Récit du 16 février 2019

AVA Bretagne a publié un communiqué pour présenter les faits du 16 février, jour terrible où un de ses activistes s’est retrouvé dans le coma suite à une agression. C’est là un message très important, car au silence médiatique s’est ajoutée une campagne de désinformation. Libération a par exemple publié, dans ses pages « Checknews », un article intitulé Un militant anti-chasse est-il dans le coma après avoir été frappé par un chasseur ?, modèle d’absence de déontologie, avec strictement aucune recherche et une acceptation ouverte du point de vue des chasseurs ou des gendarmes.

Nous appelons évidemment à diffuser ce communiqué, ainsi qu’à soutenir AVA, mieux, à protéger AVA, qui est concrètement un véritable brise-glace démocratique de la question du rapport aux forêts et à leurs habitants. Et il y a une véritable réflexion de fond à avoir quant à la terrible violence des chasseurs. Il ne s’agit pas simplement de constater la brutalité de ceux qui font de l’utilisation des animaux une source de profit, que ce soit dans les cirques, les boucheries ou encore les corridas. Il faut bien en voir le caractère fondamentalement patriarcal, la perspective radicalement opposé à la Nature, le culte de la conquête et de la soumission, le cynisme et l’indifférence.

Voici le récit complet des évènements qui ont précédé l’hospitalisation de notre camarade Frédéric, ce samedi 16 février 2019, tel que raconté par des témoins directs. A l’heure où nous écrivons ces lignes, il est toujours plongé dans le coma, cela depuis 11 jours. Pendant ce temps, une campagne écœurante orchestrée par la Société de Vénerie fait rage, et tous leurs relais dans la presse et les institutions semblent mobilisés pour protéger leurs intérêts.

Le mensonge semble érigé en système de défense chez les veneurs, ce qui est la dernière arme d’une pratique indéfendable et rejetée par 84 % des Français. 11H00. Alors que deux voitures viennent déposer des citoyens du collectif AVA à l’entrée de la forêt du Gâvre, qui comptent comme d’habitude militer pacifiquement contre la chasse à courre, une voiture avec à son bord quatre membres de l’équipage de Monsieur Mickaël P. arrive elle aussi. Frédéric H. vient de sortir par la porte avant-droite de son véhicule, lorsque Mickaël P., très en colère, surgit du sien, fonce sur ledit véhicule AVA, en arrache l’essuie-glace arrière, puis se précipite sur la porte arrière-droite de la voiture pour l’ouvrir.

Frédéric H. met alors sa main sur son épaule pour tenter de le retenir. Monsieur P. se retourne et lui assène aussitôt plusieurs coups de poing au visage, cassant ses lunettes et occasionnant une hémorragie nasale importante.

Jimmy N. accourt pour porter secours à Frédéric H. et reçoit plusieurs coups, Mickaël P. essayant de lui arracher sa caméra.

Les militants d’AVA subissent ensuite des pressions pendant un long moment, entourés de suiveurs qui les provoquent et les insultent. Frédéric H. est particulièrement ciblé, les veneurs ne le lâchant pas et ne cessant de le provoquer, à tel point qu’une partie de ses camarades juge nécessaire de le mettre en sécurité dans un véhicule, puis de quitter la forêt.

Des veneurs les suivent en voiture jusque dans un centre commercial à des kilomètres de la forêt, contraignant les amis de Frédéric à solliciter la protection d’un vigile, qui met les poursuivants dehors.

Vers 15H30, Frédéric H. se présente à la gendarmerie de Blain pour y déposer plainte. On lui demande de revenir le lendemain avec un certificat du médecin.Ses camarades, qui l’accompagnent pendant l’après-midi, notent que le nez de Frédéric H. se remet à saigner plusieurs fois et que son hématome au front se colore peu à peu de violet.

Frédéric H. quitte ses camarades vers 16H30 pour aller chercher de l’essence. Il devait retrouver certains d’entre eux plus tard, mais n’est jamais arrivé à destination. Selon les informations portées à notre connaissance, il se serait écroulé vers 17H45 sur la voie publique, vomissant du sang.Frédéric H., souffrant de graves lésions et d’un œdème cérébral, a été pris en charge par les pompiers et transporté aux Urgences de Redon, puis placé sous coma artificiel et transféré vers minuit au Service Réanimation Chirurgicale de Pontchaillou, à Rennes.

Vendredi 21 février 2019 au soir, soit quelques heures après l’annonce de l’état de santé de Frédéric, Jimmy N. est victime de ce qui ressemble fort à une expédition punitive, en pleine rue et devant témoins, à Rennes. Il a également été transporté par les pompiers aux Urgences Médico-Chirurgicales de Pontchaillou, qui ont constaté de multiples blessures.

L’un des deux auteurs a été formellement identifié comme étant Arthur M., membre de l’équipage de Mickaël P. déjà impliqué dans les faits du 16.

Compte tenu des difficultés rencontrées par la famille de Frédéric H. et par Jimmy N. auprès des gendarmeries respectives de Blain et de Guémené Penfao, les plaintes ont été déposées par Me Angélique Chartrain, Avocate, directement entre les mains du Procureur de la République de Saint-Nazaire, notamment pour violences aggravées et harcèlement.

Ceci étant posé, nous déplorons, dans toute la France, une escalade dans la violence des veneurs à l’encontre des militants pacifistes d’AVA, qui ne font qu’exercer leurs libertés les plus strictes d’aller et venir, se rassembler, exprimer leur opinion et informer la population.Rien qu’en Bretagne et en Loire-Atlantique, une trentaine de plaintes ont été déposées cette saison, sans compter celles qui ont été abusivement refusées par des gendarmes ou OPJ ainsi que celles qui n’ont pas été déposées par dépit ou lassitude.

Nous nous interrogeons aussi sur le rôle de certains gendarmes et la préservation du secret de l’enquête, la Société de vénerie évoquant sur les réseaux sociaux un « rapport de police », alors que nul n’est censé avoir accès à des éléments de l’enquête avant la clôture de celle-ci. De même, le Capitaine de gendarmerie de la compagnie de Châteaubriant, Bruno Perochaud, non chargé de l’enquête, a fait de multiples déclarations sur les circonstances supposées des faits, certaines allant à l’encontre de témoignages directs et d’éléments concrets en notre possession.

