Les jardins anglais : fausse irrégularité, vraie domestication

Les jardins anglais sont un style particulier de jardin, qui prend en fait même à contre-pied le principe du jardin à la française, en apparence du moins.

Ici, pas de figures géométriques : les chemins sont sinueux, à travers une végétation laissée libre, tout au moins à ce qu’on peut « imaginer » en se promenant. Ce qui compte ici c’est l’esprit reposé du peintre, qui admire un paysage pittoresque. On peut penser aux poèmes de Verlaine, ou à la peinture impressionniste, avec une dimension moins triste et plus pittoresque.

Pittoresque, et donc romantique et surtout… fictif. Le jardin à l’anglaise est extrêmement organisé. Il donne l’illusion de laisser libres les personnes se promenant, mais celles-ci débouchent immanquablement sur différents points de vue, que l’on doit qualifier de « romantique. »

Le jardin à l’anglaise est en effet né comme objet de raffinement, dans une Angleterre ayant brisée la monarchie absolue et où les classes possédantes, au 18ème siècle, témoignent de leur esprit d’indépendance avec de tels jardins.

Si les jardins à la française sont l’expression d’un pouvoir central organisant géométriquement des grands espaces symboles de pouvoir, le jardin à l’anglaise est né dans une aristocratie égayant ses petits domaines.

Les jardins anglais et à la française ne s’opposent donc pas : ils sont simplement des « décors » destinés à des élites différentes.

L’abondance de la diversité et les nombreuses couleurs des jardins anglais ne célèbrent donc pas la nature, mais le promeneur, riche propriétaire.

Au début du 18ème siècle en effet, ces jardins naissent sous la forme d’un prolongement d’un autre jardin, débouchant finalement sur la campagne (normalement, avec un lac), à travers des paysages censés évoquer l’antiquité (avec des temples, etc.).

Puis Lancelot Brown, connu sous le nom de Capability Brown, développe ces jardins dans ce qui sera le jardin anglais, symbole national d’une Angleterre où les aristocrates se lancent dans le capitalisme naissant.

Son surnom « Capability » vient de son côté commercial, puisqu’il assurait à ses riches clients que leur domaine avait de bonnes « capacités » à être transformé. Il a organisé 170 jardins dans les domaines des familles les plus riches, dans un esprit de confort tel que les riches l’exigeaient.

La composition des jardins devient alors sobre et sensuelle, régulière par certains aspects et « sauvage » par d’autres. Cet aspect pittoresque, et par là romantique, aura un grand succès en Europe, et notamment en France.

Le second Empire, qui consiste en le règne de Napoléon III, fera logiquement des jardins anglais le style officiel.

Car c’est ici un mélange de romantisme aristocrate et de naturalisme bourgeois : au plaisir tranquille et imaginaire d’une nature belle « dans le passé » s’associe la mentalité industrielle qui font que les parcs comportent des fermes-écoles, ainsi que des fermes destinées aux enfants des villes pour qu’ils assimilent l’esprit de domination de la nature.

Quant à l’Angleterre, elle connaît un second bouleversement de son type de jardin, qui adopte des manières bourgeoises : espaces fragmentés plein de couleurs et « virtuosité » de différentes espèces se conjuguent pour une atmosphère « plaisante. » Aux grottes viendront s’ajouter des pagodes, symbole d’exotisme colonial.

Voici comment un inspecteur des Ponts et Chaussées et directeur de travaux à Paris, expert en jardins, présente cela en 1867, dans une analyse des promenades parisiennes, dont il a été un des principaux penseurs : c’est en effet Jean-Charles-Adolphe Alphand qui a aménagé les jardins des Champs-Élysées, le parc Monceau, le parc Montsouris, le bois de Boulogne, le bois de Vincennes, le parc des Buttes-Chaumont, etc.

Pour comprendre cette longue et intéressante citation, il faut connaître le mot « agreste » utilisé au début du texte. On appelle « agreste » les plantes qui ne sont pas taillées, ou bien recevant le même genre de traitement que les plantes des champs.

