Voici le communiqué du réseau Sortir du nucléaire au sujet du « débat public » (évidemment bidon) qui s’ouvre au sujet du projet de Penly (Seine-Maritime). Une campagne est lancée pour contrer le pseudo « débat » et une conférence de presse a justement eu lieu à Rouen pour lancer cette campagne.
Projet de réacteur nucléaire EPR à Penly : encore un débat bidon!
Le nucléaire nuit gravement à la santé, à l’environnement… et à la démocratie !
Fin mars 2010 s’ouvre le débat autour de la construction d’un réacteur EPR à Penly, organisé par la Commission Particulière du Débat Public (CPDP), débat qui se déroulera jusqu’au 24 juillet 2010.
Le Réseau « Sortir du nucléaire » ne participera pas à ce débat bidon.
En effet, le Réseau « Sortir du nucléaire » considère que cette procédure n’est qu’un simulacre de démocratie dont il n’y a malheureusement rien à attendre. Cette « consultation » ne fait que s’ajouter à la longue liste des débats bidons autour du nucléaire. Une fois de plus, les citoyens sont mis devant le fait accompli !
- A quoi bon débattre quand la décision de construire l’EPR à Penly en Haute-Normandie a déjà été prise un an auparavant par le président de la République [1], au mépris de la démocratie et des conventions internationales [2] ? On peut donc s’attendre à ce que les pouvoirs politiques tirent la conclusion du débat avant même qu’il ait commencé, comme ce fut le cas pour l’EPR de Flamanville [3].
- Lors du « débat » de 2005 sur le premier EPR de Flamanville dans la Manche, EDF s’était engagé à ne construire aucun autre réacteur EPR tant qu’elle n’aurait pas une « expérience d’exploitation » du premier [4]. Or, celui-ci n’est toujours pas en service : EDF trahit donc totalement cet engagement. De plus, les déboires du chantier de Flamanville démontrent à eux seuls que l’EPR est une impasse et devrait être annulé immédiatement.
- Ce prétendu débat constitue en fait un dispositif par lequel l’Etat cherche à canaliser les oppositions, pour obtenir l’acceptation du nucléaire par les citoyens. Pour la Commission qui l’organise, « l’important c’est de participer », mais certainement pas de tenir compte des avis des Français !
En dépit des appels à la participation des citoyens, au royaume de l’atome, le nucléaire reste le fait du Prince ! Le Réseau « Sortir du nucléaire » appelle à dénoncer ce déni de démocratie et rappelle les multiples raisons d’annuler le programme EPR.- L’EPR est une technologie extrêmement dangereuse. Il comporte des défauts connus de longue date [5], et les autorités de sûreté nucléaire finlandaises, britanniques et françaises ont déjà émis de sévères réserves sur sa sûreté [6]. Récemment, le Réseau « Sortir du nucléaire » a révélé des documents internes à EDF attestant d’un risque d’accident grave [7]. Il faut donc arrêter immédiatement la construction de l’EPR à Flamanville.
- Nous rappelons les coûts faramineux de ce réacteur, entièrement à la charge des consommateurs.
- A l’instar de celui de Flamanville, l’EPR de Penly ne répondra à aucun besoin en électricité [8], puisque la France est déjà depuis longtemps en état de surproduction chronique. A investissement égal, les économies d’énergies et les renouvelables créeraient quinze fois plus d’emplois, pérennes et répartis sur tout le territoire [9], et permettraient de lutter de manière vraiment efficace contre le changement climatique.
- Enfin, rappelons que la construction d’un nouveau réacteur retardera la transition vers un système énergétique vraiment sobre et propre, perpétuera la dépendance énergétique de la France [10], accroîtra la probabilité d’un accident nucléaire et entraînera la production de nouveaux déchets, pour lesquels il n’existe aucune solution!
Le Réseau « Sortir du nucléaire » appelle à l’organisation d’actions de protestation lors des réunions du débat pour dire non à l’EPR et pour dénoncer la politique nucléaire de la France.
Fédération regroupant 872 associations très diverses, le Réseau « Sortir du nucléaire » a toujours été attaché au pluralisme du mouvement antinucléaire : nous respectons donc la position de nos membres qui participeraient au débat public pour y faire valoir leurs arguments contre l’EPR.
Notes :
[1] http://www.elysee.fr/documents/index.php?lang=fr&mode=view&cat_id=8&press_id=2274[2] La Convention d’Aarhus, dont la France est signataire, exige que les citoyens soient consultés avant toute décision !
[3] Pour rappel, le 21 octobre 2004, EDF annonçait que le réacteur EPR serait construit sur le site de Flamanville dans la Manche. Le 24 octobre 2005, M. De Villepin, Premier ministre, déclarait « Au vu des conclusions du débat public en cours, EDF construira le premier réacteur EPR à Flamanville. »… et le 3 novembre, le débat public sur l’EPR débutait à Lyon !
[4] http://cpdp.debatpublic.fr/cpdp-epr/docs/pdf/dossier_mo/synthese_dossier_mo.pdf
[5] Les défauts techniques sur la sûreté du réacteur européen à eau pressurisée (EPR), Henrik Paulitz, IPPNW, 2003
[6] http://www.sortirdunucleaire.org/actualites/communiques/affiche.php?aff=633
[7] http://www.sortirdunucleaire.org/actualites/communiques/affiche.php?aff=670
[8] Réponse d’EDF à un intervenant lors du débat THT : « Vous avez par ailleurs raison lorsque que vous précisez que la construction du réacteur Flamanville 3, si le projet est confirmé à l’issue du débat public, n’a pas pour objectif premier de répondre à l’augmentation de la demande d’électricité. » http://www.stop-tht.org/Les-contributions-pour-contre-l.html
[9] Courant Alternatif pour le Grand Ouest, les 7 Vents du Cotentin, 2006
[10] 100 % de l’uranium utilisé dans les centrales françaises est importé.