PMA : François Olivennes contre M. Tartempion et Mme Tartignolle

François Olivennes est un médecin qui, en 2006, a fait un choix très précis, qui est raconté de la manière par Le Monde alors :

« Ce spécialiste reconnu de l’assistance médicale à la procréation a claqué la porte de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris pour s’associer à un cabinet privé. Un choix qui l’a tourmenté, mais qu’il dit ne pas regretter. »

Et c’est lui a appelé Le Monde à ce moment-là pour justifier son choix :

« C’est lui qui a appelé. Il voulait faire connaître son histoire. Forcément, la démarche étonne.

Aucune prétention là-dedans, mais une forme d’exorcisme. Car l’histoire du professeur François Olivennes est celle d’un choix peu banal : quitter le service public hospitalier pour le secteur libéral ; lâcher un poste de chef d’unité de médecine de la reproduction à l’hôpital Cochin, à Paris, pour s’associer à un cabinet privé.

Il est rare qu’à 47 ans un professeur agrégé des universités – praticien hospitalier (PU-PH), spécialiste reconnu de l’assistance médicale à la procréation, claque la porte de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris. »

Qu’a-t-il fait depuis ? Sur son site il dit à ce sujet :

« Depuis Avril 2006 je suis installé en libéral et j’exerce mes activités au sein du centre de FIV Eylau La Muette ou je suis coordonnateur du centre de Fécondation In Vitro. »

C’est dans le seizième arrondissement de Paris, juste à côté de la rue de Passy et du Trocadéro. C’est un choix on ne peut plus clair : François Olivennes a choisi le public le plus aisé qu’il pouvait.

Il n’est donc pas étonnant qu’il soit favorable à la « GPA sous conditions », ou encore à la PMA, pourquoi pas par exemple à condition que :

« le donneur soit connu, et même, pourquoi pas, qu’il soit un ami, une relation. Pas un père au sens légal, mais au moins une trace dans l’histoire de l’enfant. »

Le Journal du Dimanche lui a accordé hier une double page, à l’occasion de la sortie d’un ouvrage qu’il a écrit en ce sens, intitulé « Pour la PMA », publié chez Lattès. C’est un soutien direct à toute une démagogie libérale-libertaire prônant la dénaturation de l’être humain.

Il est ainsi prétendu que la famille aurait connu des modifications au cours de l’histoire :

« Toute l’histoire et la sociologie de la famille démontrent que sa définition n’a cessé d’évoluer en fonction des époques et des mentalités ».

Ce qui est évidemment totalement faux, le couple est la base de l’humanité depuis son apparition moderne… Même si on a pu voir hier soir sur France 2 un éloge des personnes âgées divorçant, avec même une femme qui au bout de trente ans prend toutes ses affaires d’un coup alors que son mari est au travail !

C’est que notre époque libérale-libertaire a besoin de la négation de toute forme collective d’existence, même le couple… Sans parler du refus de tout sens des responsabilités, de tout engagement… Une vie à la carte, obéissant au principe de consommation, dans le déni de la réalité !

Et après tout, ne faudrait-il pas être « tolérant » et accepter ce qui nous regarderait pas ? L’argument de François Olivennes vaut son pesant d’or :

« De quel droit M. Tartempion et Mme Tartignolle seraient-ils en droit d’interdire une pratique qui n’affectera en rien leur vie ni celle de leur entourage ? »

François Olivennes a choisi des noms censés symboliser les « beaufs », c’est-à-dire ici le peuple, ou plutôt le bas-peuple ! Mort à la démocratie, vive la consommation !

Au gouvernement, on aime, bien évidemment. Et après le gouvernement prétend qu’il y a un débat sur la bioéthique en cours… Alors que tout est déjà bien solidement organisé. Il s’agit juste de préparer l’opinion publique.

Et d’ailleurs, tout le monde n’accepte-t-il pas le capitalisme, dit François Olivennes, alors pourquoi ne pas assumer jusqu’au bout, sinon cela va repartir dans l’autre sens et il va y avoir une dictature des valeurs :

« Tous ceux qui prétendent détenir l’unique vérité quant à la conception et l’éducation d’un enfant souhaiteraient-ils qu’on entre dans leurs foyers pour vérifier si leurs choix éducatifs sont irréprochables quand bien même la composition de leur famille est conforme à ce qu’ils jugent acceptables ? »

Le raisonnement, ici, tient la route : soit on accepte des principes, des règles, soit on les refuse… Et si on les refuse quelque part, alors on les refuse partout. Qui nie l’universel à un endroit le nie partout, qui fait triompher le particulier à un seul moment le fait triompher tout le temps…

Voilà pourquoi il faut être intransigeant. La moindre faille et tout s’effondre. D’où que veganisme et straight edge vont nécessairement de paire, l’un comme l’autre formant une morale qui est juste, car vraie, fondée sur la vie naturelle.

Et que se passe-t-il, selon François Olivennes, si l’on n’obéit pas aux injonctions du libéralisme-libertaire, notamment le fait qu’une femme seul aurait un droit à l’enfant ? On serait intolérant, opposé aux droits des femmes…

« Alors laissez les femmes concernées prendre leurs décisions qui ne concernent qu’elles et n’enlèvent rien à personne, et foutez-leur la paix ! »

Or, dans les faits, cela enlève la Nature à la réalité, cela nie le besoin matériel effectif d’un homme, cela nie le besoin d’une mère, la réalité naturelle du couple. C’est l’avènement de l’existentialisme le plus complet, du libéralisme-libertaire le plus total.

C’est la liberté par et pour le marché, avec des corps servant de marchandises suivant des contrats individuels. C’est l’offensive générale contre le concept de mère – c’est aussi en cela que l’amour des animaux est le féminisme par excellence, la défense de notre mère la Terre un concept d’une dimension essentielle à la vie : la Nature et sa défense !

Malheur aux renégats !

L’un des grands problèmes du véganisme comme mouvement au sens le plus large, c’est qu’il n’existe que très rarement de continuité et que, par conséquent, il n’y a pas de bilan, d’évaluation de ce qui a été fait.

A cela s’ajoute deux faits : tout d’abord, il y a des capitulations, des effondrements, avec une tentative de nier une histoire faite, tout comme il y a des tentatives d’appropriation, comme on peut le voir ces dernières années avec des associations tombant du ciel et prétendant que le véganisme n’aurait pas existé avant elles.

Rappelons le encore une fois : le véganisme existe depuis les début des années 1990…

Pour avancer, il faut donc savoir résister à cette entreprise de déstructuration, de négation des acquis formant la tradition révolutionnaire.

En sachant, toujours, mettre de côté les opportunistes et les renégats. Car être à la hauteur demande de la constance, un engagement strict.

Les personnes ayant forcé en première ligne le McDonald’s parisien lors d’une Veggie Pride sont-elles encore véganes ? Très franchement, rien de moins certain… Quant à AVA qui mène une action si belle en Picardie, rappelons qu’il y a eu une tentative de fait quelques années auparavant par l’association Droits des animaux.

Qui n’en a pas conservé de mémoire à ce sujet, s’évaporant d’ailleurs du jour au lendemain (à part pour la fondation de l’épicerie Un monde vegan à Paris) après avoir siphonné tous les activistes…

Est-ce normal ? Absolument pas. L’engagement doit être complet, c’est la Cause qui compte. Les temps sont ceux de la bataille pour la planète, le reste est secondaire !

Et donc, l’un des points les plus essentiels, que nous n’avons pas cessé de souligner, c’est la question de la bataille pour rester vegan. Personne n’en parle et c’est un vrai problème, car il est absurde de penser qu’il y a toujours plus de vegan par une addition mécanique.

En réalité, il y a une progression mais un vrai effondrement derrière. Voilà pourquoi il faut être strict : oui à l’ouverture d’esprit pour les discussions, non à toute remise en cause des principes sur lesquels il faut être intransigeant.

