La situation causée par l’huile de palme

Le parlement européen s’est lancé dans une grande critique de l’huile de palme, mais au moyen… d’une résolution non contraignante.

Voici la partie intéressante, qui reconnaît les dégâts de l’huile de palme, c’est un excellent panorama de la situation causée par  cette huile.

Mais donc, l’Union Européenne constate sans être capable de prendre des décisions profondes et strictes… car c’est une question de vision du monde et de volonté réelle de tout changer, ou pas !

D.  considérant que la déforestation mondiale résulte de nombreux facteurs, parmi lesquels la production de biens agricoles tels que le soja, le bœuf, le maïs et l’huile de palme;

E.  considérant que le défrichement illégal aux fins de l’agriculture commerciale est responsable de près de la moitié (49 %) de l’ensemble des activités de déforestation tropicale qui ont eu lieu récemment et que ces activités sont dictées par la demande étrangère de biens agricoles comme l’huile de palme, le bœuf, le soja et les produits du bois; que, selon les estimations, la conversion illégale de forêts tropicales aux fins de l’agriculture commerciale produirait 1,47 gigatonne de CO2 chaque année, ce qui équivaut à 25 % des émissions annuelles de l’Union dues aux combustibles fossiles(3);

F.  considérant que les incendies de friches qui ont eu lieu en 2015 en Indonésie et à Bornéo sont les plus graves incendies observés depuis près de deux décennies et qu’ils sont dus aux changements climatiques mondiaux, au changement d’affectation des sols et à la déforestation;

que les conditions de sécheresse extrême observées dans les régions en question pourraient devenir plus courantes à l’avenir si des mesures concertées ne sont pas prises pour prévenir les incendies;

G.  considérant que les incendies de friches qui ont eu lieu en Indonésie et à Bornéo ont exposé 69 millions de personnes à une pollution de l’air nocive pour la santé et sont responsables de milliers de décès prématurés;

H.  considérant que les incendies indonésiens résultent généralement du défrichement des terres réalisé en vue d’étendre les plantations de palmiers à huile ou pour d’autres utilisations agricoles;

que 52 % des incendies indonésiens se sont déroulés, en 2015, dans des tourbières riches en carbone, ce qui a fait du pays l’un des principaux responsables du réchauffement planétaire au monde;

I.  considérant qu’il est difficile, au vu de l’absence de plans des concessions d’huile de palme et de registres fonciers publics dans de nombreux pays producteurs, de déterminer la responsabilité des incendies de forêts;

J.  considérant que l’Union européenne s’est engagée, dans le cadre de la déclaration de New York sur les forêts, à appuyer l’objectif du secteur privé d’éliminer la déforestation associée à la production des produits agricoles tels que l’huile de palme, le soja, le papier et la viande de bœuf au plus tard en 2020, reconnaissant que de nombreuses entreprises ont des objectifs encore plus ambitieux;

K.  considérant qu’en 2008, l’Union européenne s’est engagée à réduire la déforestation d’au moins 50 % d’ici 2020 et à stopper la diminution de la couverture forestière de la planète d’ici 2030;

L.  considérant que les précieux écosystèmes tropicaux, qui ne couvrent que 7 % de la surface de la Terre, sont soumis à la pression croissante de la déforestation;

que la monoculture de l’huile de palme est responsable d’énormes incendies de forêt, de l’assèchement de rivières, de l’érosion de terres, de l’assèchement de tourbières, de la pollution de cours d’eau et d’une perte générale de biodiversité, qui entraînent à leur tour la perte de nombreux services écosystémiques, ce qui a de grandes répercussions sur le climat, la conservation des ressources naturelles et la préservation de l’environnement mondial pour les générations actuelles et à venir;

M.  considérant que la consommation d’huile de palme et de ses produits transformés dérivés joue un rôle majeur en ce qui concerne l’impact de la consommation de l’Union sur la déforestation mondiale;

N.  considérant que la demande d’huiles végétales en général tend à croître, tandis que la demande d’huile de palme devrait, d’après les estimations, doubler d’ici 2050;

que, depuis les années 70 à aujourd’hui, l’Indonésie et la Malaisie ont concentré 90 % de l’augmentation de la production d’huile de palme;

que la culture du palmier à huile progresse aussi dans d’autres États asiatiques ainsi qu’en Afrique et en Amérique latine, où l’on assiste constamment à la création de nouvelles plantations et à l’extension des plantations existantes, ce qui portera encore préjudice à l’environnement;

constate toutefois que le remplacement de l’huile de palme par d’autres huiles végétales nécessiterait la culture de surfaces plus vastes;

O.  considérant que l’utilisation massive d’huile de palme s’explique principalement par le faible coût de ce produit qui, lui-même, s’explique par l’augmentation du nombre de plantations de palmiers à huile dans les zones déboisées;

que l’utilisation de l’huile de palme dans l’industrie alimentaire s’inscrit dans un modèle de production et de consommation de masse et non durable, qui va à l’encontre de l’utilisation et de la promotion des circuits courts et des ingrédients et des produits biologiques et de haute qualité;

P.  considérant que l’huile de palme est de plus en plus utilisée comme biocarburant et dans les aliments transformés, 50 % des produits emballés contenant actuellement de l’huile de palme;

Q.  considérant que les entreprises qui font commerce d’huile de palme ne démontrent pas que l’huile de palme de leur chaîne de production n’est pas liée à la déforestation, à l’assèchement de tourbières ou à la pollution environnementale ni qu’elle a été produite dans le respect des droits fondamentaux et de normes sociales appropriées;

R.  considérant que la Commission est tenue, en vertu du septième programme d’action pour l’environnement, d’évaluer les incidences environnementales, dans un contexte mondial, de la consommation de produits alimentaires et non alimentaires dans l’Union et, si nécessaire, d’élaborer des propositions politiques afin de donner suite aux conclusions de ces évaluations et d’envisager d’élaborer un plan d’action de l’Union sur la déforestation et la dégradation des forêts;

S.  considérant les études prévues par la Commission sur la déforestation et sur l’huile de palme;

T.  considérant que la valeur des émissions totales de gaz à effet de serre résultant du changement d’affectation des sols lié à l’huile de palme n’est pas connue;

qu’il est nécessaire de renforcer les évaluations scientifiques à cet égard;

U.  considérant que les pays producteurs ne disposent pas de chiffres fiables sur les superficies consacrées à la culture, autorisée ou non, de palmiers à huile, et que cet obstacle nuit dès le départ aux mesures prises pour certifier la durabilité de cette culture;

V.  considérant qu’en 2014, le secteur de l’énergie était responsable de 60 % des importations d’huile de palme de l’Union, puisque 46 % de l’huile de palme importée a été consommée dans le secteur des transports (soit 6 fois plus qu’en 2010) et 15 % pour la production d’électricité et de chaleur;

W.  considérant que, selon les estimations, 1 million d’hectares de terres seront converties au niveau mondial pour la culture d’huile de palme destinée aux biocarburants d’ici 2020, dont 0,57 million d’hectares de forêts primaires d’Asie du Sud-Est;

X.  considérant que le changement total d’affectation des sols causé par le mandat sur les biocarburants de l’Union européenne à l’horizon 2020 concerne 8,8 millions d’hectares de terres, dont 2,1 millions d’hectares de terres en Asie du Sud-Est qui sont converties sous l’effet de l’expansion des plantations d’huile de palme, la moitié au détriment des forêts tropicales et des tourbières;

Y.  considérant que la déforestation des forêts tropicales humides détruit les habitats naturels de plus de la moitié des espèces animales et de plus de deux tiers des espèces végétales de la planète et menace leur survie;

que les forêts tropicales humides abritent certaines des espèces les plus rares et souvent endémiques, qui figurent sur la liste rouge des espèces en danger critique d’extinction, de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), à savoir des espèces dont, d’après des observations, des estimations, des déductions ou des soupçons, la population a diminué de plus de 80 % au cours des dix dernières années ou sur trois générations;

que les consommateurs de l’Union devraient être mieux informés des efforts déployés pour protéger ces espèces animales et végétales;

Z.  considérant que de nombreuses enquêtes révèlent des violations généralisées des droits fondamentaux dans le cadre de l’établissement et de la gestion de plantations de palmiers à huile dans de nombreux pays, notamment des expulsions forcées, des violences armées, le recours au travail des enfants, des cas de servitude pour dette ou de discrimination à l’encontre des communautés autochtones; (…)

4.  observe que 73 % de la déforestation mondiale résulte du défrichement de terres réalisé pour la production de matières premières agricoles, et que 40 % de la déforestation mondiale est imputable au passage à des plantations en monoculture de palmiers à huile à grande échelle;

5.  observe que l’exploitation de l’huile de palme n’est pas la seule cause de déforestation, mais que le développement de l’exploitation forestière illégale et les pressions démographiques sont également responsables de cette situation; (…)

9.  constate qu’un peu moins d’un quart (en valeur) de tous les produits agricoles de base issus de la déforestation illégale et négociés à l’échelle internationale sont destinés à l’Union européenne, dont, au total, 27 % du soja, 18 % de l’huile de palme, 15 % du bœuf et 31 % des cuirs; (…)

11.  rappelle que la Malaisie et l’Indonésie sont les principaux producteurs d’huile de palme, ces pays assurant environ 85 à 90 % de la production mondiale, et accueille avec satisfaction l’extension de la forêt primaire en Malaisie depuis 1990 mais reste préoccupé par la déforestation en Indonésie, qui progresse actuellement à un rythme de 0,5 % de perte totale tous les cinq ans;

12.  rappelle que l’Indonésie est récemment devenue le troisième plus gros émetteur mondial de CO2 et qu’elle souffre d’une réduction de sa biodiversité, plusieurs espèces animales sauvages se trouvant menacées d’une extinction imminente;

13.  rappelle que l’huile de palme représente environ 40 % des échanges mondiaux des huiles végétales et que l’Union en est le deuxième plus grand importateur mondial avec environ 7 millions de tonnes par an; (…)

16.  observe également que le tourteau de palmiste est employé pour l’alimentation animale dans l’Union, et notamment pour l’engraissement des bovins laitiers et des bovins à viande;

Capitulation des parlementaires devant l’huile de palme

Hier, les parlementaires ont capitulé devant l’huile de palme. La taxe – parfois appelée « taxe Nutella » – devait commencer par 300 euros par tonne à partir de l’année prochaine, pour passer à 500 euros dès l’année d’après, puis 700 en 2019 et 900 euros en 2020, puis encore une nouvelle augmentation en 2021.

