« Faut-il manger les animaux ? » de Jonathan Safran Foer : ouvertement contre le véganisme et la libération animale

La libération animale est un objectif qui demande une certaine ténacité, car l’ennemi est puissant. Et intelligent : il ne se contente pas de décrier le véganisme, il fait également en sorte de l’admettre dans une certaine mesure, pour l’intégrer.

C’est le principe de la mise en avant du « végéta*isme », une absurdité qui vise à effacer les définitions, la distinction entre végétarisme, végétalisme et véganisme, pour mettre en avant l’illusion d’un progrès abstrait, non quantifiable, non vérifiable. Une absurdité d’ailleurs mise en avant notamment par la « veggie pride. »

C’est cela qui explique la mise en avant absolument massive par les médias de l’américain Jonathan Safran Foer et de son ouvrage « Faut-il manger les animaux ? »

Et il y a lieu de critiquer vigoureusement cela, tout comme la naïveté ou le désespoir de ceux et celles qui penseraient que les choses avancent avec ce genre de fumisterie organisée à grand échelle….

Car rappelons que l’éditeur aux USA est tout de même Hachette (deuxième éditeur mondial, chiffre d’affaires annuel de 2 milliards d’euros!).

En France, l’éditeur s’appelle l’Olivier, qui en réalité fait partie du Seuil… maison d’édition faisant elle-même partie du groupe La Martinière, troisième plus puissante maison d’éditions en France, avec 260 millions d’euros de chiffre d’affaires…

Enfin rappelons que Jonathan Safran Foer n’est pas vegan, très loin de là. Il avoue même sans honte que plus jeune, il se revendiquait végétarien, mais sans l’être : il était végétarien uniquement en public et agitait le drapeau du végétarisme, « pour la forme. »

Tout son ouvrage est à l’avenant. Il se promène dans l’univers des fermes-usines, donnant des chiffres et une sorte de point de vue de romancier un peu philosophe. Ce qui est le cas: son livre n’est sorti que comme prolongement d’un best-seller précèdent…

Jonathan Safran Foer est ainsi une sorte d’humaniste bon teint, après « Alice au pays des merveilles » on a ici « Jonathan au pays du désenchantement. » Il a compris que tout cela allait très mal tourner – et cela à LTD nous l’avons compris aussi. Sauf que lui a peur de la colère des gens face à la destruction de Gaïa.

Alors que Jonathan Safran Foer veut retourner dans le passé…

Voici par exemple ce qu’il dit dans une interview au journal Le Point, paru il y a quelques jours :

« Ce qui me fait le plus plaisir, c’est que les réactions les plus favorables à mon livre sont venues de fermiers. Ils aiment les animaux et s’en tiennent aux techniques ancestrales. »

Dire qu’un fermer « aime » les animaux, c’est l’exact contraire de la position de la libération animale. Évidemment, une personne défendant les droits des animaux peut vaguement affirmer une chose pareille, et penser que sur le plan subjectif les fermiers « aiment » les animaux (mais mal).

Mais nous qui sommes pour la libération animale, nous n’y croyons pas une seconde : on ne peut pas « aimer » et avoir un rapport d’exploitation ; on ne peut pas aimer les animaux sans être vegan…

Remarquons justement que dans « Faut-il manger les animaux ? » il est donné la parole, de manière on ne peut plus délirante, à une personne qui serait vegan (depuis la moitié de sa vie) et dont l’activité est de construire des… abattoirs (voir ici son projet de « fermes-usines » de type « innovative »).

Une telle chose est une provocation honteuse : des activistes vegans sont en prison pour leurs actions contre les abattoirs, et Jonathan Safran Foer ridiculise les définitions, estompant tout contenu au véganisme et le réduisant à une sorte de foklore, une sorte de cousine éloignée (et un peu cinglée) du végétarisme…

Cela souligne d’ailleurs le fait qu’ on ne peut pas être vegan sans assumer la libération de la Terre ; c’est même là la clef qui permet de démasquer Jonathan Safran Foer. Prenons par exemple ce qu’il dit encore dans l’interview à la revue Le Point:

« Il est vrai que les pauvres ne peuvent pas manger de la bonne viande élevée et abattue correctement, mais dans tous les menus de tous les restaurants il y a des plats végétariens qui sont toujours beaucoup moins chers que la mauvaise viande et aussi riches en protéines. »

Il ne s’agit pas uniquement du fait qu’il parle de « bonne viande » (sic) qui aurait été « élevée et abattue correctement. » Un animal « élevé » et « abattu »… correctement? C’est totalement à l’opposé de la libération animale, mais nous l’avons déjà dit alors voyons un point essentiel : Jonathan Safran Foer ne parle pas des animaux.

Comme certaines personnes véganes (malheureusement!), il se moque des animaux et ne s’intéresse qu’à sa propre personnalité, à sa propre morale.

Dans « Faut-il manger les animaux ? » les animaux n’existent jamais pour eux-mêmes. S’il faut cesser de pêcher, c’est parce que sinon il n’y aura plus de poissons, s’il faut arrêter de consommer de la « viande » c’est parce que cela provoque des dommages à la planète et que cela nous nuira à nous, humains.

