Une crise qui s’amplifie, au milieu du black out médiatique

[Ajout en tout début d’après-midi : Les dernières informations sont, comme on pouvait le craindre, catastrophiques.

L’enceinte de confinement du réacteur numéro 2 de la centrale de Fukushima 1 « n’est plus étanche. » Le risque d’un nuage radioactif s’agrandit d’heure en heure. La compagnie Tepco qui gère la centrale considère la situation comme « très mauvaise. »

Les réacteurs 4, 5 et 6 posent maintenant également des problèmes. Il y a deux trous de 8 m² dans le bâtiment autour du réacteur numéro 4.

L’état d’urgence nucléaire a été décrété en tout pour dix réacteurs :

– quatre à Fukushima 1 (Daiichi),

– trois à Fukushima 2 (Daini),

– trois à Onagawa.

Le président de l’Autorité française de sûreté nucléaire (ASN), André-Claude Lacoste, a annoncé qu’il fallait considérer l’accident de Fukushima comme étant de niveau 6 (le 7ème étant équivalent à Tchernobyl) : « Nous sommes maintenant dans une situation différente de celle d’hier. Il est tout à fait clair que nous sommes à un niveau 6, qui est un niveau intermédiaire entre ce qui s’est passé (à la centrale américaine de) Three Mile Island (en 1979) et à Tchernobyl. On est dans une catastrophe tout à fait évidente. »

Alain Juppé, ministre des affaires étrangères, a déclaré que le risque nucléaire est « extrêmement élevé. » Le ministre de l’Industrie Éric Besson a changé son fusil d’épaule et explique : « on est sur le chemin d’une catastrophe nucléaire. »]

 

 

[Ajout en début de matinée : On avait jusqu’à présent pas parlé du réacteur n° 4, qui était à l’arrêt pour maintenance avant le tremblement de terre. Un incendie s’est déclaré dans un bassin de stockage de combustible nucléaire usagé ; au bout de quelques heures il a été éteint, mais selon le premier ministre japonais, dans la zone de la centrale « le niveau de radioactivité a considérablement augmenté. »

On notera que pour éteindre l’incendie, il a été fait appel aux forces d’autodéfense (nom de l’armée japonaise) et à l’armée américaine.

Autre information grave : il y a eu encore une explosion dans la bâtiment du réacteur n° 2, faisant quadrupler la radioactivité dans la zone. Celle-ci monte jusqu’à 11.900 microsieverts.

Il est considéré que le réacteur numéro 2 est possiblement abîmé et qu’il y aura très certainement une fuite radioactive.

Fukushima est évacuée. La panique gagne Tokyo, qui sera atteint d’ici une dizaine d’heures par un nuage faiblement radioactif.

C’est une anecdote, mais révélatrice: la bourse de Tokyo a perdu près de 14% en cours de séance, pour finalement revenir à une perte d’un peu plus de 9%.]

Le black out continue et s’approfondit, surtout après la nouvelle impressionnante explosion d’hier matin. Celle-ci s’est déroulée dans le réacteur numéro 3, faisant sauter le toit de l’enceinte de béton. Mais le coeur reste intact… pour l’instant.

Car contrairement aux démentis multiples, ce qui ressort est très clair : dans trois réacteurs, le coeur est « très vraisemblablement » rentré en fusion. L’autorité de sûreté du nucléaire (ASN), un organisme de l’Etat français, le reconnaît lui-même : « La fusion partielle du cœur est confirmée » pour les réacteurs 2 et 3.

André-Claude Lacoste, président de l’Autorité de sûreté du nucléaire (ASN), a même affirmé : « Nous avons le sentiment qu’on est au moins au niveau 5, sinon au niveau 6. »

C’est le réacteur 2 qui apparaît maintenant comme présentant le plus de risques (rappelons par contre que le réacteur 3 contient du MOX, un combustible avec notamment du plutonium). Hier en fin de soirée, il a été rendu officiel que le processus de refroidissement avait échoué et que les barres de combustible étaient de nouveau à l’air libre.

A l’entrée de la centrale, les compteurs de mesure vont jusqu’à 3130 mSV/heure (soit, en une heure, 3130 fois la limite annuelle « normale »).

