La fin du « pink slime »

Aucun média français n’en a parlé, et pour cause c’est une nouvelle qui a son importance. La fin du « pink slime » est un exemple parlant de la tentative de faire absolument n’importe quoi avec l’industrie de la viande, et de l’échec de cette tentative.

Commençons par expliquer ce qu’est le « pink slime. » Les termes signifient « glu rose » en anglais et désignent un additif alimentaire employé aux États-Unis fait à partir de « viande » de bœuf.

Enfin et plus précisément, il s’agit de « viande », de graisse, de tendons, de tissus conjonctifs, qu’on a placé dans une centrifugeuse à 38°C afin d’en faire une pâte.

Celle-ci subit un traitement (ammoniac ou bien acide citrique) avant d’être broyée, découpée en blocs, ceux-ci étant surgelés puis rajoutés à de la « viande » hachée ou « transformée ».

Le nom officiel est du « bœuf texturé » mais l’expression « pink slime » a fait boule de neige, après un scandale récent.

Les reportages ont montré en effet qu’aux États-Unis, seul pays où il est employé, le « pink slime » pouvait être ajouté à de la « viande » jusqu’à hauteur de 15%, sans que cela soit précisé ; 70% de la « viande » de bœuf sous forme de steak haché contenait tout récemment du pink slime.

Le résultat en a été une vague de protestation véritablement massive aux Etats-Unis, et un rejet populaire du « pink slime. »

Résultat, fin mars Beef Products Inc. a annoncé qu’elle fermerait 3 de ses 4 usines de « pink slime. »

Dans ces trois usines, (Waterloo dans l’Iowa, Amarillo au Texas, Garden City au Kansas), on produisait 418 tonnes de « pink slime » par jour.

AFA Foods frise la faillite, quant à Cargill, l’entreprise a massivement réduit sa production.

Il y a quelques semaines, la chaîne de magasins Walmart a annoncé qu’elle cessait de vendre des produits avec du « pink slime. » McDonald’s, Burger King et Taco Bell avaient annoncé au début de l’année qu’ils ne l’utiliseraient plus pour leurs « produits. »

Comme on le voit ici, il y a une remise en avant de la « vraie viande » contre le « pink slime », au lieu de comprendre que l’existence du « pink slime » est une conséquence logique de l’existence de l’exploitation animale.

Ce thème est ainsi très présent concernant les cantines des écoles aux États-Unis. Les médias mettent en avant également l’émission de télévision américaine et anglaise « Jamie Oliver’s Food Revolution » où le cuisinier Jamie Oliver vantait en avril la « vraie viande » contre le « pink slime. »

On peut voir la vidéo ici, où on le voit d’ailleurs bomber sur une vache les prix de ses différentes « parties. »

Une manière de contourner et de retourner l’opinion publique qui a pris conscience de toute une partie de l’exploitation animale. Et de mobiliser en faveur de la « vraie viande » – d’ailleurs exactement comme font les magasins bios en France !

Car d’où vient le « pink slime » ? De la course au profit bien entendu.

Les industriels n’ont fait que récupérer le principe des « restes », principe utilisé dans la production de boîtes pour chats et chiens, par exemple.

Pour le « pink slime », l’apport économique était en moyenne de… 3 centimes de dollar sur 190, pour un « produit » faisant 450 grammes.

Ce n’est rien, mais c’est énorme vue la dimension des ventes. D’où l’intervention de politiciens pour tenter de sauver le « pink slime. »

Sont montés au créneau pas moins que trois gouverneurs et deux lieutenants gouverneurs (Rick Sheehy du Nebraska, Terry Branstad de l’Iowa, Sam Brownback du Kansas, Matt Michels du Dakota du Sud et Rick Perry du Texas), lors d’une grande visite organisée d’une usine de production de Beef Products Inc., fin mars.

Mais un tel projet ne pouvait qu’échouer devant la mobilisation populaire.

Qui, espérons le, continuera. Car le « pink slime » ne concerne pas que les bœufs : les poulets sont aussi concernés, pour la production de « nuggets » notamment.

Et il faut avoir conscience d’une chose. Selon des calculs effectués aux Etats-Unis par des gens liés à l’industrie, il faudrait 1,5 millions de bœufs assassinés en plus pour compenser la fin du « pink slime », avec le coût de vente augmentant de 16%.

Ce que cela signifie, c’est toujours plus d’exploitation animale, dans tous les cas… tant que ces choix de société seront dominants !