Jonathan Safran Foer ne reconnaît jamais la nature, il ne lui reconnaît jamais un droit à exister ; son seul point de vue est que nous vivons sur cette planète et que donc il ne faut pas « déconner. »

La nature ? Les animaux ? Ce n’est pour lui pas la question. Nous, à LTD, disons que le véganisme est un tremplin pour dépasser son aliénation et reconnaître Gaïa, et donc pouvoir assumer le bonheur sur notre belle planète bleue et verte.

Par contre pour Jonathan Safran Foer, ce qu’il faut c’est assumer une posture morale, et « pratique » dans la mesure où on ne trouble pas l’ordre planétaire.

Conséquence inévitable : Jonathan Safran Foer ne parle absolument jamais du véganisme, et il est même ouvertement contre.

Dans une interview au Washington Post en date du 19 novembre 2009, il dit:

« C’est une erreur que de penser à ce sujet de manière binaire. Les mots « végétarien » et « végan » ont causé du tort aux conversations, parce que cela implique que l’une des deux personnes l’est ou ne l’est pas, alors que le fait est que presque tout le monde se situe entre ces deux extrêmes.

Nous ne devrions pas être intimidés par l’idéal de perfection de quelqu’un d’autre si cela nous empêche de faire des pas que nous voulons vraiment faire.

Plutôt que d’essayer d’être vegan demain, pourquoi ne pas arrêter de servir de la viande pendant une semaine (si tous les Américains faisaient cela, cela serait l’équivalent d’enlever des routes cinq millions de voitures!). Tu vois comment tu te sens ? Si tu te sens bien, et je parie que oui, continue. »

Non seulement l’objectif du véganisme est ouvertement rejeté, et même caricaturé comme un « idéal de perfection », mais en plus on passe des animaux aux… voitures. Les animaux ? Aucun intérêt à part comme prétexte pour une posture morale et une volonté de retourner il y a quarante ans.

Et si on pense que nous exagérons, voici une autre question à laquelle il répond, et où il assume ouvertement de ne pas vouloir supprimer l’exploitation animale.

La question est de savoir où mettre la frontière sur le plan éthique : les vaches, les poissons, les oeufs, les plantes ? Jonathan Safran Foer répond ainsi :

« Ce n’est pas vraiment mon argument. Mon argument est que nous ne devrions pas faire passer toute leur vie des choses vivantes dans des enceintes exiguës, sans exposition au soleil, tout en étant nourris par une alimentation extrêmement non naturel.

Je ne rentre pas dans l’argument philosophique si oui ou non il y a le « droit » de manger des animaux, parce que je ne pense pas que cela soit la question importante.

La question importante, c’est – et presque tout le monde est d’accord pour la réponse, quand on connaît les faits – « est-il juste de manger des animaux étant donné la manière avec laquelle on les élève et on les tue? »

Les choses sont ici très claires : on est ici dans la même logique que des associations du type L214, mais pas du tout dans la libération animale. On ne sera pas étonné donc que dans « Faut-il manger les animaux ? » on trouve une apologie en règle de PeTA.

Il salue même les négociations entre PeTA et l’industrie de la « viande » (visant à empêcher que PeTA ne critique par la suite tel ou tel industriel!)… Et appuie l’euthanasie des animaux dans les fourrières de PeTA (en ne les critiquant pas).

Chez Jonathan Safran Foer comme chez tous les partisans des « droits des animaux », les seuls animaux existant sont ainsi ceux des abattoirs et des fourrières, et dont la situation et la mort « perturbent » la « conscience morale. »

Alors que ce qu’il faut, c’est une conscience ouverte aux animaux sur toute la planète, un amour pour tous les êtres vivants (et non pas seulement une compassion pour l’animal opprimé). On ne peut pas être vegan sans aimer les animaux… et Jonathan Safran Foer n’aime pas les animaux!

Enlèvement au Niger : le vrai coût du nucléaire

Les médias parlent beaucoup de l’enlèvement de membres du personnel d’AREVA au Niger. Une « publicité » dont le nucléaire se serait bien passé, puisqu’elle montre à l’opinion publique quel est le sens de ses démarches.

Voici une petite explication par un communiqué du Réseau Sortir du Nucléaire:

Otages du Niger : le vrai prix de l’électricité nucléaire

Communiqué de presse du Réseau « Sortir du nucléaire » du 21 septembre 2010
Depuis le 16 septembre, aucune nouvelle des salariés enlevés au Niger. On parle d’AQMI, d’Al Quaïda, mais pas un mot sur les revendications des habitants du désert. Jamais n’est évoqué le contexte géographique, économique et humain d’une région qui produit l’uranium utilisé dans le tiers des centrales nucléaires françaises.
Les ressources mondiales en uranium sont limitées, réparties entre une dizaine de pays, dont le Niger, l’un des pays les plus pauvres du monde. Selon l’ONU et la FAO, 47% des Nigériens sont en situation d’insécurité alimentaire (dont 86% des agriculteurs).
Cet uranium profite à AREVA, mais il nuit aux Nigériens : en quelques années, deux mines d’uranium et 130 permis de recherche minière ont spolié les habitants et les terres agro-pastorales voisines. À cause de l’extraction de l’uranium, on assiste à une destruction de la flore et la faune, à une contamination de l’air par les poussières et les gaz radioactifs, et à une très importante contamination de l’eau, accompagnée de l’épuisement de deux grandes nappes fossiles, à hauteur de 70% de leurs réserves.