Expliquons maintenant pourquoi malgré cela, les « experts » peuvent expliquer qu’il ne peut pas, en aucun cas, s’agir d’un second Tchernobyl. Le principe est le suivant : comme l’a expliqué de manière faussement candide Anne Lauvergeon, dirigeante d’AREVA, à Tchernobyl il y avait un réacteur « qui fonctionne et qui explose. »

Comme là au Japon le réacteur s’est arrêté automatiquement avec le tremblement de terre, qu’il n’a pas explosé, alors la formule choc pourrait devoir tomber : rien à voir avec Tchernobyl.

Il y a pourtant un « mais » de taille. En effet, Tchernobyl c’est surtout un nuage radioactif. Or, là, si l’enceinte de confinement cède, on aurait également un nuage radioactif. Cela revient donc au même…

A Tchernobyl il s’agissait notamment d’une erreur de manipulation, à Fukushima l’origine est l’absence répétée et prolongée de refroidissement du coeur du réacteur (d’où une réaction chimique et l’éventuelle fusion du coeur, élevant la pression et risquant de percer la protection, et d’éjecter un nuage radioactif dans le ciel).

La dirigeante d’Areva est donc « gonflée » de prétendre s’étonner de voir qu’il y a « parfois plus d’énervement (en France) que dans l’extraordinaire sang-froid des Japonais » (sic) et d’expliquer que… « Ce n’est pas une catastrophe nucléaire. »

L’argument des pro-nucléaires est qu’en fait, tant que cela ne saute pas, alors ce n’est pas un accident nucléaire !

De la même manière, les pro-nucléaires se moquent de ceux et celles utilisant parfois le terme « fusion nucléaire » car il s’agit en réalité de la fusion du coeur, et non pas d’une fusion nucléaire (en clair, d’une explosion atomique). Ils jouent là-dessus pour dénoncer toute critique, la neutraliser.

Les pro-nucléaires jouent cependant également sur un autre aspect : le temps. Voici le communiqué de l’Observatoire du nucléaire, qui considère sans nul doute justement que si Hulot demande un référendum, alors que sa fondation est sponsorisée notamment par EDF, cela sert en fait les pro-nucléaires, qui disposent de moyens énormes et de relais médiatiques surpuissants:

Observatoire du nucléaire – Communiqué n°2 du lundi 14 mars 2011

Nucléaire : les écologistes qui demandent « un débat » ou « un référendum » n’ont RIEN COMPRIS

La seule chose à revendiquer est la fermeture la plus rapide possible des réacteurs nucléaires

Le gouvernement français n’est pas le seul à ne pas prendre la mesure de l’ampleur du drame nucléaire en cours au Japon : c’est la pire catastrophe nucléaire de tous les temps, au delà même de celle de Tchernobyl, du fait du nombre de réacteurs en perdition.

En effet, de curieux écologistes, tout en reconnaissant la dangerosité extrême du nucléaire, se laissent aller à des revendications d’une incroyable mollesse, en demandant « des débats », ou « un référendum », ou « une sortie du nucléaire en 30 ans ».

La palme est une fois de plus obtenue par Nicolas Hulot, dont la fondation est largement subventionnée par EDF. Cet « écologiste » promu par TF1 se contente de demander… un « grand débat sur le nucléaire ». C’est risible.

De la même manière, des représentants de l’écologie politique demandent une sortie du nucléaire… en 20 ans, 25 ans, ou même 30 ans. Il s’agit d’une véritable forme de négation de la réalité du risque nucléaire puisque cette revendication revient à accepter ce risque pendant encore des décennies.

Par ailleurs, la revendication d’un référendum revient à laisser la main aux pronucléaires qui disposent de moyens gigantesques pour modeler l’opinion publique en agitant le spectre de la pénurie.

Il n’y a pas eu de référendum pour imposer le nucléaire en France, pourquoi en faudrait-il un pour prendre acte de la catastrophe en cours au Japon et décider de sortir du nucléaire ?

Pourtant, les réacteurs nucléaires français arrivent à 30 ans d’âge, la durée de vie prévue à l’origine. EDF se prépare à investir 35 milliards d’euros pour rénover ces réacteurs : il faut d’urgence stopper ce processus et reverser ces sommes dans les programmes alternatifs.

Chacun doit comprendre que tout a changé sur la question du nucléaire : il n’est plus temps de polémiquer sur le prix de l’électricité nucléaire ou sur la supposée indépendance énergétique. Il n’est plus temps de se demander s’il est possible de sortir du nucléaire : c’est possible mais surtout c’est indispensable… et en toute urgence.

