Action de l’ALF à Nîmes

Voici le communiqué d’une action à Nîmes du Front de Libération des Animaux. Les communiqués de l’ALF sont diffusés par le site Bite back!

« Avril, Nîmes, France:

L’ALF a incendié les bureaux de la fédération départementale des chasseurs du Gard et a crevé tous les pneus des 3 véhicules de chasse se trouvant sur place.

Assassins d’animaux et d’humains, vous devrez compter avec l’ALF.

A bientôt.

ALF est vivant partout en France. »

Le site de la féria d’Arles piraté

Une féria est un évènement annuel qui se caractérise par des corridas, des lâchers de taureaux en pleine rue et des animations sur le monde de la tauromachie. Le tout bien arrosé d’alcool car les férias sont considérées comme des « festivités ».

Ces  férias se déroulent localement en Espagne et dans le sud de la France : à Alès, Arles, Béziers, Nîmes pour les plus connues.

Arles accueille 2 férias annuelles : mi-septembre a lieu la féria du riz et en ce moment se déroule la féria de Pâques.

Mais les corridas se heurtant à de plus en plus de réticences, la journée d’ouverture de la feria d’Arles, le 31 mars, s’est ainsi axée sur… les enfants afin de mieux les sensibiliser à cette « culture » qu’ils ne connaissent pas.

Et comme le montre cette vidéo, ce bourrage de crâne s’est étalé sur toute l’année, notamment dans les centres aérés!

En tout cas, ce lundi 5 avril le site de la féria d’Arles a été piraté, comme en témoignent les photos suivantes. On y retrouvait une citation de Gandhi, « On reconnaît le degré de civilisation d’un peuple à la manière dont il traite ses animaux », des photos de taureaux assassinés ainsi que l’annonce comme quoi la féria allait définitivement cesser.

Le site « normal » a depuis rouvert (http://www.feriaarles.com/) et on y retrouve une section « humour. » Avec des chevaux et des taureaux se chamaillant pour savoir qui est le plus « dominé », avec un taureau qui rêve de s’enfuir, d’autres qui terminent à l’abattoir après avoir affirmé être intelligents…

Cela montre bien la nullité de la prétention de la féria à être autre chose que barbare. La barbarie suinte inévitablement, et la mauvaise foi transparaît clairement dans cet « humour »…

Simon Casas, un faux humanisme de faux prophète

La catastrophe naturelle d’Haïti ne cesse de susciter des actes de générosité plus ou moins sincères envers les sinistréEs. Plus ou moins sincères, car malheureusement, certains en profitent simplement pour en profiter en terme d’image.

Le summum de l’hypocrisie vient de l’organisateur de corridas, ancien matador, et directeur des arènes de Nîmes Simon Casas qui aurait demandé au matador Sébastien Castella, de se produire à Nîmes le 13 mai, afin de reverser les recettes de la corrida aux sinistrés d’Haïti.

Sachons lire entre les lignes et comprenons bien que cet acte se voulant charitable n’est qu’un gros coup de pub, qui se sert honteusement du drame d’Haïti afin de tenter de se donner une belle nouvelle image, mais surtout d’insuffler un nouvel essor à ces pratiques cruelles qui sont à bout de souffle.

En effet, face aux nombreuses interdictions de corridas dans les villes « taurines » (de France et d’Espagne) et aux protestations grandissantes face à cette barbarie, le milieu tauromachique en manque croissant de supporters, tente dorénavant de s’implanter en Chine. Une arène serait construite à Pékin afin de pratiquer 16 spectacles sanglants par an dès fin 2010.

Mais attention: il tente aussi de faire en sorte que la tauromachie devienne une valeur « identitaire » fournissant une base électorale aux notables.

Car Simon Casas est quelqu’un de très ambitieux: sa société dirige les arènes de Nîmes et d’Alicante, en étant associée à la gestion de celles de Malaga et de Mont-de-Marsan.

Arènes de Nîmes dont il a gagné en fait tout récemment la responsabilité pour les 5 prochaines années, en décembre 2009. Et les arrières-pensées politiques sont ouvertes, comme il le montre dans une interview, affirmant clairement l’importance « politique » de la tauromachie dans sa région.

Interview où il dit d’ailleurs dans un grand élan d’apologie de soi: « dans mon domaine, la tauromachie, je suis prophète sur l’ensemble du monde taurin international. »

Car pour Casas la tauromachie est une quête, dont la dimension doit bien être saisie. Casas est en effet un prophète, et évidemment un faux prophète.

Nous avions parlé du livre « Eternel Treblinka »; eh bien la philosophie de Simon Casas est l’exact contraire.

S’il est fasciné par la tauromachie jusqu’à s’incruster dans l’Espagne franquiste pour pouvoir devenir torero, c’est pour satisfaire sa quête existentielle:

« Triompher de la mort. Celle de mon père. Une méthode pour affirmer mon identité. Celle de ma mère. Venger l’exil de mes ancêtres chassés d’Espagne. »

Lui, dont la mère est juive séfarade (juifs orientaux originaires surtout d’Espagne et exilés de ce pays en 1492), a donc décidé de « braver les interdits » et de prendre sa revanche individuelle.

