Dossier (actualisé) sur la catastrophe nucléaire de Fukushima

La catastrophe nucléaire de Fukushima est un événement historique, un rappel terrible de la précarité des sociétés urbanisées de manière chaotique, et dénaturées au point d’utiliser des énergies incontrôlables et sources de pollution.

Le précèdent rappel avait été Tchernobyl ; la veille de notre premier article sur la catastrophe de Fukushima nous parlions d’ailleurs de la campagne Tchernobyl : 25 ans – 25 jours d’actions lancée par le réseau Sortir du Nucléaire.

Pourtant paradoxalement, les anti-nucléaires ont du mal à faire passer leur message. Il est vrai que l’intervention militaire française en Libye et les élections cantonales ont mis la catastrophe de Fukushima de côté au moins pour un temps. Mais pour autant, cette catastrophe n’est pas prête de s’arrêter et doit être un prétexte à une critique de fond en comble d’une société considérant comme acceptable la destruction de la Nature.

Il est étrange et à nos yeux absurde de s’imaginer que l’on pourra faire passer en France un message d’ouverture sur les animaux, si l’on ne voit pas que les animaux subissent justement des attaques terribles de la part des sociétés humaines.

Nous trouvons paradoxal au plus haut point, ou littéralement absurde, que des gens puissent critiquer la situation des animaux dans notre société, tout en ne considérant finalement les animaux que de manière négative (comme « viande », « cobayes », etc.).

C’est tout aussi absurde que de prétendre assumer l’écologie, tout en niant le fait que l’écologie est composée d’une nature où les animaux ont évidemment une place essentielle !

Quand on aime la Nature, on aime les animaux, et inversement quand on aime les animaux, on aime la Nature. Quand on critique l’exploitation animale, alors on s’ouvre aux animaux, à tous les animaux, et on défend leurs espaces de liberté !

Nous connaissons donc un certain « trouble » de notre côté avec la question de la catastrophe de Fukushima. Pourquoi est-il si « acceptable » dans la société que l’océan soit considéré comme un dépotoir nucléaire ?

Pourquoi les vegans n’ont-ils pas saisi cette question essentielle, et pourquoi les écologistes n’ont-ils pas vu que l’océan sans les êtres vivants qui y vivent, cela n’a aucun sens ?

Séparer ces deux aspects n’a aucun sens, et il faut le comprendre vite si l’on ne veut pas que la planète soit assassinée par une humanité dénaturée et dénaturante, et allant ainsi inévitablement et également à sa propre perte !

C’est cela qui nous a poussé à ouvrir, à côté de LTD, une sorte de dossier spécial uniquement consacré à la catastrophe nucléaire de Fukushima. Ce dossier sera mis à jour quotidiennement et est accessible à partir de catastrophe-de-fukushima.fr ou bien laterredabord.fr/Fukushima.

Cela permet à la fois de donner à la question de Fukushima l’importance qu’elle doit avoir. Après la marée noire en Louisiane (dont nous avons très largement parlé), c’est encore un symbole de la guerre impitoyable contre Dame Nature !

Et cela permet de revenir à toutes les autres questions dont nous parlons d’habitude ici, vu que la catastrophe de Fukushima va elle-même durer encore au mieux plusieurs années (avant un refroidissement complet et définitif des réacteurs).

Voici pour finir les articles publiés sur LTD concernant la catastrophe de Fukushima, les nouveaux articles à ce sujet étant désormais publiés sur catastrophe-de-fukushima.fr :

12 mars : Séisme au Japon et risques nucléaires

13 mars : Accident atomique, mensonges et eau de mer

14 mars : Le point de vue d’Edmund Lengfelder

15 mars : Une crise qui s’amplifie, au milieu du black out médiatique

16 mars : Fukushima: la machine s’emballe

17 mars : La pollution nucléaire massive de la mer et Fukushima

18 mars : Potentiel hydroélectrique français et Autriche dénucléarisée

19 mars : Manifestations anti-nucléaire ce dimanche

21 mars : Sortie du nucléaire : le piège du référendum

22 mars : Fukushima est déjà le symbole d’une catastrophe historique!

23 mars : Panache radioactif: Quels sont les risques attendus sur la France ?

24 mars : Fukushima: une situation toujours hors contrôle

26 mars : Deux semaines après le début de la catastrophe à Fukushima

28 mars : Le point sur la situation à Fukushima

Le végétarisme « à la mode » et le végétalisme « criminel »

Hier a commencé, dans le nord de la France, un procès présenté par les médias comme étant celui d’un « couple de végétaliens. »

« Un couple de végétaliens devant les assises » titre « Elle », alors que l’AFP diffuse un bulletin intitulé « Des parents végétaliens jugés aux assises après la mort de leur fillette. » France 3 annonce « Ouverture mardi du procès des parents végétaliens » alors que Le Figaro explique : « Un couple de végétaliens aux assises. »

Nous avions déjà parlé de ce procès, lors d’une précédente session l’année dernière, en mai 2010 (Le véganisme passe en procès, jugé par l’Etat français).

On retrouve évidemment dans les médias la même propagande qu’à l’époque. Le matraquage est total. Le caractère « végétalien » du procès est la ligne de conduite médiatique.

Il est expliqué que la fillette de 11 mois est morte d’une bronchite due à sa faiblesse corporelle, elle-même due au végétalisme et donc les parents sont en procès pour « privation de soins ou d’aliments suivie de mort. » Il ne s’agit pas du procès de la maltraitance et de la malnutrition, de l’absence de soins, mais bien du végétalisme qui aurait été la source de carences (en vitamines A et B12).

On retrouve le schéma classique comme quoi le végétalien est un marginal, plein de carences en raison de son « mode de vie », ce qui ne peut conduire qu’à du malheur, etc.

Le point de l’avocat du couple est quant à lui le suivant: « Lors de la visite médicale du neuvième mois, ils n’ont pas suivi l’avis du médecin qui leur conseillait d’hospitaliser le bébé atteint d’une bronchite et qui perdait du poids », « Ils préféraient des recettes à base de cataplasme d’argile ou de choux puisées dans leurs lectures. Ce sont des gens qui ont eu de mauvaises lectures au mauvais moment, »

Si l’avocat tente de dédouaner le couple (toujours végétalien), le côté « secte » prédomine bien entendu encore. Tout ce qu’on retient est que le végétalisme est une démarche marginale motivée par cette marginalité même : en gros les végétaliens sont végétaliens parce qu’ils sont végétaliens et forment une secte parmi tant d’autres.

Si tout cela n’est pas très clair ni facile à expliquer, c’est que justement la confusion la plus complète prime ici. Pour rendre tout cela plus parlant, prenons le cas inverse, avec ce qu’expliquait le magazine gratuit dans le métro parisien « A nous Paris », de la semaine du 21 mars 2011.

On y trouve donc en couverture, avec un article au début du journal, le thème suivant :

Végétarien

Végétalien

Flexitarien

Choisis ton menu

On y apprend que :

Sur fond de scandales alimentaires, de préoccupations sanitaires et de réchauffement climatique, le végétarisme sort de l’ombre et intéresse de plus en plus de curieux qui réfléchissent à ce qu’il y a dans leurs assiettes (…).

Si de plus en plus de gens choisissent l’option du bio, l’idée de ne plus consommer de viande commence aussi à faire doucement son chemin dans les esprits. Que ce soit pour préserver sa santé ou soigner une maladie, par conscience écologique, humanitaire, ou par refus de la souffrance animale, ils sont de plus en plus nombreux à réduire leur consommation de viande ou à choisir carrément le végétarisme.

Suit une présentation du végétarisme, puis celle du végétalisme (encore et toujours considéré comme une sorte de variété plus ou moins radicale), et on a même le mot « vegan » qui est expliqué et qualifié de « mode de vie global. »

Voici ce qui y est dit:

Le végétalien ne consomme, quant à lui, ni chair, ni sous-produits animaux. Enfin, le terme anglais “vegan” désigne un végétalien qui proscrit tout produit issu des animaux (cuir, laine…) ou testé sur des animaux. Etre “vegan” ne se limite donc pas à l’alimentation, mais relève d’un mode de vie global.

Comme évidemment un « mode de vie global » n’est pas acceptable pour ce journal « bobo », les points reviennent vite sur les i :

Et si vous réussissez le plus souvent à ne pas manger de viande mais que vous craquez occasionnellement pour un bon burger ou une entrecôte, peut-être faites-vous partie de cette nouvelle “tribu” que les anglophones appellent les “flexitarians”, des végétariens à temps partiel, pas tout à fait végétariens mais plus vraiment carnivores. Un groupe qui va sans doute compter de plus en plus de “membres” dans les années qui viennent…

On a finalement le même fond que pour les médias exerçant leur matraquage avec le procès du « couple végétalien. »

Le végétarisme est considéré comme « acceptable » s’il reste souple. Le végétalisme par contre est considéré comme une forme « extrême. » Preuve en est quand des « célébrités » végétaliennes sont citées, on les assimile à des « végétariennes. » Quant au véganisme, c’est un « mode de vie », un « lifestyle » et c’est donc encore une catégorie à part.