En tout état de cause, nous n’entendons pas nous laisser intimider et sommes plus que jamais déterminés à mettre tout en œuvre pour que les auteurs, qui semblent animés tant par le sentiment d’impunité que la vindicte, répondent de leurs actes devant les tribunaux.

Soyons tous unis face à la terreur, demandons justice pour Frédéric ! ABOLISSONS LA CHASSE A COURRE ET LA VIOLENCE QU’ELLE REPRÉSENTE !

Document : la vénerie sous terre

Voici un nouveau document, dans l’esprit de ceux mis en ligne récemment. Il traite de la vénerie sous terre, et au-delà de l’aspect des connaissances, il peut et doit s’agir de la perspective de l’ouverture de nouveaux fronts de lutte. Il ne faut pas tant copier ce qui fonctionne, qu’en saisir la substance et lancer de nouvelles batailles.

vènerie sous terre
(PDF)

Chasse à courre : la brutalité des chasseurs

Voici la vidéo que fournit l’association AVA pour montrer la violence des veneurs en Picardie, ainsi que le communiqué des veneurs, qui montre une chose simple : ceux-ci font monter la pression, ils visent la casse, l’incident brutal, pour faire peur par la brutalité, briser toute opposition, légitimer la répression étatique puisque, à l’arrière-plan, ils ont le soutien ouvert d’Emmanuel Macron.

Soulignons ici un aspect essentiel : les chasseurs ont parfaitement compris ce qui est en jeu, dans ce qui est un tournant historique. Ils ont compris que là, pour la première fois, leur force était ébranlée, par une lame de fond puisant à la base de la société elle-même : les gens normaux, le peuple.

Se revendiquer du véganisme et ne pas soutenir le mouvement actuel contre la chasse à courre, qui a une base populaire, serait un terrible échec, amenant une défaite profonde très durablement, mais aussi la preuve d’une incapacité personnelle à assumer ses propres choix.

Il faut s’engager, maintenant, alors que la mairie de Compiègne a interdit le rassemblement du 31 mars, moment où la chasse à courre se termine. Ce qui se joue maintenant va avoir un impact pour une longue période !

Il faut se mobiliser pour contrer la répression, maintenir le mouvement lancé jusqu’à maintenant, lui assurer une base solide. Les dix prochains jours ont une valeur décisive pour savoir si, oui ou non, les personnes voulant défendre les animaux sont capables de se mobiliser réellement ou non.

Voici le communiqué de la « Société de Vènerie ».

La Société de Vènerie dénonce le recours à la violence physique des opposants à la chasse à courre

A la suite des incidents provoqués par le collectif AVA samedi 17 mars, à proximité de Compiègne, la Société de Vènerie dénonce le recours à la violence physique, les provocations et le double-discours des opposants à la chasse à courre.

Samedi 17 mars, le collectif Abolissons la Vènerie Aujourd’hui (AVA) a franchi une nouvelle étape en s’attaquant physiquement à plusieurs membres de l’équipage « La Futaie des amis » en lisière de la forêt de Compiègne.

Au cours de l’après-midi, une dizaine d’hommes cagoulés ont frappé violemment un chauffeur d’un des véhicules de sécurité de l’équipage. Une heure plus tard, aux abords de la N31, les activistes anti-chasse ont réitéré leurs attaques envers plusieurs suiveurs et bénévoles venus assister à la chasse en famille, dont certains ont tenté de se défendre. L’équipage a appelé en urgence la gendarmerie qui est intervenue, accompagnée de CRS, pour rétablir l’ordre et assurer la protection des personnes. L’auteur des coups est actuellement recherché.

Ces agissements sont graves et illustrent le passage à la violence de ce collectif soi-disant pacifiste. Preuve qu’il ne s’agit pas d’un cas isolé, des activistes anti-chasse avaient également employé la violence contre le Rallye Pigerat le 3 mars dernier dans les Deux-Sèvres, occasionnant des blessures sur plusieurs membres et une ITT de 8 jours pour un veneur.

Présents chaque semaine dans l’Oise, les militants d’AVA mènent depuis plusieurs mois une campagne de harcèlement marquée par une volonté de saboter les chasses à courre, avec des obstructions illégales et flagrantes, réprimées par l’article R428-12-1 du Code de l’Environnement. La tactique grossière des activistes anti-chasse visant à se faire passer, sur les réseaux sociaux notamment, pour des victimes et des opprimés politiques ne doit duper personne. Menaçants et insultants, ils kidnappent les chiens, effrayent les chevaux et cherchent à pousser les veneurs à la faute, afin de créer un climat anxiogène propice à la diffusion de leurs contre-vérités.

Activité naturelle consistant à chasser un animal sauvage uniquement à l’aide de chiens courants, la chasse à courre est, quant à elle, une activité légale et rigoureusement encadrée.

Comme le rappelle Pierre de Roüalle, président de la Société de Vènerie, « Quelle que soit l’opinion des militants anti-vènerie, elle ne peut en aucun cas justifier le recours à la violence physique et le sabotage. La Société de Vènerie appelle au calme en toutes circonstances et ce malgré les provocations évidentes d’AVA. Mais veneurs et suiveurs supportent de plus en plus difficilement le harcèlement des activistes et cette position devient difficile à tenir ».

Prônant la transparence, la Société de Vènerie se tient à disposition des autorités pour faire toute la lumière sur cette affaire.

Succès du rassemblement anti-chasse à courre du 28 octobre 2017

C’est certainement la première fois en France que des gens « normaux » interviennent dans la société en faveur des animaux, en s’appuyant uniquement sur leur propre réalité, leur propre vécu, « en toute âme et conscience ».

Il est vrai que la chasse à courre est quelque chose de profondément odieux, prétexte à un haut-le-cœur. Toutefois, c’est une activité existant depuis bien longtemps, portée par les notables si puissants qu’ils en sont intouchables. Cela rend d’autant plus difficile de s’y opposer.