Cela est bien entendu impossible avec des gens refusant d’affronter les normes sociales, soit en raison d’une attitude de hipster, soit en raison d’un individualisme ne visant qu’à faire carrière dans cette société.

On peut devenir vegan en étant richement installé dans la société, toutefois on ne peut pas le rester… Quant aux petits-bourgeois urbanisés et suivant la mode, ils tanguent, ils oscillent, perpétuellement…

L’article que vient de publier Slate.fr, « Au secours, je remange de la viande! », qui vaut vraiment le coup d’être lu de par son contenu nauséabond, n’est donc pas que racoleur : il témoigne d’un problème de fond, qui va immanquablement plomber la cause ces prochains mois, ces prochaines années.

A savoir qu’il y a suffisamment d’éléments de fond pour faire contre-poids et transformer une cause en son contraire. Avec de la mauvaise foi, avec un manque de culture. Voici par exemple ce que dit l’article entre autres :

«J’ai toujours eu une grande conscience de la maltraitance des animaux, c’était ma bataille. Sauf que mon corps ne l’a pas supporté.» Après huit années de véganisme, Sara [ 25 ans, censée être vegan depuis 2008] a fini par craquer. Non par plaisir, mais par nécessité. Elle a donc repris ses anciennes habitudes, et ce soir elle a même prévu de manger une bonne entrecôte.

Sauf qu’à un autre moment, on apprend :

«Un jour, au repas de Noël, les parents d’une amie avaient préparé du poulet. J’ai donc dû faire une concession et j’en ai mangé. Je n’ai pas voulu créer de scandales», confesse Sara.

On pourrair dire ici que « le ver était dans le fruit » – sauf que cette expression n’est pas végane, et donc pas acceptable.

Il faut ici être d’une moralité de fer… Contrairement aux antispécistes qui prétendent former quelque chose de nouveau, en niant l’ALF et en présentant des failles à tous les niveaux (comme ici en parlant du « QI d’une huître »), la principale étant de ne pas assumer l’amour des animaux.

C’est un bon exemple d’ailleurs des doublement insupportables fachos et bobos qui empêchent d’avancer en général et en particulier pour le véganisme. Pour en revenir à l’article de Slate, celui-ci bombarde également les poncifs :

« Pour moi, ce type d’alimentation n’a pas fonctionné. Mais si j’avais pu, j’aurais continué ma bataille».

« On ne voient les effets néfastes du véganisme qu’après. Et lorsque l’on fait les comptes, les patients voient bien que ça a foiré»

« Quand on est vegan et invitée à un dîner, on devient la paria, la chiante, la fille qui ne mange que des graines »

Etc. etc. : comme déjà dit, l’article vaut le détour, de par sa nature totalement propagandiste, avec un véganisme présenté comme « impossible ».

Rien ne sert de critiquer Slate, cependant, il vaut mieux critiquer le mode de vie de gens imbriqués dans les couches aisées de la société et incapables de fermeté. Mieux vaut viser un véganisme populaire et mépriser des gens cherchant à se faire valoir pour un temps, pour trahir ensuite.

Et donc oui il faut dénoncer les renégats, oui il faut ostraciser, oui il faut dénoncer ceux et celles qui trahissent trahissent la Cause, attaquent les animaux en donnant des arguments à l’ennemi.

C’est inacceptable, intolérable. Et il faut dénoncer d’autant plus fort les pseudos radicaux d’hier.

Ce qui amène aussi un paradoxe : il faut être plus strict avec les vegans qu’avec les non-vegans, en raison de ce qu’ils représentent.

Et ne nous voilons pas la face : combien des vegans actuels vont vraiment le rester ? Le sont-ils vraiment authentiquement pour la plupart ?

Il n’y a aucune raison d’y croire. La base est tellement individuelle, coupée d’une perspective de changement total, de bataille pour la planète, que jamais il n’y aura la force de tenir.

Alors autant se préparer à la contre-attaque ! Préparons une nouvelle phase du véganisme, où il faudra savoir démolir ceux qui ont menti, ceux qui ont trompé, ceux qui ont failli.

Le 21e siècle va être celui d’un changement total!  Le véganisme ne peut exister que dans l’affrontement avec le système, dans l’esprit de la culture vegan straight edge, pour la libération animale et la défense de notre mère la Terre !

Brigitte Gothière et Aymeric Caron appellent à négocier avec les chasseurs

Libération a publié hier une tribune prenant comme prétexte la baisse du prix du permis de chasse national de moitié, décidée par Emmanuel Macron. Une tribune rassemblant tout ce qui est insupportable, signée entre autres par Brigitte Gothière (L214), Aymeric Caron et des cadres d’Europe Ecologie Les Verts.

Pourquoi ? Parce que la tribune tente de faire un hold up sur la lutte contre la chasse à courre, qui est le produit d’une activité à la base, démocratique, populaire, et cela dans l’optique de l’intégrer aux institutions.

Les signataires de la tribune disent : les chasseurs ont leurs entrées au gouvernement, nous en voulons aussi. Ils disent : la chasse, oui, mais négocions. Il faudrait un « véritable dialogue respectueux de toutes les parties ».

Cela, alors que le mouvement contre la chasse à courre a un succès formidable, que les chasseurs la défendent au nom de la défense de la chasse au général, que donc la grille de lecture est claire, qu’une lutte vaste et populaire est possible !

Quelle honte ! S’il faut résumer cette tribune dans sa substance, il faut dire qu’il s’agit de l’esprit de collusion avec les institutions, de la capitulation devant la force des chasseurs, de l’absence de confiance en le peuple.

Les signataires de cette tribune sont pratiquement ouvertement des renégats. Ils tentent de saboter la lutte, tout cela pour qu’il y ait un « dimanche sans chasse »…

Ils feraient bien mieux de signer la pétition appelant à la démission du préfet de l’Oise, qui a déjà plus de 30 000 signataires et reflète un véritable mouvement populaire à la base !

Et de participer aux activités à la base, en croyant en la force populaire !

Chasse, pas de réduction pour le permis de tuer

L’abaissement du permis national de chasse de 400 euros à 200 euros par an devrait être inscrit dans la prochaine loi de finance à l’automne 2018.

Cette mesure soutenue par le président de la Fédération nationale de la chasse (FNC), Willy Schraen, est la première d’un grand projet de réforme du permis de chasse voulue par le Président Macron, dans le but de «démocratiser la chasse».

Nous y voyons surtout une opération de communication et d’instrumentalisation de la cause animale pour casser une image de «Président des villes».

C’est lors de sa réunion de travail du 15 février, avec Willy Schraen, Thierry Coste, conseiller politique de la FNC, et François Patriat, sénateur LREM de la Côte-d’Or, que le président Macron a donné son feu vert pour réformer la chasse.

Mi-décembre, le Président avait déjà encensé cette pratique cruelle lors d’une fête privée organisée au château de Chambord dans un discours improvisé aux chasseurs présents en faisant l’éloge de la chasse.

Il qualifiait cette dernière de «formidable atout pour la biodiversité» et déclarait: «Je serai le président qui développera la chasse, vous pourrez toujours compter sur moi.»

Thierry Coste, qui se présente lui-même comme le «Machiavel de la ruralité»,et proche du président de la République, avait déjà encouragé le candidat Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle à annoncer son souhait de rouvrir les chasses présidentielles et d’en faire un outil d’influence au service de la France.

Nous sommes consternés de voir que la Fédération nationale des chasseurs ait ses entrées à l’Elysée, alors que les principales associations animalistes y sont ignorées.

Pourtant, seuls 1,7% des Français chassent alors que 80% des personnes interrogées lors du sondage Ifop pour le collectif AnimalPolitique considèrent que la protection des animaux est une cause très importante.