Mais le végétalisme lui-même, de par son refus de l’alimentation « dominante » est clairement inacceptable pour un esprit libéral qui y voit une menace obscure, et le véganisme est lui très clairement compris comme une déclaration de guerre ouverte.

Il y a en effet une réalité, des normes, des valeurs, des « traditions », etc. Donc tout doit rester ici de l’alimentation, et seulement de l’alimentation. On peut à la rigueur avoir des « états d’âmes » et être plutôt végétarien, mais cela doit s’arrêter là!

Conséquence de ces valeurs dominantes, le thème des animaux peut ainsi à la rigueur être présenté par rapport à la question des fermes industrielles, mais absolument jamais n’est abordée, ne serait-ce que de loin, la question de la libération animale, et ne parlons pas de celle de la Terre.

Libération animale et libération de la Terre sont des principes, et la société ne veut pas de principes, que du libéralisme; ce sont des concepts, et la société ne veut que du commercial.

Le maximum que les médias peuvent ainsi comprendre comme conception, c’est une sorte de refus moraliste de l’abattage industriel. Mais la frontière est là, plus loin rien n’existe, à part des démarches de « secte » ou bien, ce qui est pire, un acte « subversif. »

Cela montre bien que les personnes parlant de « végéta*isme », comme pour les « veggie pride », sont totalement à côté de la plaque. Non seulement le végétarisme et le véganisme sont des démarches complètement différentes, mais en plus leurs perceptions par la société sont, de manière fort logique, totalement différentes.

Et cette différence, c’est celle de la culture positive et du refus purement négatif. Le végétarisme en arrive au mieux là où commence le véganisme. Le végétarisme arrive au maximum au refus de consommer des cadavres d’animaux, alors que le véganisme part de là pour refuser toute exploitation animale, et de là saisir ce que signifie la libération animale pour notre planète.

Le végétarien découvre la mort de l’animal, là où la personne végane redécouvre sa vie, la reconnaissant et l’affirmant sur la planète, assumant par là l’écologie.

Ecologie radicale et libération animale dynamitent toute l’hypocrisie de l’exploitation animale et le caractère mensonger du végétarisme. Le véganisme n’est pas la fin d’un processus, mais bien le commencement d’une compréhension que la planète doit redevenir bleue et verte !

La catastrophe de Three Mile Island, le 28 avril 1979

Nous rentrons dans une période coincée par deux tristes anniversaires : celle de la catastrophe de Tchernobyl, le 28 avril, et celle de la catastrophe de Three Mile Island, le 28 mars. Cette dernière catastrophe est peu connue, ce qui est bien entendu fort dommage, car il s’agit de la troisième grande catastrophe avec Tchernobyl et Fukushima, et un sérieux avertissement sur le danger énorme des centrales nucléaires.

En plus, pour comprendre l’ampleur de Fukushima justement, on compare la catastrophe japonaise à celle de Three Mile Island et à celle de Tchernobyl… Tout au moins au début, car désormais on sait que Fukushima est d’une dimension très proche de celle de Tchernobyl.

Au début de la catastrophe de Fukushima, on avait donc pourtant tout de suite pensé à un incident de type Three Mile Island. En effet, à Three Mile Island, on a également eu droit à un problème de refroidissement du coeur.

La centrale de Three Mile Island a été ouverte en 1974 ; elle est située à une quinzaine de kilomètres de Harrisburg, en Pennylvanie, au nord-ouest des Etats-Unis, voici une photo de l’installation.

On trouve à Three Mile Island deux réacteurs nucléaires, TMI-1 (à partir d’avril 1974) et TMI-2 (à partir de février 1978), situés dans les petits dômes, et quatre tours de réfrigération.

L’accident du 28 avril 1979 s’est déroulé de la manière suivante : les pompes d’alimentation en eau sont tombées en panne et le coeur n’a plus été refroidi, alors que le réacteur tournait à 97% de ses capacités. Les pompes auxiliaires qui devaient relancer l’eau avaient été stoppées pour des exercices de routine…

On a ici un schéma proche de ce qui s’est passé à Fukushima. Ce qui s’est alors passé à Three Mile Island est qu’une vanne de décharge du pressuriseur est restée bloquée en position ouverte, au lieu de se refermer après avoir évacué une partie de la pression.

Mais cela, les opérateurs ne le savaient pas car le voyant indiquait qu’il s’était refermé, et ils ne pouvaient pas vérifier par eux-mêmes !

Ensuite, le circuit d’injection de sécurité a alors projeté de l’eau, qui est venue atterrir sur le réacteur. Cette eau s’est mise à bouillir, ce qui a augmenté la chaleur et donné naissance à des vapeurs d’eau.

Cette vapeur a rempli le pressuriseur, alors plus froid que la cuve, et se remplit tellement que le réservoir de décharge se mit à se remplir et céder, et l’eau radioactive se déversa dans l’enceinte de confinement après la rupture…
Les opérateurs, voyant les chiffres du pressuriseur faussés par ces vapeurs, ont alors pensé que tout allait bien et ont… coupé les pompes d’urgence, par peur que le réacteur soit noyé !

Les opérateurs n’ont alors rien compris de ce qui s’est passé, notamment les avertissements sur les hausses de chaleur. Au bout de 165 minutes, on avait une fusion partielle du coeur.

La situation fut rétablie, difficilement, en refaisant couler de l’eau (au risque d’une explosion thermique) et en « jonglant » avec la vanne d’isolement pour faire sortir la pression (de la radioactivité et des centaines de mètres cubes d’eau contaminée passant dans l’enceinte de confinement).

Comme on le voit ici, le refroidissent a réussi, contrairement à Fukushima pour l’instant. Voici un schéma montrant l’état final du coeur du réacteur, fondu à 45%, avec 20% ayant fondu au fond de la cuve (qui a résisté et maintenue 20 tonnes d’uranium).

Le coeur a été évacué et TMI-2 fermé, l’autre réacteur restant opérationnel jusqu’à aujourd’hui, malgré les multiples protestations se développant alors aux États-Unis. Le hasard voulut qu’un film catastrophe sortit deux semaines avant, Le syndrome chinois avec notamment Jane Fonda qui participa par la suite aux campagnes anti-nucléaires.

Dans le film, une équipe de journalistes est confrontée… à une fusion d’un coeur de réacteur nucléaire.

La catastrophe de Three Mile Island est restée confinée dans la centrale, mais on a toutefois l’eau radioactive (plusieurs dizaines de milliers de litres) qui a été évacuée dans la rivière Susquehanna, et une radioactivité qui s’est diffusée mais n’a pas été alors mesurée.

TMI-2 a été nettoyée jusqu’en 1993, l’opération coûtant un milliard de dollars (le réacteur lui-même n’aura fonctionné que pendant 13 mois au total). 91 tonnes d’éléments radioactifs ont été évacuées.

Au départ le gouvernement local a dit au bout de 24 heures que tout était sous contrôle, pour finalement abandonner le point de vue de l’entreprise gérant la centrale et le gouverneur a demandé aux femmes enceintes et aux jeunes enfants de quitter la zone, amenant 140 000 personnes à s’enfuir.

L’industrie du nucléaire a vu ses tentatives d’hégémonie largement vaciller avec cet accident. Un accident qui sert depuis d’exemple mondial, avec Tchernobyl, et désormais Fukushima!

Le point sur la situation à Fukushima

Hier, nous parlions de Pripiat et Tchernobyl, villes désertées par les humains. Mais il ne faut pas pour autant penser que la contamination n’est pas clairsemée. Voici par exemple la contamination en césium 137 de la zone autour de Tchernobyl.

Au sud, on trouve l’Ukraine, à l’Est la Russie et au Nord la Biélorussie (le Bélarus).

Voici maintenant une carte plus large, montrant les zones « impactées. »

Maintenant, la même chose au niveau mondial.

Si l’on revient au Japon, on peut voir que les containers maritimes évitent désormais les ports de Tokyo, Yokohama et Nagoya, par peur de voir les navires être irradiés et bons pour la casse.

Si on regarde le césium 137, on peut voir que le Professeur Hiroaki Koide de l’Université de Kyoto constate une chose simple : lors de Tchernobyl, une contamination de 550 000 Bq/m2 amenait l’évacuation de la population.

Or, Iitate qui est un village à 40 kilomètres de Fukushima connaît des chiffres effarants pour le césium 137 : 3 260 000 Bq/m2 !

La solution préconisée est l’instauration de zones non habitables administrées par l’État. Ce qui signifie ni plus ni moins l’état d’urgence.

Et malheureusement, au rythme où vont les choses, il y a une possibilité très nette que la situation de catastrophe pousse à des mesures extrêmes de la part de l’État japonais, qui pour l’instant calme le jeu autant que possible, en mentant à la population quant à la gravité.

