Sortons le Québec du nucléaire!

Le mouvement anti-nucléaire se relance partout dans le monde, après la première vague des années 1970. Voici un texte du Québec, signé notamment par 255 municipalités et municipalités régionales de comté (MRC) et appelant à ce qu’il n’y ait plus de nucléaire au Québec.

Les revendications sont évidemment limitées, mais l’initiative exprime sans nul doute le renforcement de la réflexion sur le nucléaire. Le site lié à cet appel est sortonsquebecnucleaire.org.

Rappelons au passage qu’il y a eu une structure Earth First! à Montréal (le site laterredabord.org existe toujours mais n’est plus mis à jour). Au sujet d’Earth First! toujours, mais nous en reparlerons, il existe désormais aux Etats-Unis un site de news Earth First!, un peu sur le même principe que LTD (qui a d’ailleurs le grand honneur de faire partie des liens EF! en dehors des USA).

Déclaration

Le 21 novembre 2008
Déclaration du Mouvement Sortons le Québec du Nucléaire (M.S.Q.N.) sur le projet total de Gentilly-2.

Contexte global

Le 19 août 2008, en conférence de presse privée à Bécancour, M. Thierry Vandal, président-directeur général d’Hydro-Québec et Mme Julie Boulet, ministre des Ressources naturelles et de la Faune, annonçaient que la décision avait été prise de lancer le projet de la réfection/reconstruction de Gentilly-2 (G-2) à un coût estimé à 1,9 milliards de dollars.

En ce moment, sur le site du réacteur nucléaire se trouvent 2500 tonnes de déchets de combustible irradié hautement radioactifs provenant de 25 années d’exploitation du réacteur.

Après la réfection/reconstruction éventuelle de G-2, le prolongement de la fission nucléaire sur 25 années supplémentaires produira 2500 tonnes de plus de ce type de déchets radioactifs, pour un total de 5000 tonnes, Nos enfants et petits-enfants hériteront de ce fardeau « radioactif » dont le coût est estimé entre 2 et 5 milliards. Ces activités léguées aux générations montantes devront de plus inclure tous les autres déchets radioactifs produits à G-2.

Une estimation « prudente » du coût du projet incluant uniquement la réfection/reconstruction et la gestion permanente des déchets radioactifs de combustibles irradié produits à G-2, en tenant compte des dépassements de coûts habituels du nucléaire, est d’au moins 8 milliards de dollars. Un tel montant entraînera une hausse de l’évaluation du coût de production de l’électricité à environ 30 cents le kilowattheure, ce qui correspond à trois fois le coût de l’électricité éolienne.

Le Bureau des audiences publiques en environnement (BAPE) avait jugé en 2005 que la décision de procéder à la réfection/reconstruction éventuelle de G-2 devrait être ‘’un choix de société’’. Cet avis d’esprit démocratique devrait d’autant plus s’appliquer puisque les québécois et québécoises sont collectivement propriétaires d’Hydro-Québec.

Anti-démocratie

Contrairement à l’esprit démocratique, Hydro-Québec et le gouvernement libéral ont procédé en catimini dans ce dossier. Sans consulter les citoyens et sans aucun avis sur le déroulement d’opérations préliminaires à la réfection/reconstruction de G-2, ils ont déjà « engouffré » des centaines de millions de dollars.

Ces engagements financiers, accomplis dans le plus grand secret, vont à l’encontre de l’échéancier stipulé par le gouvernement du Québec dans son décret du 27 juin 2007. Celui-ci reconnaissait que le gouvernement accordait son autorisation en faveur d’Hydro-Québec de réaliser dans un premier temps les travaux d’agrandissement de l’aire de stockage nécessaires à la poursuite de l’exploitation de la centrale sans la réfection.

De plus, pour les phases subséquentes, le gouvernement stipulait que les démarches seraient entreprises après que le gouvernement aurait fait connaître sa position sur la réfection de la centrale.