C’est à la population de signifier aux dirigeants français, aveugles et sourds, et aux ridicules « écologistes cathodiques » (Hulot, Arthus-Bertrand) qu’ils doivent cesser leurs manoeuvres dilatoires: il faut décider immédiatement de s’engager dans la sortie du nucléaire, fermer dans les jours qui viennent les réacteurs les plus vieux , et programmer la fermeture rapide des autres, par exemple lorsqu’ils arrivent à 30 ans d’âge, c’est à dire leur durée de vie prévue à l’origine.

A vrai dire, on est pas encore arrivé au niveau de Tchernobyl – une telle affirmation reste théorique, justement d’ailleurs parce qu’elle oublie la nature et toutes les personnes humaines mortes des conséquences.

Mais il est vrai qu’il s’agit d’un échec complet pour l’industrie du nucléaire, d’un désaveu plus clair qu’avec Tchernobyl, car là-bas les conditions étaient finalement précaires, alors qu’au Japon c’était sensé être la fine fleur de la technologie.

On voit mal cependant, si les pro-nucléaires ont les moyens de contrer un référendum, pourquoi ils iraient fermer les centrales nucléaires alors qu’ils sont en position de force… Il y a là une contradiction patente.

En fait, les choses sont ainsi : si l’on ne veut pas de nucléaire, alors il faut assumer la libération de la Terre et se confronter à tout le système fondé sur l’exploitation animale. Aucune réforme du nucléaire n’est possible, pas plus qu’aucune réforme de l’exploitation animale, car les intérêts économiques sont bien trop massifs.

Dans la défense de Gaïa, aucune demi-mesure n’est possible… comme on le voit aisément avec l’ampleur de la situation, dans une destruction qui ne cesse de s’accélérer !

Accident atomique, mensonges et eau de mer

[Ajout de milieu d’après-midi : Trois réacteurs de Fukushima sont refroidis à l’eau de mer (et au bore). Au moins le premier a vu son réacteur fondre en partie. Le troisième réacteur contient du plutonium et présente le danger le plus important en cas de fusion.

En ce qui concerne le réacteur numéro 1, s’il parvient à rester confiné, le refroidissement de secours devra durer… au moins deux années ! Des experts, notamment américains, sont en tout cas très sceptiques sur la capacité de la centrale à résister à la panne de refroidissement.

Pour l’instant, 215 000 personnes ont été évacuées, dans un rayon de 20 kilomètres, alors qu’il apparaît que la radioactivité s’est déjà au moins diffusée dans un rayon de 50 kilomètres. Des secouristes munis de combinaison spéciale passent la population locale au compteur geiger pour vérifier si elle est irradiée.

Les informations sont contradictoires au sujet d’une autre centrale, celle d’Onagawa. L’état d’urgence nucléaire y a été décrété, en raison là aussi d’une panne de refroidissement.

Mais, vers 16 heures l’Agence de sûreté nucléaire japonaise a expliqué que la situation était « normale » !

La hausse de la radioactivité dans cette centrale est soit expliquée par une panne de refroidissement, soit par une radioactivité apportée depuis la centrale de Fukushima.]

 

[Ajout en fin de matinée: ce matin, le gouvernement japonais a reconnu qu’il y avait vraisemblablement la fusion de deux coeurs de réacteurs. Edano a ainsi expliqué au sujet du réacteur numéro 1 : « C’est dans le réacteur. Nous ne pouvons pas le voir. Mais on part du principe qu’il y a eu une fusion du coeur du réacteur. »

Au sujet du réacteur numéro 3 : « Nous partons du principe que là aussi il y a eu une fusion du coeur du réacteur. »

On sait maintenant que six des dix réacteurs de Fukushima 1 et 2 se sont retrouvés sans aucun système de refroidissement.

Ce matin, à 8 heures, le gouvernement japonais a prévenu d’une nouvelle explosion à Fukushima 1. Sony a fait distribuer 30 000 radios aux personnes dans les zones concernées, alors que des pastilles d’iode sont distribuées à la population.

200 000 personnes ont déjà été évacuées (rappelons que 390 000 personnes sont également réfugiées, en raison du tremblement de terre).

On a remarqué que dans la préfecture de Miyagi, le taux de radioactivité est 400 fois plus grand que la normale ; on pense que le vent a poussé la radioactivité depuis Fukushima.]

