Ce qui devait arriver est arrivé : il est maintenant quasi officiel que la fuite de pétrole dans le Golfe du Mexique est bien plus importante qu’annoncée.
Ainsi, selon la radio publique américaine, la National Public Radio, il faut considérer qu’il n’y a pas 800.000 litres de pétrole passant dans la mer chaque jour, mais… 11 millions de litres !
La radio se fonde sur une enquête faite à sa demande et réalisée par Steven Wereley, professeur d’ingénierie mécanique à l’université de Purdue. Celui-ci a analysé les images des vidéos fournies par BP et montrant la fuite au fond de la mer.
Voici quelques vidéos de cette fuite, vidéos très impressionnantes :
Même si les calculs de Steven Wereley ont une marge d’erreur de 20% (en moins comme en plus!), et que BP réfute ces chiffres (tout en proposant aucune évaluation officiellement), il est évident que le message commence à être passer à l’opinion publique.
Alors qu’évidemment, les choses étaient relativement claires dès le départ, comme nous l’avions dit. Mais c’est une crise qui s’annonce terrible, et les médias lâchent du lest.
On a pu ainsi savoir que Timothy Crone de l’Université de Columbia, et Eugene Chiang, professeur d’astrophysique à l’Université de Californie, ont obtenu les mêmes résultats que Steven Wereley, avec une méthode différente.
On a également pu entendre dans les médias américains Ian R. MacDonald, spécialiste en océanographie à l’université de Floride, expliquant qu’il fallait multiplier les estimations officielles de la fuite facilement par quatre ou cinq !
Inversement, les experts Richard Camilli et Andy Bowen, de la Woods Hole Oceanographic Institution du Massachusetts, avaient été invités par BP pour évaluer la fuite au moyen de machines sous-marines ultra perfectionnées, puis finalement « décommandés » sans explication.
Il faut dire, les images satellites les plus récentes sont très parlantes…
Pour sa défense, BP explique que sa priorité est le colmatage, pas l’évaluation de la fuite… Le directeur général Tony Hayward a même expliqué au quotidien anglais le Guardian que
« Le Golfe du Mexique est un très vaste océan. Le volume de pétrole et de dispersant que nous y déversons est minuscule par rapport au volume total d’eau. »
Cette phrase restera certainement dans l’histoire. Malheureusement!
Et Obama lui-même a soutenu cette ligne de défense, tout en critiquant les compagnies pétrolières parce qu’il y est obligé devant la pression de l’opinion publique.
Surtout que le débat entre BP (locataire de la plateforme), Transocean (propriétaire de la plateforme), et Halliburton (qui a cimenté la base de la plateforme) a tourné au ridicule, chaque entreprise accusant l’autre d’être responsable de la catastrophe.
Obama a donc fait semblant de s’énerver, en bon showman, tout en cherchant à profiter de la situation pour préparer l’opinion publique. Il a ainsi expliqué « qu’il y a eu des informations différentes ces derniers jours sur l’importance de la fuite », tout en disant que « ce qui est vraiment important, c’est qu’il y a du pétrole qui fuit, et il faut le stopper, le stopper le plus vite possible. »
Comme on le voit bien, il s’agit d’en dire un peu, mais pas trop. Il s’agit de préparer au choc, tout en cherchant à éviter une prise de conscience ! Car justement, au Congrès américain, BP donne des chiffres.
Et ceux-ci sont impressionnants : dans le pire des cas, l’équivalent de la catastrophe de l’Exxon Valdez se réaliserait tous les quatre jours!
Et les réserves de la nappe pétrolière dont part la fuite sont… de l’équivalent de 50 millions de barils de pétrole.
C’est une terrible catastrophe à laquelle nous assistons.
Tout cela montre la vanité de ceux qui prétendent ne s’intéresser qu’à leur entourage, ou à leur propre pays. Il faut avoir une vision globale, à l’échelle de Gaïa!
Il faut un mouvement sans compromis luttant pour la libération de la Terre!
Notons aussi que la catastrophe du Deepwater horizon permet donc paradoxalement une critique auparavant étouffée. Ainsi, le Centre pour la diversité biologique a porté plainte contre le Service de gestion minier (MMS), qui dépend du ministère américain des affaires étrangères.
Le Centre pour la diversité biologique critique l’administration Bush qui a vendu l’autorisation à BP, ainsi que l’administration Obama qui l’a approuvé en avril 2009.
Il accuse l’État américain d’avoir « traité le golfe du Mexique comme une zone sacrifiée », en « oubliant » les autorisations nécessaires sur la protection des mammifères marins, ou bien carrément en faussant les rapports : « Si vous découvrez que les risques sont élevés ou que certaines espèces seront touchées, votre rapport finit dans un tiroir, et ils trouvent quelqu’un d’autre pour le refaire. »
Et le Centre pour la diversité biologique de constater : que se passera-t-il lorsqu’une telle catastrophe arrivera dans l’arctique ? Dans une zone éloignée de tout port, dans une eau glacée, en pleine nuit arctique, dans des conditions donc bien plus dures que dans le Golfe du Mexique?