Le rassemblement du samedi 28 octobre 2017 à Saint-Jean-aux-Bois en Picardie est-il alors exemplaire ? Il a ceci de profond, en tout cas, qu’il exprime une réalité diffusée parmi les gens « normaux » et on est tout à fait libre de l’opposer au « substitutisme » de l’association 269 qui a, le même week-end, planté des tentes sur un abattoir pour exiger l’abolition de la viande.

Le contexte était, qui plus est, particulièrement tendu en raison d’une chasse à courre qui, le samedi précédent (le 21 octobre), avait pris un tournant frappant profondément l’opinion publique.

A cette occasion, en effet, un cerf pourchassé s’est retrouvé dans une rue pavillonnaire à Lacroix-Saint-Ouen, se réfugiant dans le jardin d’une propriété privée.

Or, la commune avait pris des mesures contre la chasse à courre sur son territoire ; dans toute la zone en effet, il est courant que les chasseurs viennent achever les animaux jusque dans les communes, se croyant par ailleurs tout permis en général. L’opposition est faible, mais existante dans certains endroits, on est tout de même en 2017…

Les chasseurs étaient donc dans l’illégalité et les gendarmes se sont mis de la partie. Ils ont sécurisé la zone, donnant carte blanche aux chasseurs. Ceux-ci, après avoir frappé longuement l’animal, à coups de fouet notamment, pour essayer de le faire fuir, ont décidé de l’abattre.

Les gendarmes ont alors prétendu avoir l’accord de la propriétaire des lieux, ce qui s’avéra par la suite être un mensonge ! C’est d’autant plus choquant que les propriétaires sont contre la chasse à courre…

Sauf que cette fois, il y a une résistance à l’arbitraire et à la soumission aux puissants. Les gens ont réagi, des militants de l’association Abolissons la vénerie aujourd’hui (AVA) ont filmé la scène et diffusée l’information. Les réactions ont été extrêmement fortes sur le plan de la sensibilité.

Les chasseurs, membre de l’équipage des veneurs de la Futaie dirigée par Alain Drach, se sont alors fait taper sur les doigts par leurs instances, avec interdiction pour quelques semaines de continuer à pratiquer leur activité.

C’est que l’enjeu est grand. La chasse à courre, c’est en France 450 équipages, mobilisant 10 000 chasseurs, 100 000 suiveurs, 20 000 chiens, 7 000 chevaux, pour totaliser 15 000 chasses du 15 septembre au 31 mars. Il s’agit pour ces gens de protéger leur activité, de la masquer le plus possible.

Mais cette opération de communication n’a pas suffi, Alain Drach recevant moult menaces de la part de gens écœurés et donc, de manière bien plus pertinente car relevant du concret et non de simples messages sur internet, il y a eu le rassemblement du 28 octobre.

Ce rassemblement, qui s’est déjà tenu par le passé, cible la messe annuelle des veneurs, où les chiens et les chevaux sont « bénis » par l’Eglise catholique. C’est terriblement révélateur de la nature arriérée de la religion, chargée de maintenir l’esprit de privilèges et de soumission. Il n’y a ici nul hasard et les gens qui apprécient le message de l’évangile doivent bien comprendre ici que leur exigence de compassion ne doit pas passer par la religion, mais justement par le véganisme…

Pourquoi freiner sa sensibilité, la limiter à une prière au lieu de la réaliser ? Au-delà des mots, c’est l’esprit qui compte, et sa capacité à intervenir dans un choix assumé.

C’est certainement le sens de la mobilisation des 400-500 personnes le 28 octobre, des gens « normaux ». Il y avait des personnes véganes, bien entendu, faisant partie de la population de ces gens « normaux », quoi de plus normal ? C’est là leur rôle, leur devoir.

Mais il s’agissait donc de gens vivant là-bas. N’est-ce pas le sens de la démocratie, par opposition à la misanthropie et l’élitisme?

C’est le contraire du rassemblement organisé par 269 life France une semaine auparavant. Tentant de faire un hold up sur l’opposition locale à la chasse à courre (la mort du cerf n’était pas connu au moment de l’annonce du rassemblement), 269 life France a fait venir une cinquantaine de personnes de Paris, Lille, Angers, Rennes…

Avec le soutien de CCE2A, CACC, PETA, ADA, La voix des loups, L214, One Voice, La voix des Lévriers, Respectons, Société anti-fourrure, l’ASPAS… Tout cela pour rien, à part bloquer le passage des bus.

Cela en dit long sur le caractère purement velléitaire, substitutiste, de telles initiatives coupées des gens « normaux ». Au lieu de combiner radicalité et travail chez les gens normaux, on a la misanthropie et la posture. D’ailleurs, il y a bien entendu eu la tentative de réaliser un hold dup sur le rassemblement du 28 octobre. Cela a heureusement échoué.

La situation était par ailleurs déjà compliquée comme cela, puisque le sous-préfet a interdit toute circulation et manifestation à Saint-Jean-aux-Bois, forçant le rassemblant à se déplacer en périphérie. Puis, les chasseurs ont diffusé la rumeur selon laquelle la messe voyait sa date repoussée.

Mais il faut croire que la mobilisation avait un ressort tel que les digues ne pouvaient que céder. Les gendarmes ont accepté que le rassemblement quitte l’horrible parking pour traverser la ville vers une place d’esprit plus champêtre…

Ce qui a donné un cortège de 400-500 personnes, d’esprit bon enfant mais décidé, notamment en passant devant l’abbatiale, où fut lancé le slogan « il est où Alain, il est où ». Allusion au chef d’équipage Alain Drach, mais également Guy Harlé d’Ophove, dont nous avons déjà longuement parlé ici, et qui la veille fanfaronnait encore dans Le Parisien comme quoi jamais rien ne serait annulé…

Les gens ont alors mangé des gâteaux (végétaliens comme il se doit), certains quittant les lieux afin de se précipiter au Plessis Brion, où des membres d’une chasse à courre se lançait après une messe dans leur sinistre activité, le cerf échappant heureusement à leur envie de tuer…

L’équipage a mis en ligne les photos de la messe et de la chasse, avec des photos édifiantes du plus pur style grand bourgeois, tiré à quatre épingles dans un esprit féodal et clérical.