Alphand appelle ainsi « agrestes » les jardins anglais, et son point de vue est vraiment très utile, puisqu’il n’oppose pas jardins anglais et à la française, mais comprend (sans comprendre) que leur fonction sociale n’est pas la même à la base…

« Les jardins agrestes ont été créés dans le Nord, parce que c’est là leur véritable patrie, le climat qui leur convient réellement.

L’Angleterre n’a jamais été attachée comme la France et l’Italie, au style classique, à l’architecture symétrique ; elle repousse encore à présent les formules systématiques auxquelles nos artistes se sont assujettis.

Faut-il en attribuer la cause à sa situation insulaire, qui l’isole des autres nations ; ou bien à cette facilité pour les voyages qui permet à ses artistes de visiter des peuples ayant des arts très différents ? Nous pensons qu’il faut surtout tenir compte de son climat.

Dans cette atmosphère brumeuse, où le passage est doucement estompé, les plans se détachent par masses successives, qui fuient en prenant des tons bleuâtres.

Le soleil tantôt projette des ombres qui détachent vigoureusement les objets sur des fonds brillants, et tantôt enlève les premiers plans en lumière, sur des fonds noyés dans une vapeur grise.

On ne peut imaginer rien de plus poétique que ces paysages au ton doux, et que le mouvement des vapeurs semble animer.

C’est un décor sans cesse modifié par des effets inattendus, et qui ne peut se reproduire dans les contrées du Midi, baignées d’une lumière égale. Aussi les dispositions régulières, dont l’effet est imposant en Italie, perdent beaucoup de leur valeur sous le ciel nuageux du Nord.

En Angleterre, mais surtout en Écosse, les paysages sont admirables, moins à cause de la richesse de la végétation que par les contrastes que produit le jeu de la lumière.

Les habitants ont dû chercher à tirer parti de ces phénomènes naturels. Ils ont donc composé des jardins où la nature conservait le premier rôle. Les poètes, les peintres, les paysagistes, subissant les mêmes impressions, se sont trouvés d’accord sur le but à atteindre et sur les moyens d’y arriver.

Un pâturage où sont jetés ça et là des bouquets de grands arbres, à travers lesquels fuit l’horizon zébré de lignes claires et d’ombres bleues ; une rivière, ou quelque pièce d’eau, réfléchissant le ciel et les saules qui croissent sur ses bords : voilà les éléments primitifs du jardin anglais, ou plutôt du jardin agreste des pays du Nord (…).

Indépendamment des rapports de style entre l’habitation et le jardin les tracés réguliers sont heureusement employés au milieu de paysages offrant de puissants reliefs, des profils très mouvementés et des horizons étendus.

Enfin ces jardins s’agencent souvent mieux dans les périmètres réguliers des propriétés situées dans les villes. Ils s’harmonisent plus aisément avec la correction des lignes architecturales qui les entourent et qui dominent toujours dans l’ensemble.

Mais l’emploi de ce style exige, pour produire un bon effet, des surfaces beaucoup plus étendues qu’il n’est nécessaire dans le style pittoresque.

Aussi le jardin agreste se prête mieux à des compositions d’une étendue restreinte ; ses lignes sont plus souples, d’une distribution plus facile ; l’élasticité de son tracé se prête, avec la même facilité, aux dispositions les plus réduites, comme aux conceptions les plus larges ; il se raccorde bien avec les perspectives naturelles, et se fond mieux avec la nature environnante.

Cependant, lorsqu’il faut encadrer des œuvres de grand style, des palais, et non plus de simples habitations bourgeoises, le jardin agreste ne donne pas assez de relief à l’architecture ; il ne prépare pas à l’impression recherchée par l’artiste ; il s’ajuste moins bien avec les lignes générales ; son allure un peu familière n’a pas le ton qui convient auprès des fières ordonnances de l’art classique.

Tout à fait convenable dans les parties un peu éloignées de l’édifice, il doit, aux abords de celui-ci, céder la place au tracé régulier, dont la décoration accompagne mieux les lignes de l’architecture symétrique. »

Cet extrait est véritablement très parlant, et révèle bien comment les jardins anglais et à la française, loin de s’opposer, visaient à agrémenter des domaines différents, des élites différentes.

Une route en plein parc du Serengeti?!

