Des milliers d’oiseaux et des millions de poissons à la mort « mystérieuse »

Une personne a eu la bonne idée de créer une carte répertoriant les décès en masse d’animaux ayant eu lieu dans le monde. La carte créée le 5 janvier a été mise à jour, et on peut la voir ici. La voici également reproduite ci-dessous.

Rappelons les faits : le 2 janvier, on trouvait 5 000 oiseaux (des carouges à épaulette) morts dans l’Arkansas aux Etats-Unis, à Bebee (on peut voir une vidéo ici). Deux jours après, on en trouvait 500 en Louisiane (toujours des carouges à épaulette), puis des centaines (des choucas des tours) en Suède à Falköping le 5 janvier.

Au départ, les médias ont expliqué que les morts avaient été provoquées par les feux d’artifices du réveillon. Une explication facile et plus ou moins douteuse, même s’il est vrai que ceux-ci peuvent s’avérer dérangeant et très dangereux pour les animaux, notamment en raison de la peur endurée.

Mais là il est évident que l’explication ne tient pas : on a en effet remarqué depuis que des millions de poissons sont également morts. On a retrouvé 100 000 poissons morts dans un fleuve de l’Arkansas, deux millions dans la baie de Cheasapeake (Maryland).

Pareillement, on a retrouvé des poissons décédés sur les côtes de Nouvelle-Zélande et du Brésil, et il y a quelques jours 40.000 étrilles (des crabes) mortes sur des plages anglaises.

Notons également (les médias n’en ont pas parlé) qu’un même phénomène s’est déroulé fin décembre à Haïti, dans le lac Azuei

En fait, même si l’on sépare le vécu des oiseaux et des poissons (ce qui est a priori le cas, leur environnement étant différent), on peut voir que les prétendus « scientifiques » ne savent en fait rien du tout.

Lisons par exemple le caractère absolument ridicule des propos de Philippe Dubois, ornithologue membre de la LPO (Ligue de protection des oiseaux).

«La seule explication scientifique raisonnable reste celle d’un mouvement de panique en pleine nuit, explique-t-il à 20minutes.fr. Pour les oiseaux retrouvés dans l’Arkansas, on n’a identifié aucun poison ou lésion neurologique (…).

Ils se sont posés en urgence et se sont écrasés sur le bitume. »

Il faut vraiment considérer les oiseaux comme des « animaux-machines » pour s’imaginer que ceux-ci auraient réagi suffisamment « mécaniquement » et hors-contrôle pour aller se pulvériser sur le sol.

De manière plus sérieuse, regardons une information nous venant du Canada. L’article en question parle du phénomène des oiseaux morts, qui a eu également lieu là-bas, à Saint-Augustin-de-Desmaures.

On y apprend une chose très intéressante (c’est nous qui soulignons).

Les policiers pourraient intervenir, parce qu’à deux occasions, le 18 décembre et le 5 janvier, l’un des propriétaires, qui habite le 3e rang Ouest à Saint-Augustin, a composé le 9-1-1, craignant une main criminelle pour expliquer ce phénomène étrange.

En août 2009, un phénomène semblable était survenu en plein cœur du quartier Limoilou à Québec, alors qu’une quarantaine de pigeons avaient été en proie à de violents spasmes avant de s’effondrer au sol.

L’enquête avait alors déterminé qu’une substance chimique appelée Avitrol, utilisée pour éloigner les oiseaux nuisibles nichant dans des lieux où l’humain est dérangé, était responsable de ces décès.

On a ici une piste plus sérieuse que ce que dit le « spécialiste » de la LPO ou bien que Le Figaro, dont un article titre : « Les hécatombes d’animaux en série pas si mystérieuses. »

Le Figaro explique le tout en effet par les feux d’artifice ou les maladies visant une espèce précise. Soit, admettons, mais on sent bien que l’explication ne vise qu’à se débarrasser du « problème. » L’absence complète d’empathie montre bien le caractère faux du raisonnement.

