors des initiatives pour la libération animale en Allemagne.

La plupart riment bien évidemment en allemand, et le rythme avec lequel ils sont prononcés en dépend bien entendu.

Commençons par ceux en anglais:

Animal liberation, human right – one struggle, one fight!

No Border! No Nation! – Animal Liberation !

Soit : libération animale, droit des êtres humains – une seule lutte, un seul combat !

Pas de frontière ! Pas de nation ! – Libération animale !

Il s’agit de deux slogans parmi les plus utilisés ; le premier est notamment connu pour son utilisation lors des campagnes contre HLS (et existe dans une variante en allemand : « Tierbefreiung, Menschenrecht – ein Kampf, ein Gefecht! »).

Le combat contre l’exploitation animale présuppose des slogans… contre l’exploitation. Cela n’a l’air de rien dit comme cela, mais en France le terme d’exploitation est parfois utilisée, sans aucun travail de critique du profit derrière. Ce n’est pas le cas en Allemagne, bien sûr. Voici donc des slogans qui vont avec :

Alles für Alle – und zwar Vegan !

Tout pour tous – et cela de manière végane !

Menschen und Tiere – sind kein Kapital !

Les êtres humains et les animaux – ne sont pas du capital!

Schluss mit dem Profit – auf Kosten der Tiere !

Finissons en avec le profit – avec les animaux comme prix!

Certains slogans sont plus marqués par un esprit militant. On a par exemple:

Wir sind laut und wir sind hier – für die Befreiung von Mensch und Tier !

Nous sommes bruyantEs et nous sommes ici – pour la libération des humains et des animaux!

Gegen Herrschaft und Repression – für die vegane Revolution !

Contre la domination et la répression – pour la révolution vegane!

Wir sind viele, wir sind krass – Antispe, da geht noch was !

Nous sommes beaucoup, nous sommes extrêmes – Antispe, il se passe quelque chose !

Vegan Resistance, der Widerstand sind wir – für die Befreiung von Erde, Mensch und Tier !

Résistance végane, la résistance c’est nous – pour la libération de la Terre, de l’humain et de l’animal!

Gegen jede Herrschaftsform – Speziesismus ist ein Teil davon!!

Contre toute forme de domination – le spécisme en fait partie !

Les campagnes contre la fourrure sont quelque chose de connues, mais quels sont les slogans utilisés en Allemagne ? On a droit justement à un mélange critique du profit / revendications militantes.

Für den Profit umgebracht – fühlende Wesen zu Pelz gemacht!

Pour le profit ils sont tués – des êtres sensibles transformés en fourrure!

Feuer und Flamme der Pelzindustrie – Friede mit ihr, nie, nie, nie !

Feu et flamme pour l’industrie de la fourrure – paix avec elle, jamais jamais jamais!

Pelze raus! – raus aus den Regalen !

Dehors la fourrure ! – hors hors des rayons!

Wir sind hier und wir sind laut – solange MaxMara/xxx Pelz verkauft !

Nous sommes ici et nous sommes bruyants – tant que [le magasin] MaxMara/xxx vend de la fourrure !

Wir – machen – Euch/xxx – pelzfrei !

Nous – faisons – de vous [le magasin]/de XXX – sans fourrure !

Tiere haben Rechte – Pelz ist Mord !

Les animaux ont des droits – la fourrure c’est le meurtre!

Ob Pelz oder Leder: Mord bleibt Mord!

Fourrue comme cuir : le meurtre reste le meurtre!

Dans certains cas, une personne lance un slogan, les autres répondent. Le modèle est ici né en Suède, dans les manifestations antifascistes. Ici la partie prononcée par ceux et celles qui répondent est en majuscule.

Der Pelzhandel gehört – ABGESCHAFFT!

Le commerce de fourrure doit être – ABOLI!

What do you want? – ANIMAL LIBERATION! | When do you want it? – NOW! | Are you willing to fight for it? – YES! | Are you willing to life for it? YES !

Que voulez-vous ? LA LIBERATION ANIMALE ! Quand le voulez-vous ? MAINTENANT ? Etes-vous prêtEs à lutter pour cela ? OUI ! Etes-vous prêtEs à vivre pour cela ? OUI!

Wer stoppt den Pelzhandel? WIR! | Wer stoppt den Pelzhandel? WIR! | Wer stoppt den Pelzhandel? WIR WIR WIR !

Qui arrête le commerce de fourrure ? NOUS ! Qui arrête le commerce de fourrure ? NOUS ! Qui arrête le commerce de fourrure ? NOUS ! NOUS ! NOUS!

Appel au Black Block Antispe à Francfort début 2011

Dans l’interview d’hier, il est parlé de l’appel à un « Black Block Antispe » lors d’une manifestation en Allemagne, à Francfort, début 2011. Voici l’appel à ce cortège.

Rappelons juste pour la forme que si nous trouvons tout cela très intéressant, et souvent juste, cela pêche selon nous de perspective constructive. Il faut mettre en avant une vie harmonieuse avec Gaïa, une ouverture aux animaux (et pas seulement leur reconnaissance, juridique notamment).

