Voici le quatrième compte-rendu du procès en Autriche (pour les autres compte-rendus: 1, 2, 3).
Tout d’abord, un premier bilan a été tiré et il est clair pour toutes les personnes ayant observé le procès que la juge est d’une très grande agressivité envers les activistes.
Ce qui finalement n’est pas si étonnant quand on s’aperçoit qu’on la trouve deux fois en photos dans le dernier bulletin de la section de tir de l’association sportive de la police de la ville (voisine de Vienne) où se tient le procès.
Dans le même ordre d’idée, la juge a expliqué que le fait qu’il y ait une croix au mur dans la salle du procès n’avait rien de choquant, que parfois des personnes croyantes prêtaient justement serment sur la croix de dire la vérité et rien que la vérité!
Comme dit dans le dernier compte-rendu, même si ni les activistes ni la juge ne veulent aller directement dans le conflit, les deux cultures antagonistes suintent de plus en plus, avec d’un côté l’Autriche cléricale et réactionnaire des campagnes, et de l’autre les progressistes cherchant à déborder sur la gauche la social-démocratie traditionnellement dominante dans les villes.
Ainsi et inversement, une des personnes passant au procès est arrivée… habillée d’un t-shirt avec sur le devant la photo d’une personne masquée tenant un chien Beagle, avec inscrit « Smash HLS » et au dos le slogan « I support the ALF. »
Ce qui, en plein procès contre l’activisme justement, a le mérite de la clarté, tout comme le fait quelques jours plus tard de coller une affiche « Terreur d’Etat contre la protection animale » sur le bureau du juge, avec des gens dans la salle lançant des slogans contre la répression!
Et, de manière plus anecdotique mais marrante, lors d’une journée de procès on a pu voir se placer au niveau de la fenêtre de la salle différents ballons roses, avec accroché en dessous…. un poster de l’extra-terrestre de la célèbre série télévisée ALF!
Dans cette ambiance très tendue en tout cas, la juge a continué ses multiples remarques et questions, concernant les liens de telle et telle personne. Elle a mentionné les appartements et leurs colocataires, les divers coups de téléphone et emails, le fait que les emails soient cryptés etc.
Les surveillances ont en effet été extrêmement nombreuses…. et absolument tout est pris à charge, dans un grand élan de criminalisation.
Même le fait que des documents de VGT aient été traduit en anglais a été considéré par la juge comme la construction de contact avec les « extrémistes anglais »!
Tout comme a été considéré comme un soutien à des criminels le fait que le responsable de l’association VGT se renseignait par téléphone auprès d’un ami quant au sort de deux personnes arrêtées pour avoir scié des postes de tirs de chasseurs….
Et d’ailleurs, lorsque la juge a interrogé la responsable de la police et de l’enquête, celle-ci a également rappelé que s’était tenue aux Pays-Bas, à Den Haag, au début avril, une conférence d’Europol sur l’extrémisme de type ALF – ARM….
On ne doit donc pas être étonné que, comme nous l’avions prédit, la ligne de défense des responsables de VGT (la principale association concernée) infléchirait de plus en plus.
Ce n’est pas par hasard en tout cas que de nombreuses questions ont été adressés à Harald Balluch, l’un des principaux responsables de VGT, qui a répondu calmement mais fermement, rejetant tout lien avec les actions illégales.
Balluch a, de fait, joué le jeu, et ce jusqu’à ce qui semble une ironie, et une ironie pour le moins étrange.
Lorsque par exemple la juge lui a demandé s’il connaissait les personnes ayant mené telle ou telle action illégale, il a ainsi répondu qu’il pensait qu’il s’agissait sans doute de gens à la périphérie du mouvement, vraisemblablement de gens qui ne savent pas mener d’activité constructive, qui sont un peu perdus et n’ont pas de liens sociaux. C’est ainsi qu’il s’imagine que sont ces gens, a-t-il expliqué.
Même si l’on devine sans doute l’ironie pour jouer le jeu d’une petite distanciation, le simple fait de dire cela est finalement très exactement ce que la juge attend des activistes arrêtéEs…
Et l’ironie est pour le coup plus que douteuse lorsque la juge lui a demandé pourquoi la police n’a pas arrêté plus vite les « criminels. » Balluch a en effet alors répondu que la police avait perdu son temps avec les activistes agissant dans la légalité!
Ce qui ne peut être compris que comme un appel à la répression contre les activistes menant des actions illégales.
Et logiquement, poussant son raisonnement jusqu’au bout, Balluch s’est donc dissocié de plus en plus de la libération animale. Au point que lorsque la juge lui a demandé s’il était contre la vivisection… Il a répondu que oui, mais qu’il n’était pas pour son abolition immédiate, pensant qu’il faut d’abord développer des méthodes alternatives!
Son frère, Martin Balluch (qui est également le théoricien de VGT) a donc également profité des propos de son frère pour souligner qu’il n’a jamais défendu « l’idéologie de l’ALF. »
C’est donc une première « temporisation » qui a eu lieu au procès. Le réformisme « radical » pour la protection animale tente de sauver sa mise, et n’a pas d’autres choix que de s’éloigner toujours davantage de la libération animale.