La grande actualité, c’est bien entendu la démission « surprise » de Nicolas Hulot, qui a annoncé à la radio qu’il abandonnait sans prévenir son poste de ministre de la transition écologique et solidaire.
Cela est directement relié à la question des chasseurs sur laquelle nous avons mis l’accent ces derniers jours. La démission de Nicolas Hulot était en effet dans l’air du temps et c’est un coup de force des chasseurs qui l’a déclenché.
Ceux-ci avaient encore une fois leur représentant à l’Elysée, Willy Schraen (président de la fédération nationale de la chasse), et celui-ci avait emmené avec lui le lobbyiste Thierry Coste.
Étaient également présents le secrétaire d’État à la transition écologique Sébastien Lecornu, le conseiller énergie de l’Élysée Antoine Peillion, et un ami d’Emmanuel Macron, le chasseur et sénateur de Côte d’Or François Patriat.
A la fin de la réunion, Nicolas Hulot s’est accroché avec Thierry Coste, arguant qu’il n’avait rien à faire là en tant que lobbyiste. Il faut dire aussi que Thierry Coste n’a cessé de faire monter la sauce, racontant en riant en janvier au quotidien Le Monde :
« Quand Nicolas Hulot n’est pas content, j’adore lui rappeler qu’aujourd’hui, on est dans le même camp, celui d’Emmanuel Macron. C’est presque jouissif pour moi. »
Si l’on ajoute le fait qu’Emmanuel Macron avait expliqué à Nicolas Hulot qu’il n’aurait pas été au courant pour la présence de Thierry Coste, on a une situation qui ne rimait plus à rien, et précipitant la démission.
C’est une grande victoire pour les chasseurs, d’autant plus qu’ils ont obtenu l’officialisation de la réforme dont nous avons parlé, faisant passer le permis de chasse de 400 à 200 euros, à quoi s’ajoute la « gestion adaptative » de six espèces d’oiseaux :
- l’oie cendrée,
- la barge à queue noire,
- le courlis cendré,
- la tourterelle des bois,
- le grand tétras,
- le fuligule milouin.
Cela signifie que selon les « évaluations », les chasseurs pourront se mettre à chasser ces oiseaux… Rappelons ici qu’en France, la loi autorise la chasse de 64 types d’oiseaux – bien plus dans les faits – dont 20 son sur la liste rouge de l’Union internationale de la protection de la nature.
C’est également une victoire pour les chasseurs sur la question de la chasse à courre, dont Nicolas Hulot espérait saper les fondements. Las ! Avec un Emmanuel Macron pour qui la chasse n’est « ni un loisir ni un sport mais un mode de vie », à un moment donné cela devait inévitablement aboutir à un conflit insoluble.
Nicolas Hulot espérait aussi taper sur la chasse de la grive à la glu, les piégeages appelés « tenderie » et « matole » : c’est là aussi un échec.
Il y aura également dans le futur une « police de la nature et des territoires », qui va passer par la fusion de l’Agence française pour la biodiversité (AFB) et de l’Office nationale de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). Cela participe à ce que remarque le document pdf dont nous avons parlé, à savoir la mainmise des chasseurs sur l’écologie et la « gestion » de la Nature.
C’est d’ailleurs évidemment la ligne officielle de la fédération nationale de la chasse quant à la démission de Nicolas Hulot, présentant les chasseurs comme les « écologistes de terrain » !
A cela s’ajoute l’interdiction de l’engrillagement des domaines chassables par certains propriétaires.
Bref, c’est une défaite sur toute la ligne et Nicolas Hulot allait se faire sévèrement critiquer une fois de plus. Il avait déjà très mal pris la critique faite par Brigitte Bardot dans Var matin, le qualifiant de « trouillard de première classe. Un indécis. Un type qui ne sert à rien », répondant lui-même de manière véhémente (« Il y a un moment ou un autre où il faut arrêter de céder à la simplicité, de donner des conseils à distance, tout ça avec vue sur la Méditerranée. C’est très sympathique, mais ça ne fait pas avancer la cause »).
Il a préféré fuir plutôt de passer pour quelqu’un s’étant fait littéralement broyé. Il n’en reste pas moins que les problèmes restent entier ! Et que la première chose à faire, c’est de soutenir l’opposition à la chasse à courre et d’affirmer son soutien à AVA confronté à une plainte de l’Office National des Forêts !