La situation du procès en Autriche (troisième compte-rendu)

Onze jours de procès ont eu lieu depuis le compte-rendu de son ouverture (voir ici également sa présentation).

La juge a continué de maintenir la pression, de toutes les manières possibles. Il a été demandé à deux personnes accusées si elles pensaient vraiment que la police mentait et trafiquait les emails enregistrés par elle, afin de les charger.

Une personne a également été accusée d’avoir… participé à une manifestation anti-nazie. Accusation à laquelle s’est rajoutée celle d’avoir brisé les vitres d’un local d’extrême-droite.

La juge a également mentionné une manifestation dans un magasin de fourrure, où une personne aurait résisté à la police, mais comme par hasard la vidéo le « prouvant » a été perdue…

Pareillement, une personne est accusée d’avoir scié des abris de chasseurs alors qu’elle était surveillée 24 heures sur 24 par les services secrets, sauf bien entendu le jour où l’action aurait soi-disant eu lieu!

Et la juge ne laisse rien au hasard: elle mentionne toutes les relations qu’il y a pu avoir entre les activistes et les différents groupes, allant jusqu’à mentionner une enquête faite sur une ferme à fourrure en Finlande!

Il faut savoir que dans un même ordre d’idées, le procureur a expliqué que le titre d’un tract « Jäger töten » signifiait « tuer les chasseurs! » alors qu’en réalité il s’agissait bien entendu de: « Les chasseurs tuent »… (les deux phrases s’écrivant pareil en allemand).

Une des personnes accusées a également été attaqué par la juge pour faire des oeuvres d’art… contenant également des slogans, et même exposant ces oeuvres!

Dans ce grand élan anti-activiste, la juge ne pouvait que rappeler les fondements de l’ordre établi. Passant au discours anti-gauchiste, elle a demandé aux deux personnes accusées si elles pensaient qu’en Autriche la police était nécessaire…

Une des autres personnes accusées (à part les deux questionnées donc) a alors provoqué un scandale en lançant: « oui, pour tuer des enfants de 14 ans! » Ce qui est une allusion à un « fait divers » s’étant déroulé il y a quelques mois, où un policier « pris de peur » a tué dans le dos un jeune s’enfuyant alors qu’il cambriolait un supermarché.

Une telle phrase était en tout cas une attaque directe dans un pays où la police jouit d’une certaine manière d’un grand respect (un peu comme la Suisse) ou en tout cas fait grandement peur.

Une autre personne accusée a fait de même, en refusant de répondre à la première question que lui a posé la juge, tant que la croix présente dans la salle ne serait pas enlevée, vue que la religion et le christianisme participent à la domination sur les animaux!

Dans un pays de culture conservatrice et chrétienne comme l’Autriche, cela était aussi sans nul doute un scandale, tout comme la déclaration d’une des personnes accusées de refuser de répondre à quelque question que ce soit!

La juge n’a dans ce cadre pas cessé de réprimander le public dans la salle à l’audience, et d’expliquer qu’elle n’avait jamais rencontré de tels accusés!

Et sa ligne n’a pas bougé d’un iota: elle a demandé pourquoi les personnes accusées conseillaient d’utiliser des emails cryptés, puis elle a remis en avant l’accusation centrale: le fait que se rejoignent en définitive les actions du type campagnes téléphoniques, manifestations, rassemblements devant les logements et les magasins (voir par exemple la vidéo d’une campagne avec un moment Free Hugs, avec la même attitude et la même musique que dans l’original), action illégales…

Les initiatives des activistes sont agressives, et se rattachent inévitablement à la culture illégale. D’où la question (qui comme nous l’avons dit plane au-dessus du procès): que pensent les personnes accusées de l’ALF?

Car pour la juge, il s’agit de montrer que toutes les structures activistes en faveur de la libération animale ne forment qu’une seule même structure terroriste. Elle est allée jusqu’à mettre en avant que reconnaître les « crimes commis » permettrait un allégement des peines…