Les conséquences de cette différence de perspective sont innombrables: les antispécistes refusent ce que nous refusons (c’est le point commun), mais ils ne vont pas dans le sens d’une ouverture à Gaïa: l’écologie n’est pas prise en considération à sa juste mesure, l’adoption n’est pas mise en valeur, les végétaux ne se voient attribués strictement aucune reconnaissance…

Nous pensons ainsi que les antispécistes n’ont pas du tout compris le besoin d’harmonie et d’ouverture à la nature qu’éprouvent les êtres humains, et que les animaux sont surtout les objets de leur politique « contre toutes les dominations », aussi progressiste soit-elle.

On dira que ce n’est déjà pas si mal. C’est certainement vrai, et c’est pour cela que nous en parlons. Mais, question d’honnêteté intellectuelle, et histoire de poser les choses comme il se doit, préciser cela est toujours bien. De notre côté, notre mot d’ordre c’est: la planète doit redevenir bleue et verte!

Nous vivons dans un système de domination – un système où la plus grande partie des êtres vivants est opprimée et exploitée.

Au lieu de pouvoir définir leur vie eux-mêmes, les gens sont obligés dans le capitalisme de participer à des rapports de travail salarié et de formation aliénants, afin de terminer comme un rouage d’un système qui doit toujours produire plus afin de pouvoir continuer d’exister, et ce peu importent les conséquences catastrophiques pour la Terre, l’être humain et l’animal.

Que ce soit par le travail salarié, l’esclavage animal, la police ou la surveillance – en chaque endroit dans le capitalisme, la domination règne. C’est ce système que nous voulons attaquer – dans le bloc de critique de la domination lors de la manifestation « Francfort – Aucune fourrure! »

Avec une manifestation démonstrative, nous voulons porter la résistance dans le centre-ville et nous opposer à l’opinion dominante passive. Que ce soit dans les têtes des gens ou bien institutionnalisé dans le capitalisme, que ce soit le nationalisme, le racisme, le sexisme, le spécisme, que ce soit le culte du look ou le rejet des personnes handicapées – nous nous opposons à toute discrimination, contre les rapports de domination, que subissent les animaux humains et non-humains.

Antispécisme… Hein ?

Le spécisme c’est l’ensemble du système de préjugés contre les animaux, et cela peut être compris, de manière analogue au racisme et au sexisme, comme un ensemble de stéréotypes, un assemblage de préjugés. L’antispécisme critique le fait de mésestimer ou la surévaluation d’individus en raison de leur appartenance à une espèce.

Dans les questions éthiques, les êtres vivants doivent être considérés avec les mêmes facultés – mais si une personne sévèrement handicapée sur le plan mental a des droits à la vie et à l’intégrité corporelle, les animaux eux, qui n’ont pas moins de facultés, se voient refuser ces droits, avec comme justification qu’ils appartiendraient à une autre espèce.

Ce chauvinisme humain – le spécisme – ne se distingue pas dans ses structures du sexisme, par exemple, où l’autre sexe se voit refuser des droits en raison de différences non essentielles. Cela ne peut pas être une raison de discrimination que la moins grande compréhension des animaux non-humains, leur manque de conscience, étant donné qu’ils peuvent tout aussi bien ressentir et souffrir comme les animaux humains, car sinon on devrait alors également discriminer les gens avec des handicaps qui ne pourraient pas montrer avoir de telles facultés. L’antispécisme, à l’opposé, reconnaît justement que les animaux ont également des droits, au lieu de refuser les droits aux êtres humains avec des handicaps.

Rejoins le Black Block AntiSpe !

Un système qui doit dégager de la voie même les enfants et les personnes âgées qui manifestent pacifiquement contre un projet comme « Stuttgart 21 » , avec des matraques, des canons à eau et des gaz au poivre, un système qui doit mener des perquisitions contre les activistes des droits des animaux, de manière armée et avec des commandos spéciaux… exige une résistance qui peut s’organiser et se défendre efficacement.

C’est pourquoi nous voulons réussir à monter un Black Block AntiSpe à la manifestation « Francfort – Aucune fourrure! », afin de permettre nos actions et en même temps d’assurer la sécurité la plus grande qui soit pour chaque personne participante à la manifestation.

Venez par conséquent habillé en noir et recherchez un groupe affinitaire !

Informez vous de comment vous protéger de la répression !

Il faut réussir à avoir ensemble une résistance réelle !

Contre la reprise des symboles de gauche – l’antispécisme reste opposé à toute domination!

La tentative des nazis de reprendre des symboles de gauche, comme le logo AntiSpe, ne se limitent plus à la seule forme ; les nazis tentent maintenant également d’apparaître comme « autonome », Straight Edge et antispéciste.

Théoriquement, il est possible de vraiment arriver à tout copier et inverser. Mais la conséquence de cela n’est pas de reculer ou de commencer à considérer comme ayant un sens les constructions imaginaires des nazis.

L’antispécisme rester opposé à toute domination et se distancie de toute comparaison bourgeoise à l’holocauste et de l’euthanasie ; l’antispécisme ne propose rien qui ait un sens pour les nazis, car avec l’antispécisme, la domination et la discrimination sont remis en cause de la manière la plus radicale, et ainsi combattus.

Au lieu de se distancer de ses propres symboles et de les laisser aux nazis, il y a lieu de défendre ceux-ci. Même si au fond ce qui compte c’est le contenu, et que la forme choisie par un tel ou un tel. Nous ne laisserons pas voler par les nazis notre esprit de confrontation !

C’est pourquoi : allons dans la rue !

Le XX.XX.2011, à Francfort !

S’opposer au système de domination!