Les médias ici ont eu beau jeu d’expliquer que les gens au Japon restaient stoïques, alors qu’en vérité on leur mentait sur toute la ligne, et que justement cela commence à ne plus prendre !

Car les chiffres parlent de plus en plus d’eux mêmes. On a détecté la présence d’iode 131 dans 13 préfectures sur 47, ainsi que du césium 137 dans 6 préfectures.

Et on est tellement dans une situation hallucinante qu’on a pu assister à une scène hallucinante : les responsables de Tepco ont expliqué qu’ils s’étaient « trompés » et que les fuites d’eau radioactives (dont nous avons parlé il y a deux jours) n’étaient pas un million de fois plus radioactif que la normale mais seulement 100 000 fois.

Doit-on penser que les ingénieurs mentent ici pour calmer le jeu, ou bien se sont vraiment trompés ? Dans les deux cas, c’est aussi fou que les personnes travaillant à la centrale se retrouvant à patauger dans cette eau avec des bottes en plastique !

Le résultat a d’ailleurs été au moins trois personnes irradiées, dont deux grièvement, avec au niveau des pieds une dose entre 2 à 6 sieverts (le niveau d’1 sievert est déjà preuve de grande irradiation, le niveau de 6 sievert est totalement mortel). Officiellement ils sont censés sortir de l’hôpital déjà aujourd’hui…

Et l’explication de Tepco est incroyable également : l’entreprise a expliqué que les personnes mesurant la radioactivité n’ont en fait pas pu mener de seconde mesure jusqu’au bout car… ils ont dû partir au plus vite !

Et Tepco n’a initialement pas donner de nouveaux chiffres, ce n’est qu’après qu’il a été expliqué qu’il y avait eu un décalage dans les chiffres !

Mais il ne faut pas s’étonner de cela ; on ne saura jamais la vérité précisément ici, sauf en cas de catastrophe généralisée. Il est ainsi incroyable qu’on apprenne maintenant, et encore en cherchant bien, qu’il y aurait, comme l’affirme Minoru Ogoda de l’Agence de la sureté nucléaire et industrielle japonaise (NISA) cent tonnes d’eau radioactive dans chacun des réacteurs !

Et même, depuis samedi, c’est cette eau qui est « prioritaire » pour Tepco qui espère arriver à la pomper.

Mais alors pourquoi expliquer de l’autre côté qu’on ne saurait pas d’où vient cette eau contaminée ? Qu’elle ne viendrait pas forcément d’une rupture dans un réacteur ou plusieurs réacteurs ?

D’ailleurs, Dominique Leglu directrice de la rédaction de Sciences & Avenir a rendu public un document d’Areva Allemagne concernant la situation à Fukushima.

Elle y constate que les problèmes ne concernent pas en priorité un réacteur, mais carrément deux :

Dimanche 27 mars. 22h20. Mais que se passe-t-il dans le réacteur n°2 ? Nous avons pu nous procurer le détail de l’analyse faite par le Dr Matthias Braun, spécialiste de chez Areva Allemagne, dont l’inquiétude se concentre sur le réacteur n°2, dont nous reproduisons ici certaines planches (voir les schémas ci-dessous).

Rappelons qu’ici, en France, les craintes de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire français (1) se sont plutôt focalisées sur le réacteur n°3 (contenant du MOX, fourni par Areva). Notre constat : cela fait donc désormais deux réacteurs sur trois en perdition à la centrale de Fukushima, qui sont incriminés pour avoir laissé s’échapper des produits de fission dans l’environnement (produits très dangereux venant s’ajouter à tous ceux déjà mentionnés depuis plusieurs jours, à savoir les produits volatils comme Iode et Césium et aussi gaz rares).

Il demeure stupéfiant que l’agence de sûreté japonaise ne publie aucune précision du même genre. Est-elle complètement dépassée ? Les analyses des experts étrangers sont-elles vraiment prises en compte ?

A ce stade de la catastrophe, cette situation semble sans précédent. Qui en réfère à l’autorité internationale AIEA (agence internationale pour l’énergie atomique) pour sa gouverne ?

1) Une petite évaluation simple avec le débit d’eau de mer injectée depuis le début de la catastrophe et la quantité de sel contenue dans chaque litre d’eau de mer montre que « plusieurs centaines de tonnes de sel » ont été déversées dans la centrale de Fukushima. Du sel qui a pu cristalliser ou qui pourrait rester sous forme de saumure dans l’eau qu’on continue à déverser…

Parlons justement de l’océan. Car ce qui est toujours « oublié » c’est que l’océan sert de dépotoir à l’eau utilisée pour le refroidissement des réacteurs…

Hier dimanche, la radioactivité dans l’océan non loin de Fukushima était passé à 1850 fois la dose normale, contre 1250 fois samedi!

Detlef Schulz-Bull, de l’institut d’étude de la Baltique, considère que les radiations seront présentes sur des milliers de kilomètres carrés.

Rappelons ici que la Baltique est une zone particulièrement irradiée (voir notre article au sujet duNuclear Baltic Sea Info Tour 2010).

Depuis Tchernobyl (mais également avec les centrales suédoise et finlandaise) la contamination est mesurable au fond de la Baltique, à une profondeur de 10-20 centimètres… Dans l’Atlantique, on peut également encore mesurer la radioactivité depuis les tests des bombes atomiques…

Ce qui n’empêche pas toutefois Hidehiko Nishiyama de l’Agence de la sureté nucléaire et industrielle japonaise (NISA) d’expliquer que la contamination va vite se dissiper et que de toutes manières il n’y a pas de pêche dans cette zone là!

On reconnaît bien là l’esprit destructeur qui assassine notre planète et tous les êtres vivants!

Pripiat et Tchernobyl

Pripiat était une ville située à 3 kilomètres de la centrale nucléaire de Tchernobyl; la ville de Tchernobyl était elle à 15 kilomètres de la centrale. On peut parler de ces villes au passé, mais en réalité elles existent encore. Elles sont dans une zone interdite de 30 kilomètres autour de la centrale, et donc laissées à l’abandon. La ville de Pripiat surtout est gravement contaminée, comme une zone de 10 kilomètres autour de la centrale.

310 personnes vivent pourtant officiellement dans la zone interdite. La population est non officiellement encouragée à retourner dans la zone. 4500 personnes travaillent toutes les deux semaines dans cette zone. Il s’agit non seulement de construire le sarcophage, mais également d’entretenir les routes et d’empêcher des feux de forêt, la radioactivité au sol se propageant alors.

La zone interdite coûterait 15% du budget ukrainien et l’Etat pense soit à faire un dépotoir nucléaire, soit à faire du… tourisme.

Il est vrai que les photos suivantes ont quelque chose de « fascinant », de troublant. Mais quand on voit sur certaines photos la Nature reprendre ces droits, on ne peut qu’exiger que cette zone soit un sanctuaire. Et que l’humanité cesse immédiatement le nucléaire, et la guerre contre Gaïa!

Deux semaines après le début de la catastrophe à Fukushima

Cela fait deux semaines qu’a eu lieu le tremblement de terre et le tsunami au Japon, avec l’incident à la centrale de Fukushima. Deux semaines après, le black out est toujours aussi grand, et parmi les rares nouvelles on a celles de travailleurs irradiés dans la centrale par une eau radioactive, alors qu’ils n’avaient que des bottes en caoutchouc !

Il y a en effet des fuites d’eau, dont la profondeur est de 40 cm devant le premier réacteur, 100 cm devant le deuxième, 150 cm devant le troisième et 80 devant le quatrième. Cette eau devant les réacteurs numéro 1 et 3 est 10 000 fois plus radioactive que la normale.

Le premier ministre japonais a reconnu que la situation était « imprévisible » et les responsables japonais pensent passer à l’échelle 6 de l’INES – la catastrophe de Tchernobyl étant arrivée au niveau 7.

Pire : hier les responsables japonais ont reconnu, après l’avoir nié depuis les explosions, qu’il était possible qu’il y ait des fuites dans le réacteur n°3 de Fukushima. Cela signifie uranium et plutonium pouvant fuir en dehors du réacteur.

Le laboratoire autrichien de météorologie Zamg considère qu’en termes de rejet d’iode, Fukushima atteint 20% celle de Tchernobyl, et en termes de rejets de césium, entre 20% et 60%. La situation présente ne peut que laisser penser que la catastrophe est du type de Tchernobyl, surtout quand on se rappelle que le réacteur numéro 3 contient du Mox, mélange d’oxydes d’uranium et plutonium.

Voici deux cartes. La première montre la situation, le 24 mars selon le laboratoire ZAMG, de la « masse d’air contaminé à un niveau infinitésimal » (c’est-à-dire le nuage radioactif).

Voici une seconde carte, fournie par l’Office Fédéral allemand de Protection contre les Rayonnements et montrant l’évolution de la détection des radionucléides.

Évidemment, les médias ont dit depuis le départ que ce n’était pas le cas, car la centrale n’avait pas explosé. Mais non seulement il n’y a pas besoin de cela pour que des fuites massives aient lieu, mais en plus là le phénomène de la fission nucléaire peut reprendre !