Finalement, les députés l’ont décidé hier, la taxe sera de… 90 euros, et de rien du tout pour les filières dites durables qui, rappelons le, n’existent pas de manière réellement vérifiée concernant cette huile ! Mais c’est un moyen de ne pas se confronter à la grande entreprise Ferrero, qui produit son Nutella justement en utilisant une certification RSPO (Table Ronde pour une Huile de Palme Durable).

On se souvient de comment Ségolène Royal s’était lamentablement dégonflée devant cette entreprise, en juin de l’année dernière. Comme d’ailleurs beaucoup de Français, puisque notre pays consomme 26% de la production du Nutella (dont 72% sont du sucre et de l’huile végétale)…

On a ici un degré d’inconscience, de mépris de son corps, de la Nature en général, qui représente une terrible aliénation. Que dire alors des traîtres, comme Barbara Pompili, qui est « l’écologiste » secrétaire d’Etat à la biodiversité, dont l’une des premières tâches est donc d’assumer cette capitulation totale devant un des phénomènes les plus barbares de ce début du 21e siècle.

Au moins, elle a le mérite de ne pas s’être dégonflée dans la trahison, justifiant la position des parlementaires en disant :

« Nous ne voulons ni d’un boycott de ces deux pays, ni même de l’huile de palme. »

Eh bien si, justement, il faudrait boycotter l’huile de palme, et toute personne ayant une conscience écologiste en France devrait pratiquer ce boycott. L’huile de palme est une cause de déforestation massive ; elle est un des principaux vecteurs de l’écocide.

Voici un simple exemple avec la déforestation concernant l’île de Bornéo….

Encore une fois, les intérêts des grandes entreprises passent avant tout. On remarquera encore à quel point celles-ci savent défendre leurs intérêts. Car cette fausse taxation (qui se répercutera simplement sur les prix) est un appel d’air pour la production d’huile de palme en Afrique. Le fait que l’huile de palme, que personne n’employait il y a peu, pousse aussi rapidement donne le même résultat que pour le soja : tout est systématisé.

Il n’échappera à personne que ce sont les grandes entités économiques – entreprises productrices, exportatrices, transformatrices, distributrices – qui décident de tout ici.

C’est très important de le voir parce qu’on trouve ici et là des argumentations totalement spécieuses contre la taxation. Sur Sciences et Avenir, on a par exemple le directeur régional du Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), qui explique candidement que le lien entre déforestation et l’huile de palme n’est pas direct, que la taxe ne servirait à rien à part nuire aux petits producteurs, etc.

Quelle hypocrisie que tout cela, alors que l’huile de palme est une arme pour rendre justement les « pays en développement » dépendants, en les cantonnant dans leur rôle d’approvisionnement… Alors que de toutes manières ce sont les grandes entreprises qui donnent le ton et profitent de la situation!

Le député socialiste Jean-Louis Bricout a tenu le même discours, affirmant qu’il ne fallait « pas déstabiliser brutalement les approvisionnements des entreprises installées en France, ainsi que les revenus des producteurs de ces huiles, qui se situent majoritairement dans des pays en développement ».

Ne pas déstabiliser brutalement revient à ne pas déstabiliser du tout, et qui plus est il ne faut pas déstabiliser, mais supprimer… La planète Terre l’exige, la rupture complète avec ce mode de vie destructeur est une impérative nécessité!

Kalaweit contre la déforestation et pour les gibbons en Indonésie

Mercredi soir sur France 3, on a pu voir un documentaire (encore visible quelques jours) sur un français qui agit en Indonésie contre la déforestation, ainsi que pour aider les gibbons. Il a organisé son combat au sein d’une association qu’il a fondé, Kalaweit (qui suit précisément la déforestation en cours).

Il a pris la nationalité indonésienne justement, afin d’acheter des terres et les préserver. C’est une initiative personnelle qui ne peut pas changer l’ensemble des choses, mais c’est un engagement qui mérite d’être connu et soutenu.

Le journal Libération lui donne la parole dans une longue interview, dont voici ici quelques extraits. Le titre de l’interview est d’ailleurs « Partout, au restaurant ou dans votre magasin, demandez des produits sans huile de palme », ce qui est très clair et tout à fait juste!

Le refus catégorique de l’huile de palme est absolument nécessaire!

Comment se portent les gibbons, aujourd’hui ?

Il y a 17 espèces de gibbons dans le sud-est asiatique, dont 7 en Indonésie. Beaucoup sont au bord de l’extinction. On les perd beaucoup plus vite que les orangs-outangs, puisqu’ils ne peuvent absolument pas s’adapter à une forêt dégradée.

Les nasiques, endémiques de Bornéo, sont aussi bien plus menacés que les orangs-outangs.

Je ne dis pas que ces derniers vont bien, loin de là, mais comme ce sont de grands singes lents, ils sont plus victimes des flammes parce qu’ils ne peuvent pas s’enfuir.

Le gibbon, très vif, part de branche en branche, mais ça ne veut pas dire qu’il survit. Il ne meurt pas devant les caméras lors des incendies mais va se faire tuer par les autres gibbons parce qu’il sera entré sur leur territoire.

Le rythme d’extinction s’accélère-t-il ?

Oui. Depuis la fièvre de l’huile de palme au début des années 2000, la déforestation s’accélère, donc la pression sur les animaux aussi. Il n’y a jamais eu autant d’animaux capturés. Pas parce qu’il y a plus de braconniers.

Le braconnier type qui va chercher le gibbon dans la forêt a quasiment disparu. Aujourd’hui, celui qui attrape un gibbon, c’est l’ouvrier qui rentre en contact avec les animaux quand il déforeste.

C’est vraiment l’industrie de l’huile de palme qui est en cause, donc ?

Oui, sans ambiguïté. Si une compagnie forestière obtient une concession, aujourd’hui, c’est une très bonne nouvelle. Parce qu’elle fera un abattage sélectif sur 25 ans : il va rester de la forêt, certes abîmée, mais il va en rester.

Si une compagnie d’huile de palme obtient la même concession, il ne restera plus un arbre, c’est fini. Tout sera déforesté en 2 à 3 ans.

L’huile de palme, c’est une sorte de rouleau compresseur ?

Oui. A tous points de vue. Les politiques ne voient qu’elle. Je l’ai vécu. A Bornéo, j’avais créé une réserve de 700 hectares avec les autorités, officielle.

Mais au bout de cinq ans, le statut de cette zone a changé suite à des élections au parlement provincial. C’est devenu de l’huile de palme, tout a été déforesté.

La pression de l’industrie de l’huile de palme est énorme. Attention, je parle bien d’industrie et pas des compagnies. Si on regarde le cadastre stricto sensu, on voit les concessions attribuées au charbon, à l’huile de palme, aux mines…

Les autorités de Djakarta ne vont parler que de celui-ci. Mais cela ne reflète pas du tout la réalité du terrain, bien plus grave.

Les autres zones, destinées aux villageois et considérées sur le papier comme de la «forêt», sont rachetées à tour de bras par de grands propriétaires terriens qui y font de l’huile de palme à titre privé et vendent leurs récoltes à la compagnie d’à côté.

Même les compagnies labellisées RSPO (Table ronde pour l’huile de palme durable) achètent cette production, il n’y a pas de traçabilité sur le terrain.

L’automne 2015, la situation est devenue catastrophique…

Les incendies ont lieu tous les ans depuis 17-18 ans et l’arrivée de l’industrie de l’huile de palme dans les zones de tourbières à Sumatra et à Bornéo.

Le but, c’est de défricher au plus vite et le moins cher possible. Donc de brûler. Mais comme c’est de la tourbe, l’incendie peut devenir incontrôlable.

Le phénomène météo El Nino, en 1997-1998, a fait perdre plus de 2 millions d’hectares de forêt en Indonésie, à cause de ces incendies criminels devenus ingérables. Cela s’est répété en 2015. On n’a pas eu de pluie pendant trois mois et l’intensité des incendies est devenue apocalyptique.

Dans la province centrale de Kalimantan, où je vis, on ne voyait pas à 50 mètres. Les vendeurs à la sauvette, aux feux rouges, ne tenaient pas plus d’une heure avant de vomir. Enfants et personnes âgées étaient malades.

C’était très violent. Une vingtaine de décès ont été attribués aux incendies, sans compter tous les autres non répertoriés comme tels. C’était ahurissant. J’ai du mal à trouver les mots pour faire comprendre à quel point.

Vous avez les yeux rouges, la trachée qui vous fait mal en permanence, tout ça pendant trois mois ! Les autorités disent de porter des masques, mais comment le faire faire à un gamin du matin au soir, par 30 degrés?

La population était assez passive, très à l’indonésienne. Les 32 ans de dictature de Suharto ont laissé des traces.

Les gens en avaient ras le bol, mais personne ne se révoltait ouvertement. Mais dès que je l’ai fait avec ma vidéo, tout le monde l’a utilisée pour dire «nous aussi on est en colère».