Aujourd’hui ont lieu des élections en Tanzanie, où le président est censé se faire réélire. Cela aura une conséquence importante, à savoir la réalisation pour l’instant certaine d’un projet totalement fou.

Chaque année en juillet-août a lieu une migration bien connue des amiEs des animaux : celle qui amène plus de deux millions d’herbivores du parc du Serengeti en Tanzanie vers le Masaï Mara au Kenya, par la traversée de la rivière Mara.

C’est un très grand symbole de la nature, de la vie sauvage, de Gaïa elle-même. Mais rien n’arrête la course au profit : d’ici quelques mois vont commencer des travaux pour établir une route à deux voies traversant le parc sur 50 kilomètres!

On peut voir sur cette carte comment la « Serengeti highway » va directement intercepter la migration annuelle absolument incroyable.

En rouge, on a le tracé de la « Serengeti Highway. » En vert, le projet alternatif (qui contourne le parc). En noir, les routes bitumées déjà existantes.

Les lignes avec les flèches montrent les migrations: en rouge, entre mai et juin. En rouge foncé, entre décembre et avril. En jaune, entre juillet et novembre.

Le Serengeti est un parc de 15 000 km2, où vivent quatre millions d’animaux. On y trouve 400 espèces d’oiseaux, des gnous, des zèbres, des gazelles de Thomson, des gazelles de Grant, des lions, des guépards, des léopards, des éléphants, des rhinocéros , des buffles africains…

Si cette autoroute est construite, les ¾ de la migration s’effondreraient en quelques années. Et comme le dit le site Serengi Watch, « Si nous ne pouvons pas sauver le Serengeti, alors que pouvons-nous sauver? »

Tel n’est évidemment pas le point de vue des Tours opérateurs. Voici le point de vue de celui qui se présente comme un grand spécialiste du Serengeti ; ses propos sont très intéressants car il témoigne d’une logique totalement insensée.

Pour Denis Lebouteux de Tanganika.com, tout le problème vient de l’usage malheureux du mot « highway » dans le premier discours du président.

Les chercheurs américains publiés par Nature ont immédiatement visualisé une autoroute, avec couloir protégé et barrières, et sont montés au créneau de la défense de la Grande Migration.

Notre interlocuteur met beaucoup de bémols à cette interprétation. « Le président a bien précisé que le goudron s’arrêtera à l’entrée du parc, il s’agira d’une simple piste sur les 50km de traversée.

Et elle sera fermée au trafic la nuit, de 18h à 6h du matin. » Ce qui change un peu la donne si la promesse est respectée.

Pas d’entraves aux passages d’animaux

L’objectif est de désenclaver Musoma à l’ouest du pays, une ville en forte croissance économique et dont tout le trafic passe déjà à l’intérieur du parc, ainsi que dans le Ngorongoro, par les 450km de routes existantes.

« Cela cause de gros dégâts sur les pistes, leur entretien coûte très cher au parc et l’idée est de limiter ces dégâts à 50 km, à défaut de limiter le trafic automobile en accroissement constant. »

Côté animaux, pour Denis Lebouteux, les gnous traversent déjà la route existante près de cinquante fois par an. Ils sont souvent tués par les camions, d’autant qu’une partie de la piste passe par leurs lieux de reproduction.

Ils n’auront à franchir la nouvelle route que deux fois, lors de leur aller-retour annuel vers le Kenya. « La traversée des rivières où beaucoup se noient est infiniment plus dangereuse pour eux qu’une simple piste.»

Des avantages pour les opérateurs touristiques

Le projet alternatif ne lui paraît pas plus satisfaisant : « Le paradoxe de la route du sud est qu’elle passera en lisière extérieure du parc et sera donc ouverte la nuit.

Il y aura de véritables massacres par les camions, le parc n’étant évidemment pas clôturé. »

« Cette route m’intéresse personnellement en tant qu’opérateur dans le pays depuis des années.

Elle va nous offrir des solutions plus confortables et des sorties du parc plus intelligentes, sans ces allers-retours contraignants que les touristes apprécient de moins en moins.

Elle va aussi désenclaver des merveilles difficiles d’accès comme le lac Natron.

Disons que cela va agrandir le terrain de jeux » conclut Denis Lebouteux, qui se demande pourquoi la Tanzanie est toujours montrée du doigt, sans forcément de raisons valables ni vérifiées.