D’ailleurs, il y a un an, 72% des électeurs déclaraient souhaiter un engagement des candidats à la présidentielle sur des mesures concrètes en matière de protection animale.

Cette semaine, à l’annonce de la baisse du permis de chasse, une pétition sur le site MesOpinions.com a atteint en quelques jours le nombre record de plus 60 000 signataires contre cette mesure.

La chasse accapare des espaces naturels au détriment de toutes les autres activités (promenades en famille, randonnées pédestres, activités sportives et de détente, vélo) dont les usagers ne peuvent profiter pleinement par sentiment d’insécurité.

Et ce dernier est justifié: le nombre d’accidents de chasse selon l’ONCFS est de 143 pour la saison 2016-2017 dont 18 mortels. On déplore plus de 350 morts (humaines) depuis 2000 dont 10% à 20% de non-chasseurs et plus de 1 000 accidents.

Ces chiffres impressionnants appellent à la nécessité d’encadrer et de surveiller attentivement cette pratique, et non au choix étonnant de tenter de favoriser l’augmentation du nombre de chasseurs, notamment parmi les plus jeunes.

Nous sommes d’accord sur un point: il faut réformer la chasse et pour cela il faut engager un véritable dialogue respectueux de toutes les parties. La FNC ne peut être la seule organisation à avoir l’écoute du gouvernement.

Cette réforme doit avant tout avoir pour but de protéger la faune sauvage, d’abandonner les pratiques cruelles et d’un autre temps, de sécuriser la pratique de la chasse, et de permettre un meilleur partage des espaces naturels avec les autres usagers de loisirs et de sports de plein air.

A ce titre, nous demandons l’instauration des dimanches sans chasse afin de respecter la sécurité des promeneurs et des familles; l’abolition de la chasse à courre; l’interdiction du piégeage et du déterrage; le développement de zones de tranquillité (sans chasse ni présence humaine) dans les espaces forestiers des domaines publics.

Signataires : Laurence Abeille, ex-députée EE-LV du Val-de-Marne (2012-2017) ; Isabelle Attard, ex-députée écologiste du Calvados (2012-2017); Laurent Baheux, photographe animalier; Jacques Boutault, maire EE-LV du IIe arrondissement de Paris; Aymeric Caron, journaliste et porte-parole du REV; Emilien Cousin, militant animaliste et porte-parole Collectif Stop Cirque Animaux 37; Pauline Couvent et Romain Zavallone, pour la commission Condition animale EE-LV; Yolaine de la Bigne, journaliste et fondatrice de l’Animal et l’Homme ; Mylène Demongeot, comédienne; Pascal Durand, eurodéputé écologiste Ile-de-France et hors de France; Professeur Feuillage, vidéaste; Brigitte Gothière, cofondatrice de L214 ; Catherine Helayel, pour l’association Animal justice et droit; Annie Lahmer, conseillère régionale EE-LV IDF; Luce Lapin, journaliste, chroniqueuse à Charlie HebdoPierre Lucot, référent commission nature du Mouvement Utopia; le bureau national du Parti animaliste; Corine Pelluchon, philosophe et professeure à l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée; Philippe Reigné, professeur de droit au Conservatoire nationale des arts et métiers; Henry-Jean Servat, écrivain, journaliste et chroniqueur.

Chasse : l’exil forcé de Luc Alphand

La chasse est méprisée et les gens savent bien qu’elle est totalement dépassée historiquement. Reste qu’elle fait partie des traditions, de l’idéologie dominante : il faudra une révolution pour la balayer.

Mais, en attendant, l’esprit est déjà là. C’est ce qu’il faut comprendre de la longue complainte de Luc Alphand, qui a été skieur professionnel, dans le  magazine VSD. Une complainte qui vaut le détour, car elle montre que la pression populaire, ça ne rigole pas.

Même comme notable et sportif reconnu par les médias, même à Serre-Chevalier, il a fallu d’une photographie pour que la colère populaire s’abatte depuis 2016…

Luc Alphand justifie cette photographie sur le fameux mode à la française : ce n’est pas moi, ce n’est pas de ma responsabilité, je ne faisais que passer, etc.

Vous compre­nez que, dans ce cas, c’est plus la photo et l’idée de fierté qui s’en dégage, qui choquent ?

Oui, sauf que cette photo, ce n’est pas moi qui l’ai postée. Je n’ai même pas Face­book, et, sur mon Insta­gram, je ne poste jamais de photos de chasse. Celle-ci a été prise avec l’iP­hone d’un guide de chasse qui se trou­vait sur la même zone que moi avec son client. Moi je chas­sais le mouflon et eux, l’ours.

En rentrant, ils l’ont dépecé, sont allés jeter la carcasse et, comme il commençait à faire nuit et froid, je me suis mis sur la peau de l’ours. Quand ils sont reve­nus, ils ont voulu faire une photo.

J’ai accep­té… Bon, je n’au­rais visi­ble­ment pas dû. Mais c’était une photo entre potes, je n’ai pas pensé une seconde que le guide allait la mettre sur son site.

Comme on le voit, il n’y a aucune autocritique, Luc Alphand ne comprenant même pas ce qu’on lui reproche… Enfin, feignant de ne pas comprendre ce qu’on lui reproche, parce qu’il assume tout à fait de chasser « depuis trente-cinq ans » : il sait donc tout à fait ce qu’il fait.

D’ailleurs, s’il est capable de partir à Abu Dhabi faire des spéciales du Cham­pion­nat du monde de rallyes- raids (il a également fait le Paris Dakar par le passé), c’est bien qu’il est imbriqué dans un système totalement dépassé et lamentable, mélangeant pollution et meurtre.

D’où une déferlante populaire spontanée – donc pas nécessairement organisée de manière adéquate, mais avec la dignité de la mise au ban en raison des valeurs considérées comme indéfendables et, même, condamnables.

Luc Alphand parle de milliers de messages « de haine incroyable », d’insultes sur les notes de l’hôtel où travaille sa femme, d’insultes contre ses enfants à l’école, d’un tiers des sponsors qui l’ont abandonné, de conventions annulées, d’une piste de ski à son nom dont le panneau a été enlevé, etc.

Disons le : la forme pourrait être bien meilleure. Toutefois, c’est historiquement inévitable en attendant le grand coup de balai. Et ce coup de balai ne pourra pas être freiné par les appels au libéralisme, comme Luc Alphand tente également le coup :

Discu­ter avec des extré­mistes qui agissent au nom d’une idéo­lo­gie ne sert à rien. Ils trashent pour nuire et détruire. (…)

Toute espèce a besoin d’être régu­lée. Alors, oui, il y a un énorme fossé qui se creuse entre une France à 80 % urba­ni­sée, qui se détourne de ses racines, et les gens de la campagne. (…)

Sortez de derrière vos ordi­na­teurs. Marchez dans la nature, ouvrez les yeux, accep­tez les autres. La solu­tion est dans le partage : la nature est à tout le monde, chas­seurs compris.

Ces phrases sont un modèle de libéralisme, de relativisme…Combiné, comme chez Emmanuel Macron, avec un éloge du terroir, de la France profonde… Voilà l’ennemi de la Cause, ennemi qui ne vise qu’à freiner l’inévitable changement complet de mode de vie qui est nécessaire!

Déjà 20 000 personnes réclament la démission du préfet de l’Oise, en à peine quelques jours

Déjà 20 000 personnes réclament la démission du préfet de l’Oise, en à peine quelques jours ! Une réussite indéniable, qui suit les propos du préfet : « Messieurs les chasseurs, ne subissez pas, passez à l’action », lors d’une réunion avec les chasseurs…

Réunion où le Président de la Fédération Nationale des Chasseurs en appelle à ses « gros bras »  pour aller s’occuper des anti-chasses à courre d’AVA ! Où le président des chasseurs de l’Oise explique pareillement qu’il s’agit désormais de « légitime défense »  !

