Boues rouges : la Hongrie, Gardanne-Cassis en France, mais plus la Corse

En Hongrie a donc lieu une course contre la montre. Aujourd’hui on apprendra si la digue construite en urgence permettra d’empêcher de nouvelles fuites de boues rouges toxiques. Cette digue sera en pierre dolomite et d’argile et doit mesurer 620 mètres de long et 2,70m de hauteur en moyenne.

Toutes les analyses considèrent que cette digue ne suffira pas. Le secrétaire d’État à l’Environnement hongrois, Zoltan Illes, a même dit que « Que ce soit demain ou dans une semaine, peu importe, la digue cèdera à nouveau. »

4.000 personnes et 300 machines sont donc en action pour contrer le travail de fissures… Fissures datant de plusieurs mois… En juin dernier il y avait déjà des fuites !

Mais attention : déjà parce qu’il y a second réservoir de 100.000m3 de liquide corrosif qui commence à poser problème. Ensuite, il va bien falloir réparer le premier réservoir… Problème : le transfert de boue est impossible. Les travaux vont être très complexes.

En tout cas en Hongrie, le « coupable » est déjà trouvé, dans la mesure où le directeur de l’usine d’aluminium a été interpellé hier. Il a certainement sa part de responsabilités, mais l’accuser seulement lui est un raccourci lamentable.

Car il s’agit d’une tendance. Ainsi, dans le sud de la France, l’usine de Gardanne produit de l’alumine… Et où terminent les rejets ?

Dans l’océan bien entendu. Une conduite parcourt 47 kilomètres, depuis… 1966, pour s’en aller au large de Cassis, à 320 mètres de profondeur, juste au-dessus du canyon sous-marin de la Cassidaigne, qui s’enfonce jusqu’à 2 400 mètres sous le niveau de la mer.

Pour l’année 2008, cela fait 237 000 tonnes de boues. En 2016, cela sera terminé, officiellement… Pas pour l’océan, mais car les résidus seront récupérés à des fins industriels.

Pourtant, résister est possible. On ne le sait pas quand on ne s’intéresse pas à la Corse, mais la résistance aux boues rouges a été un des moments clefs de la lutte corse pour l’indépendance. Voici un article tiré de Corsica Infurmazione.

Boues Rouges – « A l’origine des premiers attentats »

Les boues rouges de Hongrie, nous ramène 40 ans en arrière en Corse. En mai 1972. A cette époque, chaque jour, un pétrolier italien quitte le port de Scarlino en direction du large. Sa mission : déverser entre le Cap corse et l’île italienne de Capraia, quelque 2 500 tonnes de déchets toxiques d’oxyde de fer et d’acide sulfurique.

A titre expérimental, le gouvernement italien a, en effet, autorisé la multinationale Montedison, installée à Livourne, à y rejeter les résidus de l’exploitation d’un gisement de bioxyde de titane et de vanadium servant, entre autres, à la fabrication de peinture et de vernis. A la fin de l’année, cette partie de la mer, à 60 km du Cap, a absorbé 350 000 tonnes de ces déchets.

CONTESTATION. Mais peu à peu des scientifiques, des élus et des militants commencent à dénoncer le danger de pollution. Rapidement, c’est toute la faune et la flore qui sont menacées. Des pêcheurs découvrent des poissons morts tandis que l’on découvre des cadavres cétacés à la peau grillée sur les côtes corses.

En 1973, l’opinion publique se soulève. Des comités anti-boues rouges naissent à Bastia et à Ajaccio. Et même sur le continent, portés par la voix des Corses de la diaspora.

ATTENTAT. La lutte contre les boues rouges s’intensifie. Le 11 février 1973, à Bastia, une manifestation dégénère. La sous-préfecture est envahie. Le sous-préfet Miguet est rudoyé. Edmond Simeoni, porte-parole de l’Action régionaliste corse, et Vincent Duriani, adjoint communiste au maire de Bastia, sont arrêtés et emprisonnés dix jours. Le 17 février, les pêcheurs bloquent les ports d’Ajaccio et de Bastia.

Le 15 septembre, un des navires poubelles est plastiqué à Follonica en Italie. L’action est revendiquée par le Front patriotique corse de libération (FPLC). Un des premiers attentats à la bombe. Il faudra attendre avril 1974 pour voir le tribunal de Livourne condamner les responsables de la Montedison à installer des épurateurs.

[Vidéo INA] Les boues rouges en Corse (Juin 1973)

[Vidéo INA] Manifestations des pêcheurs Corses contre les « Boues Rouges » (Juin 1973, écoutez la déclaration du pêcheur de Purtivechju à 4m37)

Écocide des rivières Torna et Marcal, alors que le Danube est touché

Nous avons souligné l’importance de la compréhension du rythme des saisons pour une conscience non dénaturée. En Hongrie, ce rythme des saisons sera assassiné : les agents chimiques pénétreront cet hiver le sol, et le printemps n’apportera pas la vie, mais le poison.