Voilà pourquoi nous ne cessons de souligner la différence entre libération animale et protection animale. Cette dernière pourrait se satisfaire de tels propos : si la route n’est qu’une piste, qu’elle est fermée la nuit, etc. alors « c’est acceptable », « il faut bien faire avec », etc.

Pour nous, il en est hors de question. Le parc doit être un sanctuaire et les voitures n’ont rien à y faire ! Céder un peu c’est totalement capituler et provoquer la destruction totale. C’est d’ailleurs le point de vue des experts de la migration du parc du Serengeti… et on notera d’ailleurs que les scientifiques eux-mêmes parlent de « route » (et non d’autoroute) et il est totalement ridicule de s’appuyer sur la seule question du mot « autoroute »; c’est déplacer et fausser le débat.

Mais quand on voit que pour le tour opérateur, ce qui compte c’est… l’accès au lac Natron, où vivent presque trois millions de flamants nains, car ce lac aurait le malheur… d’être à l’abri des humains, on voit le niveau ! Même Walt Disney, qui a produit Les Ailes pourpres : le mystère des flamants justement tourné là-bas, apparaît comme d’une radicalité écologiste sans pareille en comparaison !

Nous reparlerons du parc du Serengeti, et il y a déjà une bonne nouvelle : il y a quelques jours, l’UNESCO s’est prononcé contre la « Serengeti highway. » Toutefois, il est évident qu’il faut soutenir la campagne pour sauver le parc du Serengeti!

400 personnes blessées en Allemagne dans la défense d’un parc

Le 30 septembre 2010, la police a attaqué très violemment l’occupation d’un parc afin de protéger les arbres, le parc devant être rasé pour que la ville de Stuttgart ait une nouvelle gare, plus grande.

Matraques, gazeuses : voilà ce qu’ont employé directement les policiers, aidés de gaz lacrymogènes et de camions propulsant de l’eau. Résultat : 400 personnes blessées.

La police elle-même a reconnu que la Croix Rouge s’est occupée de 144 personnes sur place, alors que 16 autres personnes terminaient à l’hôpital. On peut voir une petite vidéo de l’intervention policière ici.

Voici des photos de multiples rassemblements qui ont eu lieu en défense du parc et de ses arbres:

La polémique est générale en Allemagne après cette répression et la destruction du parc, car les opposants à l’extension de la gare ont mené un énorme travail. Un projet alternatif a même été monté : K21.

Voici d’ailleurs l’appel lancé en urgence sur le site des opposants:

« ALARME!

Cela commence! Venez vite dans le parc!

Protégeons les arbres! »

67.000 personnes avaient pourtant signé une pétition montrant leur opposition au projet initial et demandant un référendum local.

Alors qu’il ne fallait que 20.000 signatures… Toutefois cette demande a été saboté par l’intermédiaire de 170 réunions du conseil municipal. En conséquence, à partir de novembre 2009, des milliers de personnes ont manifesté chaque lundi. De très nombreuses initiatives parallèles ont également eu lieu.

On notera que le mouvement a également permis aux Verts d’obtenir pour la première fois la première place aux élections dans une ville de plus de 500.000 habitants (avec 25,3%).

Le 28 août 2010, 30.000 personnes ont manifesté contre le projet. Finalement, en l’absence d’un rapport de force plus conséquent, l’État a donc brisé l’occupation du parc. 253 arbres sont donc en train d’être abattus.

Sur les deux photos suivantes, on voit le campement dans le parc, ainsi que le mur autour de la zone de travaux, mur tapissé d’affiches et de feuilles de protestation.

Voici des photos du parc… et de sa destruction.

On notera qu’à la suite de la destruction du parc, des rassemblements de solidarité ont eu lieu hier dans les villes suivantes en Allemagne: Berlin, Hannovre, Magdebourg, Kiel, Düsseldorf, Mayence, Leipzig, Dresde, Erfurt, Potsdam, Freiberg, Mannheim, Aix la Chapelle, Chemnitz, Augsburg, Iéna, Munich, Lunebourg et Wuppertal.