Voici d’ailleurs le tour de passe-passe final de l’article :

La célèbre «pluie de l’Arkansas» a donc tout simplement provoqué un effet boule de neige médiatique sans que les différents événements ne soient liés entre eux. Robert Thomson, professeur de «pop culture» à l’université de Syracuse, l’explique bien :

«En 1960, quand des oiseaux se mettaient à tomber du ciel, c’était peut-être noté par quelques personnes et repris dans le journal local, mais cela n’allait pas plus loin. Aujourd’hui, certaines de ces histoires, du fait qu’elles apparaissent sur internet, font tout de suite les titres de la presse nationale si elles sont spectaculaires». Piqués, les curieux n’ont alors aucun mal à trouver des histoires similaires par dizaines dans la masse d’informations disponible sur le net. Au risque d’alimenter les fantasmes les plus délirants.

A LTD, nous sommes démocratiques et nous ne pensons pas que les gens soient idiots. Nous ne pensons pas que l’inquiétude concernant la mort de ces animaux soit un phénomène « pop » fabriqué par internet…

Nous considérons au contraire l’intérêt massif des gens pour la question de ces morts « mystérieuses » comme quelque chose de très bien!

Bien entendu, les explications complotistes (tests de l’armée américaine etc.) n’ont aucun sens, mais elles ne forment qu’une goutte d’eau dans l’intérêt énorme et réel des gens pour Gaïa. Une telle chose est bien entendu intolérable pour ceux qui veulent que la Terre ne soit qu’un « caillou » à détruire le plus vite possible…

Nous ne faisons nullement confiance à des « spécialistes » dont les valeurs sont coupées de la Nature, et qui sont formés par et pour l’exploitation animale. Ces gens ne creusent jamais bien loin. Ils sont payés pour effacer les traces des crimes.

Nous ne ferons ainsi jamais confiance aux explications rapides qui nous sont jetées à la tête.

Nous exigeons des explications. Et même dans le cas où des millions de poissons et des dizaines de milliers de crabes seraient morts d’hypothermie, nous voulons savoir : d’où provient ce changement de température ? Quelle en est l’origine ?

Car nous savons qu’il n’est pas « normal » que des millions de poissons meurent d’un coup, de telle manière! Nous n’acceptons pas que l’idéologie dominante fasse passer cela pour un « fait divers » !

Ce que nous pensons, c’est que toutes les explications sont jetées à la figure des gens, afin d’éviter une colère terrible par rapport à l’arrière-plan : la destruction de Gaïa.

Une route en plein parc du Serengeti?!

Aujourd’hui ont lieu des élections en Tanzanie, où le président est censé se faire réélire. Cela aura une conséquence importante, à savoir la réalisation pour l’instant certaine d’un projet totalement fou.

Chaque année en juillet-août a lieu une migration bien connue des amiEs des animaux : celle qui amène plus de deux millions d’herbivores du parc du Serengeti en Tanzanie vers le Masaï Mara au Kenya, par la traversée de la rivière Mara.

C’est un très grand symbole de la nature, de la vie sauvage, de Gaïa elle-même. Mais rien n’arrête la course au profit : d’ici quelques mois vont commencer des travaux pour établir une route à deux voies traversant le parc sur 50 kilomètres!

On peut voir sur cette carte comment la « Serengeti highway » va directement intercepter la migration annuelle absolument incroyable.

En rouge, on a le tracé de la « Serengeti Highway. » En vert, le projet alternatif (qui contourne le parc). En noir, les routes bitumées déjà existantes.

Les lignes avec les flèches montrent les migrations: en rouge, entre mai et juin. En rouge foncé, entre décembre et avril. En jaune, entre juillet et novembre.

Le Serengeti est un parc de 15 000 km2, où vivent quatre millions d’animaux. On y trouve 400 espèces d’oiseaux, des gnous, des zèbres, des gazelles de Thomson, des gazelles de Grant, des lions, des guépards, des léopards, des éléphants, des rhinocéros , des buffles africains…

Si cette autoroute est construite, les ¾ de la migration s’effondreraient en quelques années. Et comme le dit le site Serengi Watch, « Si nous ne pouvons pas sauver le Serengeti, alors que pouvons-nous sauver? »

Tel n’est évidemment pas le point de vue des Tours opérateurs. Voici le point de vue de celui qui se présente comme un grand spécialiste du Serengeti ; ses propos sont très intéressants car il témoigne d’une logique totalement insensée.

Pour Denis Lebouteux de Tanganika.com, tout le problème vient de l’usage malheureux du mot « highway » dans le premier discours du président.