Ces gens de la haute bourgeoisie sont secs, froids, sans coeur, sans esprit ; les gens qui les suivent sont obséquieux, sans âme. C’est une sorte d’allégorie des hiéarchies sociales à l’échelle de la société, avec tout ce que cela signifie en termes de cynisme et d’indifférence.

Cela réconforte de voir autre chose! Non pas que le rassemblement du 28 octobre soits une fin en soi : l’objectif est la fin de la chasse à courre et il ne s’agit jamais de faire de l’autosatisfaction. Cependant, c’est une bonne leçon comme quoi avec un travail de fond et une confiance en les gens, on avance.

C’est pour cela que sur LTD, nous adoptons le symbole des deux marteaux. Le véganisme réel ne passe par la fausse radicalité bobo, mais par l’ancrage dans les gens, car les gens veulent le véganisme, ils veulent la compassion.

Ils veulent un monde meilleur, différent, sauf qu’ils sont prisonniers de valeurs erronées pour beaucoup et d’un rapport au quotidien qui n’est pas naturel. Il faut donc savoir être ferme sur les principes, tout en aidant les gens à avancer.

C’est en ce sens qu’on peut bien dire : la tempête arrive. La libération animale est une démarche inéluctable pour la grande majorité des gens comprenant le besoin de se transformer et de transformer une société dénaturée !

La vénerie vue en 1900

Nous sommes en 1900, il y a bien plus de cent ans, et Lucien Boppe (1834-1907), qui fut Directeur de l’École nationale des eaux et forêts (École forestière),à Nancy, publie un ouvrage sur la chasse et la pêche en France.

Voici la présentation qu’il fait de la chasse à courre. Aussi absurde que cela soit, il faut comprendre la nature de ce phénomène barbare, car il existe encore dans notre pays… Quelle folie!

On notera que Lucien Boppe cherche à avoir un point de vue « neutre », ce qui rend le document justement très intéressant, car il est en quelque sorte conforme à l’objectivité de l’idéologie dominante.

Il reflète une approche froide, très 19ème siècle, à la fois scientifique mais en même temps réductrice.

Pour l’anecdote qui a son importance, Lucien Boppe a également écrit sur la sylviculture et il s’est largement engagé pour la protection de la futaie des Clos, dans la forêt de Bercé, dans la Sarthe.

La question arriva en 1907 à la Chambre des Députés et le ministre de l’agriculture annonça son accord pour la protection, un chêne étant nommé par la suite du nom de Lucien Boppe. Touché par la foudre, la souche y est encore symboliquement préservé.

La vénerie

En première ligne se place la chasse à courre, à cor et à cris. C’est la chasse française par excellente, qui fut instituée jadis à l’égal d’une profession d’État, avec tout le luxe et le pompeux attirail que comportaient les plaisirs royaux : la vénerie en un mot.

On compte encore en France des veneurs émérites et des équipages de premier ordre. Le courre du cerf est resté le type de ce sport somptueux.

Il exige un nombreux personnel et se pratique à grand renfort d’auxiliaires : chevaux et chiens.

Chaque chasse prend l’éclat d’une fête où rien ne manque à la mise en scène : maîtres, invités, valets portant la livrée et le bouton de l’équipage.

On se propose pour objectif de ne chasser, pour le prendre, qu’un animal dont l’espèce et l’individu sont déterminés à l’avance. Le succès dépend de la quête du limier, puisque c’est lui qui sert à détourner le cerf dans le buisson, où il est rembuché.

Le limier doit avoir le nez fin et suivre juste. Il marque chaque foulée sans bruit et sans abois; an piqueur à débrouiller si telle est la vraie voie du gibier qu’il cherche. Sa besogne faite et à l’heure dite, le piqueur se trouve au rendez-vous, où il fait son rapport détaillé.

Si le mettre de l’équipage juge qu’on tient une bonne piste, il prend de suite ses mesures pour l’attaque et proportionne les moyens d’action à la résistance probable et à la difficulté du terrain.

Tout d’abord, on foule l’enceinte avec quelques chiens, les plus vieux et les plus lents, pour faire le rapprocher et le lancer; en même temps, on poste du monde sur la refaite probable pour chercher à voir l’animal par corps et être bien sûr que le piqueur a dit vrai.

Alors seulement on découple la meute. La voie est chaude et les premiers coups de gueule des chiens excités par la fanfare éclatent sous les grands bois et se répercutent dans les lointains comme les échos d’une puissante symphonie.

A partir de cet instant, la chasse est poussée à fond ; c’est une lutte de vitesse dont le grand train est entretenu par des relais plusieurs fois renouvelés. L’art est de ne permettre aucun défaut, aucun change, aucun ralentissement dans la poursuite.

Après deux ou trois heures, plus ou moins suivant les cas, le cerf haletant baisse la tête et tire la langue.

Souvent, il cherche un étang ou une mare pour se rafraîchir et c’est là qu’il s’arrête pour tenir les abois et vendre chèrement ce qui lui reste de vie.

Le cor sonne l’hallali.

En forme d’épilogue, le maître de l’équipage ou l’invité à qui on fait les honneurs de la chasse sert la bête sur ses fins d’un coup de dague ou de carabine ; beaucoup moins d’ailleurs pour terminer son martyre que pour épargner la vie des chiens, contre lesquels il se défend des andouillers et des pieds de devant avec le courage du désespoir.

On compte les minutes et l’équipage tient à honneur la rapidité avec laquelle la victoire a été enlevée.

Quand le laisser-courre est bien mené, tout cela se sera passé si rapidement, si naturellement que le spectateur, qui suit en voiture ou à cheval sans autre préoccupation que celle de ne pas se perdre, croit que cela devait arriver.

Bien peu se doutent de ce qu’il a fallu déployer de savoir, d’expérience, de coup d’oeil et d’énergie avant et pendant l’action, pour éviter les mille incidents de nature à compromettre le résultat final.

La représentation se termine par la curée, qui tient lieu d’apothéose surtout lorsqu’elle se fait aux flambeaux.

Mais ce sont les beaux jours, car chasser n’est pas toujours prendre et il faut compter avec les buissons creux, les incidents et les accidents.

On ne doit jamais tirer le cerf devant les chiens ; cela est au contraire admis pour le daim, le sanglier et le loup chassés dans les mêmes conditions. Le courre du loup est autrement difficile et tourmenté. C’est accomplir un raid des plus durs que suivre un animal qui, d’une traite, vous emporte à 60 et 80 kilomètres du lancer.

