La RATP ridiculise le comportement d’animaux

Pour tenter de lutter contre l’incivilité dans le métro parisien, la RATP vient de lancer une campagne d’affichage. A cette occasion, une fois de plus ce sont les animaux qui sont pris pour cible et sont montrés comme des êtres asociaux…

Ces affreux montages montrent à quel point les animaux sont inconnus, incompris, méprisés. Et sont considérés inférieurs aux êtres humains, qui eux, auraient la capacité de vivre en groupe et de « se tenir », d’avoir de la culture…

Regardons cette campagne de plus près.

Le paresseux est un mammifère d’Amérique tropicale. Contrairement à ce que son nom indique, le paresseux n’est pas « paresseux » !!

Son métabolisme très lent est son meilleur camouflage, car ce petit et très vulnérable mammifère vit perché dans les arbres et ne descend au sol uniquement pour faire ses besoins, une fois par semaine.

Utiliser l’image de ces animaux pour pointer du doigt des usagers de transport en commun qui ne se lèvent pas de leurs sièges, sous-entendu par fainéantise, comme soit disant le paresseux serait « paresseux », est une aberration et un manque de culture animale terrifiant !!

Le lama est un mammifère d’Amérique du Sud, qui ne crache pas sur tout ce qui bouge, comme les fausses idées tendent à le faire croire. Le lama crache uniquement s’il se sent en danger. Et si il crache pour se défendre, c’est sur ses congénères…

Le lama n’est pas un être malpropre qui crache à tout va rien que pour le plaisir de salir….

Qualifier une personne masculine d’être un « boeuf » est très péjoratif, et une fois de plus, dégradant pour l’animal. Quand on ne connaît, ni ne comprend le mode de vie des autres animaux, ce qui intrigue, choque ou semble bizarre est tout de suite mis en avant de manière condescendante et prétendument supérieure.

Les buffles ne sont pas des brutes, comme voudrait le faire croire l’image. En Afrique, ils font partie des herbivores (et donc, des « proies » des « prédateurs ») courant le moins vite. Les carnivores chassent en priorité les buffles faibles/âgés/les nouveaux nés.

Les buffles sont connus pour faire face aux carnivores et les charger pour défendre les membres de leur troupe. Avec cette affiche, c’est le courage du buffle qui est ridiculisé, et mis sur le même plan que l’égoïsme et la brutalité de certains humains.

Tout le monde connaît la poule, un animal terriblement victime de l’industrie du meurtre. Elle est considérée comme « idiote », et elle est ici mis sur le même plan que la « cruche », la femme « superficielle et idiote » qui se croit toute seule et parle très fort avec son téléphone portable.

On a ici un niveau de mépris des femmes et un niveau de stupidité assez aberrant, encore une fois!

La grenouille est connue malheureusement surtout pour ses sauts et ses croassements, ce qui est réducteur. Pas étonnant que l’affiche de la RATP joue sur ces stéréotypes typiques de la non-culture humaine par rapport aux animaux.

Quel rapport avec sauter un tourniquet? Même les chaussures du personnage sont en vert… Affligeant!

Le manque de culture sur les autres animaux, associé à un déni volontaire de leur reconnaître une vie sociale et une intelligence à part entière, fait partie des habitudes dont il faut se débarrasser au plus vite.

Tout comme en témoigne ces horribles expressions du quotidien : « une cervelle de moineau », « manger comme un porc », « tếtu comme une tête de mule », « avoir le cafard » etc. etc.

Le goût, les expressions, la morale, la vie sociale… Cela en fait des choses à changer et c’est justement changer le monde!

L’Ansonia latidisca a été retrouvée !

L’Ansonia latidisca a été retrouvée ! Cela faisait 87 ans que des humains n’avaient pas vu cette grenouille colorée, qui n’a d’ailleurs jamais été photographiée.

C’est le cas bien sûr de nombreux animaux ; dans le cas des grenouilles, la salamandre du Turkestan n’a pas été vue depuis 1909, la Rhinella rostrata depuis 1914…

On a donc une photographie de l’Ansonia latidisca, prise dans l’Etat malaisien de Sarawak, dans la chaîne montagneuse de Gunung Penrissen . On n’en saura pas plus, les scientifiques qui l’ont découverte ne voulant pas que des trafiquants viennent s’en emparer.

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Ces scientifiques faisaient partie d’une mission de Conservation International (CI). La recherche se fait sur cinq continents et 21 pays.

Il s’agissait de retrouver les amphibiens « disparus », plus précisément dix (la liste en contient 100). L’Ansonia latidisca a été retrouvée la nuit, perchée sur un arbre à deux mètres de hauteur. Trois grenouilles de ce type ont été découvertes, et la photographie a pu être prise.