J’ai reçu des centaines de messages de soutien, les gens me disaient «merci de parler pour nous». Le succès de cette vidéo m’a dépassé. Je l’avais faite spontanément parce que j’étais en colère de voir mes gamins cracher du sang, impuissant.

Ségolène Royal capitule devant Nutella

Face à l’adversité, on peut faire face. On peut également se voiler la face, et s’imaginer un monde sans contradictions, rêver par exemple d’un petit commerce à Manhattan comme dans les films passant à la télévision pour Noël…

Avec la crise, la mode en France a ainsi bien souvent comme contenu le régressif. Et parmi les démarches régressives, niant la réalité au profit de la posture individuelle, on a le Nutella. Tout le monde connaît cette pâte à tartiner, composé surtout de lait écrémé en poudre, de sucre et d’huile végétale, les deux derniers composants faisant pas moins de 72% du produit!

Sur le plan diététique, on comprend facilement la nature de ce produit, et quand on voit que 26 % de la production mondiale est achetée par les Français, on reconnaît que derrière le discours français sur la « malbouffe », il y a une traditionnelle hypocrisie et le culte de la fuite dans le sucre, la facilité et le régressif.

Nutella joue à fond là-dessus, évidemment.


Maintenant, en parlant d’hypocrisie, tournons nous vers la ministre de l’écologie, Ségolène Royal. Elle tente par tous les moyens de se la jouer écologiste, avec notamment la conférence de l’ONU à la fin de l’année: c’est la grande opération poudre aux yeux.

Invitée au « Petit Journal » de la chaîne Canal + lundi dernier, elle s’est dit qu’elle pouvait lancer une petite phrase facile, empruntée à ce que disent les gens ayant une conscience écologiste: l’huile de palme est une catastrophe, il faut dire stop.

Il faut boycotter l’huile de palme, c’est une évidence même. La déforestation en Malaisie et en Papouasie Nouvelle Guinée est terrifiante; le film Green témoigne de l’horreur de ce qui se passe.

Ségolène Royal, tentant de s’approprier l’apparence de la culture écologiste, a cru donc qu’elle pouvait lancer simplement la chose suivante:

« Il faut replanter massivement des arbres, parce qu’il y a eu une déforestation massive qui entraîne aussi du réchauffement climatique. Il faut arrêter de manger du Nutella, par exemple, parce que c’est de l’huile de palme. »

Aux remarques classiquement facho d’un présentateur – c’est bon, cela fait des emplois – elle a maintenu sa position. Elle a pensé que la critique du Nutelle était socialement et culturellement acceptable.

Que n’a-t-elle dit? Immédiatement, le groupe italien Ferrero a mis en avant la certification « durable » de son huile de palme. A l’Exposition universelle de Milan se tenant actuellement, et dont Ferrero est un sponsor important, l’épouse du chef du gouvernement Matteo Renzi a amené sa fille au stand Nutella pour manger des crêpes, sous les photographies.

Le ministre italien de l’Environnement, Gian Luca Galletti a publié sur twitter: « Que Ségolène Royal laisse les produits italiens tranquilles. Ce soir au menu : pain et Nutella ». La presse italienne, le personnel politique italien… la vague de soutien au Nutella a été massive, dans un grand élan de nationalisme et de mauvaise foi.

Mais, et c’est aussi la clef de l’histoire, il y a eu une vague « populaire » de soutien au Nutella. La régression a ses adeptes!

Ségolène Royal a alors… capitulé, aussi simplement que cela.

Elle a même expliqué aux médias:

« C’était des propos tenus dans une émission qui se veut un peu humoristique, mais je comprends que ça ait pu soulever un certain nombre de troubles, donc je veux éteindre la polémique. »

Bref, la tentative de Ségolène Royal de se donner une image écologiste a échoué. Pourquoi? Parce qu’être écologiste de manière authentique, c’est comme être vegan : on peut prétendre tergiverser ou être « constructif » avec les valeurs dominantes autant que l’on veut, à un moment on se heurte bien aux réalités et il faut aller au clash.

Paradoxalement, cela explique parfois pourquoi des gens très engagés pour les animaux ne deviennent pas végans: s’ils le deviennent ils savent qu’il sera alors nécessaire d’aller jusqu’au bout du raisonnement et de rentrer en conflit avec les valeurs dominantes, ce qu’ils préféreraient éviter, par confort…

Ségolène Royal s’est confrontée au réel, et cela annonce déjà non seulement la faillite de la conférence de l’ONU à la fin de l’année, mais également une écologie radicale qui demain, à l’inverse, assumera la rupture avec les valeurs dominantes consistant notamment en une alimentation non saine produite sur une base de monoculture produite dans le tiers-monde et s’élargissant aux dépens de la Nature…

« Escale à Bornéo »

On ne soulignera jamais assez l’ignominie de la propagande effectuée en direction des enfants de la part de l’exploitation animale. Ce qu’on a pu voir hier sur France 5 est une véritable démonstration de ce genre manipulateur et littéralement ordurier.

Dans la série télévisée « Les Sauvenature » (rediffusée très partiellement ici), on voit une famille qui parcourt le monde pétri de bons sentiments, mais toujours dans le respect des lois, des mœurs, de l’idéologie dominante, depuis le cirque jusqu’à… la destruction des forêts primaires à Bornéo afin de produire de l’huile de palme.

Hier, en effet, c’est à Bornéo que se déroulait l’épisode « Escale à Bornéo » (qui dure un peu plus de dix minutes). Les enfants de la famille découvrent un bébé orang-outan blessé par balles, dans une forêt décimée.

La famille le récupère, et tente de le placer. On est déjà placé dès le départ sous l’angle de la compassion typiquement chrétienne, c’est-à-dire individuelle, fondée sur le hasard, quasiment le « signe » (j’étais là pour le sauver, etc.).

La famille va alors cacher le bébé singe dans un hôtel, un enfant s’amusant avec lui: on voit la configuration, totalement dénaturée.

Pendant ce temps, la famille interviewe alors un patron d’une production d’huile de palme qui explique qu’il est triste, mais qu’il n’a pas le choix. Il demande en effet aux enfants : « êtes-vous prêts à arrêter le chocolat, les gâteaux, les céréales… ? »

Il leur remet alors l’adresse d’un refuge pour orang-outan, et la famille y va après être allé recherché le singe.

Seulement le refuge doit fermer le lendemain, pour cause de manque d’argent!

Les enfants qui ont leur blog (c’est un élément central dans la série) font alors une demande de dons. Puis un mystérieux personnage donne beaucoup d’argent au tout dernier moment, alors que les bulldozers sont déjà là, prêts à détruire le refuge !

Et qui est le généreux donateur, bien sûr ? Le patron de la production d’huile de palme, qui explique : « j’ai été touché par votre reportage. Je vais continuer à produire de l’huile de palme, mais Bornéo est mon île et je l’aime, je ne veux pas que les Orang-outan disparaissent. Voilà pourquoi j’ai donné pour le refuge. »

L’épisode se termine là-dessus, sur cette perspective d’esprit chrétien: on y peut rien, à part mettre un peu de sien, à son échelle, etc. Et à côté de l’acceptation de la destruction – la forêt est ainsi réduite aux orang-outans – il y a la mise en valeur des zoos, car en fait de refuge il s’agit d’un intermédiaire pour les zoos, ce qui est d’ailleurs dit dans l’épisode, et même pas d’un sanctuaire!

On retrouve ici toute l’hypocrisie ambiante sur la question si importante de l’huile de palme. Cet épisode s’imagine critique, mais en fait il reflète totalement l’idéologie dominante! C’est l’exact inverse du film Green, qu’il faut impérativement diffuser.

Cet épisode des « Sauvenature » est une mise en avant de l’exploitation, de l’enfermement, de la rébellion individuelle qui prend les choses finalement pas si au sérieux que cela!

 

Interview de Vegan Pays Basque

Après le groupe Vean né récemment, voici Vegan Pays Basque qui apparaît. Là encore on a quelque chose de très moderne et de vivant, et on est libre de penser qu’il y a au fond une véritable nouvelle culture vegan qui est en train d’émerger, sur une base démocratique à la base et dans le le refus de toutes les oppressions.

On est aussi libre de penser qu’il y aura davantage d’échanges, de critiques, de radicalité… Notre époque en a bien besoin!

Voici donc quelques questions posées à Vegan Pays Basque.

Quel est l’objectif de votre groupe, quelle est votre démarche ?

Vegan Pays basque est un collectif qui fait la promotion du veganisme, de l’antispécisme et de l’antifascisme par le biais de stands et d’happenings. Nous menons une lutte contre toutes formes de domination sur les animaux humains et non humains.

Nous agissons principalement en Pays Basque nord et à proximité. Nous nous inscrivons dans un principe de lutte locale qui nous permet d’avoir une très bonne connaissance des enjeux et des préoccupations de notre lieu de vie.

Vous avez organisé un atelier BD, à la mi-juillet. Pouvez-vous nous parler de cette super idée, et de comment cela s’est passé ?

Nous avons organisé cet atelier BD le samedi 14 juillet et nous espérons qu’il s’agissait du premier d’une longue série. Nous avons passé un excellent moment. Plusieurs enfants et adultes y ont participé, le thème était « les animaux libres ».

Ça a été un moment simple, convivial, et tout le monde c’est bien prêté au jeu. Nous avons préparé lors de cet atelier des gaufres végétaliennes, qui ont permis aux personnes présentes de voir que l’on peut cuisiner facilement sans cautionner l’exploitation des animaux non humains.

Nous organisons ces ateliers avec la volonté d’aller au-devant des gens, de partager des savoirs, de montrer que l’on peut également militer dans la joie, de façon positive et cela, tout en faisant passer un message.