La vénerie emploie aussi des chiens de force qui, à proprement parler, ne sont plus des chiens courants.

On les substitue à la meute, en face d’un animal : cerf, loup ou sanglier qui tient les abois et fait tête, afin d’éviter aux chiens d’ordre de trop graves blessures.

Les matins coiffent l’animal, l’étranglent ou le rendent inoffensif jusqu’à l’arrivée du chasseur qui le servira de la pique ou de la dague.

Mais les mâtins et les dogues surtout sont de véritables bêtes féroces qu’il faut toujours tenir en laisse et surveiller de près ; car, à l’occasion, ils attaquent l’homme et peuvent causer les plus grands malheurs.

Il ne sera pas question de la chasse au lévrier, puisque l’usage en est formellement interdit par la loi.

Le titre de veneur ne se gagne pas sans chevrons. Il demande, en même temps qu’une grande résistance physique, de l’adresse et les connaissances les plus variées concernant le maniement des armes, le choix et le dressage des chevaux et des chiens, les mœurs et les allures du gibier, etc…

Mais, par-dessus tout, un don inné qui ne s’acquiert pas. Tout veneur doit aussi savoir jarreter le gibier pour en faciliter le transport, le vider, le dépouiller et le découper.

Chacun de ces menus détails est réglé par une tradition dont il aura la coquetterie de ne pas s’écarter.

Encore fût-il muni de toute cette science, ce n’est pas sans un long apprentissage à l’école des bons maîtres qu’il deviendra un veneur capable, à l’aide des preuves dont le gibier marque son passage et à ses allures, d’en reconnaître, sans se méjuger, l’espèce, l’âge et le sexe.

Car, si, en temps de neige, quand le livre des ânes est ouvert, il est facile à tout le monde de suivre un animal à une piste, en été, surtout par un temps sec, il faut faire état du moindre brin d’herbe foulé ou froissé.

C’est donc par sa pratique des choses du revoir qu’un veneur donne sa mesure.

[Suivent des dessins explicatifs sur les empreintes des animaux.]

Le langage de la chasse a été créé uniquement à l’usage de la vénerie. Les autres chasses se sont donné le genre de se l’approprier.

On trouvera ci-après la liste des termes techniques les plus usités.

Abattures……. Voir Foulées

Affût……. Lieu où l’on se cache pour tirer le gibier.

Aller d’assurance……. Se dit d’un animal qui marche sans crainte.

Allures……. Façon de marcher des animaux; se dit aussi de la distance qui sépare l’empreinte du pied de devant de celle du pied de derrière.

Aze……. Voir Hase.

Bauge……. Gîte des bêtes noires et des bêtes mordantes.

Billebauder……. Fouler une enceinte sans y voir préalablement remis le gibier ; chasser à la billebaude, c’est chasser au hasard.

Bête……. Tout animal de chasse à courre.

Bouquin……. Mâle du lièvre.

Bourre……. Mâle du canard sauvage.

Boutoir……. Bout du nez des bêtes noires.

Bréhaigne……. Biche,daine ou chevrette devenues stériles.

Broche……. Premier bois du cerf et des bêtes fauves; comme Dague.

Brisées……. Branche rompue pour marquer le passage d’un gibier; on met le gros bout du côte où la tête est tournée.

Brout……. Bourgeons et écorces dont les bêlez fauves s’enivrent au printemps; de là leur nom de Bêtes de brout.

Carnage……. Tripailles et chair morte que l’on traîne par la campagne pour attirer loups et renards dans les pièges.

Cattiche……. Retraite des loutres au bord des étangs et rivières.

Cerf……. Biche; faon jusqu’à 6 mois, hère de 6 mois à 1 an, daguet, 2e à 5e têtes, dix cors jeunement, dix cors bellement à 7 ans, puis gros ou vieux cerf.

Cervaison……. Époque où la chair du cerf est grasse et de bonne qualité.

Change (faire un)……. Se dit lorsqu’une bête se substitue à celle que l’on chasse.

Chevreuil……. Chevrette ; faon, daguet, brocard à 3 ans.

Clapier……. Ensemble des trous creusés et habités par les lapins.

Coulées……. Faux chemins que les animaux tracent sous les couverts.

Cris des animaux……. Le loup hurle; le renard glapit; le cerf brème (brâmement); le chevreuil rait ou rée (le réement, le raire); l’ours et le sanglier grognent; la marmotte et la loutre sifflent; le lapin et le lièvre crient.

Cris du chasseur pour avertir qu’il voit le gibier par corps……. Souilleau, pour sanglier; tayau, pour bêtes fauves ; vla-au ou vloo, pour lièvre, loup, renard ou blaireau ; tire-haut, pour gibier à plumes.

Curée……. Repas que l’on fait faire aux chiens lorsqu’ils ont pris le gibier; la curée est chaude quand on donne sur le terrain quelque partie de la bête morte ; la curée froide est celle que l’on donne au logis.

Dague……. Premier bois des bêtes fauves.

Daim……. Daine et, pour les mâles, comme le cerf.

Débucher……. Se dit de la bête qui sort du bois.

Déchaussure……. Égratignures que le loup fait sur le sol après avoir jeté ses laissées.

Défenses ou limes……. Longues dents canines qui sortent de la mâchoire inférieure des sangliers.

Détourner……. C’est tourner tout autour d’une enceinte pour s’assurer, soit à l’aide de limiers, soit par le revoir, si la bête que l’on cherche y est encore remise. On compte les passages par des brisées.

Écoutes……. Oreilles des sangliers.

Fort……. Canton de bois épais et fourré où les grands animaux se reposent pendant le jour.

Fouger……. Action du sanglier qui arrache les racines avec son boutoir.

Foulées ou foulures……. Traces laissées par les pieds d’un animal sur l’herbe et sur le terre; se dit trace pour le sanglier, voie pour les bêtes fauves et les lièvres, passée pour l’écureuil, piste pour les bêtes mordantes et puantes.

Frayer (leur tête)……. Action des bêtes de brout lorsqu’elles frottent aux perches leurs bois en velour pour les brunir.