Les chercheurs américains publiés par Nature ont immédiatement visualisé une autoroute, avec couloir protégé et barrières, et sont montés au créneau de la défense de la Grande Migration.

Notre interlocuteur met beaucoup de bémols à cette interprétation. « Le président a bien précisé que le goudron s’arrêtera à l’entrée du parc, il s’agira d’une simple piste sur les 50km de traversée.

Et elle sera fermée au trafic la nuit, de 18h à 6h du matin. » Ce qui change un peu la donne si la promesse est respectée.

Pas d’entraves aux passages d’animaux

L’objectif est de désenclaver Musoma à l’ouest du pays, une ville en forte croissance économique et dont tout le trafic passe déjà à l’intérieur du parc, ainsi que dans le Ngorongoro, par les 450km de routes existantes.

« Cela cause de gros dégâts sur les pistes, leur entretien coûte très cher au parc et l’idée est de limiter ces dégâts à 50 km, à défaut de limiter le trafic automobile en accroissement constant. »

Côté animaux, pour Denis Lebouteux, les gnous traversent déjà la route existante près de cinquante fois par an. Ils sont souvent tués par les camions, d’autant qu’une partie de la piste passe par leurs lieux de reproduction.

Ils n’auront à franchir la nouvelle route que deux fois, lors de leur aller-retour annuel vers le Kenya. « La traversée des rivières où beaucoup se noient est infiniment plus dangereuse pour eux qu’une simple piste.»

Des avantages pour les opérateurs touristiques

Le projet alternatif ne lui paraît pas plus satisfaisant : « Le paradoxe de la route du sud est qu’elle passera en lisière extérieure du parc et sera donc ouverte la nuit.

Il y aura de véritables massacres par les camions, le parc n’étant évidemment pas clôturé. »

« Cette route m’intéresse personnellement en tant qu’opérateur dans le pays depuis des années.

Elle va nous offrir des solutions plus confortables et des sorties du parc plus intelligentes, sans ces allers-retours contraignants que les touristes apprécient de moins en moins.

Elle va aussi désenclaver des merveilles difficiles d’accès comme le lac Natron.

Disons que cela va agrandir le terrain de jeux » conclut Denis Lebouteux, qui se demande pourquoi la Tanzanie est toujours montrée du doigt, sans forcément de raisons valables ni vérifiées.

Voilà pourquoi nous ne cessons de souligner la différence entre libération animale et protection animale. Cette dernière pourrait se satisfaire de tels propos : si la route n’est qu’une piste, qu’elle est fermée la nuit, etc. alors « c’est acceptable », « il faut bien faire avec », etc.

Pour nous, il en est hors de question. Le parc doit être un sanctuaire et les voitures n’ont rien à y faire ! Céder un peu c’est totalement capituler et provoquer la destruction totale. C’est d’ailleurs le point de vue des experts de la migration du parc du Serengeti… et on notera d’ailleurs que les scientifiques eux-mêmes parlent de « route » (et non d’autoroute) et il est totalement ridicule de s’appuyer sur la seule question du mot « autoroute »; c’est déplacer et fausser le débat.

Mais quand on voit que pour le tour opérateur, ce qui compte c’est… l’accès au lac Natron, où vivent presque trois millions de flamants nains, car ce lac aurait le malheur… d’être à l’abri des humains, on voit le niveau ! Même Walt Disney, qui a produit Les Ailes pourpres : le mystère des flamants justement tourné là-bas, apparaît comme d’une radicalité écologiste sans pareille en comparaison !

Nous reparlerons du parc du Serengeti, et il y a déjà une bonne nouvelle : il y a quelques jours, l’UNESCO s’est prononcé contre la « Serengeti highway. » Toutefois, il est évident qu’il faut soutenir la campagne pour sauver le parc du Serengeti!

« Triomphe, immortelle nature ! » (Lamartine)

Si LTD change de bannière à chaque saison, c’est pour souligner que toute notre existence d’êtres humains est lié au mouvement de la nature. On ne vit pas tout à fait de la même manière à chaque saison, et ce n’est pas pour rien. On peut nier cette réalité tant qu’on voudra, les faits parlent d’eux-mêmes: les saisons jouent sur nous.