A l’heure où nous écrivons cet article, on est en train d’utiliser… de l’eau de mer comme liquide de refroidissement pour refroidir le coeur du réacteur de Fukushima. Cela est évidemment totalement non conventionnel (d’où le fait qu’on en parle nulle part), c’est totalement improvisé, et cela montre la gravité de la situation!

Voici deux photographies, montrant la centrale avant et après l’explosion d’hier matin:

Et le réacteur numéro 3 a également un problème de refroidissement, et est désormais confronté à la même problématique que le réacteur numéro 1!

Contrairement à ce qui est dit dans les médias français et les « experts » liés à l’Etat français, ce qui est ici en jeu, c’est l’éventuelle fusion du cœur du réacteur nucléaire !

En fait, on pense qu’au moins une fusion partielle a eu lieu. Un tel événement est différent de la gravité de Tchernobyl en 1986 et Three Mile Island en 1979 ; néanmoins, il s’agit d’un incident grave, et surtout il n’est pas terminé, il y a encore le risque de la diffusion très réelle d’un nuage nucléaire.

On notera au passage que parmi les 9 fusions partielles ayant déjà eu lieu, on trouve la centrale française de Saint-Laurent, située entre Orléans et Blois. Une fusion partielle y a eu lieu en 1969 ainsi qu’en 1980, et l’Autorité de sûreté nucléaire a établi un rapport en octobre 2002 expliquant qu’en cas de séisme, il y aurait des problèmes avec le système de refroidissement…

Pour l’instant, 140 000 personnes ont déjà été déplacées. 110 000 ont été sommées de quitter le secteur de la centrale Fukushima 1 et 30 000 celui du secteur de Fukushima 2. Et il faut noter que ce ne sont pas moins de 5 réacteurs où le système de refroidissement est en panne en raison du tremblement de terre !

Selon Asahi TV, déjà 200 personnes ont été contaminées par la radioactivité.  L’Etat japonais distribue également dans les zones concernées de l’iode (afin de saturer la thyroïde en iode non radioactive).

Cette évacuation et cette distribution d’iode tranche avec le discours que l’on entend en France, discours qui est évidemment très différent ce que l’on peut trouver dans d’autres pays !

Il faut tout de même une mauvaise foi énorme pour affirmer, comme le ministre de l’Industrie Eric Besson hier dans une conférence de presse, que c’était « un accident grave mais pas une catastrophe nucléaire. »

Un réacteur en risque de fusion, sans doute en fusion partielle, cela s’appelle une catastrophe, ni plus ni moins, et il suffit de voir ce qui se passe, comme les mesures d’évacuation, pour le constater.

A moins, comme l’industrie du nucléaire le souhaite, que tout cela soit banalisé. On en est quand même à un stade où l’on peut lire aussi « facilement » que cela, dans l’actualité minute par minute du Figaro :

23h05 : L’opérateur d’une centrale nucléaire du nord-est du Japon affirme qu’un autre réacteur donne des signes de problèmes, avec un risque d’explosion.

Charmant ! Tout aussi charmant est la solution mis systématiquement en avant par tous les « experts. » Cette solution est que le nuage radioactif… soit poussé par les vents vers l’océan.

Systématiquement, on a eu droit au coup de l’océan devant servir de dépotoir radioactif ! Et ce depuis Michel Chevalet sur i-télé jusqu’à Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Écologie!

Voici ce que dit par exemple Sophia Majnoni, chargée de campagne nucléaire-énergie de Greenpeace:

«La grande question est maintenant de savoir ce que contient le nuage et où il va se diriger: vers la mer ou vers des zones habitées – et bien au-delà des 20 ou 30 kilomètres évacués. »

André-Claude Lacoste, président de l’Autorité française de sûreté nucléaire (ASN), a la même vision du monde:

« Il semble que la direction des vents éloigne pour le moment une éventuelle pollution vers le Pacifique. »

L’océan comme dépotoir, voilà l’espoir de ceux qui ne comprennent rien à Gaïa, et ce jusqu’à Greenpeace qui, comme on le voit, critique mais ne propose pas une vision du monde cohérente non plus.

La chargée de campagne nucléaire-énergie de Greenpeace s’inquiète pour les populations, mais a exactement la même position vis-à-vis de l’océan : c’est comme si cet océan n’existait pas!

C’est une excellente illustration du manque de réalisme par rapport aux problèmes de notre époque. Ce qui est en jeu, c’est le rapport de l’humanité à la planète. Il ne doit pas s’agir de raisonner de manière anthropocentriste et d’espérer échapper aux problèmes créés par l’humanité elle-même.