Auparavant, on avait juste ce dessin, datant des années 1920.

Le territoire de la grenouille est menacé par la civilisation humaine, qui est en train de détruire son environnement. Il y a ainsi un hôtel avec un grand parcours de golf dans la zone.

Jusqu’à présent, l’expédition a retrouvé seulement quatre grenouilles de la liste des grenouilles disparues. Ce n’est pas très étonnant, car 41% des amphibiens sont menacés d’extinction.

Les grenouilles sont notamment victimes de la chytridiomycose, un champignon provoquant des morts massives, provoquant un rythme d’extinction effroyable, et sans doute permis par les activités humaines (diffusion de la maladie par les animaux de laboratoire, etc.).

Une colonie naturiste et végétalienne en Picardie

Voici un intéressant article tiré de l’Union, journal de Picardie et des Ardennes. Il traite, brièvement, d’une colonie naturiste et végétalienne en Picardie.

C’est à Vaux, commune d’Essômes-sur-Marne, qu’eut lieu la première expérience de vie communautaire anarchiste en France, de 1902 à 1909.Elle fut suivie, en 1911, par une autre tentative, à Bascon, à 800 mètres de Vaux.

L’orientation sera légèrement différente. Il s’agit cette fois d’une colonie naturiste et végétalienne. L’un des colons, Louis Rimbault, anarchiste végétalien, y invente un véritable aliment complet composé de 34 variétés potagères, une salade qu’il appelle «La Basconnaise».

C’est surtout de 1919 à 1926 que de nombreux adeptes, de différentes nationalités, affluent à Bascon : des écrivains comme Hélène Patou et Georges Navel, la danseuse Isadora Duncan, le philosophe Han Ryner…

La colonie cesse sa pleine activité en 1931, mais continue sous forme de colonie végétarienne de vacances, centre naturiste et auberge de jeunesse « La Basconnaise » jusqu’en 1951. Un colon original, Jean Labat dit Godec, a laissé des souvenirs dans le voisinage.

Il excitait la curiosité, sur le marché de Château-Thierry, avec ses théories sur le végétalisme et la nocivité du tabac et de l’alcool.

A cause de sa barbe hirsute et de sa longue chevelure, il était surnommé « Jésus-Christ ».
(Merci à notre historien local Tony Legendre pour ses recherches.)

En France, le naturisme, tout comme le végétarisme, n’ont pas été des valeurs assumées en masse par le mouvement ouvrier, contrairement à d’autres pays, comme l’Allemagne ou l’Autriche. Mais il y a eu néanmoins des expériences, qui ont toutes été anarchistes, dans une version individualiste et communautaire à la fois.

Bien entendu, toutes ces expériences et réflexions des années 1930 étaient utopistes, individualistes, et donc forcément limitées. Nous ne pensons pas que le naturisme soit une solution en soi (ni d’ailleurs le mouvement hippie en général).

Néanmoins, nous considérons qu’il faut connaître ces expériences et les considérer comme relevant de notre propre passé… A condition évidemment de considérer le véganisme comme quelque chose de forcément populaire.

Nous reparlerons d’ailleurs bientôt de « l’Union de lutte socialiste internationale », qui luttait en Allemagne durant les années 1930, assumant ouvertement le végétarisme et le refus de l’exploitation animale (ainsi que de l’alcool), et qui a été une forte structure de résistance sous la dictature nazie.

Soulignons également que ce n’est certainement pas pour rien que les personnes vegan straight edge en France viennent de milieux populaires, et qu’il n’y a que les personnes provenant de couches sociales aisées ou au moins disposant d’un certain confort matériel pour sauter au plafond dès qu’on parle de « Gaïa. »

Dans les milieux populaires, il est très net que le raisonnement suivant prédomine: ce que l’on fait à la planète, cela ne se fait pas!

Et il n’est pas un hasard non plus que le mouvement pour la libération animale est le seul où les femmes ont un rôle prédominant. Citons ici deux femmes témoignant de ce regard nouveau et nécessaire: Louise Michel (figure du mouvement anarchiste) et Rosa Luxemburg (figure du mouvement communiste)…

Deux passages magnifiques, démonstration à la fois de la sensibilité et du style de pensée qu’il faut vivre pour avancer dans la lutte pour la libération totale:

Au fond de ma révolte contre les forts, je trouve du plus loin qu’il me souvienne l’horreur des tortures infligées aux bêtes.

Depuis la grenouille que les paysans coupent en deux, laissant se traîner au soleil la moitié supérieure, les yeux horriblement sortis, les bras tremblants cherchant à s’enfouir sous la terre, jusqu’à l’oie dont on cloue les pattes, jusqu’au cheval qu’on fait épuiser par les sangsues ou fouiller par les cornes des taureaux, la bête subit, lamentable, le supplice infligé par l’homme.