Voici à titre d’exemple un poème de Lamartine au sujet de l’automne, où l’on peut lire justement que « Le deuil de la nature / Convient à la douleur et plaît à mes regards ! »

L’automne

Salut ! bois couronnés d’un reste de verdure !
Feuillages jaunissants sur les gazons épars !
Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature
Convient à la douleur et plaît à mes regards !

Je suis d’un pas rêveur le sentier solitaire,
J’aime à revoir encor, pour la dernière fois,
Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière
Perce à peine à mes pieds l’obscurité des bois !

Oui, dans ces jours d’automne où la nature expire,
A ses regards voilés, je trouve plus d’attraits,
C’est l’adieu d’un ami, c’est le dernier sourire
Des lèvres que la mort va fermer pour jamais !

Ainsi, prêt à quitter l’horizon de la vie,
Pleurant de mes longs jours l’espoir évanoui,
Je me retourne encore, et d’un regard d’envie
Je contemple ses biens dont je n’ai pas joui !

Terre, soleil, vallons, belle et douce nature,
Je vous dois une larme aux bords de mon tombeau ;
L’air est si parfumé ! la lumière est si pure !
Aux regards d’un mourant le soleil est si beau !

Je voudrais maintenant vider jusqu’à la lie
Ce calice mêlé de nectar et de fiel !
Au fond de cette coupe où je buvais la vie,
Peut-être restait-il une goutte de miel ?

Peut-être l’avenir me gardait-il encore
Un retour de bonheur dont l’espoir est perdu ?
Peut-être dans la foule, une âme que j’ignore
Aurait compris mon âme, et m’aurait répondu ? …

La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphire ;
A la vie, au soleil, ce sont là ses adieux ;
Moi, je meurs; et mon âme, au moment qu’elle expire,
S’exhale comme un son triste et mélodieux.

Chanter la nature est une constante de l’humanité depuis le début de son existence; les premières religions ne sont qu’une vision mystique et hallucinée de la nature.

Mais avec la course à l’accumulation, la nature s’efface dans les coeurs et les esprits. En voici un exemple culturellement significatif, toujours avec un poème de Lamartine. L’expression « Ô temps ! suspends ton vol » est relativement connue, mais son origine est totalement inconnue.

Et pourtant, il y a un grand intérêt de connaître cette chanson d’amour autour d’un lac, l’amour et la nature se confondant…

Le lac

Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges
Jeter l’ancre un seul jour ?

Ô lac ! l’année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu’elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m’asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s’asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l’écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t’en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m’est chère
Laissa tomber ces mots :

” Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

” Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.

” Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m’échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l’aurore
Va dissiper la nuit.

” Aimons donc, aimons donc ! de l’heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! ”

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d’ivresse,
Où l’amour à longs flots nous verse le bonheur,
S’envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?

Eh quoi ! n’en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus !

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu’il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu’il soit dans ton repos, qu’il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l’aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.

Qu’il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l’astre au front d’argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés.

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !

Lamartine considérait que « On n’a pas deux cœurs, l’un pour l’homme, l’autre pour l’animal… On a du cœur ou on n’en a pas ». Sa vision des choses est ainsi très intéressante.

Son romantisme n’est pas qu’un désir de retourner au moyen-âge: tout comme chez Nerval, il y a la volonté de comprendre la nature. Rimbaud considérera d’ailleurs que Lamartine a été au moins en partie un précurseur du « poète voyant » qu’il appelait de ses voeux, même si la forme est très conservatrice et bloquée.

En voici un exemple très parlant avec le poème « Eternité de la nature, brièveté de l’homme » qui met les choses à sa place, de manière volontaire (« Triomphe, immortelle nature ! »):

Eternité de la nature, brièveté de l’homme

Roulez dans vos sentiers de flamme,
Astres, rois de l’immensité !
Insultez, écrasez mon âme
Par votre presque éternité !
Et vous, comètes vagabondes,
Du divin océan des mondes
Débordement prodigieux,
Sortez des limites tracées,
Et révélez d’autres pensées
De celui qui pensa les cieux !

Triomphe, immortelle nature !
A qui la main pleine de jours
Prête des forces sans mesure,
Des temps qui renaissent toujours !
La mort retrempe ta puissance,
Donne, ravis, rends l’existence
A tout ce qui la puise en toi ;
Insecte éclos de ton sourire,
Je nais, je regarde et j’expire,
Marche et ne pense plus à moi !