Une preuve de cela est que le gouvernement japonais a demandé aux gens présents dans la zone entre 20 et 30 kilomètres de la centrale de quitter « volontairement » la zone. On l’aura compris, c’est une panique que le gouvernement veut éviter.

A côté de cela, le seuil de radioactivité admissible pour un travailleur dans une centrale nucléaire a été relevé : c’est bien à une contamination massive que s’attend le gouvernement japonais.

Et ne comptons pas sur Masataka Shimizu, le PDG de Tokyo Electric Power (Tepco) responsable de la centrale de Fukushima, pour nous le dire : il est injoignable depuis le 13 mars, enfermé au siège de Tepco !

Ni sur Jean-Pierre Pernaut, qui nous rassure : « Et Tchernobyl, c’était 1 000 ou 10 000 fois plus important. »

Nouveau dépôt de plainte et lettre ouverte relatifs aux blessures des militants par les forces de l’ordre

Depuis les événements de Fukushima, l’État français a affirmé que dans notre pays les centrales étaient plus « sûres », et a lancé un « audit » des centrales nucléaires françaises, dont on devine aisément quel sera le résultat !

D’ailleurs il y a deux jours (soit le 23 mars 2010), au cours d’une réunion des agences de sécurité nucléaire européennes à Helsinki en Finlande, André-Claude Lacoste qui est le Président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), a déclaré :

« Il n’y a aucune raison de fermer quelque centrale que ce soit en France. »

On reconnaît bien là l’esprit de l’industrie du nucléaire, qui alterne propagande et répression. Voici justement pour illustrer cela une lettre ouverte datant du mois dernier, et qui montre parfaitement que l’industrie du nucléaire n’existe en France que par la violence et le mensonge.

Nouveau dépôt de plainte et lettre ouverte relatifs aux blessures des militants par les forces de l’ordre

Lettre ouverte d’un militant du Groupe d’Action Non-Violentes Antinucléaires (GANVA) blessé par les forces de l’ordre lors de l’action de blocage du train de déchets radioactifs La Hague-Gorleben, le 5 novembre 2010 à Caen.

A l’heure où les violences policières exercées contre les manifestants se multiplient il est intéressant de revenir sur le cas des militants du GANVA blessés par les CRS lors de l’action de blocage du dernier convoi de déchets nucléaires à destination de l’Allemagne.

Nous avions stoppé le train en nous entravant sur la voie à l’aide de tubes en acier dans lesquels nous nous étions menottés. Procédé classique et non-violent utilisé depuis bien longtemps par les militants antinucléaires.

Lors de notre désincarcération, 5 militants ont été blessés dont 3 grièvement aux mains, ce qui est une première. Parmi ces trois personnes, deux ont subi des brûlures au 3ème degré entrainant des ruptures de tendons, le dernier ayant eu deux tendons directement sectionnés par la lame de la disqueuse thermique utilisée par les CRS.

Nous avons déposé plainte pour « violences aggravées par personne dépositaire de l’autorité publique » auprès de la procureure de Caen, qui a rapidement classé cette plainte sans suite…

La procureure se fourvoie en justifications plus aberrantes les unes que les autres : elle met notamment en avant le « refroidissement permanent des tubes »…

Les tubes métalliques, chauffés à blanc par le contact de la disqueuse, ont en effet été refroidis à l’aide… de bouteilles d’eau minérale ! Elle parlera également de la haute technologie des tubes, de la grande dévotion des CRS…

On ne reviendra pas ici sur la haine et le mépris des forces de l’ordre : insultes, menaces, crachat au visage. Cette dimension essentielle du maintien de l’ordre n’a même pas été évoquée dans le classement sans suite. De même en ce qui concerne les coups de disqueuse sur la main de l’un des nôtres…

Conclusion de la procureure : « L’action de police […] avait eu pour but de préserver la vie et l’intégrité physique des manifestants. »
Action de la police dont voici le résultat :

Ces photos ont été prises après des soins. Pour les deux premières, le lendemain de l’action une fois admis à l’hôpital après la garde à vue, pour la troisième : après une seconde opération (une troisième sera nécessaire).

Le tribunal qui nous a jugé pour nos actes avait lui aussi fait preuve d’une grande perspicacité en qualifiant nos brûlures, ayant pénétré la chair jusqu’à ce que les tendons rompent, de «brûlures superficielles».

Trois mois plus tard deux des blessés sont toujours dans l’incapacité d’exercer leur activité professionnelle.

Nous déposons une nouvelle plainte ce jour, avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d’instruction de Caen.

Le nucléaire est une industrie guerrière, dangereuse, polluante, nocive pour l’humanité et son environnement. Elle produit des déchets hautement toxiques pour des centaines de milliers d’années, mettant en péril non seulement notre avenir mais aussi celui des générations futures.

Voilà pourquoi, malgré tous ses efforts, l’État nucléaire toujours plus sécuritaire et violent, ne nous fera pas taire tant que notre leitmotiv ne sera pas réalité :

« Nucléaire : Plus jamais ! »

Fukushima: une situation toujours hors contrôle

Après avoir donc d’un côté pratiqué le black out et de l’autre expliqué que la situation s’améliorait notamment avec la réinstallation de l’électricité à la centrale de Fukushima, les médias sont coincés, car on peut malheureusement facilement constater que la situation s’est aggravée.

Déjà, l’électricité ce n’est pas pour tout de suite. Cela devait être opérationnel en début de semaine, et en fait il y en a de nouveau pour plusieurs jours d’attente de nouvelles pièces. En attendant donc, les ingénieurs fonctionnent… à la lampe de poche.

Entre les lampes de poche et les hélicoptères jetant de l’eau à l’arrache, sans parler de l’utilisation de l’eau de mer, on voit bien que les autorités japonaises sont totalement débordées.

D’ailleurs, hier il n’y a pas eu d’actions de refroidissement, en raison d’une fumée noire s’échappant de la centrale. Une fumée noire elle aussi « mystérieuse » (on pense à… la graisse des mécaniques!) qui a amené l’évacuation du personnel des blocs 1 à 4. Les températures montent d’ailleurs dans les réacteurs 1 et 3, en plus du 2 !

On a également appris que n’avaient pas été contrôlé 33 éléments des six réacteurs de Fukushima-Daiichi, les données ayant été faussées comme une valve de contrôle de température de réacteur pas inspectée pendant… onze années !

En 2002 déjà, 17 réacteurs nucléaires à eau bouillante (BWR) (dont les centrales de Fukushima) avaient dû être stoppés suite à une inspection en raison d’une magouille sur les rapports de la société Tepco.

Ce qui n’empêche pas que là, Tepco va recevoir 17,4 milliards d’euros pour gérer les réparations de ses centrales endommagées et fermer Fukushima.

Fermer Fukushima, cela nécessitera dans le meilleur des cas plusieurs semaines, s’étalant dans un processus allant jusqu’à deux ans. Le démantèlement demandera lui dix ans, voire plus. Le projet consistera certainement en la construction, très difficile, d’un vaste sarcophage.

Ici il faut se souvenir de Tchernobyl, et savoir qu’est en construction une « arche » de 110 mètres de haut, 150 mètres de large et pour 270 mètres de long.

Elle est en train d’être construite à l’écart, en raison des radiations, et sera amenée par rail. D’un coût de 840 millions d’euros, elle devait être terminée l’année prochaine, mais en fait il y a beaucoup de retard. Voici une photo du sarcophage actuel.

Drôle de cadeau aux générations futures, que ces deux pyramides en version moderne et cauchemardesque !

En attendant, les radiations se diffusent. On sait déjà que rien qu’entre le 12 et le 14 mars, les radiations diffusées ont été le cinquième de celles de Tchernobyl.

L’eau de Tokyo – Tokyo est situé à 250 kilomètres de Fukushima – est contaminé. Elle est déconseillée pour les bébés (la concentration d’iode est de 210 becquerels, la limite japonaise pour les bébés est de 100 becquerels pour les bébés).

Bien entendu, on ne parle jamais des doses concernant les animaux. Mais il est évident que les petits animaux vont payer un prix terrible.

En fait, on n’entendra jamais parler réellement des doses. Voici ce que constate hier la CRII-RAD. On peut lire le communiqué complet ici.

La réponse nous parvenait le lendemain en milieu de journée : aucune donnée ne nous sera communiquée.

Le réseau international de mesure obéit à des règles de confidentialité définies strictement par les Etats membres du traité d’Interdiction Complète des Essais. « Les données sont donc uniquement transmises à des points de contact nationaux nommés par les Etats qui en font une analyse dans l’objectif du Traité, à savoir détecter tout essai nucléaire qui aurait été mené en contradiction avec l’engagement des États ayant ratifié le TICE. ».

Pour la France, il s’agit du Commissariat à l’Energie Atomique (CEA), organisme en charge du développement des activités nucléaires militaires et civiles.