C’est non seulement n’importe quoi, mais honteux. Son initiative se déroule alors que les antifascistes se sont torturés et assassinés par la dictature franquiste, alors que la république espagnole avait aboli la corrida par le décret du 10 juillet 1937, et que justement l’Espagne franquiste avait fêté sa victoire sur la République par la « corrida de la Victoire » le 24 mai 1939…

Faisant de la corrida une composante de son identité culturelle catholique-réactionnaire.

Mais Simon Casas n’est intéressé que par une seule chose: lui-même. La corrida est pour lui un moyen de se transcender.

Rien de plus faux d’imaginer quelqu’un n’ayant pas une théorie profonde de sa propre activité. Simon Casas connaît tous les classiques de la théorie de la transgression; dans son imaginaire il doit se considérer comme le Sade des temps modernes.

La position de Simon Casas est très élaborée intellectuellement: dans ce genre de pensée on trouve Leiris, Bataille, Lacan, dont se revendique bien entendu Simon Casas. Et évidemment de la « victoire sur le taureau » dans l’antiquité dont nous parlions récemment.

Dans une interview Casas dit ainsi:

« La corrida est un art, la rencontre de l’humain et de l’animal dans une magie que la société ne saurait organiser, un phénomène de transfert, au sens psychanalytique du terme, où je gagne de la bestialité et où la bête gagne de l’humain.

(…)

Si la corrida n’est pas pour vous un art, reconnaissez au moins qu’elle en est un support sublime : Picasso, Goya, grands interprètes de la culture et de l’humanité, s’en sont inspirés. Choisir ce sujet serait-il anecdotique ? Pour moi, lorsque je me retrouve face au taureau dans l’arène – et ¡ci je me fais le porte-parole de tous les toreros -, je ne suis animé que par le souci de beauté. »

C’est là où la pensée de Simon Casas est perverse: il ne s’agit pas de quelqu’un qui nie la problématique posée par la question de « l’Eternel Treblinka. »

C’est quelqu’un qui pense exactement l’inverse.

Avec Simon Casas on est aux antipodes d’une réflexion sur la Shoah (voir ici sa critique par Hapoel) affirmant qu’il faut rejeter toute barbarie. On est dans une sorte d’affirmation mégalomane et absolue de son propre être, de sa toute puissance.

La quête du pouvoir: tel est le but de Simon Casas. Là où quelqu’un comme Isaac Bashevis Singer mettait au centre la compassion, Casas place le pouvoir. Là où l’un dit: tout le monde doit vivre, lui dit: je veux survivre et l’éprouver, par la mort (d’un autre) ou au moins la démonstration du pouvoir.

Casas peut ainsi se poser en humaniste: à propos d’une « poule paralytique et grabataire », il a affirmé ne pas vouloir « l’achever »:

« Je ne supporte pas la mort. Même pas celle du taureau, sauf si c’est un grand combattant, lorsqu’il a manifesté sa capacité à rêver sa vie. »

« Rêver sa vie »: dans son imaginaire, Casas accorde de la dignité à l’humain mais aussi à l’animal que l’humain élève en « dignité. » Un délire que Casas pousse jusqu’au bout; il dit ainsi, très certainement de manière sincère:

« Si j’avais la conviction que le taureau souffre, je n’irais pas à la corrida. Certes, il meurt, mais son destin est des plus enviables. Il vit quatre ans alors que ses congénères disparaissent à deux ans, par paquets, dans les abattoirs. Le taureau de combat, lui, est reconnu. On sait quelle est sa lignée. Il est élevé dans les meilleurs pâturages, dans un environnement intact du point de vue écologique. Et puis il surgit un jour dans l’arène… »

Simon Casas se croit un vrai humaniste, il croit vraiment que la corrida est une transgression, une manière d’affirmer (dans le sang) son individualité humaine.

Tout cela est de la folie, l’expression d’une course en avant, ou plutôt d’une fuite.

Simon Casas a cru fuir la destruction en se créant un personnage, lui qui s’appelle en réalité Bernard Combs, né d’une mère séfarade et d’un père juif polonais.

Il a cru se recréer éternellement par la corrida.

Mais tout cela est fictif, idéaliste, vain, absurde. Tout comme son délire de prendre la nationalité espagnole, en raison de la présence de Le Pen au second tour de la présidentielle, en raison de ce « coup de corne à la République. »

C’est lui qui parle de la République, lui dont la culture de la corrida est celle de l’Espagne franquiste, dans le sang de la démocratie.

Quelle ironie qu’il soit d’ailleurs exactement de la génération de Pierre Goldman, autre juif polonais né en France (et demi-frère de Jean-Jacques), mais qui lui avait choisi l’engagement révolutionnaire des années 1970. Quelle différence de morale.

Quelle tristesse de le voir répandre son faux humanisme, mais vraie barbarie, alors qu’il aurait dû construire son identité dans la libération totale, en faisant face à l’éternel Treblinka que vivent les animaux!