Samedi dernier les adhérents des Verts et d’Europe écologie devaient souscrire à leur nouveau projet de « parti politique » classique. On pouvait également voter par courrier.
Les premiers résultats sont tombés au moins partiellement et plus de 80% des adhérents ont soutenu ce qui va former les statuts du nouveau parti « écolo » qui naître à la mi-novembre, à Lyon, marquant la fusion d’Europe écologie et des Verts (ou plus exactement la disparition des Verts dans Europe écologie).
En clair, cela signifie qu’Europe écologie devient un « parti politique » institutionnel tout ce qu’il y a de plus classique. Cela se lit aisément, ou justement pas du tout, avec les statuts très compliqués et insupportables.
Nous ne reviendrons pas sur la dimension carriériste du projet. Parlons ici de la place qui est accordée aux animaux. Car logiquement, être écologiste c’est remarquer que les humains ne sont pas les seuls êtres vivants sur la planète…
Dans l’ordre des choses, il faut leur accorder une très grande place. C’est le sens de notre mot d’ordre à LTD : « la planète doit redevenir bleue et verte. »
Bien évidement, un parti institutionnel ne voudra jamais que les villes reculent. Et même les animaux ne peuvent pas se voir reconnus leur existence et leur importance.
En voici la preuve, dans ce qui pourra servir d’argument aux personnes désireuses de critiquer « Europe écologie – les Verts » (ou ce que cela donnera par la suite) sur une base constructive et très claire.
Commençons par le début : on a demandé aux adhérents de soutenir le projet de nouveau parti, en choisissant d’accorder leur confiance à des statuts et un manifeste. Passons les statuts qui sont procéduriers et illisibles (mais qui raviront sans nul doute les personnes de la « protection animale » bac + 5 en droit comme on le respecte dans les beaux quartiers).
Regardons simplement le manifeste, et la référence aux animaux. « La » référence, oui, car il n’y en a qu’une seule…
Elle se situe tout à la fin d’un long listing de « valeurs » et en plus il est parlé de « dignité animale » seulement (en clair : mangeons des cadavres d’animaux, mais bio…) :
(…) liberté de conscience, libertés publiques, égalité des droits et des devoirs entre tous les êtres et tous les genres, en particulier entre les hommes et les femmes, refus de l’oppression et des discriminations, solidarité entre les personnes, les peuples et les générations, équité économique et sociale, dignité inaliénable de chaque être humain, responsabilité, autonomie et libre arbitre, respect des minorités quelles qu’elles soient, impératif de justice, primat du droit et de la démocratie, priorité à l’éducation et à la culture, sollicitude aux autres, altruisme, non violence, laïcité, tranquillité publique, liberté totale à la création artistique, respect de la dignité animale.
En fait, pour être précis, ce qu’on lit ici c’est le passage de la version mise en ligne sur le site d’Europe écologie.
Si par contre on lit le PDF mis en ligne, appelé non pas « Manifeste pour un nouveau cours écologique et social » mais « manifeste pour une société écologique » on peut alors lire à la fin :
« (…) liberté de la création artistique, respect des animaux en tant qu’être vivants et non simples objets de production et de consommation. »
C’est là que se situe le piège. Si on compare les deux, on peut penser : le progrès semble très net. Avant on parlait de « respect » ce qui est très bien mais très flou. La notion de « dignité » elle-même n’est pas définie.
Désormais les animaux sont reconnus « en tant qu’êtres vivants. » Ce qui semble très bien. Sauf que ce n’est pas « très bien » : il s’agit en fait de la même formulation.
Il faut en effet accorder une attention extrême à un mot qui change tout. Revoici la formulation avec ce mot souligné par nous :
« (…) liberté de la création artistique, respect des animaux en tant qu’être vivants et non SIMPLES objets de production et de consommation. »
Voilà le piège. Quand on aime les animaux et qu’on veut les défendre, on pourrait lire que le fait de reconnaître la dignité d’êtres vivants s’oppose au fait de voir les animaux comme des « objets de production et de consommation. »
Sauf que la phrase n’est pas :
« (…) liberté de la création artistique, respect des animaux en tant qu’être vivants et non COMME DES objets de production et de consommation. »
La phrase dit qu’il ne faut pas considérer les animaux… UNIQUEMENT comme des « objets de production et de consommation. »
C’est une véritable entourloupe. Ceci dit cette entourloupe peut être comprise quand on voit que les animaux ne sont mentionnés qu’une seule fois, et encore au bout d’une longue liste de « valeurs » relevant plus du marketing qu’autre chose.
Toutefois, cela souligne qu’il faut faire attention aux mots et à l’approche qui est faite. Cela est vrai pour Europe écologie – les Verts mais également pour certaines structures de « protection animale » qui tentent de gommer les définitions et de se prétendre pour la « libération animale. »
Or, les deux choses n’ont rien à voir. Soit on prend le chemin du « droit » et des institutions, comme Europe écologie (ou des associations pour les droits des animaux, comme One Voice…), soit on choisit le camp de la libération animale!