La réponse indiquait en outre que « Suite à l’accident de Fukushima, à la demande des États signataires du TICE, les données sur l’activité des radionucléides sont transmises à l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) et à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Les équipes de ces deux organisations en charge des aspects sûreté et radioprotection peuvent ainsi les utiliser en complément de l’ensemble des données fournies par les États, pour établir les évaluations nécessaires à la protection des personnes susceptibles d’être concernées par les retombées de l’accident. ».

Or, ni l’AIEA, ni l’OMS n’ont rendu publics ces résultats. Il faut dire que l’AIEA a en charge la promotion des activités nucléaires civiles (voir statuts)5 et que l’OMS qui est normalement en charge de la santé publique a signé avec l’AIEA, dès 1959, un accord qui dispose que les deux agences « agiront en coopération étroite et se consulteront régulièrement ».

BILAN : depuis plus de 10 jours, la centrale nucléaire de FUKUSHIMA DAIICHI rejette des produits radioactifs dans l’atmosphère : ces rejets ne sont ni maîtrisés ni quantifiés.

Dans le même temps des stations de mesures réparties sur l’ensemble de notre planète enregistrent les niveaux de radioactivité de l’air et suivent pas à pas l’évolution de la radioactivité dans l’espace et dans le temps… mais veillent jalousement à ce que ces données restent secrètes.

Voilà la sinistre réalité. Finissons sur une note positive, en tout cas pleine d’espoir dans une prise de conscience de ce que le futur pourrait être si l’on reconnaissait Gaïa. Un marsouin a été retrouvé au milieu d’une rizière près de Sendaï ; sans doute le tsunami l’avait-il emporté jusque-là.

Il a été sauvé et remis dans l’océan. Un acte qui devrait être normal, valorisé, et qui devrait aller avec une rage de voir l’océan nucléarisé.

Gaïa pourrait être un paradis, mais nous sommes en train d’en faire un enfer!

Panache radioactif: Quels sont les risques attendus sur la France ?

La Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD) a été fondée à la suite de Tchernobyl, et bien évidemment on va faire confiance à cette association bien plus qu’à l’Etat français quant aux chiffres de la radioactivité.

Voici leur évaluation de la situation alors que les premières retombées radioactives de Fukushima arrivent jusqu’en France, entre aujourd’hui et demain. Le document n’est pas reproduit ici en entier, on peut trouver là une version PDF complète.

PANACHES RADIOACTIFS : Quels sont les risques attendus sur la France ?

Au vu du nombre impressionnant de demandes qu’elle a reçues, et plus encore de l’inquiétude exprimée par la plupart des messages, la CRIIRAD a décidé de rédiger un texte d’information destiné à rassurer, autant qu’il est possible, les personnes qui l’ont interpellée sans pour autant aller au-delà de ce que permettent les données disponibles. C’est difficile car les données utilisables sont encore très rares. C’est d’autant plus choquant que des résultats d’analyse existent mais qu’ils ne sont pas publiés. Nous reviendrons dans un prochain communiqué sur les nombreux dysfonctionnements qui provoquent depuis 10 jours notre indignation et notre colère.

LE CHOIX DE LA CRIIRAD

Etant donné les niveaux de risque auxquels sont exposées les populations japonaises, nous avons décidé de concentrer nos efforts sur la situation au Japon, sachant évidemment que les panaches radioactifs n’arriveraient sur la France que postérieurement et que les concentrations en produits radioactifs auraient considérablement décru. En parallèle, des recherches ont immédiatement été lancées sur les réseaux de mesures implantés aux Etats-Unis, au Canada et au Mexique afin de disposer d’une évaluation intermédiaire des niveaux de contamination des panaches avant leur arrivée sur l’Europe.

Ce jour 21 mars, la situation au Japon reste la priorité de la CRIIRAD : les rejets radioactifs continuent, ils peuvent s’aggraver à tout instant ; les conditions météorologiques sont en outre défavorables et pourraient le rester jusqu’à mercredi minuit au minimum (heure de Tokyo) ; les mesures de protection qui ont été prises sont insuffisantes ; les niveaux de contamination dans les produits à risque sont très élevés et bien au-delà des zones proches de la centrale (nous avons travaillé tout le week-end pour contrer les informations erronées diffusées à ce sujet).

Le présent document vient en complément. Il s’efforce de faire le point sur les niveaux de contamination attendus en France. Dès lors que le travail d’analyse de notre laboratoire pourra commencer, l’information sera plus facile à élaborer.

LA PROGRESSION DES MASSES D’AIR CONTAMINE EN DIRECTION DE L’EUROPE

Les mécanismes qui diminuent de la radioactivité de l’air La centrale nucléaire de Fukushima Daiichi rejette dans l’atmosphère, depuis 10 jours, tout un cocktail de produits radioactifs. Schématiquement, 3 mécanismes concourent à abaisser les niveaux de contamination et par conséquent les niveaux de risque :

1/ les émissions radioactives sont progressivement diluées dans des volumes d’air de plus en plus importants. Ceci conduit évidemment à une baisse de la concentration de l’air en produits radioactifs (ou plus exactement à une baisse de l’activité de l’air qui s’exprime en Bq/m 3). L’air que les populations sont susceptibles de respirer est ainsi de moins en moins radioactif.

Note : c’est ce que Roger Belbéoch appelle la démocratisation du risque : les niveaux d’exposition sont plus faibles mais un bien plus grand nombre de personnes est touché.

2/ les produits radioactifs présents dans l’air se déposent progressivement au sol, ce qui conduit à appauvrir progressivement le panache et à abaisser d’autant sa dangerosité. Deux mécanismes convergent : les dépôts secs, qui se produisent en permanence, quelles que soient les conditions météorologiques, et les dépôts humides, plus intenses, qui sont provoqués par la pluie ou la neige.

En tombant, elles lessivent en effet les masses d’air contaminé, précipitant au sol (ou sur les océans) les particules radioactives en suspension (aérosols) et les gaz solubles (c’est le cas des iodes radioactifs). Il faut espérer à ce propos que les panaches radioactifs restent le plus longtemps possible sur le Pacifique et l’Atlantique où l’impact des retombées est moindre d’un point de vue sanitaire.

3/ l’activité des produits radioactifs diminue dans le temps : pour certains, comme le césium 137 ou le krypton 85, très lentement ; pour d’autres, assez rapidement. Le rythme de décroissance est déterminé par la période radioactive de chaque radionucléide. Celle de l’iode 131 est de 8 jours. Cela signifie qu’en 1 période, soit 8 jours, l’activité initiale est divisée par 2 ; en 2 périodes, soit 16 jours, par 4 ; en 3 périodes, par 8, etc.

NB : la période radioactive ne suffit pas à déterminer le temps pendant lequel un produit radioactif reste dangereux. Il faut également tenir compte de l’activité initiale. Si l’activité initiale de l’iode est de 80 Bq, un mois plus tard, soit après 4 périodes, elle sera divisée par 16. Il ne restera « que » 5 Bq ; mais si l’activité initiale est de 8 000 Bq, un mois plus tard, il reste encore 500 Bq.

L’impact de ces 3 mécanismes – dilution, dépôts, désintégration – augmente évidemment avec le temps et la distance.

ESTIMATION PRELIMINAIRE DES NIVEAUX DE RISQUE PAR LA CRIIRAD

Sur la base des éléments qu’elle a pu collecter, la CRIIRAD considère que :

• le risque d’irradiation (voir note 1) par les masses d’air contaminé sera négligeable (les personnes qui disposent d’un radiamètre ne devraient pas mesurer d’augmentation du bruit de fond ambiant mais nous invitons les personnes qui sont équipées à le vérifier : une mesure vaut mieux qu’une prévision) ;

• le risque associé à l’inhalation des aérosols et halogènes radioactifs présents dans l’air devrait être très faible (voir note 2) . Les calculs de dose précisés ci-dessous indiquent que la mise en œuvre de contre-mesures, notamment la prise de comprimés d’iode stable3, n’est pas justifiée.

Nous avons essayé d’estimer les niveaux de dose résultant de l’inhalation des radionucléides dont la présence est documentée : césium 137, césium 134, iode 131, iode 132, iode 133 et tellure 132. Le premier calcul a été conduit pour une activité de 1 mBq/m3 pour le césium 137 (estimation donnée par l’IRSN) et de 125 mBq/m3 pour l’iode 131 (sur la base du rapport isotopique mesuré par TEPCO devant la centrale de Fukushima Daiichi le 19 mars 2011 à 12h – heure locale). Le calcul a été effectué en supposant que les panaches radioactifs restent présents sur la France pendant 1 semaine et sans que leur activité diminue.

Conclusion : une personne (adulte ou enfant) qui respirerait l’air contaminé 7 jours durant, recevrait une dose de rayonnement inférieure à 1 µSv, soit un niveau de dose négligeable ;

En prenant une marge de sécurité par rapport à l’évaluation de l’IRSN (soit 10 mBq/m -voir note3- en césium 137 au lieu de 1 mBq/m3), les doses s’élèvent à 2 µSv pour l’adulte et à 8 µSv pour l’enfant.