Interview: Vegane Antifa Süd (Allemagne)

Voici des questions posées au sujet d’un collectif d’Allemagne: la Vegane Antifa Süd. Il s’agit de gens de différents endroits d’Allemagne, plutôt du sud, qui mettent en avant un projet très construit et, bien entendu très radical.

Nous pensons qu’il s’agit là d’une démarche intéressante, méritant d’être connue, même si bien entendu nous préférons un projet « positif » (s’ouvrir à Gaïa) plutôt que se définissant principalement « contre » (contre le spécisme, contre le fascisme, contre toutes les formes de domination).

Les photos (à part la première) ne concernent pas la Vegane Antifa Süd, mais d’autres groupes à l’identité (bien évidemment) très proche.

1. Pouvez-vous présenter votre groupe ?

Nous sommes l’antifa vegan sud, c’est-à-dire un groupe antifa, qui ne compose en effet que de personnes veganes et qui, en même temps, critique et combat d’autres formes de domination en plus du fascisme.

Nous nous considérons nous-mêmes comme des personnes partisanes de la libération animale. La libération animale, cela signifie pour nous la libération en général d’individus autonomes des rapports de domination, tant des animaux humains que non-humains.

2. Quels sont vos objectifs ?

L’objectif que nous poursuivons est de critiquer, de combattre et enfin de renverser le système de domination, où nous vivons tous et toutes, et qui se maintient par la liaison des formes de domination particulières, comme le capitalisme, le racisme, le sexisme, le spécisme, etc.

Ce que nous voulons, c’est relier et associer les positions critiques particulières, que l’on retrouve dans d’autres groupes, afin que la protestation qui a lieu se dirige contre le système de domination dans son ensemble, et pas seulement contre certaines formes particulières de domination.

Est particulièrement important pour nous de mener ensemble l’activisme pour la libération animale et antifa, car il y a dans ces deux courants des positionnements très positifs, comme la critique de la domination d’un côté, la pratique radicale de l’autre.

3. Pourquoi pensez-vous que l’antifascisme est si important ? Que pensez-vous des gens qui pensent que la libération animale n’a rien avoir avec la « politique », et que l’on peut être ainsi vegan et « nationaliste » ?

En Allemagne, il y a eu de par le passé des tentatives de néo-nazis de se relier à la scène pour les droits des animaux. Les nazis se pointaient avec des banderoles à des manifestations antispe et ensuite mettaient des vidéos avec cela sur internet. Cela a nui à la réputation de la scène pour les droits des animaux dans la scène d’extrême-gauche.

Avec notre groupe, nous voulons faire une déclaration claire contre de telles tentatives de connexion, et montrer que les droits des animaux sont pour nous une partie du combat contre le système de domination, un système où le nationalisme est tout autant à combattre que l’exploitation animale, parce que le nationalisme exclut toujours les autres. Pour nous, au lieu de cela, c’est : « No Border, No Nation – Animal Liberation! » [Pas de frontière, pas de nation – libération animale!]

4. Que signifie exactement « antispe » pour vous ? Qu’est « l’action antispéciste » : une organisation, un concept?

AntiSpe, cela signifie pour nous la lutte contre le spécisme, spécisme qui discrimine ou survalorise un être vivant seulement et uniquement en raison de son appartenance à une espèce – c’est-à-dire reconnaître que les autres animaux peuvent souffrir et ressentir, qu’ils ont des droits et ne ne sont pas là pour être opprimés, tourmentés et tués par les êtres humains.

« L’action antispéciste » est un concept tout comme « l’action antifasciste », où ces formes respectives de domination doivent être critiquées et le cas échéant attaquées. Pour nous, les deux vont clairement ensemble, et les deux sont une partie de la même lutte pour la libération.

5. Quels rapports avez-vous avec la gauche en général ? Vous dites par exemple : « Comme antifa vegan nous voulons d’un côté nous distancer de la « gauche viandarde », de l’autre également des groupes se limitant au concept de droit des animaux. »

Que diriez-vous aux gens qui pensent que c’est trop radical, ou bien non constructif, c’est-à-dire sectaire ?

Dans un outro [chanson de fin d’album] du groupe « xDestroy Babylonx » il est dit :

„We have the power of starting a very wild dominoeffect. We have to be the living examples that compassion and justice can still have a strong voice against Mother Culture. I don’t care if you see violence. I don’t care if you see radical visions. Every other try has failed. As warriors before us stated: get free or die trying.”

[Nous avons le pouvoir de commencer un véritable et sauvage effet de domino. Nous devons être les exemples vivants que la compassion et la justice peuvent toujours avoir une voix forte contre la culture mère. Je me fous de si tu vois de la violence. Je me fous si tu vois des considérations radicales. Toute autre tentative a échoué. Comme des guerriers l’ont dit avant nous: deviens libre ou meurs en essayant.]

Pour nous, la révolution est quelque chose qui commence d’abord par soi-même. Nous voulons montrer qu’autre chose est possible, que les êtres humains peuvent vivre différemment. A nos yeux, il s’agit de mauvaises excuses de penser que ce que nous faisons serait trop radical et que le mainstream [« courant principal » = les gens en général] ne nous comprendraient pas.

Nous ne voulons pas convaincre le mainstream de pratiquer un peu moins de domination, et peut-être de ne pas manger de viande une fois par semaine, car rien ne serait gagné de cela, le système dans son ensemble resterait en place ; à l’opposé, nous nous plaçons contre ce système, qui est soutenu et maintenu par ce mainstream.