Voici le texte de la pétition, que l’on peut appeler à signer.  Non pas dans la croyance qu’une pétition puisse suffire, mais avec la certitude que cela participe à la vague de lutte !

Démission du préfet de l’Oise pour incitation à la violence

Lors de la dernière assemblée générale de la fédération des chasseurs de l’Oise, soit une semaine après une manifestation pacifique record contre la chasse à courre le 31 mars 2018 à Compiègne, le préfet de l’Oise et les présidents de la Fédération Nationale de la Chasse et de la Fédération de la Chasse de l’Oise, ont répondu à l’unisson pour appeler à la violence contre les opposants à la chasse à courre, de plus en plus nombreux.

Le Président de la Fédération Nationale des Chasseur, M Willy Schraen, en appelle à ses « gros bras », 800 chasseurs de gibier d’eau, pour venir « chasser en meute » les  citoyens qui s’opposeraient désormais à cette pratique. Il faut noter qu’il appelle des chasseurs non concernés par ce mouvement qui ne s’oppose qu’à une seule forme de chasse, la chasse à courre.

Le Préfet de l’Oise, M Louis Lefranc, appuie cette initiative en les appelant à « passer à l’action ».

Une véritable milice est levée à la simple demande de représentants de la chasse française.

Ces méthodes sont anti-démocratiques et contraires aux droits de l’homme et du citoyen. Elles visent à écraser un élan citoyen qui n’en peut plus de supporter une pratique féodale et morbide qui représente la domination par la violence, extrême et gratuite, sur des êtres innocents.

Au lieu d’écouter ce mouvement et ce désir de beaucoup de français de vivre sans ces horreurs et ses souffrances infligées aux animaux, juste pour le plaisir d’une minorité , M le préfet de l’Oise a choisi LA REPRESSION et soutient désormais toute action des chasseurs visant à se faire justice eux-mêmes afin de continuer à vivre selon leurs us et coutumes.

Par ailleurs, M  Guy Harle d’Ophove affirme que toute personne n’aimant pas la chasse se doit de déménager et de quitter les villages forestiers, qui bien sûr selon lui, n’appartiennent qu’à une seule catégorie de citoyens : LES CHASSEURS.

Ce discours, en plus de son caractère dictatorial et violent, atteint plus d’une liberté fondamentale du citoyen français:

– le droit de manifester et d’exprimer ses opinions,

– le droit de vivre à la campagne et dans les villages forestiers pour toute personne opposée à la chasse.

En soutenant ces  propos dangereux, le préfet de l’Oise cautionne la violence contre des citoyens qui ne veulent que préserver la vie.

Il prône de même l’obligation d’abattre tout animal s’introduisant sur une zone urbaine. Ceci, alors que les habitants des villages ont souvent manifesté leur désir de protéger ces animaux.

Comment un représentant de l’Etat peut-il à ce point ignorer le peuple au profit d’une caste minoritaire?

Comment un préfet peut-il cautionner l’emploi de la violence face à des militants pacifistes?

Comment peut-il mettre en place un dispositif tel que ‘les chasseurs vigilants’, tout en les incitant en même temps, à se faire justice eux-mêmes, alors qu’il s’adresse à des personnes munies d’armes ?

Il doit être le garant de la sécurité sur son territoire et non l’inverse.

Il doit par ailleurs respecter les libertés fondamentales des citoyens, ce qui n’est apparemment pas le cas.

Pour rappel, la loi n° 2016-483 du 20 avril 2016 relative à la DEONTOLOGIE et AUX DROITS et OBLIGATIONS des fonctionnaires:

Art. 25.-Le fonctionnaire exerce ses fonctions avec dignité, impartialité, intégrité et probité. Dans l’exercice de ses fonctions, il est tenu à l’obligation de neutralité.

Art. 25 bis.-I.-Le fonctionnaire veille à faire cesser immédiatement ou à prévenir les situations de conflit d’intérêts dans lesquelles il se trouve ou pourrait se trouver.

Au sens de la présente loi, constitue un conflit d’intérêts toute situation d’interférence entre un intérêt public et des intérêts publics ou privés qui est de nature à influencer ou paraître influencer l’exercice indépendant, impartial et objectif de ses fonctions.

Au vu des derniers évènements, le préfet Louis Le Franc, ne répond plus à aucune des obligations relatives à la DEONTOLOGIE et AUX DROITS et OBLIGATIONS des fonctionnaires.

Ses agissements sont de plus en plus dangereux pour nos concitoyens. Nous demandons de fait sa démission.

Emmanuel Macron baisse de moitié le prix du permis de chasse national

Il fallait suivre d’une oreille attentive l’interview d’Emmanuel Macron dimanche soir, parce que, mine de rien, ce jeune président est devenu le fer de lance de la France des chasseurs. Nous avons parlé régulièrement ces derniers temps de son soutien unilatéral à ces derniers, et notamment à la chasse à courre.

Il était nécessaire donc voir comment il cadrerait son positionnement à ce sujet, parce qu’il faut bien savoir comment réfléchir à ses actions à ce sujet. Or, le choix a été fait par Emmanuel Macron, lors de cette interview, de ne pas parler d’écologie.

C’est là un signe qui ne trompe pas. En 2018, dans une très longue interview (un peu plus de deux heures trente!), ne pas aborder la question de l’écologie, c’est un choix d’une importance à la fois capitale et cynique.

Il n’y a nul besoin de forcément apprécier Raphael Glucksmann pour saisir la juste valeur de son message résumant parfaitement l’horreur d’un tel oubli.

On remarquera par ailleurs, et c’est tout aussi parlant, qu’il n’a plus plus été question d’écologie lors de l’interview accordé à Jean-Pierre Pernaut, ce fameux représentant médiatique de la France profonde, l’interview se déroulant pour cette raison même dans un village de l’Orne.

Cela signifie une chose très claire : celui qui se moquait de Donald Trump en disant « make our planet great again » n’en a rien à faire. Et, dans le contexte actuel, cela signifie par conséquent faire un signe absolument clair aux chasseurs et à tous les partisans du terroir.

Si Nicolas Hulot avait un semblant de dignité, il devrait clairement démissionner maintenant, car le symbole est immense.

En arrière-plan, donc, de cette ligne assumée désormais publiquement, il y a la modification du permis de chasse. Cette modification date d’un choix fait lors d’une rencontre à l’Elysée, le 15 février, d’Emmanuel Macron le président des chasseurs à l’échelle nationale, Willy Schraen, de son conseiller politique Thierry Coste, conseiller politique de la FNC ainsi que de François Patriat, sénateur de la Côte-d’Or.

Cette modification fait passer le permis national de 400 euros à 200 euros, une mesure qui s’appliquera au 1er juillet 2019 et qui va, selon Thierry Coste, relancer l’accès des jeunes à la chasse.

« Nous avons beaucoup de personnes, âgées de 30-40 ans, qui n’ont pas toujours de gros moyens et veulent pouvoir exercer leur passion à plusieurs endroits en France.

Le permis national permet de chasser partout mais était très cher, alors que le permis départemental est plus accessible, mais ne permet pas d’exercer partout. Cela va donc être attrayant pour les jeunes générations. »

Thierry Cabanes, président de la fédération départementale de chasse du Tarn-et-Garonne, explique de la même manière :

« Le permis à 200 euros c’est la mesure phare. Avec cette mesure, on ramène la chasse au peuple et on rend la chasse accessible aux jeunes chasseurs qui ont de faibles moyens.

Pour 200 euros, le chasseur va pouvoir chasser partout en France, sortir de sa commune, de son département. ça va créer un nomadisme extraordinaire.ça va aussi créer du tourisme pour les gîtes, les restaurants… »

On notera qu’à cela s’ajoute que les chasseurs comptent bien que l’examen de passage du permis puissent avoir désormais lieu le week-end, le soir , durant les congés, etc.