Vieil océan, dans tes rivages
Flotte comme un ciel écumant,
Plus orageux que les nuages,
Plus lumineux qu’un firmament !
Pendant que les empires naissent,
Grandissent, tombent, disparaissent
Avec leurs générations,
Dresse tes bouillonnantes crêtes,
Bats ta rive! et dis aux tempêtes :
Où sont les nids des nations ?

Toi qui n’es pas lasse d’éclore
Depuis la naissance des jours.
Lève-toi, rayonnante aurore,
Couche-toi, lève-toi toujours!
Réfléchissez ses feux sublimes,
Neiges éclatantes des cimes,
Où le jour descend comme un roi !
Brillez, brillez pour me confondre,
Vous qu’un rayon du jour peut fondre,
Vous subsisterez plus que moi !

Et toi qui t’abaisse et t’élève
Comme la poudre des chemins,
Comme les vagues sûr la grève,
Race innombrable des humains,
Survis au temps qui me consume,
Engloutis-moi dans ton écume,
Je sens moi-même mon néant,
Dans ton sein qu’est-ce qu’une vie ?
Ce qu’est une goutte de pluie
Dans les bassins de l’océan !

Vous mourez pour renaître encore,
Vous fourmillez dans vos sillons !
Un souffle du soir à l’aurore
Renouvelle vos tourbillons!
Une existence évanouie
Ne fait pas baisser d’une vie
Le flot de l’être toujours plein;
Il ne vous manque quand j’expire
Pas plus qu’à l’homme qui respire
Ne manque un souffle de son sein !

Vous allez balayer ma cendre ;
L’homme ou l’insecte en renaîtra !
Mon nom brûlant de se répandre
Dans le nom commun se perdra ;
Il fut! voilà tout! bientôt même
L’oubli couvre ce mot suprême,
Un siècle ou deux l’auront vaincu !
Mais vous ne pouvez, à nature !
Effacer une créature ;
Je meurs! qu’importe ? j’ai vécu !

Dieu m’a vu ! le regard de vie
S’est abaissé sur mon néant,
Votre existence rajeunie
A des siècles, j’eus mon instant !
Mais dans la minute qui passe
L’infini de temps et d’espace
Dans mon regard s’est répété !
Et j’ai vu dans ce point de l’être
La même image m’apparaître
Que vous dans votre immensité !

Distances incommensurables,
Abîmes des monts et des cieux,
Vos mystères inépuisables
Se sont révélés à mes yeux !
J’ai roulé dans mes voeux sublimes
Plus de vagues que tes abîmes
N’en roulent, à mer en courroux !
Et vous, soleils aux yeux de flamme,
Le regard brûlant de mon âme
S’est élevé plus haut que vous !

De l’être universel, unique,
La splendeur dans mon ombre a lui,
Et j’ai bourdonné mon cantique
De joie et d’amour devant lui !
Et sa rayonnante pensée
Dans la mienne s’est retracée,
Et sa parole m’a connu !
Et j’ai monté devant sa face,
Et la nature m’a dit : Passe :
Ton sort est sublime, il t’a vu!

Vivez donc vos jours sans mesure !
Terre et ciel! céleste flambeau !
Montagnes, mers, et toi, nature,
Souris longtemps sur mon tombeau !
Effacé du livre de vie,
Que le néant même m’oublie!
J’admire et ne suis point jaloux !
Ma pensée a vécu d’avance
Et meurt avec une espérance
Plus impérissable que vous !

C’est une évidence qu’il y a là quelque chose d’intéressant, et que refuser ce genre de démarche car elle serait naïve ne rime à rien. En 2010, il y a beau jeu de se moquer de la naïveté et de la candeur de personnes aiment la nature et les animaux. Mais la vérité est que cela est incontournable, que sans cela il n’y a pas de civilisation.

Comprendre l’importance des saisons dans sa vie personnelle peut ainsi être déjà un bon début pour refuser une vie totalement dénaturée, et qui n’est donc pas une vie. Après, au milieu du béton, quelle place y a-t-il pour les saisons?