Cela rappelle à quel point en France l’écologie a un faible écho et un faible niveau par rapport à l’Allemagne, ou d’autres pays… Et à quel point il y a la responsabilité de changer cette situation!

Colmatage du puits dans le Golfe du Mexique, alors qu’un rarissime saola est assassiné : tout un symbole de la guerre contre Gaïa

Pour la première fois depuis dix ans on a vu un saola. Sauf que les humains n’ont rien trouvé de mieux à faire que le capturer, et il est mort en captivité…

Et maintenant son corps est étudié par les scientifiques afin de préparer… la captivité des futures « prises »!

Le saola vit au Laos et au Vietnam, il n’a été découvert qu’en 1992, dans le parc national Vu-Quang au Vietnam. On en a vu par la suite une vingtaine, et en 1996 des premières photos ont pu être prises.

Son espèce est à la limite de l’extinction. Aucun saola n’a jamais survécu en captivité (20 ont été capturés jusqu’à présent). On considère qu’il reste moins de 250 saolas. La population Hmong l’appelle saht-supahp, c’est-à-dire l’animal poli, en raison de sa démarche gracieuse dans la forêt.

C’est un véritable symbole que la mort de ce saola (qui a eu lieu à la toute fin août, mais on vient seulement de l’apprendre). Car si l’on associe au colmatage du puits de pétrole dans le golfe du Mexique, qui vient d’avoir lieu, on a un résumé tant de la guerre contre Gaïa que des pseudos solutions que proposent ceux qui mènent cette guerre.

Les saolas disparaissent en raison de l’anéantissement de leur environnement ? La machine à profit dit : mettons ceux qui restent dans des zoos !

Une marée noire ? La machine à profit profite des États et des médias pour étouffer lentement mais sûrement l’affaire. Le gouvernement des États-Unis vient de faire passer ce message au sujet du puits de pétrole de BP dans le Golfe du Mexique:

« Après des mois d’opérations considérables, de préparations et de mises en oeuvre sous la direction des équipes scientifiques et techniques du gouvernement américain, BP a achevé avec succès le puits de dérivation pour l’atteindre et le cimenter à près de 5,5 km sous la surface. »

En clair : circuler, il n’y a rien à voir. Quant aux conséquences des (officiellement) 780 millions de litres de pétrole qui seront passés dans l’océan, l’État et les grandes compagnies s’occuperont de tout…

Quant aux animaux assassinés, ils passeront par pertes et surtout profits! Ici on peut voir une photo de poissons asphyxiés en Louisiane.

Histoire également de bien comprendre l’ampleur du problème, voici une image montrant le nombre de puits dans la même zone.

Ainsi, la menace ne cesse de grandir. En Californie, un pipeline a explosé à San Bruno (l’explosion a provoqué l’enregistrement d’un séisme de magnitude 1,1, et a causé la mort de 7 personnes, détruisant 37 maisons), alors que dans le Golfe du Mexique un incendie s’est déclaré sur une plate-forme pétrolière (Vermilion Oil Platform 380, dont voici une photo).

Les choses ne peuvent qu’empirer : la tendance à la destruction de Gaïa grandit. A partir du moment où il faut davantage de ressources premières pour une course effrénée à l’accumulation, à partir du moment où le critère est le profit qui doit toujours être plus grand, encore et encore…

Alors la planète ne peut plus supporter ce développement anarchique. L’environnement est déséquilibré, avec les conséquences qui vont avec.

Cela, les chercheurs le savent, et plus largement la population aussi. Il manque deux choses pour que les choses changent : une position claire, radicale et sans compromis dans la défense de Gaïa.

Et une génération nouvelle, non corrompue par les habitudes et la tentative de s’accrocher à un monde en train de disparaître. Il est absolument inévitable que les nouvelles générations constatent la destruction en cours de Gaïa, et qu’elles se rebelleront sans commune mesure contre cette destruction.

Le manga « Mother Sarah » pose cette problématique, et l’image suivante résume l’état d’esprit qui prédominera alors.

Les paroles des groupes de musique vegan straight edge reprennent souvent ce principe, qui est qu’une tempête arrive, qu’une génération va briser le cercle infernal de la domination.

Car rien ne peut rester tel quel, tout est obligé de changer, absolument, radicalement. Notre planète est en train d’être assassinée!