• le risque d’irradiation des personnes par les produits radioactifs déposés sur les sols sera négligeable, n’induisant aucune augmentation mesurable du bruit de fond ambiant (là encore ceci pourra être facilement vérifié par des mesures radiamétriques) ;

• le risque lié à l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés par les retombées radioactives devrait rester limité. Le laboratoire de la CRIIRAD évaluera le plus rapidement possible les quantités de radioactivité déposées au sol (dépôts sec et dépôts liés aux précipitations) afin de vérifier les ordres de grandeurs attendus dans les aliments et de donner, si nécessaire, des conseils adaptés.

[NOTES:

1 Il s’agit de l’exposition des personnes aux rayonnements émis par les produits radioactifs présents dans les panaches et qui se désintègrent. Un peu comme on peut être exposé aux rayonnements ultra-violets émis par le soleil. Il n’y a pas d’incorporation de produits radioactifs ;
2 Sous réserve cependant que les radionucléides significatifs sur le plan dosimétrique, mais qui n’ont pas fait l’objet de mesures, restent dans les rapports attendus. Il s’agit notamment des isotopes du strontium et du plutonium.
3  En revanche, le contexte actuel peut amener chacun à réfléchir à l’équilibre de son régime alimentaire et à vérifier s’il n’est pas carencé en iode (la thyroïde a besoin d’iode stable pour fabriquer les hormones nécessaires au bon fonctionnement de l’organisme). Rappelons également que lorsque la thyroïde est carencée en iode, elle fixe d’autant plus l’iode radioactif.]

En conclusion, le passage des masses d’air contaminé sur la France ne doit pas générer trop d’inquiétude.

Cependant, compte tenu du manque crucial de données, la CRIIRAD est contrainte de laisser certaines affirmations au conditionnel. Ceci devrait pouvoir être corrigé très rapidement.

Son laboratoire a procédé, dès aujourd’hui, sur plusieurs de ses balises à des prélèvements de filtres à poussières et de filtres à charbon actif afin de vérifier que l’air que l’air que nous respirons n’est pas encore contaminé.

Les premiers résultats, qui concernent la balise implantée à Romans-sur-Isère, dans la Drôme, confirment l’absence de contamination mesurable dans l’air jusqu’à la date du prélèvement, le lundi 22 mars 2011 à 10 heures : pas de césium 137 dans le filtre aérosols, ni d’iode 131 dans la cartouche à charbon actif.

Fukushima est déjà le symbole d’une catastrophe historique!

Après une sorte de black out concernant la centrale de Fukushima, black out censé être justifié par le « prochain » rétablissement du courant électrique, les nouvelles fusent de nouveau et sont, comme on pouvait malheureusement le craindre, très mauvaises.

On a, par exemple et enfin ! des nouvelles de l’océan. Voici l’information, reprise au quotidien « Le Parisien » pour montrer quelle conclusion il en tire :

Des substances radioactives ont été détectées dans l’eau de mer près de Fukushima, selon Tepco propriétaire et opérateur du site. Les taux d’iode 131 et de césium 134 étaient respectivement 126,7 fois et 24,8 fois plus élevés que les normes fixées par le gouvernement japonais. Ces résultats pourraient avoir une incidence sur la pêche.

Des milliers, des dizaines de milliers, des centaines de milliers d’êtres vivants sont concernés par une radioactivité les menaçant, et cela n’aurait de sens qu’en raison… de la pêche ?

Une logique folle que nous avons maintes fois critiqué, et que l’on retrouve avec une chose « remarquable » qui est désormais connue. En effet, la convention de Paris sur la responsabilité des exploitants nucléaires exonère ceux-ci d’indemnisation en cas de « cataclysme naturel de caractère exceptionnel. »

On voit déjà comment l’industrie du nucléaire va, dans les années à venir, attribuer à la nature les problèmes qu’elle a elle-même causées. Si l’humanité accepte cette « explication », elle court à la catastrophe. On ne peut pas vivre contre Gaïa.

Et c’est parce que ce n’est pas possible, contrairement à ce qu’elle prétend, que l’industrie du nucléaire a mis en avant la mise en place d’un réseau électrique pour relancer le refroidissement.

On entend parler de cela depuis plusieurs jours, mais en fait ce n’est qu’hier que quatre réacteurs sur six sont connectés, et il faudra encore deux-trois jours pour tester le matériel!

Et si les messages se voulaient rassurants ce week-end, la fumée apparue hier dans le réacteur numéro 2 a été considérée comme… « mystérieuse. » Il y a également eu une fumée blanche puis noire au-dessus du réacteur numéro 3.

Le personnel a été alors évacué, mais impossible de savoir si tout le monde avait été évacué, ou seulement une partie ! Très rassurant comme black out alors que le réacteur numéro 3 contient du combustible MOX, mélange d’oxydes de plutonium et d’uranium issu de produits de recyclage.

Très fort aussi les propos d’André-Claude Lacoste, directeur de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) : «Ce type d’incendie fait partie de l’écume des jours. C’est normal sur un site où toutes les installations sont en très mauvais état. »

Ce sera le seul commentaire, presque poétique, car officiellement en raison de l’absence de détails à ce sujet, il n’y a eu aucun commentaire de la part des responsables de l’ASN et experts de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).

Pas très étonnant quand on sait que le MOX, ce mélange donc ultra-dangereux, est fourni par… AREVA, qui a annulé il y a quelques jours sa prochaine livraison de MOX au Japon, on se demande pourquoi…

Voici la présentation de ce qu’est le MOX, par l’association Stop Mox :

Le MOX (abréviation de Mixed Oxyde) est un mélange d’oxyde d’uranium et de plutonium, il occupe à présent la première place dans les préoccupations écologiques avec les déchets radioactifs (cf la décharge nucléaire laboratoire de Bure) et surtout le retraitement dont ce MOX est issu. Il est apparu vers les années 1960 dans les centres de recherche et fut même testé par les Etats-Unis qui le rejetèrent, le considérant dangereux et peu rentable.
En fin de compte, après quelques péripéties, il est adopté par la France qui en fait un des fleurons de son système électronucléaire.

Après utilisation, le combustible irradié des centrales nucléaires est acheminé à la Hague, dans le Cotentin, pour être retraité, pour en extraire le plutonium. La COGEMA (aujourd’hui appelée Areva), dans les ateliers de la Hague, produit plus de cinq tonnes par an de plutonium. L’échec de la filière surgénératrice qui devait utiliser ce plutonium fait qu’on ne sait pas trop quoi faire de ce stock de Pu. EDF donc l’accepta, en mélange (MOX), dans les années 1990, pour ses réacteurs nucléaires 900 MégaWatt.

Sur l’ensemble du parc français, 20 REP (REP = Réacteur à Eau Pressurisée = PWR en anglais) 900 MW reçoivent actuellement le combustible MOX sur les 58 réacteurs en fonctionnement. Il s’agit de :
2 REP à St Laurent des eaux, sur la Loire, en Loir et Cher, région Centre
4 REP à Gravelines, bord de mer, dans le Nord, région Nord Pas de Calais
4 REP à Dampierre, sur la Loire, dans le Loiret, région Centre,
2 REP au Blayais, bord de mer, en Gironde, région Aquitaine
4 REP à Tricastin, sur le Rhône, dans la Drôme, région Rhône-Alpes
4 REP à Chinon, sur la Loire, en Indre et Loir, région Centre.

 

 

Mais ce n’est pas tout. A 120 kilomètre de Fukushima, le taux de radiation des épinards était 27 fois plus élevé que le standard autorisé. On également trouvé des traces d’iode radioactif, de dose non dangereuse, dans l’eau du robinet à Tokyo et ses environs, ainsi que dans la région de Fukushima (nord-est).

Par endroits, au-delà de la zone d’évacuation, on a parfois noté des radiations de jusqu’à 100 Microsievert par heure. Une personne humaine ne peut rester que dix heures dans un endroit avec une telle radiation, avant d’être contaminée.

Dans la zone d’évacuation, on a mesuré 160 Microsievert par heure. Là, une personne humaine ne peut rester que six heures. Dans la zone de la centrale elle-même, le chiffre est 2000 Microsievert par heure. Sans protection, le danger arrive au bout d’une demi-heure.

Ce que cela signifie, c’est que la contamination va être importante dans les 100 kilomètres de la centrale, et que les 20-30 kilomètres autour de la centrale, deviendront une zone interdite pendant au moins une centaine d’années.

Quant à la centrale, soit il y a un refroidissement qui durera sans doute deux années, soit il est placé un sarcophage de béton comme à Tchernobyl.

Fukushima est déjà le symbole d’une catastrophe historique!

Sortie du nucléaire : le piège du référendum

Voici un document vraiment très intéressant, publié hier par Stéphane Lhomme, de l’Observatoire du nucléaire. Stéphane Lhomme faisait autrefois partie du Réseau Sortir du Nucléaire, dont il était le porte-parole jusqu’à l’année dernière (voir notre article Du rififi chez le Réseau Sortir du nucléaire).