De plus, les chasseurs exigent une « gestion adaptative », c’est-à-dire le droit de chasser certaines espèces si un bilan établit qu’une espèce menacée est dans une meilleure situation…

Emmanuel Macron soutient ainsi directement le renforcement de la base des chasseurs. Mais ce n’est pas tout : il renforce leur institutionnalisation.  D’ailleurs, on notera que l’assemblée générale de la Fédération nationale de la chasse à Lyon les 21 et 22 mars 2018 qui a validé le changement de prix s’est tenu… dans le cadre du conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes.

Pour saisir cette institutionnalisation, il faut pour cela comprendre la différence entre le permis national et le permis départemental. On devine, évidemment, qu’un permis permet de chasser dans tout le pays, l’autre seulement dans un département. Voici un exemple des prix.

Or, en pratique, environ 190 euros des 400 euros pour le permis de chasse national allait à l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS)  pour indemniser les agriculteurs en raison des dégâts provoqués par les chasses. Depuis 2000, ce sont les fédérations départementales de chasse qui s’occupent des indemnisations… A leur demande.

Elles voyaient ainsi institutionnalisée, mettant l’Etat de côté pour devenir en fait une institution en tant que telle. L’Etat n’est plus le garant de l’ordre : il a cédé la place à une institution privée qui s’est arrogé le contrôlé, la gestion de son activité.

C’est quelque chose de très impressionnant : c’est une capitulation de l’Etat et un immense triomphe pour les chasseurs. Et c’est Dominique Voynet d’EELV qui en tant que ministre a validé cela…

Voici comment l’ONCFS résume un mode de fonctionnement qu’on voit tout à fait comme favorable aux chasseurs, aux dépens des agriculteurs.

« Désormais, chaque FDC est chargée de la création et de la mise en œuvre d’un fonds départemental sous le contrôle du préfet, s’agissant d’une mission de service public de ces fédérations.

Le principe posé par la loi est que, dans le cas de dégâts causés aux cultures ou aux récoltes agricoles par des sangliers, l’exploitant qui a subi un dommage nécessitant une remise en état ou entraînant un préjudice de perte agricole peut en réclamer l’indemnisation à la fédération départementale ou interdépartementale des chasseurs.

Le fonds est donc clairement dédié aux seuls agriculteurs, ce qui exclut les propriétaires forestiers du bénéfice du fonds, mais également les particuliers qui pourraient être victimes de dégâts à leurs plantations (jardins ou autres) causés par les sangliers ou les autres grands gibiers.

Il ne concerne pas non plus les dommages causés directement aux animaux (canards gras mangés par des sangliers par ex.), mais peut indemniser les conséquences des dégâts de sangliers entraînant l’obligation de vendreune partie d’un troupeau.

De la même façon, les dommages causés à une récolte enlevée ne sont plus indemnisables, la récolte devant être encore sur pied avant l’estimation.

En outre, d’autres restrictions sont apportées par la loi, dont certaines étaient pré- vues dès 1968. Ainsi, il n’y a pas d’indemnisation dès lors que les animaux proviennent du fonds du réclamant. Pour cela, l’indemnisation n’est accordée que lorsque les sangliers proviennent d’un territoire, y compris les réserves, où ils font l’objet de reprises ou d’un plan de chasse.

Par ailleurs, si l’espèce à l’origine des dommages est soumise à un plan de chasse et dès lors que le territoire de provenance des animaux est identifié, il faut que sur le territoire d’où proviennent ces animaux auteurs des dégâts le plan de chasse ait été exécuté dans son minimum.

L’indemnité n’est due que si le montant des dommages est supérieur à un minimum fixé à 76 € par décret en Conseil d’Etat, appliqué par exploitation et par campagne cynégétique, et elle fait toujours l’objet d’un abattement proportionnel fixé par décret en Conseil d’Etat, qui est de 5 %.

Par ailleurs, l’indemnité peut être réduite :

– s’il est constaté que la victime des dégâts a favorisé l’arrivée du gibier sur son fonds,

– lorsque la victime des dégâts a refusé les modes de prévention qui lui ont été proposés par la fédération, et il s’agit là d’une disposition récente introduite par la loi du 23 février 2005.

Cette réduction peut aller jusqu’à 80 % du montant du dommage.

Enfin, pour éviter certains abus, dans le cas où le montant du préjudice déclaré par l’exploitant est plus de dix fois supé- rieur à celui de l’indemnité avant abattement, les frais d’expertise sont déduits de cette indemnité. Rappelons que l’exploitant doit s’assurer de l’existence d’un dommage réel qu’il devra montrer aux estimateurs chargés du dossier, et qu’en tant que professionnel il est compétent pour fixer le montant de son dommage au plus près de la réalité. »

Les chasseurs clouent alors le cercueil de la privatisation complète de leur activité, en disant : l’ONCFS ne doit plus recevoir d’argent, puisque c’est nous qui assurons les indemnisations directement.

Les chasseurs, depuis 2000, ont perdu beaucoup d’argent, puisque les sommes versées allaient à l’ONCFS sans contrepartie concrète de leur point de vue. Mais c’était le prix à payer pour, désormais, gérer la chasse de manière encore plus autonome…

L’Écocirque Joseph Bouglione

Puisque nous parlons de la lutte contre la présence des animaux dans le cirque, voici un court extrait des propos d’André-Joseph Bouglione. Ils sont tirés d’une interview (payante) du Figaro publiée il y a deux jours, à l’occasion de la publication par cet ancien dresseur d’un ouvrage intitulé  « Contre l’exploitation animale », aux éditions Tchou.

Il est aisé de voir une dimension visionnaire dans ce qui est dit. Mais, également, une part d’illusion : les propos sur les trafics devraient amener normalement directement une large enquête de la police et de la gendarmerie… Or, cela ne sera bien entendu pas le cas.

LE FIGARO. – Pourquoi avez-vous décidé de supprimer les animaux de vos spectacles ?

André-Jospeh BOUGLIONE. – Il s’agit d’une décision réfléchie prise en accord avec ma femme, Sandrine. J’appartiens à la sixième génération d’une famille de cirque, mes quatre enfants à la septième. Depuis l’âge de 20 ans, j’étais dompteur de fauves et faisais un numéro avec ma femme. J’en ai aujourd’hui 44.

Au départ, nous n’étions pas conscients du mal que l’on pouvait faire à ces animaux. Ils appartiennent à un écosystème fabuleux que nous n’avons pas le droit d’abîmer. Arrachés à leur milieu naturel, ces animaux n’assurent plus la fonction qu’ils doivent jouer, et on assiste à des déséquilibres entre les espèces et à la disparition de certaines d’entre elles.

Actuellement, des tigres, des lions et des éléphants sont en voie d’extinction à l’état sauvage. Comment peut-on justifier aux yeux de l’opinion publique de faire les guignols avec ces animaux sauvages, les exploiter commercialement sans se sentir coupables ?

La Terre est comme une merveilleuse bibliothèque dont on est en train de brûler les livres par notre insouciance. C’est pour cela qu’on a décidé d’arrêter notre numéro et de faire un cirque sans animaux. Nous avons placé nos fauves dans un refuge où ils finiront leur vie paisiblement.

Et dans les autres cirques, comment cela se passe-t-il ?

De nombreux cirques, notamment les plus petits, utilisent les spectacles avec animaux comme une façade. Ils réalisent plein de trafics autour d’eux en faisant des reproductions à l’état de captivité, non pas au bénéfice de leur activité principale, mais pour les louer lors d’événements privés.

D’autres cirques revendent des lionceaux, par exemple, 1 500 à 2 000 euros l’unité, à des gens qui n’ont pas de certificat de capacité de cirque comme des dealers de drogue.

Ces derniers veulent s’imposer dans leur milieu. Ces animaux meurent souvent avant l’âge adulte. Une situation qui perdure depuis près de cinquante ans, mais que la profession ne veut pas voir en face.

