Relatif succès du PACMA aux élections espagnoles de 2016

C’est un phénomène très intéressant, propre à l’Espagne, dont il y a des leçons à tirer, même si bien entendu il faut prendre en compte la spécificité de ce pays.

Il vient en effet d’y avoir des élections en Espagne et le Partido Animalista Contra el Maltrato Animal (Parti animaliste contre la maltraitance des animaux – PACMA) a obtenu 284 848 voix, soit 1,19% des suffrages.

Voici un graphique montrant la progression électorale.

Le système électoral espagnol est ainsi fait, pour autant, que le PACMA n’a pas eu de sièges à l’assemblée.

Reste que, quand même, avec de tels résultats et ce que cela représente comme lame de fond, le PACMA exerce forcément une pression morale et culturelle en Espagne.

C’est surtout vrai de par l’origine et la démarche du PACMA, qu’il est intéressant de connaître.

Quand on s’intéresse à l’ALF, on s’aperçoit que c’est la base de la protection animale qui l’a développé en Angleterre, avec notamment la chasse à courre des aristocrates en ligne de mire (voir ici, , encore ici, ainsi que ).

C’est un peu pareil, en mode institutionnel, avec le PACMA, qui est né en 2003 comme « Partido Antitaurino Contra el Maltrato Animal », avant qu’en 2011 le terme « antitaurino », désignant l’opposition aux corridas, soit remplacé par « animaliste ».

Le PACMA a assemblé en pratique toutes les revendications à la base des refuges, des opposants à la vivisection, des mouvements contre les diverses et nombreuses « fêtes » et « traditions » qui, dans toute l’Espagne, sont d’une cruauté sans égard à l’encontre des animaux.

C’est la raison pour laquelle le PACMA ne s’est pas allié à PODEMOS, ce dernier ne comptant pas du tout rompre avec ces « fêtes » et « traditions ».

On reconnaît ici la contradiction propre à une certaine « gauche » qui, dans les faits, assume une vie quotidienne tout à fait conservatrice…

La ligne du PACMA est donc un produit démocratique de la protection animale et est portée, comme on s’en doute, en très grande majorité par des femmes.

Toutefois, si toutes ces oppositions au conservatisme criminel sont tout à fait positives, évidemment, elles ne forment pas un programmet. C’est là que le PACMA bascule dans la logique du « bien-être animal », d’une certaine manière dans l’esprit de L214, mais avec de profondes différences.

C’est par des réformes institutionnelles, pense le PACMA, que les choses vont changer. A ce niveau-là, rien d’original, pas plus que les appels à la « justice sociale » ou à la lutte contre le réchauffement climatique.

C’est là la limite de la liaison unilatérale avec la base de la protection animale, d’esprit pragmatique à court terme. Il est intéressant de voir qu’en Angleterre cette limite avait été dépassée par l’ALF, entraînant une large partie de la dite base.

Pour cette raison, le PACMA est d’un côté très lisse, très propre, très figé dans une approche « associative » de la politique, avec la personnification, la réduction de la réflexion à quelques thèmes, l’oubli de tous les autres arrières-plans alors, que tout de même, l’Espagne a une histoire plus que compliquée et sa « démocratie » a toujours été considérée comme plus que douteuse par les gens de gauche sérieux…

En même temps, il faut bien voir que rien qu’avec ses exigences, le PACMA se confronte à la partie la plus conservatrice et la plus beauf de la société espagnole.

Ce n’est pas seulement que le PACMA considère le véganisme comme la démarche la plus correcte par rapport aux animaux. Il est toujours possible de le prétendre de manière abstraite : en France, même l’Association Végétarienne de France le fait, c’est dire…

Le PACMA va, en effet, plus loins : il exige aussi, par exemple, l’interdiction de la chasse!  Rien qu’avec cela, sa position rejoint celle de la fraction la plus militante des personnes défendant les animaux en France et montre qu’on est très loin de l’esprit de la protection animale à la française…

Rappelons qu’au grand maximum, les associations institutionnelles françaises demandent… « une journée sans chasse »…

A cela s’ajoute, de la part du PACMA, le refus de la vivisection, celui des zoos… Il y a là un garant démocratique, dans la mesure où jamais une société fondée sur le capitalisme, les rapports de domination, etc. n’acceptera jamais cela.

Le PACMA ne semble donc pas, jusqu’à présent, aller dans le sens de devenir un parti d’accompagnement du « bien-être animal » acceptant la « négociation » de l’oppression et de l’exploitation des animaux.

Certaines associations, en France, espèrent justement fonder un tel parti, sur la base d’une plate-forme annoncée tout récemment (voir « Animal Politique », fédération du réformisme du « bien-être » animal).

Que va faire le PACMA, que va-t-il apporter? Il y a tout à fait lieu de s’y intéresser et de voir ce que cela va donner.