Il analyse ici la question du référendum sur le nucléaire, demandé par Europe Ecologie et d’autres structures. Et il constate qu’un tel référendum est une très mauvaise exigence de par le cadre actuel du rapport de force…

Notons au passage qu’il mentionne également un fait trop souvent oublié: le fait que l’installation du parc nucléaire a été décidée de manière purement administrative (voire bureaucratiquement), et réalisée de manière ultra-rapide. Le nucléaire, en France, est le résultat d’un véritable coup de force par en haut…

Sortie du nucléaire : le piège du référendum

Le nucléaire a été imposé en France sans référendum, alors pourquoi en faudrait-il un pour décider de sortir du nucléaire ? Et ce d’autant qu’un tel référendum serait un véritable piège : c’est le gouvernement pronucléaire qui choisirait la question posée et qui organiserait à sa façon la campagne officielle….

Un référendum est souvent considéré comme une démarche très démocratique permettant enfin au peuple de prendre lui-même une décision. La réalité est bien différente : il ne faut pas oublier qu’un référendum revient avant tout… à poser une question. Et une question à laquelle il ne peut être répondu que par OUI ou NON (sauf à s’abstenir). Or, c’est le gouvernement pronucléaire, appuyé par une Assemblée nationale elle-même constituée à 90% de pronucléaires, qui rédigerait cette question… à sa façon. Essayons de voir ce qu’elle pourrait être.

D’abord, il y a nucléaire et nucléaire : production d’électricité, armes atomiques, nucléaire médical. Si la question est « Êtes-vous pour la sortie du nucléaire ? », les atomistes auront beau jeu de dénoncer le désarmement unilatéral de la France (ce qui n’est pas en soi une mauvaise chose, mais en l’occurrence cela ferait perdre des chances de succès au référendum), ou la fin de certains traitements médicaux.

Il faudrait donc que la question soit « Êtes-vous pour la production d’électricité par des centrales nucléaires ? ». Mais, même si le gouvernement se rangeait à cette précision de bon sens, loin d’être écartés, les problèmes commenceraient au contraire à s’accumuler.

En effet, avec vice, le gouvernement poserait alors assurément la question inverse : « Êtes-vous contre la production d’électricité par des centrales nucléaires ? ». En effet, c’est reconnu, il est psychologiquement plus facile de ne pas être pour que d’être contre. Cela ne changerait rien bien entendu pour ceux dont la religion est faite, dans un sens ou dans l’autre. Mais quid des indécis ?

Par ailleurs, de nombreux citoyens sont à la fois contre le nucléaire militaire et le nucléaire dit « civil », du fait de leur égale dangerosité mais aussi de leur évidente imbrication. Il est clair que beaucoup de ces gens, considérant que la question posée reviendrait par défaut à avaliser le nucléaire militaire, voteraient blanc au lieu de voter contre.

Ensuite, il est improbable que la question posée évoque la sortie du nucléaire… sans préciser la durée de ce processus. C’est d’ailleurs là que le gouvernement jouerait sur du velours : s’il propose une sortie rapide, mettons en 10 ans maximum, de nombreux citoyens voteront contre, craignant la pénurie et les restrictions… dont le gouvernent lui-même agiterait le spectre.

Si la question évoque une durée plus longue (20 ans, 30 ans), les voix de nombreux opposants se transformeront en votes blancs ou en abstentions : comment accepter que les réacteurs actuels, déjà vieillissants, continuent à fonctionner aussi longtemps, aggravant le risque de catastrophe ? Car, faut-il le rappeler, l’objectif est de fermer les réacteurs pour éviter un désastre tel que celui qui frappe aujourd’hui le Japon.

D’autre part, il est certain que la campagne officielle, et donc l’accès aux médias, serait biaisée : on a pu constater lors de précédents référendums que, en toute légalité, ce sont les partis politiques dominants qui se voient attribuer la quasi-totalité du temps d’antenne. Or le PS, l’UMP, le Nouveau centre, le Modem, le Front national, le PCF sont tous pronucléaires.

Imaginons naïvement que, devant de puissantes protestations face à un tel déni de démocratie, le gouvernement consente à donner du temps d’antenne aux associations. Il ne faut pas croire que ce serait enfin la parole aux antinucléaires. D’abord, le temps ne serait même pas partagé en deux, moitié pour les « pros », moitié pour les « antis ». En effet, d’autres organisations entreraient dans la danse, par exemple des associations de consommateurs.

Or, ces dernières années, la très médiatique UFC-Que choisir a pris des positions clairement favorables à l’atome, prétendant à tort que l’électricité nucléaire serait bon marché. On peut craindre aussi que, parmi les organismes « neutres », la parole soit donnée par exemple à la très réactionnaire Académie de médecine qui, tenez vous bien, a officiellement pris position pour le nucléaire… au nom de la santé !

Finalement, le temps d’antenne offert aux antinucléaires serait très restreint. Mais il y a encore pire : de quels « antinucléaires » s’agirait-il ? Il est fort improbable que, par exemple, l’auteur du présent texte soit invité à s’exprimer. A sa place, la position « antinucléaire » serait occupée par de véritables imposteurs comme l’ « hélicologiste » Arthus-Bertrand, ou des personnages ambigus comme Nicolas Hulot qui ne s’est jamais engagé contre le nucléaire avant le drame japonais et qui, depuis, évoque une vague et lointaine sortie de l’atome.

Ces gens là ne manqueraient pas de proposer un processus en 30 ou 40 ans, sapant de fait toutes les raisons de sortir du nucléaire : s’il n’y a pas urgence à fermer les réacteurs, c’est que le péril n’est pas réel et qu’il n’est donc pas nécessaire de se détourner de l’atome.

Certes, il n’y a pas que la campagne officielle, mais les travers dénoncés ci-dessus seraient assurément encore pires lors de débats organisés sur les grandes chaînes télévisées. Nous aurions alors droit à des « débats » surréalistes entre les PDG d’EDF et d’Areva et de curieux « opposants » comme Arthus-Bertrand.

Alors non, définitivement, il ne s’agit pas de réclamer « un grand débat » ou « un référendum ». Ces revendications étaient concevables avant le 11 mars, mais il est surréaliste de voir des écologistes les porter encore alors même que se déroule le drame de Fukushima. S’ils ne réclament pas la sortie du nucléaire maintenant, quand le feront-ils ?

Bien sûr, il y a de la politique derrière tout ça : les nouvelles « élites vertes » entendent entrer en force au gouvernement et à l’Assemblée nationale. Pour cela, il leur faut passer des accords avec le très pronucléaire Parti socialiste. Ce joli monde se mettra certainement d’accord sur… « un grand débat » et éventuellement « un référendum », lequel se déroulera (en cas de victoire à l’élection présidentielle) en 2013, quand l’émotion de la catastrophe japonaise sera passée : chacun aura repris l’insouciante habitude de vivre près d’une centrale nucléaire vieillissante, tandis que des millions de japonais n’auront pas encore développé les cancers qui leurs sont assurément promis.

L’Allemagne vient de fermer 7 réacteurs d’un coup, cela prouve bien que des décisions radicales sont possibles. Le nucléaire ne couvre que 2% de la consommation mondiale d’énergie, contre 15% aux énergies renouvelables : leur part est donc, contrairement à une idée fausse largement répandue en France, nettement plus élevée que celle du nucléaire. A titre d’exemple, l’hydroélectricité produit sur Terre environ 3300 Twh annuels, contre 2600 pour les 430 réacteurs nucléaires en service. Finalement, le nucléaire représente un risque extrême pour une contribution infime à l’économie planétaire.

L’essentiel du parc nucléaire français a été construit à marche forcée en moins de dix ans, il est donc possible de faire le chemin inverse en moins de dix ans. Enfin, il ne faut pas oublier que le nucléaire a été imposé en France sans référendum : pourquoi en faudrait-il un pour sortir du nucléaire ? Ou plutôt pour ne pas en sortir, tant un tel scrutin serait faussé…

Stéphane Lhomme

Président de l’Observatoire du nucléaire

Le véganisme, entre mainstream et libération animale

Les informations concernant la catastrophe nucléaire au Japon sont noyées dans l’actualité de l’intervention militaire de la France en Libye. Nous reviendrons très vite sur le Japon bien sûr, alors que justement les premières mesures de la radioactivité sont en train de se faire par exemple à Tokyo où on a trouvé de l’iode radioactif dans l’eau du robinet…

Parlons ici brièvement de quelques actualités du véganisme, avec deux démarches commerciales de grande ampleur et deux autres initiatives pour la libération animale.

A Dortmund, en Allemagne, a ouvert en plein centre-ville, à 5 minutes de la gare (rue Bissenkamp 11-13), un supermarché… vegan, de 95 mètres carré et avec 1800 produits.

Le magasin s’appelle Vegilicious Veggie Shop et est lié à la société de vente par correspondance Vegan Wonderland, qui existe depuis 5 ans.