Un poison apporté par 1,1 million de mètres cube de boues rouges, gorgées de plomb, de cadmium, de chrome, d’arsenic.

Un poison qui touche « officiellement » une zone de 40 km2, contaminant grosso modo au moins 4 millions de m3.

Si on décidait d’enlever toute la terre contaminée, pour l’enfermer dans des réservoirs de béton, et qu’on décidait d’enlever les 50 premiers centimètres, ce sont 36 millions de tonnes de terre qu’il faudrait enlever.

Soit 1 800 000 allers-retours de camions de vingt tonnes…

Et sinon ? Eh bien sinon le poison reste, comme donc au moins 50 tonnes d’arsenic. Le poison se diffuse déjà bien entendu, s’enfonçant plus profondément dans la terre, ou bien étant diffusé par le vent.

Et cette catastrophe a eu lieu lundi dernier. Nous sommes presque une semaine après, et qu’est-ce qui règne ? La surprise, la désolation… alors que les structures gouvernementales réagissent, tardivement, sans les moyens adéquats.

Pour la guerre, l’humanité est toujours prête, mais pour protéger Gaïa… Les rivières Torna et Marcal sont déjà victimes de l’écocide : toute la vie animale a été anéantie.

Le Danube est également touché, on a déjà constaté par endroits la mort de nombreux poissons… Mais il est encore à espérer que l’impact restera « faible » pour ce fleuve.

Tout cela ne relève pas du hasard. Il y a dix ans en Hongrie également, 100 000 m3 de boue toxique avec du cyanure s’étaient répandus dans le fleuve Tisza…

Et hier, deux bateaux sont entrés en collision en Bretagne : 6 000 tonnes de solvants ont failli être répandus dans l’océan…

Il est plus que temps de suivre le principe : la Terre d’abord!

Alverde et la cosmétique végane valorisée

En Allemagne et dans les pays du sud est européen se trouvent des cosmétiques d’un très bon rapport qualité/prix (il faut compter environ 4 euros pour une crème pour le visage), mais surtout ces cosmétiques sont vegan.

Que les produits affichent le logo BDIH est déjà un gage de sécurité quant au refus de la vivisection, mais qu’en plus les produits qui ne contiennent pas de matière d’origine animale affichent systématiquement le logo vegan est une chose sérieuse, utile et positive.

Ceci étant tous les produits ne sont pas vegan car certains – qui restent une très petite minorité – contiennent de la soie par exemple.

Toutefois la gamme de produits ALVERDE est très large, comme le montre le site allemand présentant ces produits, et va des soins basiques au maquillage, en passant par les soins à bébé, les soins pour les cheveux, les soins solaires ou encore les soins pour hommes.

Comme dit plus haut, les prix sont vraiment très modiques et les produits sont aisément disponibles puisque la chaîne les distribuant (DM) est très présente (plus de 1.000 en Allemagne, plus de 300 en Autriche, plus de 160 en Tchéquie, plus de 240 en Hongrie).

Résultat: en Allemagne, Alverde est la plus vendue des marques bios (certifiées BDIH, Ecocert ou NaTrue).

C’est la preuve que si on veut, on peut faire en sorte que les produits vegans et bios soient disponibles en masse…

Malheureusement, tout cela n’est que du business. La cosmétique végane est valorisée sur le plan de l’éthique, mais également valorisée sur le plan du profit. Car c’est un business qui répond à une demande importante en Allemagne et en Autriche (au point qu’Alverde a gagné un prix de l’industrie allemande comme on peut le voir sur la photo ici).

Tel n’est pas le cas en France, pays de Descartes et de l’animal-machine et de Claude Bernard le « prince de la vivisection ». Et le site de DM ne proposant pas de vente par correspondance, il faut donc habiter à la frontière allemande pour pouvoir en trouver…

Il ne faut de toutes façons pas espérer que le salut viendra d’un capitalisme vert qui, par définition, ne peut pas exister. La solution par le « marché » – espérer qu’un pourcentage plus élevé de vegans dans la population fera pression par sa consommation – est une illusion car le mode de vie vegan, s’il est assumé, se heurte au principe d’exploitation, totalement au centre du « marché ».

Alverde n’existe ainsi que comme « niche » dans un marché global. En France cette niche n’existe pas, ou pas encore. Néanmoins, la France étant le pays de l’Oréal et de toute une industrie agro-alimentaire, l’absence d’entreprises fournissant des produits de masse vegan est à considérer comme importante et significative pour élaborer une stratégie pour le triomphe de la libération animale.

Dans nul autre pays d’Europe le véganisme n’est aussi subversif par rapport à la vie quotidienne…