Dans le flux des transports et du travail, dans les heures perdues à courir pour l’emploi ou à déprimer par rapport à cela, comment avoir une attention captée par les saisons?

Il y a une solution, une seule: comprendre notre planète comme étant un lieu de vie, de vie en mouvement; c’est le sens du terme « Gaïa » que nous employons.

La vie doit l’emporter! Finissons donc justement sur un dernier poème de Lamartine, dédié cette fois au printemps:

Le papillon

Naître avec le printemps, mourir avec les roses,
Sur l’aile du zéphyr nager dans un ciel pur,
Balancé sur le sein des fleurs à peine écloses,
S’enivrer de parfums, de lumière et d’azur,
Secouant, jeune encor, la poudre de ses ailes,
S’envoler comme un souffle aux voûtes éternelles,
Voilà du papillon le destin enchanté!
Il ressemble au désir, qui jamais ne se pose,
Et sans se satisfaire, effleurant toute chose,
Retourne enfin au ciel chercher la volupté!

Wu Lihong, activiste emprisonné en Chine pour sa défense du lac Taihu

Le lac Taihu est l’un des plus grands lacs de Chine; sa superficie est de 2 250 km² et il est particulièrement victime de l’expansion économique au nom du profit, avec une large pollution.

La vague d’ultra-libéralisme des années 1980 a en effet amené la naissance de 2.800 usines de l’industrie chimique autour du lac, afin de profiter de son eau. Des canaux amènent ensuite les produits chimiques à Shanghai.

L’écologiste chinois Wu Lihong est la grande figure de la lutte contre cette pollution, depuis une dizaine d’années. Rien qu’entre 1998 et 2006, il a écrit 200 rapports sur la pollution du lac.

Salué comme un « guerrier de l’écologie » par le Congrès Populaire National chinois en 2005, il a ensuite été la victime d’une répression brutale, bien entendu organisée par les milieux industriels.

L’arrestation de Wu Lihong s’est faite au moment où il entendait diffuser les preuves de la pollution alors que l’Etat chinois allait remettre un prix à l’administration de la région pour sa lutte contre la pollution…

Voici ici son témoignage (publié notamment dans Le Monde) sur ses conditions de détention dans la prison de Dingshan, à Yishing, dans la province du Jiangsu.

  • Les conditions de détention

Il est extrêmement difficile pour de moi de me remettre de ma détention, surtout psychologiquement. Pendant trois ans, j’ai été confiné dans une pièce sans fenêtre de seulement 20 m2, où il était strictement interdit de me parler. Si des prisonniers osaient me parler, ils étaient punis de dix claques dans le visage et une déduction de point, ce qui équivaut à un délai supplémentaire de trois jours à compter de la date de sortie d’origine. Je n’étais pas autorisé à me déplacer là où d’autres prisonniers le pouvaient.

Deux caméras étaient installées sur le mur, j’étais donc surveillé de près par cinq ou six prisonniers. Ces « gardiens » étaient principalement des anciens chefs corrompus du Bureau de sécurité publique, ou du système judiciaire. Certains d’entre eux, qui avaient pu lire mon verdict, étaient d’ailleurs convaincus que ces comptes-rendus écrits étaient fabriqués de toute pièce.

En prison, j’ai été placé sous la procédure dite de yanguan (« contrôle disciplinaire »). Je n’aurais pas dû être affecté à cette prison de ma localité, puisque j’y avais été en détention provisoire, mais ils ont quand même décidé de m’y garder, afin de pouvoir me contrôler. Ils disaient que c’était approuvé par le gouvernement.

En prison, on m’a dit de me comporter de telle manière que je puisse être libéré un an et demi plus tôt. Mais en réalité cela ne s’est pas produit, puisque je n’ai pas cédé à leurs demandes en admettant toutes mes fautes et en baissant la tête. J’avais été condamné à trois ans de prison, et je n’ai obtenu aucune remise de peine jusqu’à la fin. Cependant, presque tous mes codétenus ont obtenu des remises plus ou moins importantes. Je suis le seul cas particulier, apparemment.

  • Le « contrôle disciplinaire » (yanguan)

J’ai été placé sous la procédure de yanguan (« contrôle disciplinaire »), qui est illégale, du 12 novembre 2007 à fin mars 2010. Voici les divers choses que l’on vous impose :

– Courir en cercles sous le soleil jusqu’à l’usure. Lorsque vous êtes à bout, deux personnes vous soutiennent et vous forcent à continuer.