Les mineurs nigériens travaillent dans des conditions épouvantables pour leur santé. La population locale est malade de la radioactivité. Voilà le vrai prix de l’électricité nucléaire, payé ici par les seuls Nigériens.
La facilité avec laquelle s’est opéré l’enlèvement des salariés d’AREVA et de Vinci pose de nombreuses questions… La France envoie sur place une importante assistance militaire, alors que d’autres enlèvements dans la région, sans liens avec AREVA, avaient laissé le gouvernement français quasiment indifférent.
Cet événement dramatique, qui plonge des familles dans l’angoisse, doit aussi nous rappeler la dépendance énergétique de la France. La production d’EDF SA nécessite de l’uranium en provenance de pays instables et dangereux comme le Niger. Cet épisode met en lumière le néocolonialisme français, cette « Françafrique » qui génère de nouveaux conflits, pille les ressources naturelles, détruit l’environnement, met en péril les populations autochtones, mais aussi les employés d’entreprises comme AREVA ou Vinci.
Le Réseau « Sortir du nucléaire » demande à la France de prendre en compte la crise humanitaire et écologique liée aux mines d’uranium, au Niger et ailleurs. S’il fallait répercuter le coût de cette crise sur le prix du Kilowattheure, ce serait la fin du mythe de l’électricité nucléaire « bon marché ». L’avenir n’est pas au nucléaire, mais aux économies d’énergie et aux énergies renouvelables.

L’article est très contradictoire (et est d’ailleurs grosso modo l’équivalent de la position du NPA d’Olivier Besancenot). En effet, quel intérêt de dire que « La facilité avec laquelle s’est opéré l’enlèvement des salariés d’AREVA et de Vinci pose de nombreuses questions… », sans dire lesquelles?

A côté de ce sous-entendu (incompréhensible, ou bien complotiste), il est parlé de manière tout aussi étrange de « la dépendance énergétique de la France » et du risque que représente pour la France l’instabilité du Niger…

C’est un peu comme si toute la critique d’AREVA servait finalement plus à prôner une « autre » politique qu’à lutter pour la planète. Ne nous leurrons pas ici, c’est au moins en (grande) partie le cas.

Normalement, quand on critique le nucléaire on critique la position de la France en général, et toute l’idéologie pro-nucléaire qui va avec. Là, et de manière aussi franche c’est un phénomène nouveau (les élections approchant), il est demandé que la France prenne une autre option.

Au lieu de dire que la France est par définition pro-nucléaire et donc qu’il faut remettre en cause toutes ses traditions, on a ici l’idée nouvelle (et fausse) comme quoi le nucléaire n’existerait qu’en raison d’un lobby, lobby que l’on pourrait contrer par une activité de lobbying inverse.

Ainsi, ici la position anti-nucléaire est plus un moyen de faire pression contre un camp (qui lui utilise le nucléaire) qu’autre chose. La critique du nucléaire passe totalement au second plan, sans même parler d’une vision écologiste ou de la libération de la Terre!

De manière un peu plus simple alors, constatons plutôt des données (fournies par le comité Areva ne fera pas sa loi au Niger):

Les 40 années d’exploitation minière de Cogema/ Areva, à Arlit et Akokan, ont eu pour premières conséquences:

  • La spoliation des terres agro-pastorales autour des deux sites, situés dans la région d’Agadez.
  • Des bénéfices énormes réalisés par Areva sans retombées pour les populations : un véritable partenariat « gagnant-perdant » !
  • La destruction de la faune et de la flore aux alentours des mines.
  • La contamination de l’air par des poussières et des gaz radioactifs.
  • La contamination radiologique des ressources en eau.
  • L’épuisement d’une des deux grandes nappes fossiles (Tarat), à hauteur de 2/3 de ses réserves et, à moyen terme, le tarissement irréversible de la seconde nappe, avec le dénoyage de la partie ouest de l’aquifère (grès d’Agadez) en 40 ans.
  • Des pollutions annexes innombrables, essentiellement dues aux activités périphériques.

Enfin, on trouvera ici des rapports datant de mai 2010 quant à l’impact des mines d’uranium au Niger. Et notons au passage que ces rapports sont le fruit d’une collaboration scientifique Greenpeace international / CRIIRAD, et qu’il faut ici souligner le fait que Greenpeace est très lié à l’Angleterre (d’où par exemple son quasi silence au sujet de la marée noire causée par BP).

Car ce qui est vrai au sein d’un pays est vrai sur le plan international. Et tout cela témoigne que sans compréhension de l’importance de la libération de la Terre, on est tiré dans un sens ou dans un autre, mais que rien de cela ne profite à la Terre…

Le seul moyen d’avoir des critères écologistes précis et fiables, c’est la libération de la Terre…