Il s’agit d’avoir une autre vision du monde, de comprendre qu’aucune perspective n’existe dans la guerre à Gaïa, dans la négation de son existence, existence dont nous ne sommes qu’une petite partie!

Voici par exemple deux cartes, montrant la zone touchée par le tsunami:

Quant aux photographies des dégâts causés, elles sont très parlantes aussi. La force de Gaïa est énorme, et au lieu de vivre en harmonie avec elle, il y a eu l’aberration de construire des centrales nucléaires dans une zone sismique, de placer une centrale au bord de la mer malgré les risques de tsunami… Tout cela pour maintenir un rythme élevé de course au profit, de destruction!

Le CASTOR doit finir son parcours par la route, avec 25 heures de retard

Hier soir, les CASTOR sont arrivés au terminus de la ligne ferroviaire, et les grosses boîtes remplis de 154 tonnes de déchets vitrifiés ont été chargés sur des camions, dont les conducteurs sont arrivés par hélicoptères. Il reste une vingtaine de kilomètres à parcourir, de Dannenberg jusqu’à Gorleben.

Mais le combat ne s’arrête pas, malgré que 1.000 personnes ont été pour l’instant blessées dans cette campagne anti-CASTOR, dont une grièvement. La très grande majorité des blessures est aux yeux, en raison des gaz et des gazeuses (au poivre) employés par la police.

Et c’est donc dans la nuit froide que 4.000 personnes se sont installées sur les routes, afin de bloquer le convoi. Il y a également de nombreux tracteurs (et de manière bien moins intelligente 1.200 moutons et 500 chèvres).

On peut voir ici une vidéo très bien faite de quelques minutes résumant la lutte menée jusqu’à présent (vidéo montée par Lefvision.de).

Pour l’instant, le convoi a 25 heures de retard, et demain sera donc le dernier jour d’une mobilisation anti-CASTOR qui fera date.

On notera que la sorte de tank de la police attaquée ici est utilisée de manière récurrente, notamment contre le CASTOR, avec déjà d’ailleurs des réponses violentes contre leur utilisation (il s’agit sans doute de modèle de ce genre-ci).

Greenpeace Allemagne a également diffusé un communiqué concernant la radioactivité multipliée par 480 à proximité du convoi… La police a d’ailleurs tenté d’empêcher la mesure de la radioactivité.

Cette radioactivité multipliée par 480 va jusqu’à une distance de 14 mètres du container… et a été noté sur les trois premiers containers.

On notera également de manière intéressante cette dépêche mensongère de REUTERS :

« Nous ne laisserons pas passer le convoi si nous en avons les moyens », a affirmé Eberhard Heise, du groupe français Attac.

Les militants, auxquels se sont joints des dirigeants du parti des Verts allemand, redoutent que Gorleben, conçu comme un lieu provisoire de stockage, ne devienne permanent. Selon Greenpeace, le site ne présente pas de garanties de sécurité suffisantes à long terme.

Car le but n’est pas de rendre plus « sûr » Gorleben, mais bien de sortir du nucléaire… Et les Verts ne sont donc pas les bienvenus, en raison de leur politique… Il est intéressant de voir comment les médias tentent à la fois de relativiser la lutte anti-nucléaire, mais aussi de nier le sens de la démarche: un mouvement par en bas, démocratique…

Appel pour l’action « Trainstopping » !

Stage de grimpe en Ardèche, stage « Radioactivité et radioprotection » à Valence, et un appel très intéressant appelant à mobiliser contre le CASTOR en profitant de l’expérience allemande de blocage… Il y a plein de raisons de se mobiliser, d’apprendre des choses, d’échanger!

Voici la présentation du stage de grimpe:

Stage de grimpe militante

Du 6 au 7 novembre

A Lablachère dans le sud Ardèche dans les gorges du Chassezac.

Stage proposé gratuitement (prêt du matériel) par des formateurs (brevet d’état spéléo, cadre fédéral spéléo). Prévoir l’hébergement et la nourriture.

Le but de cette rencontre est de présenter aux personnes novices le matériel nécessaire à la progression en milieu vertical et périlleux, d’initier aux techniques de remontée et de descente sur corde, aux techniques d’escalade sur structure artificielle (hauteur à partir de 2 ou 3 mètres à + de 25 mètres).
Pour les personnes déjà initiées, les techniques d’équipement de corde sur structure naturelle et artificielle seront présentées.
Stage ouvert aux personnes ayant le vertige pour l’assistance au sol.