Nous voulons bien plutôt atteindre les gens qui ont déjà compris qu’ils vivent dans le faux système, nous voulons leur montrer tout ce qui va avec et comment ils peuvent vivre leur protestation.

6. Que pensez-vous de la libération de la Terre ? Nous pensons qu’il n’est pas possible de penser la libération animale sans comprendre comment les villes fonctionnent et ruinent notre planète. Ce thème est souvent récupéré par les nazis afin de mettre en avant le mysticisme et la « pensée nationale. » Que pensez-vous de tout cela?

Il est évident que la pratique actuelle des êtres humains détruit cette planète et son équilibre originel. Nous devons nous opposer de manière décidée contre ça, car ici il n’y a pas que la diversité de la vie qui est détériorée, mais également les conditions de la vie des êtres humains et des animaux.

Si la vie sur la planète n’est plus possible de manière convenable, alors l’émancipation des mauvais rapports ne sera, elle non plus, plus possible. C’est pourquoi nous considérons que la libération de la Terre comme une partie de notre lutte pour l’émancipation.

Toutefois, il est également nécessaire d’être prudent et prudente quant aux conséquences qu’il faut en tirer, comme le fait que la libération de la Terre soit considérée comme un objectif.

Nous ne considérons pas le primitivisme comme une perspective faisable, on doit être très prudent et prudente dans les affirmations comme quoi le nombre d’êtres humains devrait être fortement réduit, car cela ne se laisse la plupart du temps concrétiser que par des moyens misanthropes, fascistoïdes, et ici il y a évidemment des points de connexion pour les nazis.

Nous voulons que les êtres humains vivent en harmonie avec la nature, cela ne signifie pas cependant que nous dévaluons les êtres humains, seulement que l’être humain doit comprendre que rien de bon ne peut sortir de la destruction de la Terre, tout comme que les raisons de cela est la logique de profit et de l’avidité, et que donc la destruction de la Terre doit être refusée.

7. Au début 2011, il y aura à Francfort une manifestation sous le mot d’ordre « aucune fourrure. » Il est appelé à une « Black Block AntiSpe. » Qu’est-ce que c’est, et quel est le contexte de cette manifestation par rapport au développement de la libération animale en RFA?

La manifestation « aucune fourrure » à Francfort est une des plus grandes et des plus radicales manifestation AntiSpe en Allemagne. Nous appelons de manière séparée à participer à un Black Block AntiSpe à cette manifestation, afin d’exprimer notre refus clair du système de domination et ainsi notre position progressiste et d’extrême-gauche.

Il ne s’agit pas de démolir le centre-ville de Francfort ou bien de blesser physiquement des personnes portant de la fourrure ; le concept de Black Block se dirige contre la répression policière et est approprié pour lutter contre les restrictions de la liberté de manifester.

Avec ce Black Block AntiSpe nous voulons renforcer la détermination à l’intérieur de notre propre scène, et également interpeller les gens en-dehors de la scène AntiSpe qui sont critiques par rapport à la domination, et ainsi agir à l’intérieur d’autres spectres de l’extrême-gauche.

Par notre positionnement clair, nous voulons nous distancer du reproche souvent fait par des antifas comme quoi nous serions proches de regroupements de droite. Comme nous refusons en effet complètement le système de domination, il n’y a avec les nazis aucun point de contenu qui soit proche ou de points de connexion.

Nous pensons que « Francfort – aucune fourrure 2011 » sera la plus importante manifestation AntiSpe de l’année 2011, et montrera dans quelle direction se développera la scène AntiSpe – dans la direction de la critique radicale de la domination ou bien en direction de la protection animale bigarrée et bourgeoise.

Nous comptons que nous aurons un Black Block Antispe grand, bien organisé, radical et déterminé et que le plus de gens possibles suivront notre appel à se confronter au système de domination.

Si la manifestation est un succès, nous pensons alors qu’il sera possible de davantage articuler la scène d’extrême-gauche et ainsi de la renforcer. Alors, venez tous et toutes à Francfort au début de l’année 2011 ! Se confronter au système de domination !

Abercrombie & Fitch, une marque « moderne »

Il y a quelques jours, un groupe de jeunes activistes de la Bay Area de San Francisco aux Etats-Unis a occupé le magasin local d’Abercrombie & Fitch, en étant muni de masques à gaz et de masques chirurgicaux, tenant des pancartes avec écrit dessus « Stop à la pollution des parfums. »

Une ONG, Campaign for Safe Cosmetics, a en effet découvert que le parfum « Fierce » d’Abercrombie & Fitch contenait 11 produits chimiques non mis sur la liste des ingrédients… Dont beaucoup peuvent provoquer de l’asthme, des maux de tête, des dermatites. Un des produits, le phtalate de diéthyle, concerne le sperme et peut amener des malformations de la descendance.

Le magasin d’Abercrombie & Fitch a bien évidemment immédiatement appelé la police et fermé aussi rapidement que possible. En fait la polémique dure depuis quelques temps déjà, alors que le parfum en question était notamment parfois utilisé pour des diffuseurs extérieurs.

Pourquoi parler ici d’ Abercrombie & Fitch ? Tout simplement parce que cette marque va être bientôt extrêmement à la mode. Depuis quelques années, porter des vêtements Abercrombie & Fitch est extrêmement branché à Neuilly, Auteil et Passy.