Nous allons renouveler souvent l’expérience, sur d’autres sujets (concevoir ses produits d’entretien, apprendre à cuisiner végétalien, apprendre le jeu d’échecs etc).

Quelle est la situation du véganisme dans votre région géographique ? Vousavez également fait le choix de la référence au pays basque, soutenez-vouspar là la réunification du pays basque / Euskal Herria ?

Pour ce qui est du veganisme, il y a, comme pour trop souvent ailleurs, tout à construire en Pays Basque nord. Mais le Pays Basque est un formidable vivier militant, les gens ici ont une habitude de la lutte et ça se ressent dans tous les milieux, il y a une véritable solidarité.

Lorsque que nous organisons des évènements les gens sont intéressés, nous soutiennent, viennent et partagent avec nous alors que ces personnes ne connaissaient pas, pour la plupart, les mots vegan et antispéciste.

Nous avons donc un véritable espoir que dans le futur les choses changent et que les gens se rendent compte que pour vivre dans un monde juste nous devons reconsidérer notre relation avec les autres espèces.

Concernant notre position vis-à-vis d’Euskal Herri, nous sommes pour l’autodétermination des peuples, donc nous considérons que c’est au peuple Basque de choisir son futur et que la question doit lui être posée, ce qui n’a pas été fait jusqu’à maintenant.

Au contraire il y a une énorme répression envers les militants Basques. Nous soutenons le combat pour que les droits fondamentaux du peuplesoient respectés : rapprochement des prisonniers de leurs familles (comme l’impose la loi), possibilité d’exercer une activité politique sans risquer la prison (12 ans sont souvent requis en Espagne pour de simples meetings ou conférences de presse, etc). Cette situation est honteuse et doit cesser.

Vous expliquez que « Vegan Pays Basque est ouvert à toute personne -mêmenon vegan- souhaitant partager notre combat pour mettre fin àl’exploitation et la souffrance animale. » N’y a-t-il pas une contradiction ? Ou alors voulez-vous par là parler de gens en transitionvers le véganisme ?

Notre collectif militepour mettre un terme aux discriminations et mettre fin à l’exploitation des animaux. Donc nous prônons le veganisme qui est la seule manière de vivre sans utiliser et faire souffrir les animaux non humains et nous ne ferons aucun compromis.

Ce que nous entendions par cette phrase c’est qu’il ne faut pas forcément être vegan pour nous rejoindre mais qu’il faut avoir la volonté de se remettre en question et de devenir cohérent avec ce combat. La seule possibilité pour cela est d’être en marche vers le véganisme.

Vous faites une très intéressante présentation de comment on peut faire soi-même ses produits d’entretien. Vous pouvez nous en parler ?

Malgré qu’il existe plusieurs marques de produits d’entretiens qui ne testent pas sur les animaux, cela ne signifie malheureusement pas forcément qu’il s’agit de marques éthiques.

D’autant plus que dans un souci d’écologie, nous avons la volonté de montrer que nous pouvons nous passer au maximum des produits industriels. C’est pourquoi même si nous parlons des marques qui ne testent pas sur les animaux, nous insistons surtout sur le fait qu’il n’y a pas mieux que « faire les choses

soi-même ». Ces produits sont très faciles à faire, écologique, moins onéreux que les produits industriels et au moins nous savons ce qu’il y a dedans. Nous allons également faire prochainement la même chose pour les cosmétiques et les produits d’hygiène.

Qu’entendez-vous par « antispécisme » ? A LTD, nous n’utilisons parexemple pas ce terme, mais c’est souvent une simple question dedéfinition ; ce que nous reprochons, c’est l’attitude d’être « contre » et de ne pas aimer les animaux. Soutenez-vous par exemple les adoptions ?

Le spécisme est une discrimination basée sur l’espèce, comme l’est par exemple le sexisme par rapport au sexe ou la xénophobie par rapport aux origines.

Les spécistes considèrent que, comme les animaux non humains ne font pas partie de notre espèce, cela nous donne des droits illimités sur eux. Nous sommes radicalement opposés à ce totalitarisme humain et nous disons qu’il est indispensable de prendre en considération toutes les espèces sur le même pied d’égalité.

L’antispécisme et le véganisme, sont les seules éthiques qui permettent de respecter totalement les animaux non humains. Celles-ci sont donc incompatibles avec des personnes n’ayant pas de considération pour les animaux.

Nous sommes bien sûr pour l’adoption qui est une mesure de sauvetage et de compassion qui est adaptée aujourd’hui aux animaux non humains en détresse.

Mais pour nous ce n’est pas une fin en soi, nous pensons qu’il est important de remettre en cause le fait que les humain-e-s créent des espèces animales esclavesà partir de croisements. Combien de fois avons-nous entendus ce type d’argument : « si je relâche mon chien dans la nature il n’a aucune chance de survivre ! »

L’argument est ridicule mais il a le mérite de soulever des questions. La libération animale ne pourra pas se fairesi les humains continuent à créer des animaux n’ayant pas leur place dans l’écosystème.

Vous faites référence à l’antifascisme. Dans quelle mesure cela vous semble-t-il important aujourd’hui ?

Il est important de rappeler qu’il faut se battre pour tous les animaux qu’ils soient humains ou non humains, donc il est évident que ces luttes sont liées.

Le fascisme se nourrit de la frustration et essaie de se positionner comme une alternative révolutionnaire. Cela s’est passé et se passe encore dans les ex pays communistes mais également dans tous les états capitalistes qui connaissent une énorme poussée de l’extrême droite, et qui par conséquent, deviennent des états ultra sécurisés et totalitaires. Nous ne sommes pas dupes, nous savons que cela montre un système en fin de vie.

Nous pensons qu’il est très important de greffer ces notions égalitaires dans la promotion du véganisme à l’heure où se battre pour les animaux est souvent synonyme de l’association PETA et de certaines de ses campagnes sexistes et racoleuses, ainsi que de la fondation Brigitte Bardot et de sa représentante déjà condamnée 5 fois pour incitation à la haine raciale, etc.

Il est donc d’autant plus important d’opposer cet argument aux militants qui affirment : « les animaux avant tout ». Toutes les discriminations/dominations sont liées et s’articulent autour d’un système qui ne fait que pousser dans ce sens.

C’est pour ces raisons que ces luttes doivent être menées ensembles pour arriver à une libération totale.

Vous voulez mettre en avant l’écologie, mais il y a encore peu de textes àce sujet. A quoi cela ressemblera-t-il ? L’huile de palme est-elle unsujet important à vos yeux ?

L’huile de palme est en effet une de nos préoccupations, car elle est responsable de déforestations massives et entraînera dans les 15 prochaines années la disparition de 98% des forêts tropicales

d’Indonésie et de la Malaisie. Elle est également responsable de l’assassinat et de la destruction de l’habitat de très nombreuses espèces animales.

Le nucléaire est aussi un sujet très important car en plus d’être déjà très implanté dans les pays occidentaux il commence à s’enraciner dans les pays à fort développement industriel comme l’Inde ou la Chine.

Ces sujets sont des questions majeures que nous traiterons ainsi que de nombreuses autres.

Nous voulons en effet mettre en avant l’écologie car c’est pour nous une part importante du veganisme. La planète, au même régime que les espèces y vivant, n’a pas à subir la mainmise des humain-e-s. Comment pourrait-on protéger les espèces qui y vivent sans protéger la planète ?

Ça serait en effet un non-sens.

Nous rejetons le capitalisme vert et son développement durable qui pour nous est une simple façon pour les systèmes capitalistes de marchander la nature, de se donner bonne conscience et de récupérer un marché comme un autre.

Nous irons donc dans ce sens en essayant de montrer des alternatives et l’importance de faire les choses soi-même pour sortir de cette dépendance crééepar nos états et industries.

Vous dites : « Plus nous serons nombreux à dénoncer l’injustice envers leshumains et les animaux, plus vite elle deviendra un débat de société. » A votre avis, comment cette perspective pourra-t-elle devenir réalité ?

Certain-e-s croient que c’est en forçant les gens, en créant des lois que nous ferons avancer les choses. Pour nous cela s’apparente à du fascisme et ne changera pas durablement les choses.

Il faut être ferme, sans compromis et ne pas brader nosidées, mais il est surtout important de le faire de manière positive. Nous nous battons pour faire germer dans nos sociétés des idées égalitaires pour qu’il n’existe plus aucune domination et discrimination.

Et même si notre génération ne connaitra peut-être pas la fin de l’exploitation animale, nous contribuons dès aujourd’hui à un véritable changement de sociétés.

Un jour viendra où le monde sera libre, mais en attendant nous combattrons le meurtre, qu’il soit de masse ou pas, ainsi que lesdominations/discriminations à l’encontre de tous les animaux qu’ils soient humains et non humains.

Merci et longue vie à « La terre d’abord » pour tout ce qu’elle apporte à la cause.

Comment une multinationale impose l’huile de palme au Cameroun

La palme existe initialement en Afrique ; utilisée en Indonésie et en Malaisie, elle est de plus en plus massivement utilisée dans les pays d’Afrique également. Avec les mêmes conséquences, au Gabon, en Côte d’Ivoire, au Cameroun…

Un bel aperçu du capitalisme à l’échelle mondiale : la pression écologiste sur la Malaisie et l’Indonésie se transforme en jeu de massacres en Afrique !

Voici déjà un aperçu de la situation pour le Cameroun, donné par le Centre pour l’environnement et le développement du Cameroun, dans ce qui est un document véritablement exemplaire.

C’est vraiment un cas d’école, où un État du tiers-monde donne quartier libre à une multinationale.

