xGOODFELLASx’s mafia !

xGOODFELLASx’s mafia est un groupe de hip hop du Nord de l’Allemagne…. qui se veut asocial et tatoué.

Le texte oscille ainsi entre une revendication affirmée et ultra provocatrice de la survie violente dans un monde d’asphalte et de violence, et une réflexion poétique froide sur la brutalité d’un monde qui ne va pas en s’arrangeant…

La seule perspective, concrète et en même temps terriblement lointaine, est le mode de vie vegan straight edge et le respect de mère nature. Voici une petite interview à ce sujet.

1. Le hip hop de xGOODFELLASx’s mafia est rude et tourné vers la rue. Quelle réalité cela exprime-t-il ?

La mentalité de toujours lutter, quelle que soit la situation de vie dans laquelle on se trouve. Avoir du respect et se comporter comme un homme, ce qui veut dire gère ton stress tout seul et ne provoque pas de soucis, mais si quelqu’un veut te pisser sur la jambe, alors démolis la personne en question.

2. Quel rôle joue pour vous l’identité vegan straight edge ?

C’est notre mode de vie, pour lequel nous nous sommes décidés il y a quelques années, et pour lequel nous mourrons.

Les drogues, c’est quelque chose pour les faibles, et nous sommes des combattants et marchons dans la vie avec une tête et un esprit clairs, afin qu’on puisse toujours compter sur soi-même et ne jamais perdre le respect de soi-même.

De plus, nous sommes absolument contre l’exploitation de formes de vie plus faibles et avons le respect de mère nature, et donc nous ne pouvons pas avoir sur la conscience d’avoir un animal dans notre assiette pour notre « plaisir. » C’est une décision pour la vie.

3. Quels artistes ont inspiré xGOODFELLASx ? Connaissez-vous le hip hop français?

Au niveau des textes, nous sommes inspirés par notre vie et nos problèmes personnels. Il y a quelques artistes allemands (peu) qui nous ont inspiré, comme par exemple des vieux trucs de Bushido & Azad, mais cela fait longtemps.

De nos jours, nous apprécions beaucoup le rap français. Nos artistes préférés de France sont Seyfu, les vieux trucs de Booba, Grödash, Kamelancien, Zehef, 400 Hyenes etc…

4. Comment voyez-vous le futur pour vous en tant que groupe ?

Il y aura de manière certaine un deuxième album de GFM. Pour le moment par contre, Partisan et Daniel Gun travaillent à leurs projets solo, ce qui contiendra encore certaines surprises.

5. Comment voyez-vous le monde aujourd’hui et dans le futur ? Que pensez-vous du mouvement pour un soulèvement, dans le sens de la libération animale?

Nous pensons que les gens ont détruit ce monde de leurs propres mains, et qu’ils ont simplement perdu le respect des animaux et de la nature.

Personne ne devrait vivre emprisonné, ni les animaux ni les humains ! Aucune prison, libérez tout le monde !

Nous vivons dans un monde de merde ! Il n’en va que de l’argent, tout le reste ne compte pas, que de la merde ! Les valeurs ? Aujourd’hui, il n’y a plus rien de cela. A ce sujet des paroles de nous me viennent à l’esprit, qui décrivent parfaitement cela :

La calotte glaciaire du pôle nord fond, le monde est au bord du gouffre
et tout ce que nous faisons revient comme un boomerang

Sensibilités Straight Edge…

Le mouvement straight edge a connu plusieurs périodes de par sa liaison à la musique hardcore… périodes qui ont donné naissance à différentes sensibilités. Voici un petit aperçu général, que l’on peut bien entendu améliorer, mais qui est déjà pas mal parlant ! Etant Vegan Straight Edge, il est évident également que la figure vegan straight a le beau rôle…

Disons plus simplement qu’il s’agit d’une introduction des sensibilités que l’on peut rencontrer…

Le fan de hardcore des origines

Dans cette sensibilité (assez rare il faut dire), le straight edge n’est pas vraiment une identité. C’est ici un mode de vie positif faisant intégralement partie d’une scène à la fois hardcore et punk, et apprécié en tant que tel… par des gens pas forcément straight edge eux-mêmes!

Il y a une grande attention de portée aux premiers groupes américains de la fin des années 1970 et du début des années 1980 : ceux de Washington (Minor Threat, Government Issue, Teen Idles, State of Alert), de Boston (SSD, Negative FX) ou de Californie (Uniforme choice).

La figure de Ian McKaye, du groupe Minor Threat, est très respectée, et surtout son avis refusant que le terme de straight edge soit lié à des principes fixes, ou un mouvement. Ici, le straight edge, c’est une « bonne idée », pas forcément applicable, mais dans l’idéal…

Le coreux old school

Ici être straight edge est vue comme une attitude positive, bonne pour la santé et sympathique… et surtout personnelle. Il n’y a plus aucun lien culturel avec le punk et le principal centre d’intérêt est la musique.