Il y a 20 ans, l’attentat contre Judi Bari

Aux USA on célèbre la mémoire de la tentative d’attentat contre des activistes d’Earth first!, dans la nuit du 23 au 24 mai 1990. Évidemment, les responsables de cet attentat n’ont jamais été retrouvés, et l’enquête a été « bâclée. »

Pire encore, les deux personnes sérieusement blessées, Darryl Cherney et Judi Bari, ont été au départ accusées d’avoir placé la bombe ! Alors que l’enquête montrait clairement que la bombe ne pouvait se déclencher que lorsque la voiture était en marche, et était cachée sous le siège du conducteur.

Judi Bari fut d’ailleurs très grièvement blessée dans l’attentat.

En 2002, l’Etat américain a reconnu son erreur et accordé 4,4 millions de dollars aux deux activistes pour avoir empêché leur droit à l’expression et fausse accusation. Mais la criminalisation d’Earth first ! avait alors déjà été menée, et Judi Bari était décédée en mars 1997, d’un cancer du sein.

Il faut savoir qu’il y avait alors un grand mouvement contre la déforestation dans la région de Redwood (voir ici une présentation du parc national de Redwood), en Californie du Nord, et une très grande criminalisation du mouvement Earth first ! Plusieurs centaines de millions de dollars étaient en jeu.

La répression, y compris par de telles actions, n’est donc pas étonnante. Et cela d’autant plus que, contrairement à tous les mythes anti-écolos propagés en France alors (et jusqu’à maintenant même bien souvent), il y avait un engagement social extrêmement fort de la part d’Earth first!

Judi Bari considérait en effet que c’est le capitalisme qui détruisait la nature, et qu’il fallait donc mobiliser les ouvriers. Earth First! a alors même réussi à mobiliser les bûcherons contre leur direction, en montrant comment les programmes géants d’abattage se faisaient également aux dépens des travailleurs.

Judi Bari pensait ainsi que l’écologie passait par le contrôle ouvrier et une industrie décentralisée ; elle prônait ainsi le syndicalisme de type libertaire (les IWW aux USA) avec des revendications écologistes et une affirmation féministe, anti-patriarcale.

Le point de vue de Judi Bari est notamment exprimé dans Revolutionary Ecology, un document qu’il est possible de lire (en anglais) sur cette page. On peut également lire ici un article de Judi Bari concernant la féminisation d’Earth first! Il existe également un site consacré à Judi Bari, et en été 2010 sortira un ouvrage sur la pensée de Judi Bari, « One big union » (un seul grand syndicat).

Il va de soi que tout cela est très intéressant, et qu’il y a beaucoup à apprendre des eco-activistes des USA. Rien n’a plus été faux que la vision qui prédomine en France depuis une vingtaine d’années au sujet de gens courageux mettant tout en oeuvre en défense de notre mère la Terre!

Et notons à ce titre que depuis l’expérience de Judi Bari, on peut aisément voir que l’ampleur du désastre écologique nécessite plus qu’un « seul grand syndicat », et ce alors que de toutes manières un syndicat se focalise forcément sur les luttes économiques immédiates.

Un syndicat ne peut pas mettre en avant une éthique, une culture, il ne peut pas avoir de principes fermes comme la libération animale, sans compter que la libération de la Terre passerait au second plan, derrière les priorités locales.

Mais, dans tous les cas, quelles que soient les options que l’on choisit en faveur de la libération de la Terre, il y a forcément à apprendre de Judi Bari!

Les côtes de Floride menacées par la marée noire

La marée noire dans le Golfe du Mexique a désormais une superficie de 26 341 km2.

A titre de comparaison, l’Auvergne a une superficie de 26 013 km2, et la Bretagne en a une de 27 208 km2.

Et un nouveau danger apparaît désormais: la marée noire risque de passer dans le champ d’action du courant océanique Loop. Ce courant se situe le long de la péninsule de Floride, et justement des boulettes de pétrole ont été découvertes à la station balnéaire de Key West, dans le parc national Fort Zachary Taylor.