Quelques faits pour comprendre la situation :

  • depuis 2009 la SG Sustainable Oils Cameroon, une filiale de l’entreprise américaine HéraklèsFarms, a entre ses mains de 73.086 hectares de surface, dans le but de produire 400.000 tonnes d’huile de palme par an
  • 82% de cette surface est destiné à la plantation et aux installations nécessaires, le reste allant aux populations locales et aux forêts primaires
  • le droit pour l’entreprise de l’utilisation de l’eau locale est… illimitée !
  • plus de la moitié des plantations possédées par la SG Sustainable Oils Cameroon empiètent illégalement sur les forêts primaires

Voici quelques passages que nous avons extrait du rapport, téléchargeable ici au format pdf (et ici dans une version anglaise).

Il faut déjà voir le sens de ce néo-colonialisme avec l’impact local :

Les plantations agroindustrielles en Afrique ne sont pas récentes. Elles datent pour la plupart de la période coloniale, mais les nouvelles négociations foncières se distinguent partiellement des pratiques de l’époque coloniale parce que :

Elles ne sont pas motivées uniquement par le marché dans le sens classique de la recherche d’avantages comparatifs au niveau global. En revanche, elles détournent l’utilisation des terres et de l’eau de l’agriculture locale vers l’agriculture à longue distance afin de combler les besoins en alimentation et en énergie des pays d’origine des investisseurs. Il s’agit, dans la réalité, d’acheter des aliments, avec le risque que les besoins locaux en alimentation, les utilisateurs des terres et les droits à l’eau soient déplacés.

Qu’est-ce que cela veut dire ? Eh bien qu’au Cameroun, on pourrait manger à sa fin, mais qu’avec le néo-colonialisme l’économie est vendue aux multinationales et qu’il faut donc importer :

Bien que le pays possède des terres très fertiles et pourrait être auto-suffisant en produits vivriers, le manque d’investissements et d’aide de la part de l’Etat, la politique agricole et commerciale nationale, n’ont pas permis aux agriculteurs de développer leur production.

Selon l’ONG ACDIC, le Cameroun a par conséquent importé en moyenne 426.000 tonnes de riz, 393.000 tonnes de blé et 13.000 tonnes de maïs entre 2008 et 2010.23 En février 2008, des populations de sept régions au sud du Cameroun, ont protesté, contre, entre autres, l’augmentation des prix des denrées alimentaires, due au renchérissement des coûts de transport entre les zones de production et le Cameroun, destination finale à l’importation de ces produits de première nécessité. Ces émeutes ont duré plusieurs jours et fait plusieurs dizaines de morts.

Cette augmentation sensible et rapide des prix de ces produits avait révélé la dangereuse dépendance du Cameroun aux produits alimentaires importés. Dans ces conditions, la logique de la location des terres aux entreprises étrangères pour la production d’huile de palme destinée à l’exportation s’explique difficilement, au moment même où la nécessité du soutien aux petits agriculteurs produisant des denrées pour la consommation locale se fait de plus en plus pressante.

Comme nous en avions déjà parlé, au sujet de l’Afrique de l’ouest (La machine de guerre contre les chimpanzés et l’explosion de la « viande de brousse »), il y aura donc également comme conséquence du projet économique une généralisation du braconnage :

Migration, braconnage et vente de viande de brousse

En général, au Cameroun, tous les projets importants d’investissement entraînent des migrations vers les zones desdits projets, car les nombreux Camerounais au chômage se ruent vers l’emploi.

Dans le cas de la SGSOC, le déplacement économique des populations va augmenter la dépendance sur la chasse. En plus, la migration va inévitablement faire accroître la demande pour la viande de brousse.

En outre, le réseau routier développé va également contribuer à rendre plus rentable le braconnage professionnel. La combinaison de ces facteurs fait du projet SGSOC un catalyseur potentiel d’une catastrophe en matière de conservation de la nature.

Et, bien évidemment, les parcs nationaux voisins sont touchés et, à terme, plus que menacés…

 « Nous nous considérons comme des écologistes » (le PDG de l’entreprise Héraklès)

Les équipes de la SGSOC et d’Héraklès sont sur le pied de guerre au plan des relations publiques pour minimiser l’impact environnemental des plantations de palmiers à huile, car leur projet sera une véritable catastrophe écologique.

Biodiversité

Les projets de monoculture de palmiers à huile, même bien gérés, débouchent généralement sur des pertes de biodiversité. Dans ce cas, la concession foncière de la SGSOC est située dans un lieu de grande valeur pour la biodiversité, à proximité de quatre aires protégées (le parc national de Korup, les monts Rumpi, le Mont Bakossi et le sanctuaire de faune de Bayang-Mbo).

Cet espace abrite des douzaines d’espèces en voie d’extinction, et la zone entre les aires protégées est un important couloir de migration des espèces.

Le tout dans une opacité totale, en raison du caractère « confidentiel » des négociations…

L’augmentation des prix des produits de première nécessité, l’industrie des biocarburants en pleine expansion, les réformes foncières en Asie du sud-est, les cadres d’investissement améliorés ainsi que les préoccupations grandissantes de bon nombre de pays en matière de sécurité alimentaire nationale ont conduit les entreprises privées et les gouvernements à se tourner (une fois de

plus) vers le continent africain à la recherche de terres.

Il est difficile de trouver des statistiques précises relatives à ce phénomène, car les négociations

foncières sont le plus souvent signées dans le secret. Nous savons que des millions d’hectares de terres du continent africain ont été concédés dans le cadre de baux fonciers de longue durée (parfois jusqu’à 99 ans).

Cela, bien entendu, menaçant les forêts primaires de manière générale, modifiant tout le pays lui-même finalement…

Forêts à haute valeur pour la conservation (FHVC)

Afin de réduire les risques du projet aux yeux des investisseurs potentiels, Héraklèsa déclaré que ses activités seraient conformes à un certain nombre de bonnes pratiques internationales, notamment les Principes de l’Equateur et ceux de la Roundtable for Sustainable Palm Oil.

Tout en reconnaissant l’impact négatif du palmier à huile des forêts, la RSPO interdit à ses membres de détruire valeur pour la conservation (FHVC) dans le but de les plantations de palmiers à huile. Selon la RSPO, « le sur la préservation les forêts à haute remplacer par des développement des plantations ne doit pas mettre une pression indirecte sur les forêts par l’utilisation de toutes les terres agricoles disponibles d’une zone».

Lorsque la SGSOC est entrée en contact avec une entreprise anglaise pour une évaluation des FHVC dans une plantation, cette entreprise a refusé en déclarant que le projet viole clairement les principes RSPO sur les FHVC, entre autres.

De nombreuses analyses, notamment celle du GIZ, montrent que plus de la moitié des concessions de la SGSOC empiètent sur les FHVC. Le GIZ estime, en outre, que la SGSOC devrait réserver 31.576 ha de terres pour les activités agricoles des communautés locales. La SGSOC a mis de côté moins de 10% de cette superficie.

L’EIES de la SGSOC prétend que « les FHVC, y compris les forêts primaires, les végétations sur les pentes raides (supérieures à 30°) et les sites sacrés tout comme les terres agricoles utilisées par les villages de la concession, seront préservés ».

Toutefois, l’évaluation ne présente aucune explication sur le déroulement de ces faits et aucune carte n’est fournie pour la démarcation des terres à préserver. Par ailleurs, si cette terre sera réellement réservée pour l’agriculture et la conservation, pourquoi resterait-elle une partie de la concession foncière de la SGSOC ? Cette terre doit être restituée aux communautés.

C’est un travail admirable qu’a fait le Centre pour l’environnement et le développement du Cameroun ; le document qu’il fournit est d’une très grande valeur pour comprendre l’action des multinationales, leur démarche rendant soumis les États du tiers-monde, tout cela pour une production meurtrière !

La production d’huile de palme augmente toujours

Où en est l’huile de palme aujourd’hui ? Eh bien sa production continue de grandir. La production indonésienne d’huile de palme sera en 2012 de 25 millions de tonnes, soit 6,4% de plus qu’en 2011.

Rappelons que ce sont pratiquement deux millions d’hectares de forêt primaire qui disparaissent chaque année…

Il y a cependant une progression continue de la pression populaire contre l’huile de palme. Les grands distributeurs ont décidé de changer leurs produits, mais le pire est qu’ils ont du mal.

Ainsi, Casino a décidé il y a deux ans de cela de supprimer l’huile de palme de ses propres produits, ce qui concernait tout de même 15% des produits. Les efforts n’ont été concluants qu’en partie, puisque 30% des produits n’ont pas « pu » être changé jusqu’à présent… Et naturellement, aucune date n’est à l’horizon pour en terminer avec l’huile de palme…

Carrefour a décidé de faire de même, pareillement pour ses propres produits. On remarquera l’hypocrisie d’ailleurs de stopper l’huile de palme pour ses propres produits, mais de ne pas généraliser la chose à tous les produits distribués.

Chez Carrefour donc, 1000 produits sur 10000 à peu près sont concernés, une bonne moitié a déjà été modifiée et le reste le sera à l’horizon 2014. Carrefour compte également faire en sorte que toute l’huile de palme de ses produits en 2015 soit « responsable. »

C’est un peu étrange tout de même de dire que l’huile de palme sera supprimée de ses produits en 2014, et qu’en 2015 elle sera certifiée durable… Mais cela s’explique par le fait que Carrefour est un groupe mondial : en Europe, les produits Carrefour n’auront pas d’huile de palme, mais il y aura toujours de l’huile de palme pour les pays d’Asie et d’Amérique latine l’utilisant dans leur cuisine « traditionnelle. »

Comment sera garanti le caractère durable de cette huile de palme ? Eh bien par « Greenpalm » qui est issu d’Organisations Non Gouvernementales et qui servent d’intermédiaire pour proposer de l’huile de palme durable (à l’heure d’aujourd’hui, seule la moitié de cette huile trouve preneur!).