Frayoir, ou frévoir……. Parties des perches écorchées par les bêtes fauves qui y frottent leurs bois.

Gagnage……. Terres oh les bêtes fauves vont en pâture.

Gardes……. Ergots des traces de sanglier.

Goupil……. Ancien nom donné au renard.

Graies ou grès……. Canines en crochet qui sortent de la mâchoire supérieure des sangliers et semblent aiguiser les défenses.

Haire ou hère……. Jeune cerf qui, ayant perdu la livrée, n’a pas encore sa première tète.

Halots……. Comme Rabouillères.

Hase……. Femelle du lièvre.

Hallali……. Cris de victoire quand la bête est prise sur pied ou à terre.

Harde……. De horde, troupe de bêtes fauves.

Hourvari (faire un)……. Se dit d’un animal qui double ses voies.

Houzures……. Traces boueuses laissées par les sangliers sur les arbres autour des souilles.

Limier……. Chien dressé à marquer une piste sans crier.

Livrée……. Marques et bandes de couleur pâle qui éclairent la fourrure des faons et des marcassins jusqu’à 8 mois.

Massacre……. Tète de bête fauve séparée du corps.

Mangeure……. Cantons où les sangliers trouvent leur nourriture.

Pays……. Terrain boisé (grand ou petit pays).

Piste……. Trace ou sentiment que tout animal laisse de son passage.

Portées……. Branche froissée par la tète du cerf dans sa coulée.

Quêter ……. Chercher à détourner une bête.

Rabouillères……. Trous où les hases de lapins font leurs petits.

Raire (le)……. Brâmement du cerf pendant le rut (raire, réer).

Randonnée……. Circuit que fait la bête de chasse dans un même canton.

Recoquetage……. Seconde couvée des faisans ou perdrix.

Regalis……. Place grattée par le pied du chevreuil et où il a fait sa nuit.

Rembuchement……. Rentrée de la bête dans le fort où elle se remise.

Reposées……. Lieux où les bêtes fauves se reposent pendant le jour.

Revenir de tête……. Se dit des mâles des bêtes fauves quand ils ont refait leur ramure.

Sanglier……. Laie; marcassin jusqu’à 6 mois, bêtes rousses de 6 mois à 1 an, bête de compagnie de 1 an à 2 ans, ragot mâle de 2 à 3 ans, puis tiersan, quartan, passé 4 ans solitaire ou vieux sanglier.

Saunières……. Pain d’argile pétri de sel à l’usage des bêtes fauves.

Souille……. Endroit boueux où le sanglier se vautre.

Taison, tesson……. Blaireau.

Terrier……. Retraite souterraine des renards, des blaireaux et des lapins.

Toucher (au bois)……. Voir Frayer (leur tête).

Trait……. Corde que l’on attache au collier du limier pour le maintenir.

Trôler……. Quêter au hasard, sans remettre, à la billebaude.

Vautrait……. Équipage de chiens à courre le sanglier.

Viander……. Se dit des bêtes fauves qui vont en nature.

Viandis……. Pâture des bêtes fauves.

Vriller ou vermiller……. Action du sanglier qui fouille la terre pour y chercher des insectes et des racines.

Voie……. Voir Foulée.

Volcelet……. Cris pour annoncer que l’on revoit du cerf par corps.

Vol-ce-l’est……. Empreintes que les pieds des bêtes fauves laissent sur le sol.

Vol-ci-aller……. Empreintes du pied des animaux sans ra-mure : sangliers, loups, renards, etc.

Interdiction de la conférence « Abolissons la vénérie aujourd’hui »

Voici un communiqué de l’association « Abolissons la vénérie aujourd’hui – Ensemble, protégeons la forêt et ses animaux », de l’Oise,  qui a vu sa conférence publique sur  la chasse à courre annulée par l es autorités.

On y apprend qui plus est,  que 200 chasseurs servent désormais de suppléant aux forces de l’ordre !

Comme quoi  nous vivons vraiment dans un pays où l’hégémonie  ultra-conservatrice prédomine bien…

On notera que le  site  de l’association propose également des  anecdotes édifiantes sur la chasse à courre et ses moeurs  aristocratiques dignes  d’avant la révolution française… Les riches, les  puissants,  se croient tout permis… et d’ailleurs, tout  leur est permis !

Ce dimanche devait se tenir une conférence publique sur le thème « Pourquoi abolir la chasse à courre » dans une salle municipale de Longueil-Annel (Oise).

Elle était co-organisée par le collectif AVA (ava-picardie.org) et le site Picardie Populaire (picardiepopulaire.net).

Malheureusement, suite à une visite des gendarmes dans le bureau du maire de la ville, elle n’aura pas lieu, le maire ayant décidé de l’annuler sous la pression, prétextant une menace de trouble à l’ordre public, possiblement par des chasseurs mécontents.

Ce nouvel épisode traduit bien l’influence profondément anti-démocratique de la chasse sur les institutions.

Cela s’ajoute surtout au climat de plus en plus pesant dans la région.

Le même mois, le Préfet de l’Oise et la Fédération des Chasseurs ont annoncé la signature d’un partenariat inédit en France, donnant à une véritable milice de 200 chasseurs le rôle d’assistants de police, leur abandonnant la surveillance des forêts et des « zones rurales profondes ».

Alors que les écologistes et les opposants à la chasse sont marginalisés, voire dans ce cas littéralement criminalisés, il est d’autant plus important pour un collectif démocratique d’exprimer le mécontentement grandissant des habitants: la chasse à courre donne lieu à de nombreux incidents systématiquement étouffés, pour couvrir les chasseurs.

AVA (Abolissons la Vénerie Aujourd’hui) est une initiative justement née de ce ras-le-bol de personnes habitants en lisière de forêt, impuissantes face à une pratique qui les révolte. Rappelons que (selon un sondage IPSOS/One Voice de 2010), 75% des français seraient pour l’interdiction de la chasse à courre.

Contrairement aux mouvements passés qui reposaient sur des sabotages par de petits groupes de personnes, AVA a choisi la voie pacifique de la mobilisation populaire, et cette réunion publique était le premier pas dans ce sens.

Il faut croire que c’est déjà trop pour certains.