Contact : williamcayet (arobase) hotmail.com

Voici la présentation du stage « Radioactivité et radioprotection »:

Stage « Radioactivité et radioprotection »

Lieu : Valence (26)

Stage tout public, aucune connaissance scientifique particulière n’est nécessaire.

9h-13h / 14h-18h à la CRIIRAD, Le Cime, 471 avenue Victor Hugo, 26000 Valence.

Matin :
Notions de base sur la radioactivité : types de rayonnements, radioactivité naturelle, radioactivité artificielle
Détection des rayonnements ionisants et identification des radioéléments Manipulation de divers appareils de mesure

Après-midi :
Effets sanitaires des rayonnements ionisants
Modes d’exposition et risques
Normes et réglementation en vigueur

Possibilité d’achat de radiamètre sur place.

Coût du stage : 45 Euros

Inscriptions : marie-christine.pachoud (arobase) criirad.org

Et voici le très intéressant point de vue du Groupe d’Actions Non-Violentes Antinucléaires pour une mobilisation anti-CASTOR en France:

Appel pour l’action « Trainstopping »

Relai de l’appel :  www.castor-schottern.org

Appel pour l’action « Trainstopping » (“Castor Schottern!”) qui aura lieu entre début et mi-novembre de cette année en Allemagne du nord. L’action promet d’être à la fois la plus excitante action anti-nucléaire en Allemagne depuis des années et en même temps le “cran au dessus” le plus prometteur dans le développement de ce genre d’action ‘massive’ de désobéissance civile (Block G8 à Heliligendamm et les blocages anti-nazi à Dresde au début de cette année).

Mais avant de regarder l’appel [en anglais et non reproduit ici, NDLR] — et peut-être de décider de le diffuser dans vos réseaux — je pense qu’une explication de la signification de ce que nous espérons être capable de faire cesser serait peut-être utile. Si vous aimez l’appel, diffusez le le plus possible. Et bien sûr, si vous avez des questions concernant l’action, contactez nous.

La “renaissance du nucléaire” ?

Le lobby du nucléaire en Allemagne a récemment vu rouge. Alors que depuis des années, il semblait qu’on sortait doucement (trop doucement, c’est sûr) du nucléaire, la récente prise de conscience du ‘Peak Oil’ et de la future rareté de l’énergie, liée à une débat techniciste sur les changements climatiques a conduit à ce que certains ont appelé une ‘renaissance’ du nucléaire.

Il semble que l’industrie ressent que ça pourrait finalement ‘sortir’ du trou des relations publiques dans lequel c’était tombé après Tchernobyl, car les gouvernements du monde regardent vers le nucléaire pour leurs besoins de sécurité énergétique.

Le résultat: un gros coup de pouces pour les grosses entreprises d’énergie et leurs alliés dans les gouvernements pour augmenter l’influence de l’énergie nucléaire, avec une garantie gouvernementale de bénéfice en cas de problème.

Ceci est à la fois anti-social: pourquoi garantir les bénéfices des entreprise gouvernementales de l’énergie si les budgets du social, de l’éducation ou de la santé subissent des coupes budgétaires? ; et anti-écologique: une récente étude d’un think-tank gouvernemental montre clairement que nous voulons un approvisionnement 100% renouvelable en Allemagne.

Le moment d’arrêter l’expansion de l’énergie par le charbon ou le nucléaire est maintenant, pas dans dix ans. L’argument gouvernemental selon lequel le nucléaire est simplement une technologie de transition est clairement faux.

Jamais! Le mouvement anti-nucléaire en Allemagne

C’est ici que nous, les mouvements, entrons en jeu. Pendant 30 ans, le mouvement anti-nucléaire a été un mouvement social parmi les plus forts en Allemagne: pas seulement car il est continuellement capable de créer des actions de masse efficace, impliquant au fil des ans des centaines de milliers de personnes dans des actions directes et de désobéissance civils, mais aussi parce qu’il est ancré dans le ‘bon sens’ commun, dans une majorité populaire, qui est clairement opposé au nucléaire, et pour qui la désobéissance civile et les dépassements collectifs de la loi sont légitimés lorsqu’il s’agit de cette forme d’énergie.

Depuis longtemps, le mouvement a identifié la question du stockage des déchets nucléaire comme un point clef pour faire pression.