Voici le FAQ de Greenpalm. On notera le caractère opaque avec la première réponse qui est très significative, alors que c’est censé être un projet à but non lucratif !

En fait, l’huile de palme est tellement rejetée, que les grosses structures, comme le WWF, se placent de manière « utile » et rentable. Cela s’appelle le « Greenwashing. »

On dira que c’est bien de supprimer l’huile de palme. Soit. Cependant, ce n’est pas cela qui fait que la forêt peut regagner du terrain, cela transforme la prise de conscience en outil pour une opération de promotion de marque, et cela démobilise alors que l’on devrait comprendre que le problème est général, planétaire, à l’échelle de Gaïa elle-même…

De nombreuses grosses associations – comme les Amis de la Terre ou Greenpeace – critiquent d’ailleurs Greenpalm pour ne concerner qu’une simple niche dans la production d’huile de palme, pour ne servir finalement que de faire-valoir à l’industrie et également pour ne pas être strict face à l’empiétement sur la forêt primaire…

La destruction de la planète s’accélère en fait tellement que même faire semblant d’être « durable », « écologiste », « responsable » devient de plus en plus difficile…

 

  1. Qui est propriétaire de GreenPalm?GreenPalm et GreenPalm Brokerage sont des antennes de Bookclaim Limited qui est une des filiales de AarhusKrlshamn UK Ltd. King George Dock Hull HU9 5PX U.K.
  2. Depuis combien de temps le programme est il opérationnel?La RSPO a audité les premiers producteurs à l’automne 2008. Les premiers certificats GreenPalm ont été enregistrés et vendus sur le site GreenPalm peu de temps après.
  3. Comment sont garantis les principes d’honnêteté et d’intégrité au sein du programme GreenPalm?Seuls les producteurs audités et répondant aux critères et principes établis par la RSPO sont autorisés à vendre des certificats pour GreenPalm brokerage. Une liste des nombres de certificats GreenPalm est disponible à la consultation sur ce site. Consultez la liste des vendeurs ici. Des audits vérifieront que les certificats vendus n’excèdent pas la production. Les utilisateurs qui souhaitent promouvoir leur soutien peuvent également être audités afin de vérifier leur déclaration.
  4. Qui peut promouvoir son soutien au programme GreenPalm?Seuls les propriétaires de certificats activés en ligne (les certificats ne pouvant plus être revendus) peuvent revendiquer leur soutien à la production de palme durable certifiée par la RSPO. Il y a une clause pour les détaillants qui souhaitent promouvoir leur soutien par l’intermédiaire de leurs fournisseurs qui ont acheté et activé des certificats en ligne.
  5. Les utilisateurs de certificats activés en ligne peuvent il être audités?GreenPalm a le droit de conduire des audits indépendants et aléatoires auprès des utilisateurs pour vérifier que leurs revendications sont couvertes par le nombre de certificats achetés.
  6. Comment contrôlez vous qu’un producteur ne vend pas plus d’huile et de certificats que ce qu’il produit?La RSPO maintient une base de données centrale. Les volumes des producteurs sont entrés dans cette base de données. Lorsqu’un producteur enregistre un volume sur le site GreenPalm celui ci est déduit de sa balance. Les mouvements physiques d’huile sont aussi déduits de la balance. Ce système évite la double vente de l’huile et des certificats.
  7. Lorsqu’un acheteur fait une enchère en ligne est ce réellement ce qu’il paiera?Non. L’acheteur paie en plus des frais de courtage ($1) ainsi qu’une contribution à la RSPO ($1) pour chaque certificat. L’enchère est le montant maximal que l’acheteur paie, hors frais de courtage, contribution à la RSPO et taxes associées.
  8. Lorsqu’un vendeur fait une offre est ce réellement ce qu’il touchera?Si l’offre est acceptée, le vendeur reçoit au moins la somme correspondant à l’offre.
  9. Que se passe t il si l’acheteur ne paie pas les certificats sous 14 jours?La transaction est annulée et l’acheteur sera tenu de régler les frais de courtage, le don à la RSPO ainsi que toute perte subie par le vendeur et les intérêts.
  10. Quelles sont les sanctions encourues pour non respect des règles?Les membres peuvent être suspendus du programme GreenPalm ou leur adhésion annulée. La suspension et l’annulation seront publiées dans la section publique du site GreenPalm.
  11. Quels sont les bénéfices du programme GreenPalm pour les utilisateurs?Les utilisateurs peuvent promouvoir leur soutien à la production de l’huile de palme durable dans la mesure où ils ont activé des certificats pour l’année. Les certificats activés ne peuvent pas être revendus.
  12. A combien s’élèvent les frais de courtage?Les frais de courtage GreenPalm, payables par l’acheteur à GreenPalm, sont de $1.00 par certificat acheté.
  13. Combien touche la RSPO pour les transactions?Le don à la RSPO est de $1 par certificat acheté, payable par l’acheteur en plus du paiement à verser au vendeur et des frais de courtage.
  14. Qui peut acheter des certificats GreenPalm?Tous les membres du programme GreenPalm.
  15. Y a t il un nombre minimum de certificats à acheter?Oui, le minimum de certificats à acheter est de 25 par enchère.
  16. Acheteurs et vendeurs sont ils identifiés?Non. Les enchères et les offres sont anonymes. Seuls le vendeur et l’acheteur savent qui vend et qui achète et à quel prix.
  17. Quelles informations sont accessibles au public?Les informations accessibles au public sur le site comprennent une liste des producteurs accrédités par la RSPO et leurs certificats enregistrés auprès du programme GreenPalm; une liste des utilisateurs qui ont activé les certificats en ligne, ainsi que le volume de ces certificats; le montant des transactions, le montant des enchères/offres qui n’ont pas abouties et une liste des membres suspendus.
  18. L’enchère et l’offre se font en US$- est ce que tous les paiements s’effectuent en US$?Non – l’acheteur a la possibilité de choisir une autre monnaie (euro et sterling) et réciproquement le vendeur sera payé par GreenPalm en une de ses deux monnaies. Le taux de change du dollar proposé sur le site est utilisé pour les conversions en euros et en dollars.
  19. Est ce qu’une enchère ou une offre peut être retirée?Oui. Une enchère ou une offre peut être retirée à tout moment avant sa validation.
  20. Est ce que les certificats couvrent les acides gras de palme distillés?Oui, un certificat peut être utilisé pour les acides gras de palme distillés.

« En quoi notre consommation d’huile de palme tue les orangs-outans »

Voici un article publié par une primatologue qui, en plus de rappeler la nature de l’huile de palme, est pathétique. Pathétique parce qu’au lieu de basculer dans la libération de la Terre – seule conclusion logique -, l’article se conclut sur… une apologie des zoos, et une vision du monde encore et toujours anthropocentriste (« S’il n’y a plus rien sur terre, il n’y aura plus non plus d’êtres humains »).

C’est une preuve que ces gens, qui veulent vivre comme avant, défendront jusqu’au bout leur manière de vivre, ils refusent les conclusions – mais la réalité de Gaïa va les rappeler à l’ordre, comme elle le fait déjà. Et seule une humanité capable de respecter et de vivre en harmonie avec Gaïa est viable… Assumer la libération animale et la libération de la Terre, c’est demain qui commence aujourd’hui!

En quoi notre consommation d’huile de palme tue les orangs-outans

> Par Delphine Roullet Primatologue
Publié dans le Nouvel Observateur

L’huile de palme va, d’ici quelques dizaines d’années, engendrer la disparition de l’orang-outan. Attention, ce n’est pas la consommation de cette huile par les grands singes qui est en cause, mais bien la nôtre.

Huile bon marché, déforestation et chasse aux singes

Comme c’est une huile bon marché et qu’elle résiste bien aux traitements de conditionnement des aliments, elle est très avantageuse pour l’industrie agro-alimentaire et donc fortement commercialisée –même si ses effets sur la santé humaine sont discutés.

Les palmiers à huile sont essentiellement cultivés en Indonésie. Or c’est là que se trouvent les dernières populations d’orangs-outans. À Sumatra, la population d’orangs-outans est de 7000 individus, tandis qu’à Bornéo, les effectifs de l’autre espèce sont plus importants et se situent dans une fourchette de 45.000 à 70.000 individus.

L’ennui, c’est que les orangs-outans sont très dépendants de leur milieu. Ce sont les mammifères les plus arboricoles qui soient : ils vivent dans la forêt et y trouvent leur alimentation. Si l’espèce qui vit à Bornéo va parfois au sol, celle de Sumatra vit essentiellement dans les arbres, arbres qui sont abattus au profit des plantations de culture d’huile de palme. Ces abattages entraînent la destruction et la fragmentation de l’habitat des orangs-outans, qui se retrouvent prisonniers de reliquats de forêt.

Ils tentent comme ils peuvent de s’adapter, mais leur seule solution est d’aller coloniser les cultures de palmiers à huile. Ils se retrouvent donc en conflit avec la population locale et, après avoir été chassés de leur habitat naturel, ils vont être chassés par l’homme. S’ajoutent à cela les catastrophes naturelles dues au réchauffement climatique et tout est réuni pour que les orangs-outans ne soient bientôt plus qu’un souvenir.

Le problème est quasiment insoluble. Il n’est pas tant question de remettre en cause la législation indonésienne et les faibles poursuites et condamnations en cas d’abattage d’orangs-outans. Après tout, en France, quelle est la peine pour maltraitance d’animaux ? Et puis, il s’agit de pays pauvres où les industriels donnent de l’argent. Je ne veux donc pas jeter la pierre aux populations locales, mais plutôt pointer du doigt les dérives de l’industrie agro-alimentaire.

