La grande actualité, c’est bien sûr l’écotaxe, qui a été plantée par le gouvernement, avec l’approbation semi-officielle d’Europe Ecologie les Verts. D’un côté EELV a critiqué à demi-mots, et de l’autre la ministre du logement Cécile Duflot a déclaré :
Cette taxe a rencontré des inquiétudes fortes et qu’il faut entendre. C’est la responsabilité des politiques d’être à l’écoute et pas droits dans leurs bottes. Je pense que c’est une bonne décision, que le gouvernement soit à l’écoute du pays.
Tout cela est très grave, puisque l’écologie en général recueille une image très mauvaise, punitive, et surtout inappropriée en raison de la crise. Si l’écotaxe est abandonnée, c’est en raison de la même chose qui s’est passée chez GAD : les ouvriers ont suivi les appels des patrons refusant d’être taxés et justifiant cela au nom de « l’emploi. »
Comme d’habitude, le nationalisme a servi de masque à cette union contre-nature. Les drapeaux bretons ont été sortis en masse, et la société Armor Lux a même distribué 900 bonnets rouges, allusion à une lutte contre une taxe de Louis XIV en 1675…
Mais ce n’est pas la seule chose terrible dans cette histoire. Car la blague, c’est que l’argent collecté devait surtout aller, à échelle de 780 millions d’euros, à l’Agence de financement des infrastructures de transport de France… L’écotaxe devait servir surtout à financer… des routes !
L’autre blague, c’est que les portiques pour poids lourds, servant à calculer leur passage, relèvent du privé… L’entreprise Ecomouv devait être payée 18 millions d’euros par mois… Si l’on applique pas l’écotaxe, l’Etat devra lui verser 800 millions d’euros tout de même…
Et pour en rajouter dans le délire, dans le capital d’Ecomouv, on a notamment des entreprises françaises : SFR, SNCF, Steria et Thales !
Il y a toutefois quelque chose à laquelle il faut faire attention. Toute cette catastrophe est également dûe en bonne partie en raison de la diffusion massive de l’idéologie « petite production » depuis la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.
Jamais il n’y aurait pu y avoir une telle union entre les classes sociales sans l’esprit de petit producteur qui s’est largement répandu.
En rejetant les animaux, la ZAD a rejeté l’universalisme, en rejetant l’universalisme elle a rejeté le progressisme. Le boulevard était ouvert pour l’idéologie du petit producteur en lutte contre le gros, contre l’État et ses taxes, etc.
La seule critique qu’a réussi à faire EELV d’ailleurs, c’est que le mouvement contre l’écotaxe ne se fondait… pas assez sur la petite production !
Les organisateurs de tout cela, c’était en effet les Fédérations départementales des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA), et EELV reprochent à cette structure d’être vendue à la grosse industrie agro-alimentaire…
Dans cette sale mentalité, on voit d’ailleurs que lors de la manifestation bretonne contre l’écotaxe ont été détruit des dizaines de tonnes de choux-fleurs, d’œufs, de bottes de paille et de pneu…
Et dans cette logique, l’écologie apparaît comme un luxe, comme quelque chose d’inadéquat dans la « mondialisation. » La Bretagne, la France, etc. seraient « faibles », ce serait aux gros de faire quelque chose !
Si d’ailleurs le travailleur local est essentiel, on voit aisément aussi à quel point le nationalisme local et identitaire est un poison. Au nom de la spécificité bretonne / basque / etc., on accepte tout et n’importe quoi, on rejette l’universalisme, on bascule dans les compromis, etc.
Voici par exemple ce que dit la « Gauche indépendantiste bretonne »:
Si la collecte du lait est hors taxe il doit en être de même pour d’autres transports comme les transferts locaux d’animaux vers les abattoirs ou encore ceux d’alimentation pour le bétail qui ne peuvent se faire que par la route
L’indépendance bretonne est ici le simple masque de la célébration de la petite production. Et c’est malheureusement la tendance du moment : c’est le repli sur soi, le nationalisme, l’abandon de l’universalisme… Et ce n’est pas acceptable… On voit bien où on va avec ce genre de dynamique: droit dans le mur!