Organisé autour d’un emplacement particulier – le potentiel site d’enfouissement des déchets nucléaires à Goleben, un petit village dans la région du Wendland dans le nord de l’Allemagne – le mouvement a cherché a rendre l’élimination des déchets nucléaires si difficile et (politiquement autant que financièrement) coûteuse que l’énergie nucléaire deviendrait finalement non rentable.

Une fois tous les deux ans, avec brutalité, un train rempli à ras bord de déchets hautement radioactifs – les Castor (de l’anglais Cask for Storage of Radioactive Materials, fût/conteneur pour le stockage de déchets radioactifs) – en allant à Gorleben a été le point de rupture pour des actions de désobéissance civile de grande envergure, et Gorleben est devenu l’épicentre d’un mouvement unique en Allemagne qui unit les radicaux de gauche et les groupes autonomes avec des ONGs, des habitants et agriculteurs locaux ainsi que des scientifiques, et avec eux une majorité de la population.

A chaque fois qu’un train est sur les rails, des milliers et parfois des dizaine de milliers de personnes s’organisent pour le ralentir, le rendre plus coûteux, tenter de le stopper.

A chaque fois, le gouvernement doit déployer plus de 30000 flics pour protéger leur dangereuse cargaison.
A chaque fois, ils perdent de leur légitimité, nous en gagnons.

Désobéissance civile: un cran plus loin

Cette année, un autre Castor circulera en Allemagne, probablement comme d’habitude dans la 1ère quinzaine de novembre. Mais cette année, les choses seront différentes.

Pas seulement parce qu’on est dans une période décisionnelle en terme de politiques énergétiques. Mais aussi parce que les mouvements radicaux ont eu ces dernières années, en Allemagne, quelques succès retentissants grâce à des actions de masse de désobéissance civile.

Sous l’impulsion, entre autres, du mouvement Interventionist Left (Gauche Interventionniste) – un réseau de groupes que certains qualifient de ‘post-autonomes’ – l’idée a été, pour l’aile la plus ‘radicale’, ‘militante’ du mouvement de préciser publiquement que nos actions ne visent pas à combattre la police, mais à accomplir des objectifs précis (arrêter une marche nazie, bloquer un sommet du G8).

Cet engagement à la transparence a permis à des groupes plus ‘modérés’ de s’impliquer plus facilement dans des formes d’action dont ils se seraient autrement tenus à l’écart: entrave collective à la loi, désobéissance civile, action directe. Suivant ces tactiques, les mouvements ont organisé en Allemagne, non seulement le blocage efficace du G8 à Heiligendamm, mais aussi l’arrêt de la plus grande marche nazie d’Europe, à Dresde, en février dernier.

Pas en affrontant les flics, mais simplement en rendant possible pour des milliers de personnes de faire un sitting dans la rue dans une atmosphère sereine, et la police ne s’est évidemment pas sentie prête à simplement dégager la rue (ici, le mot clé est ‘légitimité’).

Gardant ces expériences en tête, nous prévoyons d’aller plus loin pour l’action Castor de cette année.

Compte tenu de l’histoire et de la légitimité du mouvement anti-nucléaire, nous appelons ouvertement les gens à s’organiser, non pas pour ‘seulement’ occuper les chemins de fer, ou les rues – mais pour saboter la voie ferrée, pour carrément démanteler l’infrastructure de la folie permanente des politiques énergétiques capitalistes.

Sur ce combat, il s’agit de l’industrie nucléaire. Mais si ça réussit, nous aurons étendu le concept de désobéissance civile en Allemagne au delà de l’occupation par sitting. Cela signifiera, une fois de plus, résister.

Parasurtenseurs et pollutions radioactives

Il est très courant d’affirmer que l’écologie est, finalement, une préoccupation de bobo. L’idée qu’il y a derrière est que l’écologie est secondaire, qu’il est possible de mettre cela tout à la fin d’une sorte des calendriers des priorités.

Seuls des bourgeois, des oisifs, pourraient avoir le temps et trouver l’intérêt de s’attarder sur l’écologie (ou le véganisme, d’ailleurs). Être écolo, ce serait être un petit-bourgeois…

Une telle conception est absurde et justement une remarque de personne bien à l’aise dans la société, tellement contente de ce monde qu’elle ne se pose aucune question, et tellement de culture libérale, qu’elle ne veut surtout pas de réponses!

Pour preuve de cela on a ici une information diffusée hier par la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD). Cette association mène un combat très important dans le domaine des pollutions radioactives.