Consommateurs, vous pouvez sauver l’orang-outan

En tant que consommateurs, nous avons la possibilité d’impacter sur la consommation d’huile de palme, présente dans l’agro-alimentaire, les cosmétiques et même les biocarburants.

Le problème est médiatisé depuis un certain nombre d’années et les gens commencent à faire attention. Encore faut-il trouver l’information. En effet, si sur certains paquets les producteurs jouent carte blanche en mentionnant la présence d’huile de palme, d’autres utilisent le terme plus générique d’ »huile végétale », derrière lequel peut se cacher de l’huile de palme.

Certes, il existe des industriels qui mettent en avant des filières certifiées. C’est le cas en Colombie, où les plantations de palmiers à huile ne se font pas suite à une déforestation, mais sur des terres auparavant dédiées à l’élevage. Mais les fournisseurs les plus importants se trouvent en Indonésie et ne suivent pas cette chaîne de certification.

Il y a tout de même des choses qui changent : suite à la campagne de Greenpeace, bien relayée par les réseaux sociaux, Nestlé a annoncé l’arrêt de l’utilisation d’huile de palme dans ses produits ; des grands distributeurs comme Casino mettent en avant des produits certifiés sans huile de palme.

Alors, même si on ne peut demander à tout le monde d’être un éco-citoyen modèle (il faut encore voir l’impact sur le porte-monnaie qu’a cette consommation responsable), chacun peut apporter son petit grain à la machine et contribuer à la survie de l’orang-outan.

Les populations captives, ambassadeurs des populations sauvages

Si ces changements d’habitude de consommation peuvent autant influer, c’est parce que la déforestation et la chasse s’additionnent à un autre problème de l’orang-outan : sa faible capacité de renouvellement. La reproduction est très lente : une femelle ne se reproduit pas avant l’âge de 10 ans (et 15 ans pour l’espèce de Sumatra) et met au monde un seul petit tous les six à huit ans. Le nombre de petits par femelle sur une vie d’approximativement 40 ans est ridicule.

Or, si certains programmes d’élevage en parc zoologique ont pour but, à terme, la réinsertion et le renforcement des populations locales, c’est assez rare chez les primates. Pour autant, les zoos ne sont pas impuissants face à la menace qui pèse sur les orangs-outans. Non seulement ils permettent de conserver les espèces, de les étudier dans un but de protection, mais aussi de communiquer sur ces espèces[1]. Les populations captives sont de très bons ambassadeurs pour les populations sauvages.

Certains se demandent encore pourquoi sauver l’orang-outan. À ceux-là, je réponds que la destruction des forêts tropicales, de l’habitat des orangs-outans et des espèces qui y vivent a un impact direct sur la survie de l’homme. Tous les projets de conservation ont un volet humain et intègrent à bon escient les populations locales.

Il ne s’agit pas seulement de sauver une magnifique espèce. Finalement, même si nous habitons en ville et avons du mal à percevoir les liens entre les orangs-outans et nous, ils existent. Notre consommation a un impact sur la survie de leur espèce, laquelle a des répercussions sur la survie de l’être humain. S’il n’y a plus rien sur terre, il n’y aura plus non plus d’êtres humains.

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[1] C’est ce que nous faisons à la ménagerie du Jardin des plantes, où l’on peut voir des orangs-outans. De plus, l’Association européenne des zoos et aquariums (EAZA) a dédié en 2011 sa campagne annuelle de sensibilisation à la conservation des grands singes, ce qui a permis de récolter des fonds pour des projets de conservation, notamment pour les orangs-outans. Retour au texte.

« L’homme de la forêt » victime de l’huile de palme

L’huile de palme est un thème écologique qui s’impose de plus en plus; nombreuses sont les personnes qui ont conscience de son importance historique, de ce qu’elle représente. Et logiquement même les médias « mainstream », comme ici Le Monde, abordent ce thème.

L’écologie avance… Trop lentement. Mais elle avance!

« L’homme de la forêt » victime de l’huile de palme

Le point commun entre les orangs-outans d’Indonésie et le FC Barcelone ? Carles Puyol. Le capitaine du club de football espagnol, victorieux de la Coupe du monde 2010, a accepté d’être le porte-parole de ces paisibles primates, dont la population diminue chaque année du fait de la déforestation et du braconnage.

Editées par le Partenariat pour la survie des grands singes (Grasp, Nations unies) et l’association International Animal Rescue, les affiches de cette campagne de sensibilisation montrent le sportif vedette debout devant des photos d’orangs-outans emprisonnés ou maltraités, avec cette interpellation : « I Care. Do you ? » (« Je m’en préoccupe ? Et vous ? »)

Il y a urgence. Le grand singe roux, avec lequel nous partageons environ 98 % de notre patrimoine génétique, ne vit que dans les îles indonésiennes de Bornéo et Sumatra.

Sa population y était estimée à plusieurs centaines de milliers d’individus il y a cent vingt ans ; ils ne seraient plus que 65 000 environ et ces effectifs se réduisent un peu plus chaque année.

D’ici à vingt ans, l’unique singe anthropoïde d’Asie pourrait avoir disparu de son habitat naturel si la déforestation, menée pour l’essentiel au profit de la production d’huile de palme, continue au rythme actuel.

Pour l’orang-outan (« homme de la forêt » en malais), qui se nourrit, s’accouple, se repose et se déplace dans les arbres, le maintien de ce biotope est en effet vital.

A cette menace s’ajoute celle de la chasse, devenue d’autant plus active que les conflits entre l’homme et le grand singe se multiplient. Pour la première fois, une enquête de terrain, menée par l’ONG People and Nature Consulting International auprès des villageois du Kalimatan (la partie indonésienne de Bornéo), a livré sur ce point des informations précises. Publiées dans la revue scientifique PLoS ONE, elles décrivent une situation désolante.

Dirigée par le biologiste Erik Meijaard, de l’Université du Queensland (Brisbane, Australie), cette étude a consisté à interroger, entre avril 2008 et septembre 2009, près de 7 000 personnes vivant dans 687 villages. Les questions portaient sur leur situation socio-économique, leur connaissance de la faune locale et leurs rapports avec les grands singes.

Il ressort de cette enquête que, malgré leur statut d’animaux protégés, de 750 à 1 800 orangs-outans ont été tués entre avril 2007 et avril 2008. Ce qui témoigne d’une évolution « positive » par rapport aux années précédentes (meilleure connaissance de la loi ou moindre présence de l’animal ?), puisque les villageois, interrogés sur des périodes plus anciennes, évoquent un tableau de chasse annuel supérieur à 2 000 singes.

Les motifs de ces abattages ? 54 % des réponses évoquent la recherche de viande de brousse, 10 % la protection des cultures, 15 % des conflits survenus dans les villages. L’enquête souligne également le laxisme des autorités indonésiennes, qui ne poursuivent qu’exceptionnellement les contrevenants : 63 % des personnes interrogées reconnaissant avoir tué un de ces primates admettent savoir qu’ils sont protégés par la loi.

Il est malheureusement probable que les tensions entre les Indonésiens et les grands singes arboricoles ne s’apaiseront pas de sitôt. « L’orang-outan a de grandes capa cités d’adaptation. Lorsque la forêt tropicale, qui constitue son habitat naturel, se transforme en plantations de palmiers à huile, il apprend à se nourrir des fruits de pal mier », constate Yaya Rayadin, chercheur à l’université de Mulawarman (Samarinda, Bornéo). Fruits dont est précisément extraite la précieuse huile… D’où d’inévitables conflits.

DEUX ESPÈCES

Le 21 novembre, le Jakarta Globe rapportait ainsi l’arrestation, dans le Kalimantan oriental, de deux hommes qui ont reconnu avoir tué plus d’une vingtaine d’orangs-outans en échange de récompenses offertes par des propriétaires de plantations de palmiers à huile.

Motif d’inquiétude supplémentaire pour les défenseurs des grands singes : une étude, publiée début 2011 dans la revue Nature, sous l’égide du Centre génomique de l’université Washington (Saint Louis, Etats-Unis), a permis de comparer la diversité génétique des deux espèces d’orangs-outans, celle de Bornéo (Pongo pygmaeus) et celle de Sumatra (Pongo abelii).

Cette dernière, dont les effectifs se réduisent désormais à quelque 7 000 individus, n’en a pas moins conservé une assez grande diversité génétique. La première, en revanche, présente un génome relativement semblable d’un individu à un autre, ce qui la rend plus vulnérable aux changements de milieu et aux maladies. Pour ses 50 000 à 60 000 représentants, il s’agit d’une mauvaise nouvelle de plus.

Collectif Nopalme à Port la Nouvelle

Pour nous à LTD, refuser systématiquement l’huile de palme fait partie du quotidien. Il était temps de créer une catégorie rien que pour cela, tellement il s’agit d’un produit infernal exactement conforme à la mentalité des dominants: destruction de la Nature, massacre des animaux, maladies pour les personnes consommatrices…

Voici une info concernant un collectif s’opposant à ce qu’une raffinerie d’huile de palme s’installe dans le Languedoc Roussillon…

La multinationale agroalimentaire Sime Darby Unimills a investi dans l’huile de palme. Elle s’illustre de par le monde en tentant de dissimuler sous de fallacieux prétextes humanitaires l’exploitation éhontée qu’elle fait des populations des pays producteurs qu’elle spolie de ses terres et réduit à la misère notamment au Libéria.

Le conseil général de la région Languedoc- Roussillon tente d’imposer aux habitants de la région l’implantation d’une raffinerie d’huile de palme appartenant à Sime Darby et un stockage d’huile de palme appartenant à la société hollandaise Vopak en investissant 200 millions d’euros d’argent public pour favoriser cette installation dans le port de Port la Nouvelle en méditerranée.

La population de la région a réagi en créant un collectif : Nopalme afin de contrer ce projet.Un collectif local a aussi été créé à Port la Nouvelle.