Les techniques de danse hardcore sont particulièrement valorisées, et on considère grosso modo que le vrai hardcore est celui des années 1980, avec l’hégémonie de la vague des groupes straight edge de 1988, avec notamment les groupes Youth today et Gorilla Biscuits.

L’esprit est proche de la culture skater : bon enfant, anti-raciste, dans une démarche positive mais avec une méconnaissance assumée de la politique, la seule orientation valorisée étant le végétarisme. Le coreux old school dans sa version straight edge aime la musique et l’esprit, et selon lui… c’est déjà pas mal!

Le Vegan Straight Edge

Accordant une importance primordiale au véganisme, la sensibilité vegan straight edge est avant tout revendicative, et considère la musique comme une composante de sa culture, mais aussi comme un vecteur de ses idées (tout comme les groupes Earth Crisis, Refused…). Elle est ainsi (et se voit souvent) comme une posture punk réactualisée et avec un contenu idéal.

Trouvant finalement ainsi toujours quelque chose à redire (pas vegan / pas straight / pas contestataire / pas féministe, etc.) à la scène hardcore ou (uniquement) straight edge, cette sensibilité est très poreuse aux scènes alternatives (squatts, activisme vegan, écologie radicale, groupes anarchistes ou plus généralement d’extrême-gauche, scène « antifa »…).

Elle cultive donc sa particularité et sa démarche (vegan straight edge ? Vegan + Straight Edge ? Vegan Edge?), considérant qu’être vegan straight edge c’est plus construire un mouvement que réaliser une démarche individuelle…

Le mosheur

Le mosh est au hardcore ce que le pogo est au punk. Sauf qu’en plus d’être une danse purement individuelle, il y a en quelque sorte des figures imposées, demandant une souplesse certaine et présentant clairement un caractère violent.

Le straight edge se considère ici comme un simple élément de la communauté hardcore, dans l’esprit de sa version new yorkaise (dont les figures de proue sont les groupes Agnostic Front, Biohazard…) : du son lourd et très metal, beaucoup de muscles, et autant de tatouages. Il apprécie de ce fait tout autant le look des gangs latinos que le mode de vie hooligan européen ou l’attitude hip hop: ce qui compte c’est pour beaucoup la poussée d’adrénaline.

Le mosheur sait cependant qu’il est mal vu pour ses danses violentes et les poses virilistes, mais ne peut pas s’empêcher de céder à cette culture. Il oscille alors entre revendication assumée de sa mauvaise image et un mépris condescendant, et un esprit d’ouverture lui semblant finalement on ne peut plus conforme à l’esprit de la « communauté hardcore »…

L’ex-Hardline

Vegan straight edge issu de la culture des années 1990, l’ex-hardline conserve une sorte de nostalgie de l’époque où se profilait au sein du hardcore une culture hardline offensive et radicale, mettant à bas tout le système. Il raisonne directement en termes de mode de vie et est finalement un moraliste.

Très intellectuel il accorde une grande attention à ses envies de mettre en avant une attitude ferme et correcte. Mais très isolé voire déprimé, il a abandonné les rêves sociaux-révolutionnaires (chantés par des groupes comme Vegan Reich, Statement, Raid ou Purification) pour avoir une tendance certaine à se tourner vers certaines religions (Islam, bouddhisme, hindouisme, judaïsme).

L’ex-Hardline soutient donc une orientation alternative dans la scène hardcore, avec une grande ouverture au Do it Yourself, aux démarches de solidarité, au principe d’un retour « aux fondamentaux » du hardcore d’origine, etc. Un peu de spiritualité dans un monde de brutes!

Le raciste

Absent des concerts et de toute scène alternative où il sait qu’il se ferait rejeter brutalement, le raciste réduit l’attitude straight edge au respect de soi-même et de son corps, ce qu’il appelle la « santé. » Il pousse son raisonnement sectaire jusqu’au bout en s’imaginant faire partie d’une double élite : d’un côté une « race », une ethnie, etc. et de l’autre… les gens pensant comme lui, tant qu’à faire.

Prétendant refuser la « politique », le raciste ne cache pas pour autant sa fascination pour l’Allemagne nazie, au nom de sa quête d’une « communauté » idéale. C’est là son seul centre d’intérêt ; homophobe, anti-féministe et anti-américain, il ne connaît d’ailleurs rien à la culture historique straight edge, et elle ne l’intéresse pas.

Rejeté donc totalement par les scènes straight edge pour son nationalisme, le raciste tente alors de fédérer des gens comme lui, sous différents noms (hate edge, « hardline », hateline, etc.), mais toujours sous la seule bannière qui l’intéresse au fond: la violence, la violence et la violence (iconographie de pistolets, poings américains, anti-antifasciste, nationalisme, etc.).

Interview du projet Vegan Edge Hip Hop

Après avoir vu l’aspect organisé avec l’interview de BerTA, qui rassemble des activistes en Allemagne sur une base radicale et actuelle, jetons un oeil sur un autre aspect plus culturel touchant les vegans, et plus particulièrement les vegans straight edge, avec un regard cette fois américain.