Et plus l’homme est féroce envers la bête, plus il est rampant devant les hommes qui le dominent.

Louise MICHEL, Mémoires

Ah! ma petite Sonia, j’ai éprouvé ici une douleur aiguë.

Dans la cour où je me promène arrivent tous les jours des véhicules militaires bondés de sacs, de vielles vareuses de soldats et de chemises souvent tachées de sang…

On les décharge ici avant de les répartir dans les cellules où les prisonnières les raccommodent, puis on les recharge sur la voiture pour les livrer à l’armée.

Il y a quelques jours arriva un de ces véhicules tiré non par des chevaux, mais par des buffles.

C’était la première fois que je voyais ces animaux de près.

Leur carrure est plus puissante et plus large que celle de nos boeufs ; ils ont le crâne aplati et des cornes recourbées et basses ; ce qui fait ressembler leur tête toute noire avec deux grands yeux doux plutôt à celle des moutons de chez nous.

Il sont originaires de Roumanie et constituent un butin de guerre…

Les soldats qui conduisent l’attelage racontent qu’il a été très difficile de capturer ces animaux qui vivaient à l’état sauvage et plus difficile encore de les dresser à traîner des fardeaux.

Ces bêtes habituées à vivre en liberté, on les a terriblement maltraitées jusqu’à ce qu’elles comprennent qu’elles ont perdu la guerre : l’expression vae victis s’applique même à ces animaux… une centaine de ces bêtes se trouveraient en ce moment rien qu’à Breslau.

En plus des coups, eux qui étaient habitués aux grasses pâtures de Roumanie n’ ont pour nourriture que du fourrage de mauvaise qualité et en quantité tout à fait insuffisante.

On les fait travailler sans répit, on leur fait traîner toutes sortes de chariots et à ce régime ils ne font pas long feu.

Il y a quelques jours, donc, un de ces véhicules chargés de sacs entra dans la cour.

Le chargement était si lourd et il y avait tant de sacs empilés que les buffles n’arrivaient pas à franchir le seuil du porche.

Le soldat qui les accompagnait, un type brutal, se mit à les frapper si violemment du manche de son fouet que la gardienne de prison indignée lui demanda s’il n’avait pas pitié des bêtes.

Et nous autres, qui donc a pitié de nous? répondit-il, un sourire mauvais aux lèvres, sur quoi il se remit à taper de plus belle…

Enfin les bêtes donnèrent un coup de collier et réussirent à franchir l’obstacle, mais l’une d’elle saignait… Sonitchka, chez le buffle l’épaisseur du cuir est devenue proverbiale, et pourtant la peau avait éclaté. Pendant qu’on déchargeait la voiture, les bêtes restaient immobiles, totalement épuisées, et l’un des buffles, celui qui saignait, regardait droit devant lui avec, sur son visage sombre et ses yeux noirs et doux, un air d’enfant en pleurs.

C’était exactement l’expression d’un enfant qu’on vient de punir durement et qui ne sait pour quel motif et pourquoi, qui ne sait comment échapper à la souffrance et à cette force brutale…

J’étais devant lui, l’animal me regardait, les larmes coulaient de mes yeux, c’étaient ses larmes.

Il n’est pas possible, devant la douleur d’un frère chéri, d’être secouée de sanglots plus douloureux que je ne l’étais dans mon impuissance devant cette souffrance muette.

Qu’ils étaient loin les pâturages de Roumanie, ces pâturages verts, gras et libres, qu’ils étaient inaccessibles, perdus à jamais.

Comme là-bas tout – le soleil levant, les beaux cris des oiseaux ou l’appel mélodieux des pâtres – comme tout était différent.

Et ici cette ville étrangère, horrible, l’étable étouffante, le foin écoeurant et moisi mélangé de paille pourrie, ces hommes inconnus et terribles et les coups, le sang ruisselant de la plaie ouverte…

Oh mon pauvre buffle, mon pauvre frère bien-aimé, nous sommes là tous deux aussi impuissants, aussi hébétés l’un que l’autre, et notre peine, notre impuissance, notre nostalgie font de nous un seul être.

Pendant ce temps, les prisonniers s’affairaient autour du chariot, déchargeant de lourds ballots et les portant dans le bâtiment.

Quant au soldat, il enfonça les deux mains dans les poches de son pantalon, se mit à arpenter la cour à grandes enjambées, un sourire aux lèvres, en sifflotant une rengaine qui traîne les rues.

Et devant mes yeux je vis passer la guerre dans toute sa splendeur…

Rosa LUXEMBOURG, Écrits de prison