– Manger tous ses repas en moins d’une minute et demie. Les bols placés à même le sol, on doit crier « 1, 2, 3 », puis approcher. Vous êtes autorisés à manger autant que vous pouvez en une minute et demie. Tout en mangeant, vous êtes parfois obligés de chanter. Ainsi, tous ceux placés sous « contrôle disciplinaire » sont voués à mourir de faim.

– Pour aller aux toilettes ou boire de l’eau, il faut le faire savoir et obtenir la permission de le faire.

– Il est interdit de lire des livres ou des journaux. Vous n’êtes pas autorisés à avoir un stylo ou un papier avec vous à tout moment.

La violence verbale est permanente. Les matons me disaient : « Ce n’est pas nous qui allons te faire du mal. Mais on peut demander à n’importe quel détenu de le faire. » Ils récompenseront ensuite ce même détenu avec une remise de peine. Dans mon cas, ils ont demandé à un prisonnier particulier de me frapper, un jeune criminel violent du Nord-Est de la Chine.

Il a par la suite obtenu une libération conditionnelle, ce qui est encore contraire à la loi, dans laquelle un criminel violent ne peut jamais obtenir de libération conditionnelle, encore moins sans permission du lieu où il a été jugé, c’est-à-dire dans son cas, le Nord-Est de la Chine.

  • Les relations sociales restreintes

Le 5 ou 6 novembre 2007, le personnel pénitentiaire a proposé de négocier avec les membres de ma famille pour une libération conditionnelle, en contrepartie d’un versement d’argent. Ma famille a refusé.

Plus tard, ils ont senti que mon cas était beaucoup plus compliqué, ils n’ont jamais plus fait ce genre de proposition. Concernant les autres détenus, d’après ce que j’ai entendu, la plupart des familles versent dans les 20 000 à 30 000 yuans (2 000 à 3 000 euros) pour obtenir une remise de peine.

Il y avait environ 5 000 prisonniers là où j’étais détenu, et aucun d’entre eux n’était censé échanger ne serait-ce qu’une phrase avec moi. Comme je le disais, deux caméras étaient installées pour me surveiller.

Contrairement à d’autres détenus je n’ai pas eu droit à des visites d’amis ou de camarades de classe entre 2007 et 2010. Je n’ai pas été autorisé à passer d’appels téléphoniques. Cependant, juste avant la date de sortie on m’a accordé un appel, donc j’ai finalement pu le faire une fois.

Les visites des membres de ma famille se déroulaient ainsi :

1) Deux employés doivent enregistrer notre conversation, par écrit et sur cassette.

2) La discussion doit se dérouler seulement en mandarin – aucun dialecte n’est autorisé !

3) En hiver 2008 (peut-être lors de la Fête du Printemps), alors qu’il neigeait beaucoup, ma famille s’est rendue à la prison pour me rendre visite. Ma femme a seulement eu le temps de me dire une phrase (moi, une ou deux), puis le téléphone a été coupé. C’est tout. Ainsi, la visite de trente minutes a duré seulement une ou deux minutes. En réalité ce scénario se produisait très souvent.

  • La souffrance physique

J’ai été plus chanceux que certains, qui ont dû subir des coups de matraques électriques (un coup au moins, parfois quatre), des gaz irritant ou le « banc du tigre ». Si un membre du personnel pénitentiaire nous parle, nous devons nous accroupir, en flagrante violation avec les lois de la RPC. Il n’y a aucune dignité du prisonnier.

  • La confession forcée

Lors de ma détention par le Bureau de la sécurité publique en avril 2007 [après son arrestation], j’ai été emmené dans une pièce spécialement conçue pour la torture et les soi-disants aveux. C’est une chambre avec des parois en caoutchouc pour empêcher que le détenu se suicide.