Car ces vêtements n’étaient disponibles qu’aux USA : en porter servait à montrer qu’on y allait… Mais Abercrombie & Fitch est aussi une marque d’habits « casual » se voulant du quasi « luxe. »

Désormais on en trouve à Londres (à des prix doubles d’aux USA), et cela sera le cas en France, à partir de 2011… sur les Champs-Elysées, pas moins.

En quoi cela nous intéresse-t-il ici ? Eh bien parce que nous avons à peu près le même phénomène que pour les vestes Canadian Goose dont nous avons parlé, ces vestes aux cols en… fourrure de coyote et faits pour résister à des températures polaires, et portées par « mode » par la jeunesse des quartiers chics.

Car si Abercrombie & Fitch n’utilise que de la fourrure synthétique, le cuir est généralisé, et « fashion. » Ce qui est logique: Abercrombie & Fitch est initialement une entreprise d’habits pour l’homme qui pratique la chasse. Dans les années 1960, les décors des magasins étaient faits de « trophées de chasse » (les fameuses têtes d’animaux empaillés) ainsi que d’animaux empaillés!

Depuis, la société s’est « modernisée. »

Abercrombie & Fitch est un monument dans son genre : cette entreprise a dû faire face à de multiples plaintes pour son racisme vis-à-vis des minorités américaines, pour son sexisme (comme des tee-shirts « pas besoin de cerveau j’ai ces deux-là »), ses conditions de travail, son refus de laisser une jeune autiste être aidée par sa soeur dans une cabine d’essayage, ses tee-shirt provocateurs (« dites-non au carlin » – il s’agit d’un chien de Chine) etc. etc.

Récemment, dans un magasin de Hollister Co., une marque d’Abercrombie & Fitch destinée aux 14-18 ans, il y avait à un moment un chat maine coon et un ara (un oiseau voisin des perroquets) faisant partie du décor, avant que le magasin n’abandonne cela suite aux protestations!

Être vegan nécessite de connaître ce genre de phénomènes. L’industrie de l’exploitation animale pratique la fuite en avant, dans une logique de plus en plus à la fois kitsch et sordide. Alors que notre mode de vie a un contenu positif et constructif!

Victoire de la campagne contre ESCADA !

Nous avons déjà sur LTD parlé de la campagne contre ESCADA, campagne qui a commencé en octobre 2007.

Eh bien l’entreprise ESCADA, qui fait dans le luxe féminin dans 60 pays, a décidé d’abandonner la fourrure, cédant donc devant la campagne, qui a eu lieu dans 14 pays.

ESCADA avait été choisie car elle avait ses propres usines, et ses produits étaient vendus exclusivement dans ses propres magasins ou dans des franchisés.

La campagne consistait en une grande propagande contre ESCADA, des actions devant les magasins, etc. On peut trouver la liste des très nombreuses initiatives sur cette page.

A noter par contre que pour des raisons juridiques, cette page ne contient pas les communiqués des actions illégales. L’ALF s’est en effet, selon ses propres termes, « mis dans la partie », et avait notamment dévasté les bureaux du siège social d’ESCADA en Allemagne. En France le magasin parisien dans la luxueuse avenue Montaigne a par exemple eu ses serrures bloquées avec de la colle.

Avec Peta, Pamela Anderson est vegan sans l’être?!

Pour compléter un peu notre article d’hier concernant notre avis sur PETA (mais de fait c’est un certain esprit associatif qui est à critiquer), il n’est pas négligeable de souligner de nouveau des faits importants justement au niveau de la définition du véganisme.

Nous parlions déjà de ce que nous pensions des démarches sexistes utilisées par PETA, mais là c’est donc un autre aspect: la question de qui est vegan, et de qui ne l’est pas. Et de savoir si oui ou non le veganisme est le seul mode de vie correct dans le rapport aux animaux.

L’actrice « bimbo », égérie de PETA, Pamela Anderson vient ainsi de lancer un lait vegan à base de soja aromatisé à la vanille, à l’ananas et à la noix de coco.

On peut voir ici une vidéo de présentation de ce lait vegan, avec de très nombreux journalistes, lors d’une sorte de petit show organisé pour l’occasion.

Et on y voit également Pamela Anderson répondant à la question: « Depuis quand êtes-vous vegan? » Ce qui est une question logique, puisqu’elle fait la promotion d’un milk shake vegan.

Elle répond alors (un peu avant 2:40 dans la vidéo), mais de manière très symptomatique: « Depuis quinze ans, à peu près. » La journaliste demande alors: « Qu’est-ce qui a fait que vous l’êtes devenu? »

Pamela Anderson dit alors: « Depuis que je sais à propos de cela, depuis que je sais ce qu’il y a dans la viande, dans les produits avec de la viande, cela m’a dégoûté, et il a été facile de devenir végétarienne. »

Car Pamela Anderson n’est pas vegan! Il y a ici une véritable escroquerie intellectuelle et morale. Tant dans la réponse fausse, que dans la question fausse, que dans tout le cinéma organisé autour d’un milkshake vegan concocté par une personne qui ne l’est pas.

Et cela, c’est inévitable quand on a une démarche opportuniste.

Le fait d’utiliser des « stars » pour faire connaître une cause est une démarche qui décrédibilise la cause, qui la met au niveau des anecdotes.

Et ces « stars » utilisent la cause animale pour se donner une bonne image, ce qui est honteux. Il n’y a pas à tirer de profit matériel personnel du fait de servir la cause animale!