(…)

Que proposez-vous à la place comme spectacle ?

Nous finalisons un projet de cirque écologique. Il s’appellera l’Écocirque Joseph Bouglione, en souvenir de mon grand-père. Tout a été repensé pour consommer le moins d’énergie fossile possible. D’habitude, le transport se fait par camions avec un impact écologique désastreux, sans oublier les frais d’entretien des véhicules et la gêne provoquée sur les routes. Nous allons acheminer tout le matériel par conteneurs, soit par le train soit par voie fluviale.

Nous autoproduirons de l’électricité pour faire un beau spectacle grâce à l’achat d’une centrale électrique et des panneaux photovoltaïques. Pour des raisons de sécurité, nous aurons également un groupe électrogène qui ne rejettera aucun gaz à effet de serre.

De quoi se composera votre spectacle ?

Nous innoverons avec un écovillage autour du cirque où seront présents une centaine d’exposants. Ils proposeront des produits bio, vegan, mais aussi des massages. L’entrée sera libre et pour tout public.

Il faut retrouver le sens du mot « populaire ». Le cirque traditionnel est élitiste. À l’intérieur du chapiteau, il y aura des numéros d’acrobates, de trapèzes volants, de clowns, des musiciens en live. Les costumes seront fabriqués sans produit issu de matières animales. Un pourcentage significatif des recettes partira dans la protection animale. Nous travaillerons avec la réserve de Sariska, dans le Rajasthan, en Inde, où la population des tigres est en train d’augmenter.

Pour plus d’informations, voici le facebook de l’Écocirque Joseph Bouglione.

Ce que révèle la drôle d’affaire du Star Circus

C’est l’un des aspects les plus douloureux qu’il va falloir saisir pour avancer – parce qu’il faut bien avancer, coûte que coûte, pour les animaux. En les aimant : nous sommes d’accord, le véganisme bobo qui assume ouvertement, comme Aymeric Caron, de ne pas aimer les animaux, n’a aucune valeur.

Cependant, il y a également des gens sincères qui, par stupidité, médiocrité, lâcheté, que sait-on encore, se complaisent dans une dénonciation sans intérêt qui ne fait que prendre les animaux en otage pour on ne sait trop quelle crise existentielle.

Et inévitablement ces gens déraillent. En voici un exemple où on se demande littéralement si ces gens n’ont pas abusé de produits stupéfiants, hallucinant une sorte de cauchemar où viennent se mêler les nazis, l’invasion des Huns et l’ALF.

Qu’est-ce qui est le plus fou, au sens le plus direct du terme,  dans ce message? Que des nazis viendraient libérer des animaux? Que les femmes et les enfants étaient directement visés, telle dans une sorte d’invasion médiévale?

Que l’attaque visait à pas moins que brûler le chapiteau comme dans l’antiquité on incendiait des villes? Qu’il y a une assimilation de la libération animale à une sorte de violence « extrémiste »?  Est-ce là un manque d’intelligence, une fainéantise quant à la recherche de la vérité, un choix sciemment fait et assumé de réagir de manière épidermique?

On a ici affaire à quelque chose de malheureusement pas si rare dans un milieu où, en l’absence de travail intellectuel, de véganisme le plus strict, de réflexion sur le long terme, il y a des réactions fantasmées,  totalement personnelles.

Les animaux ne sont pas vraiment là pour être défendus, sinon il y aurait un vrai effort pour comprendre…

Ce sont les fameuses attitudes régressives, infantiles, qui ridiculisent la Cause…

La preuve de cela, c’est que sur la même page facebook,  de La France dit STOP aux animaux de cirque donc, il y a la veille un compte-rendu totalement différent de ce qui est apparemment le même événement.

Et ce compte-rendu coexiste avec l’autre, sans que cela ne semble être incohérent.

Quelle histoire étrange, quel manque de cohérence, quelle absurdité! Si les animaux n’étaient pas la cause, et si apparemment des gens ne s’étaient pas fait tabassés par les circassiens, on en rirait.

Quant à la vérité, on s’en doute tout de même un peu, a priori. Quiconque connaît l’attitude des gens des cirques avec animaux, et inversement le caractère idéaliste, jeune et féminin des personnes défendant les animaux… se dit qu’a priori, quand même,  ce message est plus crédible que l’autre folie racontant qu’un commando visait femmes et enfants, la destruction du chapiteau, la libération des animaux, le tout au nom de l’extrême-droite…

En saura-t-on jamais plus à ce sujet? Et soulignons le problème : la vérité n’intéresse pas les gens privilégiant les attitudes hystériques et n’ayant qu’une obsession : témoigner, apparaître comme faisant quelque chose, avoir l’air d’intervenir, etc.

Une autre association s’est d’ailleurs mise de la partie :

Code Animal

Mise au point : Les victimes ce sont les animaux !

Nous dénonçons clairement et sans ambiguïté les actes et insultes proférés à l’encontre du cirque Star Circus.

Mais répondons avec autant de fermeté à ceux qui nous accusent d’être à l’origine de ce genre de dérapage, d’en être le germe par notre discours « anti cirque ».
1/ Nous ne sommes pas contre les cirques, ni contre les circassiens mais contre la présence d’animaux dans les cirques.
2/ Nous sommes avec les gens du voyage mais aussi les Roms, les tziganes quant à leur droit d’accès aux écoles, à vivre leur vie en paix dans notre société.
3/ Nous n’avons jamais proféré la moindre insulte à l’encontre des circassiens et leur avons toujours laissé la parole.
4/ Notre travail se base sur le fond, nous avons publié un rapport, preuve à l’appui pour l’étayer et sur des enquêtes. Ce travail dénonce des faits pas des personnes.
5/ De nombreux responsables de cirque passent leur temps à insulter nos associations et leurs responsables, de faire des parallèles douteux avec le 3ème Reich et de nous accuser de détournement de fond.
Notre association a déjà reçu plusieurs menaces de mort.
6/ Des cirques dont un des plus grands cirques français a frappé à plusieurs reprises des manifestants lors d’actions pacifiques et déclarées devant leur établissement.
7/ Aucun responsable de cirque ne semble s’émouvoir de ces dérives du côté des cirques ou n’a pris la parole comme nous le faisons avec La France dit STOP aux cirques avec animaux pour condamner les violences dont ils ont été victimes les défenseurs des animaux
8/ Notre association est entièrement bénévole – à moins de 600€ de fond, et n’a aucun intérêt autre que défendre ces valeurs de « respect de la vie » de manière constructive et pacifique.
9/ Car ne l’oublions pas, si ce climat délétère existe, c’est précisément parce que certains humains s’arrogent le droit d’asservir des animaux pour se divertir. La vraie victime, et base du problème, c’est l’animal. Le vrai problème c’est cet esclavagisme moderne que le pouvoir politique tolère encore.

La démocratie c’est aussi avoir le droit de nous exprimer dans le cadre de nos statuts et de la loi, contre ce type d’agissement. Le public et l’Etat trancheront.

A lire ces lignes, on se dit que c’est peut-être la peur qui amène ce genre de réactions. La peur de la confrontation aboutit à un esprit de soumission, parce que tout de même, on peut voir ici des gens passer leur temps à s’excuser auprès des gens des cirques avec animaux!

C’est bien qu’il y a un problème, qui tient à une logique de posture, dont la négation de la vérité est la preuve, l’incohérence la conséquence, les explications incongrues une répercussion inévitable.

L’assemblée générale de la fédération de chasse de l’Oise

L’assemblée générale de la fédération de chasse de l’Oise s’est tenue ce week-end et le moins qu’on puisse dire c’est que la pression est maximale.