J’y ai été menacé avec les arguments suivants : « On va simplement mettre quelques kilos d’héroïne à ton domicile, et tu seras condamné » ; « On a des injections spéciales. Tu meurs, et le diagnostic est celui d’une hémorragie cérébrale. Tu veux essayer ? »

Autres détails de la condamnation forcée :

1) des gardes-à-vue de douze heures

2) j’ai été menacé avec des aiguilles

3) j’ai été fouetté avec des bâtons souples (la chemise était couverte de sang, mais chaque fois que je voulais la montrer au tribunal, on me l’a refusé)

4) j’ai été brûlé aux mains par des cigarettes allumées

5) j’ai reçu des coups de pieds au ventre…

  • Le procès

Quand j’ai voulu protester, on m’a dit que tout ce que le Bureau de la sécurité publique avait fait était licite. Ils peuvent faire appel à de faux témoins, et avoir de fausses preuves autant qu’ils veulent. La Cour a tenu un procès à huis clos: deux cent places étaient disponibles mais mes parents ont été interdits de séance. Le procès a duré jusqu’à 21 heures. On s’était « occupé » de mon micro et celui de mon avocat durant tout le procès : ils étaient coupés.

Nous avons exigé la présence du procureur pour un contre-interrogatoire, mais personne ne s’est présenté.

Le veganisme et la situation matérielle

La véganisme, pour être une réalité, a besoin d’une certaine base matérielle. Si le végétarisme n’a plus aucun sens aujourd’hui, c’est parce qu’il est aisément possible d’être vegan. Mais attention cela est vrai dans beaucoup de pays, mais pas tous. La base matérielle manque dans certains pays pour que le mode de vie vegan puisse être une réponse à des questions ne se posant en fait pas encore, en raison de la situation matérielle.

Cette différence de situation est parfois incomprise, et bien souvent on peut retrouver par exemple un racisme anti-chinois dans les milieux de la protection animale. Un préjugé raciste absude qui fait fi de la situation, et nie d’ailleurs la responsabilité des pays occidentaux dans la situation mondiale. C’est le mode de vie fondé sur le profit qui amène la situation dans le monde.

Comme illustration de comment la situation matérielle joue sur la possibilité du veganisme, voici un article concernant le Mali, pays pauvre que beaucoup d’habitants ont été obligés de quitter, pour devenir des travailleurs surexploités en France.

L’article, de par la description de la situation, montre beaucoup de choses:

Le lac Télé a un potentiel agricole de plus de six mille ha de superficie exploitée, sur un total de 10 000 ha. Il est aussi une zone d’élevage par excellence. Chaque année plus de 4000 bovins envahissent la zone de pâturage durant quatre à cinq mois, du mois d’avril à juillet.

Les jeunes talibés du grand marabout de Doukouria (paix à son âme) ont conduit 14 chevaux paître dans les surfaces en jachère du lac face au village. Ils jouissent de ce privilège compte tenu des liens solides de parenté qui les lient aux habitants du village de Dougoumeïra. Ce village de la commune de Télé est situé aux abords du lac. Une semaine plus tard, les équidés ont disparu.

Alertés les propriétaires se sont lancés à travers le lac à la recherche des bêtes. Ils ont ratissé partout. Mais en vain. Après plusieurs jours de recherche, ils étaient au bord du désespoir. Mais ils apprirent que les quatorze chevaux ont été vus au fond d’un ravin de la colline à laquelle s’adosse le village côté est. Toutes les bêtes étaient mortes.

Selon certains témoignages, les quatorze chevaux dérangeaient. Les villageois ne pouvaient pas manifester leur mécontentement face aux dégâts qu’ils causaient dans les cultures. Les animaux auraient été orientés et conduits vers les précipices à dessein. Les auteurs de cet acte odieux savaient pertinemment qu’une fois dans le creux du rocher, les chevaux ne s’en tireraient jamais.

Bouleversés, révoltés et consternés, les propriétaires des chevaux se sont plaints auprès de la gendarmerie qui mène son enquête.

Comme on le voit, les animaux ont été les victimes non pas de la « folie humaine », mais de pauvres villageois, victimes des seigneurs locaux. Une injustice en amène une autre, la lutte pour la survie ne permet pas la compassion. Tout cela est riche d’enseignements pour avoir une compréhension correcte du veganisme.

Le veganisme n’est pas une « bonne idée ». Il est un mode de vie qui se pose logiquement au bout d’un certain niveau de développement des sociétés humaines. Quand on a plus besoin de tuer… on a plus besoin de tuer!