Servir la cause animale, la cause de la libération animale, est un devoir! Ce n’est que justice!

Il n’y pas à mettre sa personnalité en avant, il faut s’effacer devant la grandeur de la cause!

Et évidemment les personnes ne cherchant qu’à acquérir une image positive en abusant de la cause animale sont incapables d’assumer le véganisme, comme Pamela Anderson, ou pire n’assument même pas le fait de ne pas porter de fourrure.

Résultat ces personnes superficielles, qui ne jurent que par les apparences, font parler d’elles pour leur retournement de veste, faisant passer la cause animale pour une mode forcément passagère : Cindy Crawford, qui milita dans les années 90 contre la fourure chez PETA, s’est vue porter de la fourure il y a quelques années.

Les militantEs de PETA n’ont rien trouvé de mieux à faire que…. d’organiser une manifestation contre la « vilaine » Cindy Crawford !

Une situation totalement absurde, dans un énorme gâchis contre-productif. PETA n’a-t-elle vraiment rien de mieux à faire que de faire constamment du show-biz avec des personnes absolument pas crédibles, non ou trop peu engagées et qui ne se servent des animaux que comme prétexte pour faire leur propre pub ?

C’est une question de principes, et comme nous l’avons déjà dit, PETA joue sur les apparences et les coups marketing.

Justement d’ailleurs, il y a quelques semaines, une publicité australienne avec Pamela Anderson fut censurée pour son caractère sexuel ou plutôt son côté provocateur sur le mode pornographique.

Voici cette vidéo d’une vulgarité ridicule (et ne visant évidemment que les hommes), qui met en scène l’égérie de PETA s’aspergeant allègrement de lait. Faire ce spot avec du lait pour ensuite lancer quelques mois plus tard des milkshake vegan, le tout dans une ambiance ultra médiatisée, tout cela est lamentable.

Mais, sans nul doute, cela rapporte bien de l’argent. On reconnaît bien le sens des priorités.

Même n’importe quel magazine lambda ne peut que se moquer de ce manque de crédibilité, et d’ailleurs cela ne rate pas : ici le magazine-télé « TéléStar » qualifie le lancement de son lait végétal de « drôle d’idée » alors qu’au même moment il y a eu cette pub provocatrice remplie de lait animal.

Il faut savoir, pour comprendre à quel point la cause animale est abîmée par ce genre de choses, que Télé Star tire à plus d’1 300 000 exemplaires…

Au final, comme nous l’avons dit hier, PETA est pour appliquer des réformes douces, quitte à faire parler de son association grâce à des filles nues et/ou ultra vulgaires.

Tant que PETA se servira du sexisme et le mettra en scène, rien ne changera pour nos amiEs exploitéEs, et les femmes continueront d’être vues et considérées comme des objets ridicule de divertissement.

L’oppression appelle l’oppression, la hiérarchie appelle la hiérarchie, l’opportunisme appelle l’opportunisme.

Ce dont ont besoin les animaux comme la planète, c’est d’une morale sans faille, d’un engagement complet.

Et sans compromis: pour la libération animale, et non pas pour les « droits des animaux », sorte d’abstraction juridique intellectuelle s’opposant au gigantesque élan moral dont nous avons besoin.

La situation du procès en Autriche (troisième compte-rendu)

Onze jours de procès ont eu lieu depuis le compte-rendu de son ouverture (voir ici également sa présentation).

La juge a continué de maintenir la pression, de toutes les manières possibles. Il a été demandé à deux personnes accusées si elles pensaient vraiment que la police mentait et trafiquait les emails enregistrés par elle, afin de les charger.

Une personne a également été accusée d’avoir… participé à une manifestation anti-nazie. Accusation à laquelle s’est rajoutée celle d’avoir brisé les vitres d’un local d’extrême-droite.

La juge a également mentionné une manifestation dans un magasin de fourrure, où une personne aurait résisté à la police, mais comme par hasard la vidéo le « prouvant » a été perdue…

Pareillement, une personne est accusée d’avoir scié des abris de chasseurs alors qu’elle était surveillée 24 heures sur 24 par les services secrets, sauf bien entendu le jour où l’action aurait soi-disant eu lieu!

Et la juge ne laisse rien au hasard: elle mentionne toutes les relations qu’il y a pu avoir entre les activistes et les différents groupes, allant jusqu’à mentionner une enquête faite sur une ferme à fourrure en Finlande!

Il faut savoir que dans un même ordre d’idées, le procureur a expliqué que le titre d’un tract « Jäger töten » signifiait « tuer les chasseurs! » alors qu’en réalité il s’agissait bien entendu de: « Les chasseurs tuent »… (les deux phrases s’écrivant pareil en allemand).

Une des personnes accusées a également été attaqué par la juge pour faire des oeuvres d’art… contenant également des slogans, et même exposant ces oeuvres!

Dans ce grand élan anti-activiste, la juge ne pouvait que rappeler les fondements de l’ordre établi. Passant au discours anti-gauchiste, elle a demandé aux deux personnes accusées si elles pensaient qu’en Autriche la police était nécessaire…

Une des autres personnes accusées (à part les deux questionnées donc) a alors provoqué un scandale en lançant: « oui, pour tuer des enfants de 14 ans! » Ce qui est une allusion à un « fait divers » s’étant déroulé il y a quelques mois, où un policier « pris de peur » a tué dans le dos un jeune s’enfuyant alors qu’il cambriolait un supermarché.