L’interview est celui du projet Vegan Edge Hip Hop, qui fait la liste des artistes de ce genre et a sorti une compilation de soutien aux prisonnierEs.

Rappelons d’ailleurs qu’aux USA existe un nouveau site, Voice of the Voiceless, qui lui aussi met en avant la libération animale et la libération de la Terre! On remarquera que ce site fournit « Flashpoint », avec les adresses aux USA des abattoirs, laboratoires pratiquant la vivisection, des éleveurs d’animaux non humains pour les labos, des fermes « à fourrure »…

1. La culture Vegan Straight Edge est à l’origine liée à la musique hardcore. Maintenant ce n’est plus le cas: le hardcore se divise en de nombreux genres, et d’autres secteurs musicaux ont été touchés.
C’est le cas avec le Hip Hop. Pouvez-vous nous dire ce que vous faites, et pourquoi vous le faites?

La culture Vegan Straight Edge a produit plus de collections de disques et de pages Myspace que de libérations dans les fermes pour les fourrures ou de fermetures de laboratoires pratiquant la vivisection, alors peut-être qu’il est temps de cesser de s’inquiéter à maintenir cette sous-culture en vie.

Ces dernières années, des universitaires ont commencé à faire des études sur la sous-culture straight edge, ce qui parle clairement pour sa faiblesse et non sa force. Qu’elle puisse être étudiée, cela signifie qu’elle est morte.

Nous avons sorti Vegan Edge Hip Hop Vol. 2 afin de donner voix à une nouvelle vague vegan straight edge qui ne serait pas intéressée à revivre encore et encore les années 1990. Les bénéfices du CD iront aux prisonniers pour la libération de la terre et animale, ou ceux qui font face à la prison. Nous ramassons de l’argent pour des gens comme Marie Mason, quelqu’un qui est vegan depuis longtemps et qui fait plus de 20 ans de prison pour avoir détruit par le feu des OGM et des équipements d’exploitation forestière.

2. Le Hip Hop, en tant que culture populaire, met en avant un certain nombre de valeurs et la volonté de changer les choses. Et être vegan straight edge est certainement quelque chose de politique.
Malheureusement, souvent les gens qui sont vegans manquent de confiance et sont plutôt pessimistes. Est-ce que d’une certaine manière le Hip Hop vegan straight edge est là pour ramener la volonté de changer la société, de sortir de l’attitude hardcore plutôt élitiste?

Sortir cette compilation a prouvé (à moi qui répond ici) que sortir un disque est très facile. C’est une question d’énergie et d’initiative. C’est vrai pour plein de choses qui ont l’air d’être inatteignables, non faisables. Lorsque quelqu’un se lance, tout cela a l’air moins intimidant.

Le projet de la libération animale est intimidant également sur le long terme, mais il y a des tâches et actions immédiates qui peuvent être réalisées par presque tout le monde.

La question difficile et non résolue pour ceux et celles voulant la libération animale est celle de savoir comment faire passer l’idée que les animaux existent pour eux-mêmes, pas pour l’utilisation et la consommation humaines.

Comment faire passer de manière efficace cette idée aux milliards de gens autour de nous? Comment faire passer une idée? Je pense que ces derniers temps nous sommes devenus plus créatifs et sommes sortis du carcan pamphlet/vidéo, où le milieu de la libération animale a été coincé pendant un certain temps. Une rupture complète avec le welfarisme animal [=le réformisme du type protection animale, NDLR] serait un bon début! Je peux dire de manière honnête que nous n’avons pas une attitude de type élitiste.

3. Est-ce que Dead Prez est d’une certaine manière un « modèle » pour les artistes Hip Hop qui sont vegan straight edge?

Non. Dead Prez n’est pas drug free [=qui ne consomme aucune drogue, NDLR], et pour ce que j’ai compris ils ne sont plus vegan. Leur sorte de nationalisme est un cul-de-sac pour ceux et celles recherchant une voie de libération plus grande, et finalement leur musique n’est plus très bonne.

Si nous voulons des modèles, je pense que nous devrions rechercher au-delà de la scène musicale et des musiciens, et prendre de l’inspiration des gens ouvrant les cages ou refusant de participer au système judiciaire.

4. Pouvez-vous nous en dire plus au sujet des artistes de Hip Hop vegan straight edge aujourd’hui, et sur la manière dont ces artistes comprennent leur travail?

Je ne préfère pas pas parler pour les artistes, parce que je pense que dans le mouvement Hip Hop vegan straight edge il y a une multitude de voix et de perspectives. La chose qui unifie le mouvement, au-delà d’une manière de vivre en commun, est le désir d’élever le niveau du Hip Hop politique.

Nous haïssons les flics, mais nous savons que haïr les flics n’est pas suffisant. Seulement haïr les flics n’a jamais été suffisant.

Creusons plus profondément et frappons plus fort. Qui ose gagne, n’est-ce pas?