Louis Le Franc, préfet de l’Oise, a pris la parole et a été très claire sur son soutien unilatérale et total à la chasse à courre :

« La chasse à courre est légale ! La coupe est pleine pour les chasseurs et il est temps de sonner la fin de la récréation. »

Le président de la fédération nationale des chasseurs, Willy Schraen, a également annoncé la couleur :

« Plus jamais nous n’accepterons ce que nous avons accepté cette année. »

C’est ni plus ni moins qu’un blanc-seing à la répression légale et para-légale contre les anti-chasse à courre. C’est un appel à l’écrasement pur et simple des opposants.

Voici un extrait, présenté par Oise Hebdo, du discours de Guy Harlé d’Ophove, président des chasseurs de l’Oise, lors de l’assemblée générale. Il explique que la forêt appartient aux chasseurs et qu’il fallait pourchasser les révolutionnaires…

AVA raconte le 31 mars 2018

Voici le compte-rendu du rassemblement anti-chasse à courre du 31 mars 2018 à Compiègne par les organisateurs, l’association AVA (le site, le facebook).

Samedi 31 Mars 2018.
1000 personnes défilent pour l’abolition de la chasse à courre.

Un mouvement authentiquement populaire, positif, jamais vu en France, a pris forme chez nous, et se propage maintenant au reste du pays. Cette année, nous avons allumé une flamme qu’il est désormais trop tard pour éteindre, et qui grandira jusqu’à l’abolition !

Bravo et merci à tous ! Voici un résumé de cette journée historique.(photos de Michel Pourny & Lou Marouzé)
10h30, non loin de la gare de Compiègne, les gens commencent à arriver. Beaucoup ont confectionné des pancartes chez eux, en famille, avec des extraits de journaux, des photos, les enfants ont des dessins… C’est un festival d’expression libre, avec même des banderoles et des fresques très travaillées. Un homme brandi les bois d’un cerf que la chasse à courre avait tué chez lui et qu’il a réussi à leur arracher. Des fleurs et des autocollants sont distribués contre une participation volontaire et la foule s’élance joyeusement sur le Pont Solférino.

« Chasse à courre, abolition« , « Vénerie, barbarie », « Halte au carnage, on est plus au moyen âge », « Veneurs, suiveurs, laissez place aux promeneurs », « Folie meurtrière, citoyens en colère », « Chasse à courre on en peut plus, les riverains sont dans la rue », « Veneurs, bourreaux, laissez les animaux »…

Les slogans rythment cette marche au centre ville de Compiègne, défiant les notables locaux et en premier lieu le maire de la ville. Philippe Marini, grand ami déclaré des chasseurs à courre avait mis tous les batons dans les roues possibles à ce rassemblement : arrêté municipal interdisant l’accès à la Place de l’Hotel de Ville (prétextant un marché au fleurs bondé-voir photo), puis un autre interdisant aux manifestants de tenir des stands de café et de gateaux. Son Adjoint à la sécurité n’avait même pas été consulté.

Du côté des chasseurs le mot d’ordre d’étouffer la manifestation avait été donné : toutes les affiches d’AVA ont été arrachées, et une équipe de gros bras suivait de près les tractages, déchirant systématiquement les papiers sur le pare-brise même des voitures. Trois jeunes filles ont été poursuivies dans les rues et traitées de « pétasses » pendant qu’elles informaient les clients d’un marché.

Le fameux marché aux fleurs

Difficile de retenir les huées, donc, quand le cortège fait une halte non loin de l’Hotel de Ville, avant de devoir le contourner et passer par les petites rues désertes pour rejoindre la place du Palais. Quelques médias sont présents quand la Police annonce le chiffre de participation : nous sommes 1000, dont une grande majorité de locaux.

Et dire qu’il y a cinq mois notre jeune collectif ne comptait qu’une dizaine de membres…

Après quelques chants et un discours, la foule rejoint la Place Saint-Jacques pour assister à un concert (les Old Moonshine Band, groupe folk de Clermont de l’Oise) et se restaurer : des gateaux et des boissons chaudes sont distribuées à l’arrière des voitures, faute de stands.

Fait notable : la plupart des gens ont fait l’effort de cuisiner sans matières animales, sans forcément être végans eux même. Un clown gonfle des ballons pour les enfants : canards, cerfs, fleurs…

Mais une question revient immanquablement :
« Que fait on pour la chasse cet après midi ? Quelque chose est prévu? »
Car le 31 mars, c’est aussi le jour de la dernière chasse à courre de l’année.

Un départ s’organise spontanément, par petits groupes, même si des personnes plus expérimentées sont présentes pour encadrer les volontaires. Le matériel du service d’ordre (talkies-walkies et caméras GoPro) sera d’une grande utilité en forêt.

Deux convois se forment, sans vraiment s’être donnés le mot, chacun suivant les autres.

L’un part en forêt de Compiègne, retrouver Alain Drach et son fameux équipage « La Futaie des Amis », connu de tous pour avoir tué un cerf dans un jardin de LaCroix-Saint-Ouen en octobre. Ils seront finalement une quarantaine à le surveiller jusqu’à ce qu’il rentre au chenil bredouille vers 15h30.

Mais le gros des troupes s’est rendu en forêt de Laigue, fief de l’équipage Rivecourt, ceux là même qui ont noyé un cerf dans la rivière en janvier dernier. Courant dans les bois par petits groupes, harcelant les cavaliers sur les chemins, arrêtant les chiens, faisant des opérations escargot en voiture…

Mais l’équipage arrive tout de même à acculer un malheureux cerf dans un étang privé, au bord de l’Aisne. Sur la route qui y mène, la foule commence à grossir, et ne tenant plus, une vingtaine d’intrépides pénètre dans la parcelle privée.

Là ils trouvent le cerf à l’eau, nageant avec des chiens aux trousses, qui lui mordent l’arrière train !

Des veneurs se postent tout autour pour l’empêcher de remonter sur la rive. Le pauvre nage désesperément en rond, s’épuisant pour trouver une issue ! Désemparées, certains personnes se préparent à plonger, d’autres essaient de créer un passage pour que le cerf puisse remonter… Mais rien n’y fait et la Police entre dans le bois pour les déloger.

Dehors, c’est plus de 150 personnes qui sont maintenant massées, et qui conspuent les cavaliers  » Assassins, assassins ! ».

La situation est de plus en plus tendue et l’énorme dispositif policier prévu par la Préfecture se déploie : 17 cars de CRS sont sur place ainsi qu’un hélicoptère qui tourne autour de la forêt depuis le midi. Un cordon est formé pour protéger les chasseurs.

Mais la situation est intenable pour les forces de l’ordre, et vers 16h la nouvelle tombe sur le canal radio de la Gendarmerie: le cerf est « gracié » !

Après un moment de doute, c’est l’explosion de joie parmi les manifestants ! Des enceintes jouent la Compagnie Créole (hymne d’AVA depuis que des veneurs les ont accusé de venir « masqués » comme au fameux bal).

On danse la chenille, des filles pleurent de soulagement… C’est la victoire ! Loin de là, la maitresse d’équipage, Florence de Lageneste, ne cachera pas sa rage d’avoir perdu un trophée « On est pas dans un état de droit ! C’est un scandale ! ».

Difficile de se séparer après une telle journée, la fête se poursuivra encore une heure en forêt, et certains veilleront sur le cerf jusqu’à 20h pour s’assurer de sa santé. Les cafés de la ville en désempliront pas de la soirée.


Comment mieux finir cette saison mémorable, où plus de 130 personnes se sont relayées en forêt pour veiller sur les animaux, sous la neige, dans la boue, sous les coups de fouets ? C’est certainement une grande victoire populaire comme on en voit peu et qui présage le meilleur pour la saison à venir !

BRAVO ET MERCI A TOUS

SOYONS PLUS FORTS ENCORE L’ANNEE PROCHAINE JUSQU’A L’ABOLITION

Eloge des 150

Combien étaient-ils, 150, ou quasi 200, à conspuer les veneurs alors qu’un cerf est dans l’étang le 31 mars 2018 ? Peu importe, le chiffre n’est pas important et il ne s’agit pas non plus de les opposer aux autres personnes qui avaient été présentes au rassemblement un peu avant, parties de la gare de Compiègne pour marcher contre la chasse à courre.