Une telle phrase était en tout cas une attaque directe dans un pays où la police jouit d’une certaine manière d’un grand respect (un peu comme la Suisse) ou en tout cas fait grandement peur.

Une autre personne accusée a fait de même, en refusant de répondre à la première question que lui a posé la juge, tant que la croix présente dans la salle ne serait pas enlevée, vue que la religion et le christianisme participent à la domination sur les animaux!

Dans un pays de culture conservatrice et chrétienne comme l’Autriche, cela était aussi sans nul doute un scandale, tout comme la déclaration d’une des personnes accusées de refuser de répondre à quelque question que ce soit!

La juge n’a dans ce cadre pas cessé de réprimander le public dans la salle à l’audience, et d’expliquer qu’elle n’avait jamais rencontré de tels accusés!

Et sa ligne n’a pas bougé d’un iota: elle a demandé pourquoi les personnes accusées conseillaient d’utiliser des emails cryptés, puis elle a remis en avant l’accusation centrale: le fait que se rejoignent en définitive les actions du type campagnes téléphoniques, manifestations, rassemblements devant les logements et les magasins (voir par exemple la vidéo d’une campagne avec un moment Free Hugs, avec la même attitude et la même musique que dans l’original), action illégales…

Les initiatives des activistes sont agressives, et se rattachent inévitablement à la culture illégale. D’où la question (qui comme nous l’avons dit plane au-dessus du procès): que pensent les personnes accusées de l’ALF?

Car pour la juge, il s’agit de montrer que toutes les structures activistes en faveur de la libération animale ne forment qu’une seule même structure terroriste. Elle est allée jusqu’à mettre en avant que reconnaître les « crimes commis » permettrait un allégement des peines…

Manifestation et grande opération de libération de visons en Allemagne

Chaque année a lieu à Francfort en Allemagne une manifestation au sujet de la fourrure et de la mode, organisée par des activistes pour la libération animale. La manifestation rentre dans le cadre de la campagne contre Escada et Max Mara dont nous avons déjà parlé.

Cette année, 650 personnes ont participé à cette manifestation qui a eu lieu le 13 mars, et on peut désormais voir une vidéo de la manif ici. Avant la manifestation, il y avait également des stands, des vidéos et des discours; après avait lieu une fête.

Durant la manifestation, les slogans ne visaient pas que la fourrure, mais toute l’exploitation animale : « Ob Pelz oder Fleisch – Mord bleibt Mord » (Fourrure ou viande – un meurtre est un meurtre), « Wir sind laut und wir sind hier – Für die Befreiung von Mensch und Tiere » (Nous faisons du bruit nous sommes ici – Pour la libération de l’humain et de l’animal).

La solidarité avec les activistes passant en ce moment en Autriche a été soulignée avec un point de vue très clair:

« Ce qui est à honteux, ce ne sont pas les revendications comme quoi il faut mettre fin à la violence contre les animaux, mais la délégitimation des protestations par la police, le droit et la justice. Ce qui est insupportable, ce ne sont pas les protestations, les campagnes et chaque action illégale, mais la prétention à pouvoir disposer comme bon nous semble des animaux, qui amène en dernière conséquence à l’emprisonnement et la mise à mort d’innombrables individus non humains. »

L’ancrage dans les valeurs progressistes a été rappelé:

« Nous sommes tous et toutes ici afin de montrer à l’industrie de la fourrure ce que nous pensons des ses cruelles affaires. Nous nous sommes rassembléEs afin d’exprimer par des mots et des actes ce que nous ressentons lorsque nous pensons aux tortures que doivent endurer chaque jour les animaux dans les fermes à fourrure.

Afin de parler concrètement: aujourd’hui nous amenons notre haine dans la rue. Notre haine à l’encontre d’une machinerie de mort, qui méprise la vie, une machinerie de mort qui se moque de la souffrance des êtres vivants, qui ont la capacité de ressentir, une machinerie de mort qui place le profit au-dessus du droit à la vie.

Cette pensée ne visant qu’au profit est une conséquence nécessaire de la logique de chosification capitaliste et ne peut être vaincue que par le dépassement des relations de domination existantes. »

Il a également été rappelé dans un discours à ce sujet devant le magasin Max Mara qu’il n’y avait pas de place pour les fascistes dans le mouvement pour la libération animale. Les fascistes lorsqu’ils abordent la question animale le font au nom de la santé, d’une volonté de vivre « sainement », de manière « pure. » Chez les fascistes il n’y a pas de critique de l’exploitation animale, mais seulement la volonté d’avoir « un peuple sain. »

A également été cité un document « pro-animaux » des fascistes; en voici l’extrait complet afin de comprendre pourquoi l’extrême-droite fait semblant de s’intéresser aux animaux: afin de justifier un pseudo « ordre naturel »:

[Attention: citation d’un groupe d’extrême-droite!] « Les fascistes rouges / anti-allemands justement, qui s’investissent également pour les droits des animaux, n’ont eux-même pas compris l’idée de l’antispécisme.

Pour eux, il ne s’agit qu’un concept en plus leur servant de prétexte à la violence contre ceux qui pensent différemment. Et c’est une contradiction, parce que cette idéologie affirme qu’elle est pour la liberté de chaque vie.