Le maire de Key West, Craig Cates, a tenu des propos « rassurants » et à ce titre fort étranges, au sujet de cette vingtaine de galettes de pétrole de 7 à 20 centimètres :

« Nous croyons qu’il est improbable que les boulettes de pétrole proviennent de la fuite du golfe mais nous aurons la confirmation dans deux jours. Si nous sommes préoccupés par la situation actuelle, nous essayons de garder une attitude positive. »

En gros, jusqu’ici tout va bien, après, on verra…

En attendant, le courant Loop fonctionne en fait en boucle dans le Golfe du Mexique, pour finalement prendre la direction de l’Atlantique, par le détroit de Floride.

La marée noire est donc une menace terrible pour la barrière de corail en Floride, la plus grande des Etats-Unis et la troisième de la planète après celles d’Australie et du Bélize.

A ce risque s’ajoute celui d’une catastrophe possible pour les tortues du Golfe du Mexique, dont la saison de la ponte arrive. Officiellement ce sont déjà pas moins de 150 tortues de mer qui ont été retrouvées mortes sur les côtes. ..

Rappelons par comparaison, ce que BP disait dans un document daté du 23 février 2009 et destiné à l’Agence américaine de gestion des ressources minières (MMS) par BP :

« Dans l’éventualité d’une explosion inattendue qui causerait une fuite de pétrole, il est peu probable qu’un impact se fasse sentir, en raison d’un équipement et d’une technologie fiables pour y faire face. »

Faire confiance aux assassins de la planète est une folie: on en a ici une terrible démonstration! Et BP continue d’ailleurs dans l’optimisme béat : désormais, l’arrêt de la fuite est prévu pour la semaine prochaine, grâce à un tuyau installé dimanche à 1500 mètres de profondeur.

BP a en effet réussi, avec son dispositif de siphonage, à intercepter une partie de la fuite : l’équivalent de 2000 barils par jour est désormais pompé. Ce qui est intéressant et déprimant, c’est de voir ici que la semaine dernière encore, BP ne donnait pas de chiffre officiel, tout en distillant en certains cas aux médias que la fuite était de… l’équivalent de 1000 barils par jour.

Donc, BP pompe déjà deux fois plus de pétrole qu’il ne devrait y en avoir selon elle…

Forcé de changer de ligne, BP considère désormais officiellement que la fuite est de l’équivalent de 5000 barils ; toutefois, les experts non liés à BP donnent comme chiffres entre 20 000 et 100 000 barils…

Barbarie ou pas? Un choix à faire

Les choses sont possibles, quand on s’organise. La Terre d’abord par exemple un site tournant à l’énergie solaire. Internet pollue énormément, et il ne serait pas logique de faire un site dont l’hébergement polluerait, alors qu’il est possible de faire autrement. C’est un peu plus cher bien entendu, mais finalement pas tant que cela, et c’est secondaire quand on veut faire bien.

Faire bien, c’est ainsi possible, et à l’échelle d’une société, c’est fantastique. Il suffit de voir par exemple le parc solaire de Lieberose qui a été inauguré (ici une vidéo pour se faire une idée). Situé en Allemagne près de Berlin, ce parc remplace un terrain militaire… Il suffirait de faire pareil.

Sa surface de 162 hectares (soit 210 « terrains de football ») va permettre de donner de l’énergie à 15.000 foyers, soit l’équivalent d’une ville de 45.000 personnes. Les modules solaires sont recyclables, et la centrale électrique fonctionne sans eau, ni émissions dans l’atmosphère ni émission de déchets.

Voilà l’intelligence mise dans le bon sens. A l’opposé de ce qu’on peut voir dans une vidéo mise en ligne par l’association Mercy for Animals, active aux Etats-Unis. La revue Le Nouvel Obs en a parlé aussi. Une équipe a tourné en secret dans la plus grande usine de poules pondeuses de ce pays, où 150.000 poussins mâles se font littéralement liquidés chaque jour.

Dans cette vidéo on voit comment: le tapis roulant les fait tomber dans un énorme hachoir rotatif.

150.000 poussins sur un an. Soit 150.000 fois 365. On a beau s’imaginer, vérifier sur la calculatrice… Cela donne un sentiment étrange.

Le monde va être ce qu’on en fera. Rejoignez la bataille pour la libération animale et la libération de la Terre!