Plus cette affaire connaîtra de retentissement, moins cela aura de chance de se reproduire à l’avenir.

Merci de partager ce communiqué et de faire passer l’information !

Une chasse à courre bloquée en défense de la forêt de St-Gobain

Hier en Picardie, une cinquantaine de personnes ont répondu à l’appel de l’association Protéger et Défendre la forêt de St-Gobain pour bloquer une chasse à courre. Ce qu’il y a d’autant plus intéressant, c’est que l’association a une vision assez large de la lutte et a relié à cela à la question de la forêt:

Aujourd’hui, la forêt de Saint-Gobain est malmenée du fait d’un important programme d’abattage d’arbres, qui a pour conséquence de défigurer nos paysages, et de dégrader l’environnement forestier.
Les coupes à blanc s’intensifient, et cet état désastreux n’est pas cantonné au département de l’Aisne car c’est toute la forêt française qui est touchée. Notre inquiétude est très grande, mais nous sommes déterminés à poursuivre notre lutte. Nous sommes associés au Collectif SOS Forêts en Danger créé très récemment par des agents ONF du Nord-Est, eux-mêmes très inquiets.

Voici la présentation par le Courrier picard:

50 militants anti chasse à courre bloquent un chenil

Une cinquantaine de militants écologistes et altermondialistes bloquaient samedi les accès à un chenil de Folembray, dans le sud de l’Aisne pour empêcher la tenue d’une partie de chasse à courre.
Les militants, une cinquantaine selon la préfecture de l’Aisne et le collectif altermondialiste «Les désobéissants», sont issus de trois collectifs de défense de la forêt et de la biodiversité, de défense des animaux, et altermondialiste.

«Une cinquantaine de personnes s’opposent au départ d’une chasse à courre à Folembray et ont cadenassé les barrières conduisant au chenil. Tout se passe dans le calme», a indiqué à l’AFP le sous-préfet de permanence.

L’action des militants a commencé vers 9 heures samedi. La gendarmerie est sur place.

«Les activistes réclament d’une seule voix l’arrêt immédiat de la chasse à courre, cette pratique archaïque réservée à quelques privilégiés (15.000 euros la chasse), hautement destructrice de l’équilibre végétal et animal de la forêt», ont indiqué «Les désobéissants» dans un communiqué.

Selon Xavier Renou, membre de ce collectif joint au téléphone par l’AFP, les militants comptent empêcher la sortie des chiens du chenil jusqu’à 16 heures environ, l’heure à laquelle la partie de chasse à courre aurait dû commencer au plus tard.

«Nous sommes strictement non-violents», a précisé M. Renou, évoquant «la première grosse action d’une série». Les militants demandent à rencontrer le préfet pour «discuter du statut de la chasse à courre».

Dans leur communiqué, ils dénoncent une «souffrance infligée par plaisir» aux animaux sauvages lors de ces parties de chasse, dont «la course effrénée et le stress engendré rendent leur chair impropre à la consommation». Le chenil appartient selon les militants à une société de chasse à courre picarde, le Rallye nomade, qui ne pouvait être jointe dans l’immédiat.

Par la suite l’association a diffusé le communiqué suivant:

16h13 : VICTOIRE, les 3 cerfs désignés n’ont pas été chassés, nous avons gagné grâce à vous tous, comme quoi rien n’est impossible lorsqu’on se donne les moyens et que chacun y met du sien …

Nous espérons que ce SAMEDI 21 DÉCEMBRE 2013 sera le début d’une forte mobilisation pour contrer et faire abolir la chasse à courre dans notre département et sur l’ensemble du territoire français afin de suivre l’exemple de nos pays voisins.

Nous sommes désolés si certaines vidéos et images publiées vous ont choquées mais la réalité est telle que nous ne pouvions garder le silence.

Les chasseurs ont essayé de détruire nos appareils photo et nos cameras, ils ont crevé les pneus de plusieurs véhicules des militants et en ce moment même ils sont en train, suite à leur défaite, de prendre en chasse l’un de nos militants à 9 contre un !!!

A présent vous êtes informés de ce qu’il se passe dans nos forêts plusieurs fois par semaine et si vous souhaitez soutenir ces actions contre la chasse à courre, rejoignez le profil facebook de foret vivra ou par mail à foret-vivra@riseup.net

MERCI DE PARTAGER CETTE DERNIÈRE INFO EN MASSE, nous vous tiendrons informés de l’état de santé de notre militant pourchassé.

18h20 La gendarmerie confirme que le militant est Sain et sauf ,il à été retrouvé dans une ferme non loin de Coucy-le-Chateau! ouf!

On peut bien sûr regretter le choix du chenil qui a été fait, puisque cela stresse les chiens, c’est bien sûr un aspect à prendre en compte. Toutefois, c’est une démarche ici vraiment très intéressante, notamment alors que la chasse à courre progresse et que les forêts sont de plus en plus considérés comme de simples marchandises. Il y a une juste compréhension de l’inter-relation des questions posées et des réponses nécessaires.

Voici d’ailleurs deux photos mises en avant par l’association et montrant les conséquences d’une chasse à courre…

« La fermière qui défie les chasseurs à courre »

L’histoire ci-dessous, tirée du Parisien qui a le mérite de présenter l’affaire « en détail », passionnera forcément toute personne amie des animaux. Une éleveuse qui laisse finalement ses terrains en friche pour abriter des animaux sauvages fuyant les chasseurs, c’est quelque chose de très fort.

C’est une preuve que même si la crise économique pousse au pire individualisme et à la mesquinerie, la Nature reste quant à elle visible et pousse à la grandeur d’âme, c’est-à-dire à être soi-même, tout naturellement.

C’est on ne peut plus significatif de ce qu’est notre époque : une époque de transition, de changements… où le meilleur côtoie le pire, puisque comme on le voit ici, les chasseurs représentent vraiment l’idéologie de la mort, de la conquête par la force, de l’absence de respect…

La fermière qui défie les chasseurs à courre

Chantal Villain a transformé ses 30 ha de terre en refuge pour cerfs et biches traqués par les équipages de chasse à courre. Récit d’une guerre entre pro et anti-chasse.

