L’écocide en Afrique avance chaque jour de manière plus rapide. Les éléphants, animaux parmi les plus connus et les plus appréciés de tous les humains, sont victimes d’une véritable campagne d’anéantissement. On a là un symbole terrible, sanglant, de la réalité et de la honteuse passivité de ceux et celles qui ont conscience de ce qui se passe.
La tendance est tellement terrifiante que même les locaux protégés sont attaqués. En mai, 26 défenses ont été volé au Botswana, dans le « stock » de l’Etat de la ville frontière de Kasane. Au début de la semaine, une chambre forte du quartier général de la ZAWA (Zambia Wildlife Authority) a été attaquée en Zambie, et trois tonnes de défenses volées.
Dans le dernier cas, ce sont des éclaireurs de la ZAWA, qui s’occupe de la défense de la faune, qui ont été corrompus… Car le profit est important et par conséquent des réseaux se montent : un kilo d’ivoire vaut de 2.000 à 2.500 dollars sur le marché noir en Asie.
Voici une carte, très parlante, montrant l’évolution de la présence des éléphants en Afrique.
La situation est tellement terrible que les pays d’Afrique centrale jouent en ce moment le tout pour le tout, tentant de coordonner des campagnes de répression, malgré la corruption gigantesque.
La semaine dernière, l’opération « Worthy » s’est déroulée simultanément en Éthiopie, au Botswana, au Ghana, au Guinée Conakry, au Kenya, au Libéria, au Mozambique, au Namibie, au Nigeria, au Rwanda, en Afrique du Sud, au Swaziland, en Zambie et au Zimbabwe.
Ont été arrêté plus de 200 personnes; on a retrouvé près de deux tonnes d’ivoire d’éléphant, plus de 20 kilos de cornes de rhinocéros, des peaux de lions, de léopards, de guépards, de crocodiles et de pythons, des oiseaux tropicaux vivants, des tortues, ainsi que d’autres espèces protégées…
Et le Gabon vient de justement, le 27 juin, procéder à l’incinération de 4.825 kilogrammes d’ivoire, dont 1.293 pièces brutes majoritairement composées de défenses et 17.730 sculptures en ivoire.
Le Gabon ne pouvait pas être en reste par rapport à l’opération « Worthy », car c’est un pays clef pour les éléphants. 50 000 éléphants y vivent, soit 50% des éléphants de forêt.
Éléphants de forêt dont le nombre, en 20 ans, a chuté de 80%…
Par conséquent, au Gabon depuis mars dernier, l’éléphant est une espèce « intégralement protégée » ; en mars, le président Gabonais a également annoncé la naissance d’une unité militaire pour contrer les braconniers. Le Cameroun va faire de même avec 2000 rangers chargés de protéger les éléphants.
La motivation est bien entendu économique, pour le tourisme. Voici ce qu’a dit le chef de l’Etat gabonais lors de l’incinération d’il y a trois jours :
« L’éléphant vivant vous rapporte plus que mort. En termes économiques, le développement du tourisme, qui va être important au Gabon, demande que nous puissions préserver notre faune et notre flore. »
« Ce que nous sommes en train de faire, en dehors de la valeur symbolique, a une réelle valeur de préservation économique. Il faut traduire le capital naturel en termes de revenus et le transmettre à nos futures générations. »
Cela peut sembler intéressant comme initiative, mais il ne faut pas perdre de vue que la pression de l’opinion publique est énorme.
Le jour où les éléphants auront disparu de la planète, quelle sera la légitimité des dominants ? C’est de cela qu’ils ont peur ! Le sort des éléphants, en soi, ne les intéresse pas. Ils n’accordent aucune valeur en soi aux éléphants.
Et c’est pourtant là la question de fond. Il faut reconnaître une valeur en soi à Gaïa !