Cette information concerne la population, les personnes travaillant, les agents de France Telecom! Ce n’est pas une inquiétude bobo, de petit-bourgeois!

Et on voit bien que dans la démarche ne visant qu’au profit, les dirigeants historiques de cette entreprise, trop pressés de « moderniser » le pays à tout prix, ont tout fait à la va vite au point que là, même un bilan précis est terriblement dur à faire…

Des risques radiologiques non négligeables pour les agents de FRANCE TELECOM.
Il faut améliorer l’information et la protection des agents.

Des parasurtenseurs (parafoudres) sont installés sur les lignes téléphoniques à divers points du réseau (chez l’abonné, à la jonction entre le réseau aérien et souterrain, au départ de la ligne au central téléphonique).

Pendant plusieurs décennies, ont été utilisés des parasurtenseurs contenant des sources radioactives. Ces technologies ont été abandonnées à la fin des années 70 mais selon un inventaire préliminaire réalisé en 2002 par France Telecom, il en restait encore entre 700 000 et 1 million sur le territoire français (avec une marge d’incertitude de l’ordre de 50 %).

Compte tenu des questionnements concernant l’impact de ces matériels sur la santé des agents, le syndicat CGT FAPT du Cantal a commandé au laboratoire de la CRIIRAD une expertise portant sur des modèles récupérés par les agents ces derniers mois. Cette étude montre que :

– Le débit de dose bêta-gamma à la peau, au contact de certains modèles au radium 226 peut dépasser 400 fois le niveau naturel (certains modèles contiennent plusieurs milliers [1] de becquerels de radium 226).

– Du tritium (hydrogène radioactif) diffuse à travers certains modèles. Selon la bibliographie l’activité en tritium de certains modèles serait comprise entre 24 Becquerels et 5,2 millions de Becquerels.

– Du radon 222 (gaz radioactif émetteur alpha) diffuse à travers certains modèles contenant du radium 226, en particulier lorsqu’ils sont endommagés.

– Les parasurtenseurs en verre se cassent facilement conduisant à une contamination en radium 226 et descendants au voisinage des appareils.

L’exposition qui en résulte pour les agents reste a priori dans le domaine des très faibles doses mais n’est pas négligeable sur le plan de la radioprotection et peut, dans certains cas, conduire à des expositions supérieures à la dose maximale annuelle admissible.

La CRIIRAD demande :

1 / Que les études commandées par France TELECOM pour reconstituer l’exposition passée des agents aux rayonnements ionisants induits par les parasurtenseurs prennent en compte le problème de la contamination interne : incorporation du tritium et du radon 222 et les risques de contamination par des substances radioactives (radium 226, plomb 210, polonium 210, etc.) lors de la casse des matériels. Dans le cas du tritium (et ce serait à vérifier pour le radon 222), le gaz radioactif s’échappe des parasurtenseurs même lorsque l’enveloppe est intacte. Les rapports officiels analysés par la CRIIRAD ne prennent pas en compte ce phénomène.

2 / Qu’une information complète soit donnée aux agents sur l’identification des différents modèles et les précautions à prendre pour déposer les modèles radioactifs et les entreposer (local ventilé, contrôle du débit de dose au voisinage des containers et de la radioactivité de l’air ambiant).

3 / Que les plans de retrait des parasurtenseurs soient effectivement mis en œuvre rapidement.

[1] A ne pas confondre avec les paratonnerres installés sur les bâtiments et qui peuvent contenir des sources de radium 226 de plusieurs millions voire centaines de millions de becquerels

Comment le recyclage de l’acier disperse de la radioactivité

Sur le site de la revue des businessmen français « L’Expansion », on trouve deux articles très intéressants: Comment le recyclage de l’acier disperse de la radioactivité et Le périple du métal irradié, de la décharge au produit fini.

Par appât du gain, les industriels réutilisent le métal irradié, qui peut se retrouver dans des objets utilisés tous les jours: à la cuisine, dans l’ascenseur, sur soi… du bouton d’ascenseur au sac à main. « Carcasses de voitures, électroménager, emballages métalliques, déchets électroniques, rien ne se perd, tout se récupère. »

Et l’article – la revue est lue uniquement dans la bourgeoisie « sérieuse » – n’hésite pas à expliquer la gravité de la situation…

A noter également un article de 2002, Sur la piste de mon bifteck, assez édifiant et instructif sur la « rationalité » de la boucherie…