Doit-on manger des animaux?

Hier, nous donnions notre point de vue sur l’ouvrage de Jonathan Safran Foer, « Faut-il manger les animaux ? » Voici un article tiré d’un blog de la revue l’Express. Il est vraiment très intéressant, car il dit la même chose que nous, mais le contraire.

Nous voulons dire par là qu’il constate la même chose concernant cet ouvrage, sauf qu’évidemment, l’article en question trouve tout cela très bien… Il est d’ailleurs d’un cynisme outrancier et suinte la barbarie de tous ses pores. Il est pratiquement un cas d’école!

Une preuve très parlante comme quoi « Faut-il manger les animaux ? » n’est là que pour servir d’information « intellectuelle » et sans conséquence sur ce qui se passe dans le monde… Qu’il ne s’agit nullement d’une contribution au fait de transformer notre société, pour vivre en harmonie avec et dans Gaïa!

Doit-on manger des animaux?

Couv’ provoc’ des Inrocks du 12 janvier, sujets chez nous, Libé, Le Monde, Nouvel Obs, Arte, Elle, Grazia… et tout plein d’autres médias, qui  ont tous applaudi le livre-enquête de l’Américain Jonathan Safran Foer, Faut-il manger les animaux? (Eating animals).

J’arrive un peu après la cavalerie, mea culpa. Honteuse de n’être qu’à la page 90 sur 300 -cela dit je consulte les notes bibli’ hein! Jonathan, en évoquant les affres de cette dernière, détails gorissimes à l’appui, adopte un ton mixant ironie, humour, modestie et pédagogie. Bien sûr, il ne s’agit pas pour l’écrivain de convertir la planète au régime pour lapins, mais surtout d’informer le citoyen sur l’élevage industriel. Les pratiques douteuses des fournisseurs de KFC US horrifient par exemple:

« Dans un abattoir de Virginie-Occidentale (…), il a été établi que les employés arrachaient la tête de poulets vivants (…), leur coloraient la tête à la bombe à peinture et les piétinaient violemment. (…) Cet abattoir (…) (était) un « fournisseur de l’année » ».

Comme l’auteur, je n’ai que peu de considération pour un chien aux yeux pleurnichards.

Mais s’interroger sur le respect de la vie animale conserve un sacré sens: dans quelle mesure « fait-on du mal » à un animal? Quand s’applique la notion de cruauté chez l’éleveur industriel? Et chez nous, consommateurs gourmands?

Faut-il manger des animaux? est tout sauf une ode au végétarisme.

Ni un pamphlet de fou furieux défenseur des droits des bêbêtes.

Pour preuve, un intéressant « plaidoyer pour manger les chiens » : « (…) Les chiens implorent quasiment qu’on les mange. Trois à quatre millions de chiens et chats sont euthanasiés chaque année. Cela revient à jeter à la poubelle plusieurs millions de kilos de viandes. »

Cette enquête accule à repenser sa manière de consommer. Je vous garantis qu’après lecture -de seulement 90 pages! bis repetita!- mes genoux tremblottent rien qu’en mangeant mes sushis, même si l’enseigne où je vais garantit « une pêche respectable » -page 67, on lit « Imaginez que l’on vous serve une assiette de sushis. Si l’on devait y présenter également tous les animaux qui ont été tués pour que vous puissiez les déguster, votre assiette devrait mesurer un peu plus d’un mètre cinquante de diamètre« .

Et hier soir, c’était dîner quasi-veggie.

Ouvrant tout de même mon bocal de rollmops, je ne cessais d’imaginer des poissons-fantômes d’espèces menacées tourmentant ma bonne conscience. Mais Le Parrain 2 a tôt fait de dissiper ce trouble.

Au final, après la 240e page, ma consommation de viande va peut-être se limiter à un tartare au resto ou au rôti du dimanche en famille. Pour le poisson, hélas, ça va être plus dur. D’où sempiternelle question: comment concilier convivialité et végétotalitarisme?

Et si chacun -journalistes, consommateurs- commençait d’abord par harceler les commerçants/restaurateurs/industriels de questions sur la provenance des produits et le mode de pêche/élevage? Dans l’idéal, il faudrait aussi acheter de plus en plus bio, dans des petits circuits de distribution -je dis bien dans l’idéal, vu les prix ruineux de l’affaire.

En attendant, je vous conseille fermement la lecture de cet ouvrage, qui ne plongera même pas dans l’ennui les carnivores les plus féroces.

Faut-il manger les animaux?, de Jonathan Safran Foer, paru aux éditions de l’Oliver le 6 janvier 2011, 362 pages, 22 euros.