Il est très courant d’affirmer que l’écologie est, finalement, une préoccupation de bobo. L’idée qu’il y a derrière est que l’écologie est secondaire, qu’il est possible de mettre cela tout à la fin d’une sorte des calendriers des priorités.
Seuls des bourgeois, des oisifs, pourraient avoir le temps et trouver l’intérêt de s’attarder sur l’écologie (ou le véganisme, d’ailleurs). Être écolo, ce serait être un petit-bourgeois…
Une telle conception est absurde et justement une remarque de personne bien à l’aise dans la société, tellement contente de ce monde qu’elle ne se pose aucune question, et tellement de culture libérale, qu’elle ne veut surtout pas de réponses!
Pour preuve de cela on a ici une information diffusée hier par la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD). Cette association mène un combat très important dans le domaine des pollutions radioactives.
Cette information concerne la population, les personnes travaillant, les agents de France Telecom! Ce n’est pas une inquiétude bobo, de petit-bourgeois!
Et on voit bien que dans la démarche ne visant qu’au profit, les dirigeants historiques de cette entreprise, trop pressés de « moderniser » le pays à tout prix, ont tout fait à la va vite au point que là, même un bilan précis est terriblement dur à faire…
Des risques radiologiques non négligeables pour les agents de FRANCE TELECOM.
Il faut améliorer l’information et la protection des agents.Des parasurtenseurs (parafoudres) sont installés sur les lignes téléphoniques à divers points du réseau (chez l’abonné, à la jonction entre le réseau aérien et souterrain, au départ de la ligne au central téléphonique).
Pendant plusieurs décennies, ont été utilisés des parasurtenseurs contenant des sources radioactives. Ces technologies ont été abandonnées à la fin des années 70 mais selon un inventaire préliminaire réalisé en 2002 par France Telecom, il en restait encore entre 700 000 et 1 million sur le territoire français (avec une marge d’incertitude de l’ordre de 50 %).
Compte tenu des questionnements concernant l’impact de ces matériels sur la santé des agents, le syndicat CGT FAPT du Cantal a commandé au laboratoire de la CRIIRAD une expertise portant sur des modèles récupérés par les agents ces derniers mois. Cette étude montre que :
– Le débit de dose bêta-gamma à la peau, au contact de certains modèles au radium 226 peut dépasser 400 fois le niveau naturel (certains modèles contiennent plusieurs milliers [1] de becquerels de radium 226).
– Du tritium (hydrogène radioactif) diffuse à travers certains modèles. Selon la bibliographie l’activité en tritium de certains modèles serait comprise entre 24 Becquerels et 5,2 millions de Becquerels.
– Du radon 222 (gaz radioactif émetteur alpha) diffuse à travers certains modèles contenant du radium 226, en particulier lorsqu’ils sont endommagés.
– Les parasurtenseurs en verre se cassent facilement conduisant à une contamination en radium 226 et descendants au voisinage des appareils.
L’exposition qui en résulte pour les agents reste a priori dans le domaine des très faibles doses mais n’est pas négligeable sur le plan de la radioprotection et peut, dans certains cas, conduire à des expositions supérieures à la dose maximale annuelle admissible.
La CRIIRAD demande :
1 / Que les études commandées par France TELECOM pour reconstituer l’exposition passée des agents aux rayonnements ionisants induits par les parasurtenseurs prennent en compte le problème de la contamination interne : incorporation du tritium et du radon 222 et les risques de contamination par des substances radioactives (radium 226, plomb 210, polonium 210, etc.) lors de la casse des matériels. Dans le cas du tritium (et ce serait à vérifier pour le radon 222), le gaz radioactif s’échappe des parasurtenseurs même lorsque l’enveloppe est intacte. Les rapports officiels analysés par la CRIIRAD ne prennent pas en compte ce phénomène.
2 / Qu’une information complète soit donnée aux agents sur l’identification des différents modèles et les précautions à prendre pour déposer les modèles radioactifs et les entreposer (local ventilé, contrôle du débit de dose au voisinage des containers et de la radioactivité de l’air ambiant).
3 / Que les plans de retrait des parasurtenseurs soient effectivement mis en œuvre rapidement.
[1] A ne pas confondre avec les paratonnerres installés sur les bâtiments et qui peuvent contenir des sources de radium 226 de plusieurs millions voire centaines de millions de becquerels