Cet éloge des 150 personnes, ou des 200, est aussi un éloge des 1000 personnes présentes. C’est juste qu’il y a, certainement, quelque chose de plus frappant, émouvant, à voir des gens torse nu au bord de l’eau prêt à intervenir pour sauver le cerf, à voir des gens tous et toutes ensemble avec un sens de l’engagement pour ce qui est juste.

Cette abnégation marque d’autant plus qu’il y a une grande conscience – ou une grande inconscience, mais c’est pareil – à oser prendre des risques en défense des sans défense. Il n’y a pas que le risque d’attraper froid, de se fatiguer, d’être accusé d’irresponsabilité : il y aussi le risque d’être arrêté par la police ou les gendarmes, menacé ou agressé par les chasseurs.

La scène, il faut l’imaginer ici avec un hélicoptère de gendarmerie qui tourne autour… avec 17 cas de CRS qui sont présents aux alentours !

Quel soulagement que de se retrouver, à la fin, pour une partie, en ayant la sensation d’avoir apporté quelque chose, d’avoir contribué à un monde meilleur.

A en avoir, plus que la certitude… la preuve.

On dira qu’un éloge, cela devrait avant tout être celui de l’animal pourchassé, de la victime défendue, pas du défenseur, du justicier. C’est vrai. Cependant, s’il y a une chose remarquable ici, c’est que les 150 – ou les 200, ou les 1000, peu importe, même s’ils avaient été 10 – ont fait resplendir l’humanisme.

Et, de notre point de vue, le véganisme ne peut être que l’expression de cet humanisme. C’est tout de même autre chose que des campagnes d’affichage dans le métro parisien gâchant de l’argent et appelant à une métropole mondiale, vitrine de la richesse indifférente et bornée, sans cirque ou sans pêche !

Les 150 méritent l’éloge, pour leur désengagement concret d’une attitude passive, pour oser s’interposer. Cela porte quelque chose de vrai, de beau, appelant à être reproduit, refait, jusqu’au bout. Et ce « jusqu’au bout » n’a pas de bout, au sens où notre époque appelle à la transformation du monde, à la victoire de la compassion pour les animaux.

Cela n’ira pas sans erreurs, défauts, problèmes, c’est évident. C’est toutefois un passage obligé. Peut-être, qu’en un sens, le 21e siècle est né le 31 mars 2018, dans une forêt, au bord d’un étang, dans les yeux d’un animal que la mort n’a pas pu emporter.

La victoire historique du 31 mars 2018

« Votre mere adore la viande demande au vosin surtout la saucise » : voilà le genre de commentaires que peuvent laisser les partisans de la chasse à courre sur facebook, entre les menaces de mort et toutes les défenses possibles des « traditions ».

Mais cela et leurs agressions, ainsi que le soutien du préfet de l’Oise participant à une chasse à courre le 17 février 2018, puis celui du président de la République Emmanuel Macron à la fin du même mois, n’auront pas réussi à briser la protestation populaire.

Un millier de personnes ont participé au rassemblement anti-chasse à courre à Compiègne hier, alors que 150 personnes étaient ensuite en forêt, parvenant à protéger un cerf que la dernière chasse à courre locale de la saison a dû « gracier » en raison de la pression populaire.

Cela a été l’apothéose d’un mouvement qui a fait que, depuis novembre, plus de 130 personnes se sont relayées deux fois par semaine en forêt pour protéger les animaux, bravant la fatigue et les intempéries, les risques pour leur intégrité physique.

Alors, évidemment, ce millier de personnes n’était pas vegan. Mais c’est cela justement qui en fait tout l’intérêt. Le slogan « non aux carnages, on n’est plus au Moyen-Âge » a ses limites : il a aussi tout comme son potentiel.

Le rassemblement d’hier a fait avancer le véganisme, de par la prise de conscience de la réalité animale, du caractère arriéré du rapport aux animaux, du rôle des puissants dans le maintien d’un tel rapport.

Le rassemblement allait de 7 à 77 ans comme le dit l’expression, avec une vraie portée démocratique : oui, des ouvriers étaient présents et cela change de la paralysie qui est la leur en raison de l’idéologie de la merguez et du repli culturel sur des revendications économiques par ailleurs très limitées.

Il y avait également des femmes bon chic bon genre, témoignant que le féminisme existe bien en conflit avec la violence viriliste telle que peut l’exposer la chasse à courre. Le fait que ces femmes saluaient leurs connaissances aux portes des riches maisons du centre ville historique a d’ailleurs dû faire frémir les grands bourgeois au cœur de la chasse à courre…

Ceux-ci prévoient d’ailleurs déjà le prochain tour. Alain Drach, maître d’équipage de la Futaie des amis, a ainsi expliqué au Courrier picard :

« Qu’est-ce que vous appelez une mobilisation importante ? J’ai été emmerdé toute l’année par une vingtaine de personnes. La manifestation ? J’ai regardé les films ; il n’y avait pas mille personnes. La Fédération de la chasse a prévu une contre-manifestation en septembre, on aura 3 000 à 4 000 personnes pour défendre toutes les formes de chasse. Je me suis occupé d’une manifestation à Londres, pour la chasse à courre, il y a 15 ans, il y avait 300 000 personnes. »

Une telle contre-manifestation disposera bien entendu de l’appui médiatique que le rassemblement d’hier n’a pas eu : seul le Courrier Picard et Le Parisien en ont parlé. C’est comme la tribune lancée par AVA tout récemment, signée par des grandes associations mais non diffusées par elle…

Il faut dire que les grandes associations n’ont, pareillement, pas hésité à s’approprier les vidéos d’AVA, leur prestige.

Les vegan sont pareillement totalement déconnectés. Souvenons-nous qu’il y a quelques jours, une femme a été condamnée à sept mois de prison avec sursis pour avoir dans un élan délirant à la suite de l’attentat de Trèbes salué le meurtre d’une personne par le terroriste, car il était boucher en disant sur Facebook :

« Ben quoi, ça vous choque un assassin qui se fait tuer par un terroriste ? Pas moi, j’ai zéro compassion pour lui, il y a quand même une justice »

On est là dans la posture, pas dans l’esprit révolutionnaire qui compte mobiliser pour supprimer les boucheries et l’activité de boucher… C’est comme, il y a quelques jours également, l’intervention à l’assemblée nationale de dix personnes de « Boucherie Abolition », perturbant la session parlementaire parlant des états généraux de l’alimentation à coups de slogans.

L’exemple parfait du truc qui ne sert à rien, assorti d’un vocabulaire totalement déconnecté. Il est protesté contre « le système naixterminateur » et le communiqué du groupe explique :

« L’Etat tortionnaire des chairs animales porte plainte contre les lanceureuses d’alerte du zoocide planétaire. Nous sommes des résistant.es animalistes, nous nous battons contre un crime de civilisation et pour une justice sociale, nous ne sommes pas réductibles à notre comportement alimentaire « vegan », nous attaquons la secte zoophage en légitime défense AVEC nos alter ego zoopprimés. Le peuple humanimal va abolir le père de tous les esclavages, il va abolir l’élevage et son industrie criminelle de la procréation forcée parce que c’est indispensable. Ensemble, pour l’ ABOLITION . »

D’un côté, la lutte ancrée dans la réalité sociale et culturelle, avec la volonté d’une mobilisation populaire dans le sens de faire progresser les consciences, de l’autre la secte et l’existentialisme, avec une radicalité qui n’est que façade, en quête de reconnaissance égocentrique et de spectaculaire.

Le véganisme connaît un tournant dont il faut savoir reconnaître le contenu !