Deux autres faits illustrent le manque d’esprit démocratique du gouvernement actuel. Rappelons en premier lieu que le 12 août 2008, une lettre cosignée par quelque 45 organisations écologistes avait été adressée au Premier ministre Jean Charest et demandait que la réfection/reconstruction de G-2 fasse l’objet d’un débat public à l’Assemblée nationale.

En date du 20 novembre 2008, le Premier ministre, M. Charest, n’a pas répondu à cette lettre. Rappelons également que le 15 octobre, suite à la demande de Mme Rita Dionne-Marsolais, alors députée PQ de Rosemont, de convoquer Hydro-Québec sur le dossier de G-2, le gouvernement et les représentants libéraux de la Commission parlementaire de l’économie et du travail ont refusé formellement d’ouvrir ce dossier.

Par contre, nous devons reconnaître le fait que le 30 octobre 2008, une motion a été adoptée à l’unanimité et sans débat, par l’Assemblée nationale concernant « l’interdiction de l’enfouissement de déchets et combustibles irradiés en provenance de l’extérieur du Québec » sur le territoire du Québec.

Nous devons cependant souligner que cette motion entre en contradiction avec le fait qu’Hydro-Québec, membre de la Société de Gestion des Déchets Nucléaires Canadienne, a accepté au nom du gouvernement du Québec, que le Québec puisse être désigné récipiendaire du seul site canadien de gestion permanente des déchets radioactifs de combustible irradié. Afin d’éliminer toute ambiguïté, cette motion adoptée à la sauvette devra être améliorée et confirmée par voie législative.
Pour le Mouvement Sortons le Québec du Nucléaire, la seule façon cohérente et responsable pour le Québec de résoudre cette contradiction et de palier à ces manques d’éthique de la part de notre gouvernement et d’Hydro-Québec, nécessite l’annonce du déclassement de G-2 et l’arrêt de la production de nouveaux déchets radioactifs à la fin de la vie utile de G-2 annoncée pour décembre 2010.

En conclusion

Le Mouvement Sortons le Québec du Nucléaire présente un défi pour chaque québécois et québécoise, peu importe leur allégeance politique. Nous nous devons de manifester ouvertement notre désaccord avec les manœuvres non-démocratiques qui ont eu lieu dans le dossier de G-2. La décision de sa reconstruction, prise en catimini, est inacceptable.

La présence à Bécancour des 2500 tonnes de déchets hautement radioactifs ainsi que l’existence du réacteur devenu très radioactif, nécessiteront, sur place et pendant des décennies, l’attention des travailleurs nucléaires. Et ce, même si le réacteur n’est pas reconstruit.
Le maintien des emplois nucléaires ne nécessite pas de gaspiller plus de huit milliards dans la réfection/reconstruction de G-2 et de doubler le fardeau de déchets radioactifs à léguer à nos enfants et nos petits-enfants pour des générations à venir.

Nous demandons à tous les québécois et québécoises d’agir pour que cette décision malheureuse d’Hydro-Québec et du gouvernement libéral soit révoquée.

Comment le recyclage de l’acier disperse de la radioactivité

Sur le site de la revue des businessmen français « L’Expansion », on trouve deux articles très intéressants: Comment le recyclage de l’acier disperse de la radioactivité et Le périple du métal irradié, de la décharge au produit fini.

Par appât du gain, les industriels réutilisent le métal irradié, qui peut se retrouver dans des objets utilisés tous les jours: à la cuisine, dans l’ascenseur, sur soi… du bouton d’ascenseur au sac à main. « Carcasses de voitures, électroménager, emballages métalliques, déchets électroniques, rien ne se perd, tout se récupère. »

Et l’article – la revue est lue uniquement dans la bourgeoisie « sérieuse » – n’hésite pas à expliquer la gravité de la situation…

A noter également un article de 2002, Sur la piste de mon bifteck, assez édifiant et instructif sur la « rationalité » de la boucherie…