Une vie en état de siège. Quand d’autres profitent de l’automne pour dénicher cèpes ou châtaignes, Chantal Villain ne quitte pas sa maison. Cette quinquagénaire vit seule, à 1,5 km de la plus proche habitation, au bout d’un chemin forestier qui se termine par une bâtisse au toit d’ardoise. L’endroit, noyé entre haies, marais et forêt, a tout du havre de paix.

Pourtant, Chantal Villain vit « un véritable enfer. » « Ça fait vingt ans que ça dure, mais ces derniers temps, le harcèlement a redoublé », soupire-t-elle, à bout.

D’abord, cette agricultrice exploitait 50 ha à Murlin. « Petite fille, les week-ends étaient immuables. Les chasseurs à courre arrachaient nos clôtures le samedi, et on les réparait le dimanche. »

Un jour de 2004, Chantal a rendu les armes et déménagé quelques kilomètres plus loin à Margis, lieu-dit de Beaumont-la-Ferrière, où elle avait hérité de 30 ha qu’elle consacra à élever des salers et des porcs gascons.

Las, cette installation à la lisière de la forêt des Bertranges, l’une des plus grandes de France, n’a pas été synonyme de sérénité retrouvée. Dès son arrivée, « ça a recommencé de plus belle, les clôtures étaient détruites et mes animaux se sauvaient. J’ai dû m’en séparer ».

Alors, l’agricultrice s’est lancée dans le combat de sa vie : empêcher les veneurs de pénétrer sur sa propriété pour y traquer le gibier, et surtout le cerf, animal mythique que seuls 37 équipages sur les 420 existants en France sont habilités à pister.

Fervente partisane d’une vie en symbiose avec la nature, cette écolo qui en a longtemps refusé l’étiquette laisse la nature prendre ses droits sur ses terrains. Résultat : les animaux ont fait du lieu une arche de Noé.

« C’est ce que les chasseurs à courre ne supportent pas, explique Chantal Villain. Que les animaux se réfugient chez moi. »

En atteste le troupeau de biches qui batifole en cette fin d’après-midi. « Du coup, ils viennent la nuit et tirent pour que le gibier quitte ma propriété. Ils sont là généralement le mardi ou le samedi, parfois presque toute la semaine en fin de saison, quand ils n’ont pas atteint leurs quotas. »

De larvé, le conflit a viré à la guerre ouverte. Pneus du tracteur crevé, rétroviseurs arrachés, jets de pierres et même tirs à la chevrotine sur son toit ou son chien : Chantal Villain assure être devenue la bête noire des quatre équipages qui officient régulièrement dans le secteur et prennent leurs aises dans cette propriété stratégique, truffée de rivières et de mares où les animaux viennent boire.

Sous un soleil d’automne, attablée dehors, Chantal décrypte les notes jaunies qui portent le récit de plusieurs années d’affrontements.

« En novembre 2011, ça a été terrible », raconte-t-elle d’une voix blanche. Photos en main, elle décrit ce cerf, venu se coller à l’entrée de sa grange. « Il y avait des dizaines de chasseurs qui m’insultaient. Je les ai tenus à distance pendant quatre heures avec une bombe lacrymogène. »

D’ordinaire, le maire se déplace, ce qui a pour effet de calmer les ardeurs de la meute. « Là, il était en vacances. Les chasseurs ont appelé les gendarmes, qui sont venus récupérer les chiens. Le cerf a pu s’enfuir. »

Une seule fois, Chantal a déposé plainte, en 1998. « Mais ils n’ont rien pu faire, faute de preuves », ont-ils dit. Depuis, l’ex-agricultrice a laissé tomber la voie judiciaire.

« Quand je vois un cerf poursuivi devant chez moi, je le laisse passer, et je jette du poivre ou des épices pour que les chiens perdent sa trace, décrit-elle. C’est déjà arrivé que deux cerfs se croisent, poursuivis par deux meutes différentes! Quand les chasseurs se rassemblent devant ma maison, je les prends en photo. »

Maigre défense qui ne l’a pas empêchée, assure-t-elle, d’être frappée à plusieurs reprises. « Ils ont déjà menacé de me tuer. L’un d’eux m’a dit que je finirai dans le trou bleu », une ancienne mine inondée, à dix kilomètres de là. « Elle est seule, isolée, j’ai peur pour sa vie », souffle son amie Christine.

De tous les équipages auxquels Chantal s’est confrontée, le Piqu’avant nivernais semble le plus virulent. « Les relations sont d’autant plus difficiles que leurs suiveurs sont des locaux », analyse Christine.

« C’est un des plus puissants de France. Au-delà de la chasse, ils veulent voler mes terres », accuse Chantal Villain. Dans un courrier, Philippe De Rouälle, maître d’équipage du Piqu’avant, lui proposait l’an dernier « une location de tout ou partie des prairies » qui pourrait « apporter paix et tranquillité ».

Contacté, il n’a pu être joint. De son côté, le maire s’est plaint sans succès auprès de l’ONF, qui botte en touche. Chantal, elle, n’en démordra pas. « Je ne supporterais pas de partir d’ici, même avec de l’argent. Ce serait me renier. »

Chasse à courre… jusqu’à quand la loi des saigneurs ?

Samedi 13 décembre dans le département de l’Aisne, en forêt de Prémontré, une chasse à courre s’est encore une fois terminée chez un particulier, devant une population horrifiée, notamment des enfants, qui a dû assister au massacre d’un cerf achevé à la dague. Cette situation est récurrente puisque cette année, plusieurs cerfs ont été poursuivis pour être poignardés jusque dans des domiciles ou des jardins privés, des parkings de supermarché, des terrains de football, des places de village.

À quoi faudra-t-il en venir avant que soit mis un terme à cette barbarie d’un autre âge ? Jusqu’à quand va-t-on mépriser l’opinion de la majorité des citoyens, massivement opposés à la chasse à courre (73 % des Français condamnent la chasse à courre, sondage SOFRES).

L‘aménagement des espaces, une sensibilité nouvelle, les valeurs d’une république ne sont pas compatibles avec l’arrogance d’une caste archaïque ou la puissance d’un lobby au-dessus des lois. La chasse à courre doit cesser.

http://www.abolitionchasseacourre.org/