Le cinéma de Greenpeace à la centrale de Nogent sur Seine

Les médias parlent tous des gens de Greenpeace qui ont tenté de pénétrer dans des centrales nucléaires… Une action très médiatique… Mais qui n’apporte pas grand chose. Voici la carte de la France avec les endroits où Greenpeace est rentrée en action.

Car que ce soit la lutte pour les animaux ou celle contre le nucléaire, rien n’est pire que les simplifications : les gens sont méchants, les humains égoïstes, l’État inefficace et bureaucratique, etc.

Car nous vivons en réalité dans une société moderne et développée, réglée comme du papier à musique. C’est de la mauvaise musique, on en conviendra ! Mais dans ce cas à nous de proposer une nouvelle partition et d’ailleurs d’autres instruments…

Ainsi, comme l’État français est puissant et moderne, l’idée comme quoi on pourrait rentrer « juste comme cela » dans une centrale nucléaire française ne tient pas debout trente secondes. C’est bon pour un téléfilm de très mauvaise qualité qui parlerait d’une centrale en Russie ou d’un bâtiment militaire au Pakistan, et encore. Mais pas plus. Greenpeace ne peut pas prétendre le contraire.

Pour comprendre la chose plus en détail, il faut savoir qu’il y a dans chaque centrale nucléaire un « Peloton spécialisé de protection de la gendarmerie » (PSPG) formé par le Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN).

Là en l’occurrence, les gens de Greenpeace savaient pertinemment qu’ils étaient identifiés comme tels et que tout dommage physique serait évité au maximum… Il s’agit pour l’État de ne pas traumatiser l’opinion publique en se retrouvant avec un ou plusieurs morts. Dans un autre cas de figure, les choses se seraient passées très différemment.

Il y a eu d’ailleurs d’autres tentatives interceptées, sur les sites nucléaires du Blayais (Gironde), de Chinon (Indre-et-Loire) et sur celui du centre de recherche nucléaire du CEA à Cadarache (Bouches-du-Rhône).

Mais ce n’est pas le seul problème. En plus de tout ce cinéma, Greenpeace donne surtout l’illusion comme quoi le problème est une question de gestion du nucléaire, que la sécurité du lieu peut être géré plus ou moins difficilement.

Greenpeace mise d’ailleurs tout sur ce concept de « peur panique » dans son communiqué :

Ce 5 décembre à l’aube, des militants de Greenpeace se sont introduits dans la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine (Aube) à 95 kilomètres au sud-est de Paris pour porter un message: “Le nucléaire sûr n’existe pas”.

Cette action montre à quelle point les centrales nucléaires françaises sont vulnérables : de simples militants, aux intentions pacifistes, ont réussi, avec peu de moyens, à atteindre le cœur d’une centrale nucléaire ! Pourquoi ? Comment ? Car les dispositifs de sécurité existants sont insuffisants !

Un discours bien racoleur, surfant sur la vague anti-terroriste paranoïaque du 11 septembre. Du grand spectacle ! Et nullement une critique sérieuse du nucléaire.

Si d’ailleurs Greenpeace a lancé cette opération ultra-médiatique consistant à faire pénétrer des gens dans des centrales nucléaires françaises, c’est parce que Greenpeace a payé très cher son refus total de participer à la lutte anti-CASTOR.

La position de Greenpeace a été de ne pas participer à la mobilisation, sous prétexte que les déchets devraient revenir là d’où ils sont partis. C’était bien entendu totalement décalé et Greenpeace, qui essayait de conserver une position privilégiée dans l’opposition au nucléaire, s’est surtout grillé par cette attitude.

Greenpeace n’avait cependant pas le choix: la lutte anti-CASTOR était démocratique à la base, et radicale. Greenpeace c’est le contraire: c’est anti-démocratique, décidé unilatéralement par en haut, et en collusion avec les Etats.

Voilà donc le sens de cette action ultra-médiatique et ridicule : tenter de redonner du crédit à Greenpeace, qui a donc joué sur la corde « James Bond », totalement assumé :

Le gouvernement, en charge de la sécurité des sites nucléaires, se targue d’avoir des plans à toutes épreuves pour sécuriser le parc atomique français, telle que l’intervention d’avions de chasse en maximum 15 minutes sur tous les sites nucléaire, la présence continue d’un peloton spécial de Gendarmerie sur chacun des sites, des dispositifs de radar aérien de détections au dessus de certaines installations, une double clôture électrifiée et vidéo surveillance autour de chacun des sites, un espace aérien interdit au dessus des sites ou encore un accès soumis à “autorisation spéciale” …

Mais malgré ces mesures “exceptionnelles” et dignes des meilleurs films d’action, les militants de Greenpeace montrent aujourd’hui que les installations nucléaires françaises sont très fragiles.

C’est Greenpeace qui souligne la dernière phrase, et demandons-nous : très fragiles pour quoi ? Les gens de Greenpeace, contrairement à ce qu’ils prétendent, ne sont pas parvenus « à atteindre le cœur d’une centrale nucléaire ! » Pénétrer dans une enceinte, ce n’est pas arriver au cœur. Se poser sur un dôme, en étant surveillé par des tireurs d’élite, ce n’est pas remettre en cause: c’est aider l’Etat à moderniser, à renforcer la pression sécuritaire sur le nucléaire.