Tout cela est bien beau, mais n’est absolument pas réalisable, tout comme le marxisme / communisme.
Il y aura toujours des gens pour gouverner et d’autres pour être gouverné. Les affirmations comme  quoi il y aurait une contradiction entre les nazis et la protection animale sont absurdes et ridicules. »

Exactement comme lors de la colonisation avec les théories sur les esclaves qui auraient « naturellement » besoin des maîtres (évidemment européens), les fascistes utilisent la question animale pour justifier l’esprit de domination (c’est souvent le loup qui est « valorisé » d’ailleurs, comme symbole des « inégalités » naturelles)

Une démarche totalement opposée aux valeurs de la libération totale!

On notera également que deux jours après cette manifestation, dans la nuit du 15 au 16 mars, a eu lieu une grande opération de libération de visons, à Frankenförde.

Un groupe d’intervention a libéré à peu près 2.500 visons et procédé à la destruction des tuyauteries alimentant la ferme en eau, de plusieurs voitures et de différentes machines (voir ici une vidéo de l’action). La presse parle de 180.000 euros de dégâts et de 4.000 visons libérés.

Toujours à propos de la libération de visons, le site américain Voice of the Voiceless (récemment frappé par la répression du FBI comme nous le disions il y a quelques jours) a mis la semaine dernière en ligne un rapport scientifique montrant que les visons libérés survivent et s’adaptent en un mois – un mois et demi à leur nouveau environnement.

Répression contre Voice of the Voiceless au nom de l’AETA

La personne qui met en ligne les informations sur le site américain Voice of the Voiceless (« la voix des sans voix ») a vu son domicile perquisitionné par huit agents du FBI, qui ont notamment confisqué les ordinateurs.

L’opération rentre dans le cadre de l’AETA, l’Animal Enterprise Terrorism Act. Selon cette loi, tout acte illégal en faveur de la libération animale est considéré comme relevant du terrorisme. Mais le fait même d’en parler est criminalisé, et le site Voice of the Voiceless ne cache pas son soutien à l’ALF, avec notamment le document The Blueprint qui répertorie comme « cibles » les fermes à fourrure.

Rappelons ici que l’ALF et l’ELF sont considérés comme la menace intérieure numéro 1 aux USA. Des informations concernant la répression contre Voice of the Voiceless sont disponibles sur le site Green is the new Red.

The blueprint

Nous avions déjà parlé des critiques que reçoivent les vegans de la part de non-vegans lorsqu’il est affirmé que pour les animaux, c’est un éternel Treblinka. Et pourtant même le film Chicken Run montre clairement le rapport!

A ce titre, il faut savoir que la liste des fermes à fourrure a été rendu aujourd’hui public aux USA par un activiste vegan, et les photos qu’on y trouve ressemblent à ce qu’on voit représenté dans Chicken Run…

Le document est à télécharger ici et s’appelle « The Blueprint ».

Peter Young avait collecté de nombreuses notes sur les fermes à fourrure, mais le FBI les a confisqués lors de son arrestation (Peter Young devait être arrêté en 1998, il a vécu 7 années dans la clandestinité avant d’être finalement arrêté et condamné à deux années de prison; aujourd’hui il anime le site Voice of the Voiceless).

Il a donc recommencé son travail, parcourant des milliers de kilomètres, utilisant les images satellites et tous les documents possibles, dans le seul but de faire la liste la plus complète qui soit des fermes à fourrure aux USA.

Dans le document « The Blueprint » qui est donc rendu public, on retrouve les adresses de 75% des fermes à fourrure, des documents, de nombreuses photos couleurs, des compte-rendus de la situation de la ferme…

Mais aussi les adresses des entreprises fournissant le matériel, la nourriture, les laboratoires de recherche…

Il faut noter ici que les lois américaines sont différentes de celle d’en France, et que Peter Young peut y aller de manière assez ouverte dans « l’incitation » : il présente clairement ces fermes comme des infrastructures étant des cibles.

La dernière page montre d’ailleurs la photo de baraquements de fermes à fourrure, avec comme slogan:

« Nous sommes des milliers [les activistes, NDLR], eux moins de 300 [les fermes NDLR]. »

Voilà pourquoi il faut bien noter une chose, une chose importante qu’il faut savoir.

La diffusion de telles informations est légale aux USA, mais ne l’est par exemple pas en France, tout au moins certainement pas dans l’esprit du document « The Blueprint » et avec les remarques qu’on y trouve.

La raison en est la loi sur la liberté de la presse (loi du 29 juillet 1881), Section « Des crimes et délits commis par voir de presse ou par tout autre moyen de communication » paragraphe premier: « Provocation aux crimes et délits. »

La loi française stipule:

« Seront punis comme complices d’une action qualifiée crime ou délit ceux qui, soit par des discours, cris ou menaces proférés dans des lieux ou réunions publics, soit par des écrits, imprimés, dessins, gravures, peintures, emblèmes, images ou tout autre support de l’écrit, de la parole ou de l’image vendus ou distribués, mis en vente ou exposés dans des lieux ou réunions publics, soit par des placards ou des affiches exposés au regard du public, soit par tout moyen de communication au public par voie électronique, auront directement provoqué l’auteur ou les auteurs à commettre ladite action, si la provocation a été suivie d’effet.

Cette disposition sera également applicable lorsque la provocation n’aura été suivie que d’une tentative de crime prévue par l’article 2 du code pénal. »

Évidemment, à ce niveau, tout est question de pression et d’opinion publique. Hors de question toutefois de nier cet aspect juridique très important.