Conscients des manipulations dont ils font l’objet ( promesses d’emplois dérisoires, prétexte d’extension du port) les habitants savent que le partage d’un tel budget au niveau régional permettrait à d’autres acteurs économiques, plus respectueux des besoins des populations et de l’environnement de se développer.

La population n’a jamais été consultée ni informée, le conseil général et Sime Darby espérant la mettre devant le fait accompli. Avertie par des « fuites », la population revendique son droit de regard et d’expression dans l’organisation de sa vie , dans l’utilisation de budgets auxquels elle contribue ainsi que la considération de ses propres facultés à estimer ce qui est réellement bon ou mauvais pour elle, sur son propre terrain et en solidarité avec le peuple du Libéria et toutes les populations d’ici ou d’ailleurs exploitées par les multinationales sans scrupules. Pour plus d’infos :

http://nopalmepln.tumblr.com/

Voici également un questions-réponses concernant la situation là-bas:

Non à l’huile de palme

Confédération Paysanne Languedoc – Roussillon      
Une usine d’huile de Palme à Port La Nouvelle : les points qui posent problème…

1. L’huile de palme : quel avantages et inconvénients par rapport aux autres huiles végétales?L’huile de palme, extraite de la pulpe des fruits du palmier à huile est l’huile végétale la plus consommée au monde (25 %).

Ingrédient traditionnel des cuisines d’Afrique, d’Amérique du Sud ou d’Asie, elle est désormais surtout utilisée par l’industrie : 80 % dans l’agroalimentaire, 19 % pour les cosmétiques et, encore marginalement à ce jour, 1 % pour les biocarburants. La moitié des aliments transformés – chips, biscuits, lait pour bébé, sardines en boîte, mayonnaise, sauce tomate, céréales, chocolat, fromage rapé…- en contiendrait, car elle leur confère du moelleux et facilite leur conservation.

En raison de sa haute teneur en acides gras saturés après cuisson, cette huile est cependant fortement suspectée de favoriser les troubles cardio-vasculaires. Le nutritionniste Jean-Michel Cohen a même utilisé le terme de « scandale alimentaire » pour dénoncer la trop fréquente dissimulation de l’huile de palme sous un étiquetage général « huile végétale ».

2. A qui et à quoi serait destinée l’huile de palme qui arriverait à Port la Nouvelle ?

La croissance de la consommation mondiale d’huile de palme pourrait quasiment doubler entre 2010 et 2020, en raison du développement de la filière des agrocarburants (avec, pour rappel, l’objectif posé par l’Union Européenne de remplacer 20% de sa consommation de carburants fossiles par des agrocarburants d’ici 2020).

De grosses raffineries d’huiles de palme ont d’ores et déjà été développées sur différents points stratégiques du monde.

La raffinerie de Darwin en Australie, ouverte en 2008 pour produire 800 millions de litres de biodiesels à partir d’huile de palme peut sans doute donner une idée du projet de Port La Nouvelle comme usine d’agrocarburants à destination du marché européen.

Son principal avantage pour les industriels par rapport à d’autres huiles végétales réside en fait dans son faible coût de production, avec un rendement de 5000 litres/ha/an contre environ 600 litres pour l’huile de tournesol et l’huile de colza. Cette filière exige cependant énormément de main-d’œuvre pour la récolte, ce qui la rend uniquement viable dans des pays à très bas salaires.

3. Où serait produite l’huile de palme qui arriverait à Port La Nouvelle et dans quelles conditions ?

L’huile de palme serait importée par la multinationale malaisienne Sime Darby qui produit déjà de l’huile de palme sur 530 000 ha en Malaisie et Indonésie.

Mais c’est probablement au Libéria que serait produite l’huile de palme qui arriverait à Port La Nouvelle, sur les 220 000ha obtenus par la signature en mai 2009 d’une concession de 63 ans entre le gouvernement libérien et Sime Darby, contre 800M$ et la promesse de 20 000 emplois et d’infrastructures (écoles, centres de santé) pour les employés. Les terres du Liberia présentent en effet l’avantage d’être moins chères qu’en Asie et plus proches du marché européen.

Le Liberia a également une certaine « pratique » des cultures d’exportations puisque c’est dans ce pays que, dès les années 20, l’entreprise américaine Firestone, après signature d’un accord de concession avec le gouvernement libérien, a remplacé cultures de riz et de manioc par d’immenses cultures d’hévéas pour la production de caoutchouc/ pneus. Un soit-disant modèle de développement qui n’a pas vraiment fait ses preuves depuis les années 20…

L’implantation de Sime Darby au Libéria n’est donc que la continuation de politiques coloniales d’exploitation des ressources d’un pays au profit d’entreprises privées et d’une certaine élite locale et au détriment des populations locales. Une pratique « d’accaparement des terres » qui a connu depuis 2008 un développement exponentiel dans de très nombreux pays du monde…

La production d’agro-carburants est concurrentielle à celle de l’alimentation sur le terrain pour les populations autochtones mais aussi sur l’ensemble des prix mondiaux, cette tension étant utilisée par les spéculateurs pour des rentes de situation développées sur le dos des plus pauvres. Ainsi le nombre des personnes sous alimentées est passé de 850 millions à plus d’un milliard en 5 ans.

En janvier 2011, des manifestations de populations locales ont eu lieu dans une des zones d’implantation de Sime Darby au Libéria (Cape Mountain) accusant l’entreprise de procéder à des plantations illégales sur le territoire de 27 villes et villages, de rendre l’eau impropre à la consommation et de ne pas respecter les droits des travailleurs (payés 3$/jour). Ils ont posé un ultimatum de 60 jours pour une renégociation de l’accord entre le gouvernement libérien et Sime Darby, accord auquel les populations locales n’ont jamais été associées.

4. La Production d’huile de palme est-elle négative pour l’environnement ?

Les critiques des mouvements écologistes n’ont cessé de s’amplifier au cours des dernières années, accusant les compagnies productrices d’huile de palme d’abattre massivement les forêts d’Indonésie et de Malaisie pour les remplacer par une monoculture de palmiers, détruisant ainsi la biodiversité locale et l’habitat naturel de certaines espèces protégées. Selon Greenpeace, 87% des forêts tropicales détruites en Asie du Sud-Est entre 1995 et 2000 l’ont été dans le but de créer des plantations d’huile de palme.

Les entreprises et les gouvernements concernés ont réagit en mettant en place des certifications garantissant une exploitation « durable » des ressources, la plus connue étant le RSPO (Round Table on Sustainable Palm Oil) signé par plus de 250 organisations internationales (dont le WWF, Oxfam International, le CIRAD…) et de nombreux transformateurs (L’Oréal, Yves Rocher, Nestlé, Heinz, Ikea…)

Selon plusieurs autres organisations cependant (World Rainforest Movement, Greenpace, Amis de la Terre…) ce « verdissement » de la production d’huile de palme autour de critères environnementaux dits « minimums » (respect des lois locales, non utilisation des pesticides les plus dangereux, consultation avec les partenaires…) ne remet pas en cause le fait central de production d’huile de palme : la transformation de milliers d’hectares de forêts en immenses exploitations de monoculture. L’exploitation serait « durable » mais la destruction initiale aussi.

5. Quels bénéfices pour le Languedoc-Roussillon ?

Les bénéfices attendus pour la population du Languedoc-Roussillon suffiraient-ils à compenser tous les impacts négatifs notés ci-dessus pour les autres populations du monde ? Quels sont donc ces avantages ? 200 emplois –selon le Conseil Régional- ou 50 –selon Sime Darby- devraient être crées à Port La Nouvelle. Dans le contexte actuel, cet argument écrase tous les autres. A noter cependant que la raffinerie de Darwin (800 millions de litres) n’emploie actuellement que… 20 personnes, avec un potentiel de développement à 40…

L’usine pourrait également permettre à certains agriculteurs du Languedoc-Roussillon (du Lauragais en particulier…) de valoriser leurs production de colza et de tournesol. Mais pour quoi faire ? Compléter l’huile de palme qui prend elle-même la place de leurs huiles dans l’alimentation? Produire de l’huile à destination de nos véhicules?

Selon quelles conditions de volume et de prix ? Là encore, le flou le plus total règne sur ces conditions…L’usine permettrait enfin d’utiliser certaines capacités de stockage sous-exploitées sur le port ? Mais a-t-on vraiment exploré toutes les possibilités d’utilisation de ces équipements, alternatives à l’huile de palme ?

C’est pourtant sur ces hypothèses floues, que Robert Navarro a passé, selon ses dires, son premier coup de fil après sa nomination comme vice-président, pour rassurer Sime Darby : « la région, leur ai-je dit, tiendra tous ses engagements, à travers une convention de quarante ans ». Mais, en sens inverse, quels engagements –sociaux, environnementaux, en terme d’emploi…- sont demandés sur 40 ans à la compagnie Sime Darby ? Qui peut dire comment évoluera la production d’huile de palme d’ici 40 ans ?

La position du Conseil Régional LR témoigne en fait d’un rapport de force dégradé des institutions publiques par rapport au pouvoir économique. « S’ils ne viennent pas à Port La Nouvelle, ils iront ailleurs ». Le Conseil Régional doit-il entrer dans un jeu de concurrence entre territoires dont les règles et les exigences sont posées par des entreprises comme Sime Darby ? Et si le Conseil Régional Languedoc-Roussillon lançait enfin un message fort pour un minimum d’éthique dans le commerce international ? Sime Darby irait ailleurs ? A moins qu’ailleurs aussi, des personnes et collectivités s’appuyant sur le positionnement fort du Conseil Régional disent aussi « non » et obligent le commerce international à changer dans ses pratiques destructrices. Il faut bien commencer quelque part…