Il y a également un service de pâtisserie à la demande, Vegan Wondercake. La jeune entrepreneuse à l’origine du magasin (26 ans) a également écrit un ouvrage de recettes.

Et à côté du supermarché, il y a également un espace de 75 mètres carrés pour un salon de thé, le Cakes’n’Treats Café, avec des gâteaux…

A Berlin va bientôt ouvrir un supermarché du même type, de… 250 mètres carrés. En Allemagne, le nombre de personnes végétaliennes est estimé à autour de 500 000…

Car effectivement, le véganisme peut être un business rentable. Pas en France (encore), mais dans les pays où il y a une forte base, ce marché est une vraie « niche » avec une clientèle « captive. »

Justement aux Etats-Unis s’est constitué Veganmainstream. C’est une initiative commerciale servant de consultant pour monter son business vegan. Documents listant les blogs vegans importants, package marketing, on trouve tout ce que le capitalisme peut proposer comme idée d’entrepreneuriat.

Rappelons qu’en anglais le terme « mainstream » signifie « courant principal », aller dans le courant au sens de l’eau qui coule, et désigne ce qu’on appellerait en France la « majorité silencieuse. »

C’est un terme évidemment très péjoratif quand il est employé par les personnes en faveur de la libération animale, qui justement considèrent que la majorité est paralysée par les valeurs d’oppression et d’exploitation.

On a ici ainsi deux exemples de ce qui va fasciner les personnes rêvant que le véganisme soit mainstream, alors que les autres apprécieront les gâteaux, mais certainement pas l’esprit business qui n’amènera jamais de bouleversement sérieux.

Mentionnons donc ici la date du prochain « Animal Gathering », forum – ateliers sur la libération animale, en Hollande les 15-17 juillet 2011.

Et faisons noter l’existence d’un nouveau site : « The animal liberation archive », archives disposant de documents (pour l’instant uniquement) en anglais et en allemand.

Ces documents sont bien l’expression du mouvement pour la libération animale : on y trouve entre autres Bite Back !, Arkangel, The Militant Vegan, Vegan info…

Et appelons ceux et celles qui disposent d’archives françaises qu’ils peuvent contribuer aux archives. La libération animale en France, depuis les années 1990, cela a également été de nombreux zines et quelques revues, une présence très forte dans les squatts avec des initiatives à la Food Not Bombs… Il y a ici toute une histoire qui vaut la peine d’être racontée, également comme enseignement pour le futur !

Manifestations anti-nucléaire ce dimanche

Le réseau Sortir du Nucléaire appelle à des manifestations ce dimanche dans toute la France. Voici l’appel, et on trouvera une liste des actions pour les différentes villes ici.

Il y a, dans cet appel, évidemment plein de choses à redire. Tant parce qu’il y a des illusions sur la dimension « démocratique » de la France, que parce que la dimension globale – la défense de Mère Nature – n’est absolument pas comprise.

Mais il n’est pas difficile de voir pour autant que les choses changent, lentement mais sûrement, dans la compréhension de l’importance pourtant évidente de toutes ces questions. La libération de la Terre est une conception qui fraie son chemin, à travers les errements d’une humanité causant des catastrophes!

NUCLÉAIRE : NOUS VOULONS AVOIR LE CHOIX !

Appel solennel au gouvernement français suite à la catastrophe nucléaire au Japon

Le peuple japonais affronte actuellement une tragédie sans précédent. Une catastrophe naturelle, avec des conséquences humaines, sanitaires et économiques. Et une catastrophe nucléaire majeure.

A ce jour, trois fusions partielles de cœurs, deux incendies de combustible usé et cinq explosions d’hydrogène sont survenues dans la centrale nucléaire de Fukushima Daiichii, qui depuis le séisme et le tsunami du 11 mars dernier, relâche des quantités colossales de radioactivité dans l’air et l’environnement. Une fusion totale des cœurs, voire une explosion avec une grande quantité de rejets radioactifs, n’est pas à exclure. Malgré une communication d’informations parcellaires ou contradictoires, nous pressentons que nous sommes face à une situation d’une gravité sans précédent.

La situation au Japon est d’ores et déjà alarmante et s’aggrave d’heure en heure. Des centaines de travailleurs japonais sacrifient actuellement leur vie pour tenter d’éviter que le pire ne se produise.

Alors même que la catastrophe est en cours, des quantités massives de substances radioactives ont été libérées dans l’atmosphère et l’océan. Des taux de radioactivité plusieurs centaines de fois supérieurs à la normale sont déjà mesurés à plus de 100 km de la centrale de Fukushima. C’est une vaste région du Japon qui subit à l’heure actuelle une contamination radioactive qui pourrait se propager à tout le pays, voire au-delà.

Nous, associations, syndicats et partis politiques, exprimons toute notre solidarité au peuple japonais et en premier lieu aux travailleurs du nucléaire qui tentent d’éviter le pire au péril de leur vie.

Cette situation alarmante nous rappelle que le nucléaire est une énergie qui n’est ni propre, ni sûre, ni à même de répondre au défi majeur du changement climatique, et qu’il soumet les populations et les travailleurs à des risques insensés, d’un bout à l’autre de la filière. Plus encore lorsque les centrales sont vieillissantes : au Japon, le réacteur n°1 de Fukushima Daiichi devait être arrêté définitivement le mois dernier, mais la prolongation de son fonctionnement pendant 10 ans venait d’être décidée… Quel choix tragique !

Ce nouvel accident nucléaire majeur met à nouveau à jour les risques inhérents à toute  installation nucléaire et met à mal de façon définitive et indéniable le mythe de la sûreté et de la sécurité du nucléaire.

L’impuissance dramatique de l’homme face à l’emballement des réacteurs au Japon a provoqué la remise en question immédiate du nucléaire dans plusieurs pays (Allemagne, Suisse, Inde, États-Unis…)

En France, la politique énergétique a toujours échappé au débat démocratique, et plus particulièrement le développement de la filière électronucléaire. Les décisions sont prises au plus haut niveau de l’État, sans que les citoyens ne soient jamais consultés, alors que cette question concerne pourtant l’avenir de la population tout entière.

Sera-t-il nécessaire d’attendre un nouvel accident nucléaire pour que les autorités françaises organisent enfin un réel débat sur le modèle énergétique français en toute indépendance de l’industrie nucléaire et de son lobby ?

Pour faire face à la pénurie croissante des ressources fossiles, aux risques inacceptables du nucléaire, et à la nécessité de réduire nos émissions de gaz à effet de serre, les solutions alternatives existent, aujourd’hui. Elles s’appuient sur la réduction de nos consommations, par la sobriété et l’efficacité énergétique, et sur le développement des énergies renouvelables. Cette transition énergétique est inéluctable, ses modalités et sa planification nécessitent la tenue d’un grand débat démocratique et citoyen.

Le Président Sarkozy a annoncé que la France devait tirer les conséquences de l’accident japonais. Nous prenons aujourd’hui sa déclaration au mot.

NUCLÉAIRE : NOUS VOULONS AVOIR LE CHOIX !

Nous, associations, syndicats et partis politiques, adressons solennellement ces demandes communes au gouvernement français :

Nous voulons:

  • L’arrêt de tous les projets électronucléaires en cours (EPR de Flamanville, ligne THT Cotentin-Maine, EPR de Penly, ITER, Bure et projets de centres de stockage des déchets nucléaires issus de la filière électronucléaire…) tant que les citoyens n’auront pas été en mesure de se prononcer démocratiquement sur notre politique énergétique et sur le recours à l’énergie nucléaire, y compris si nécessaire par un référendum
  • Le renoncement à la prolongation de l’exploitation des réacteurs ayant atteint ou dépassé les 30 ans de fonctionnement
  • L’arrêt complet de tous les projets portés à l’étranger par l’industrie nucléaire français

Parce que la situation au Japon exige de ne pas se taire sur le drame que ce pays subit et sur la menace permanente que l’industrie nucléaire fait peser sur les peuples, au Japon comme en France :

Nous appelons tou-te-s les citoyen-ne-s à manifester leur solidarité avec le peuple japonais et à se réapproprier la question du recours au nucléaire et de la politique énergétique, en organisant des rassemblements dans toutes les villes de France ce dimanche 20 mars 2011 à 15h.

Potentiel hydroélectrique français et Autriche dénucléarisée

On entend systématiquement l’argument suivant en ce moment : sans le nucléaire, un pays moderne ne peut pas exister. Bien entendu cela est faux, la majorité des pays dans le monde n’a pas le nucléaire.

Mais plutôt que de parler en général, nous allons ici parler d’un exemple utile comme contre-argument. Il s’agit d’un pays moderne et européen, connu et où le niveau de vie est élevé, sans nucléaire et où, cerise sur le gâteau, le nucléaire est même interdit constitutionnellement.

Bien entendu chaque pays a ses problèmes, ses domaines où il est avancé et ses retards. Ainsi paradoxalement, les activistes vegans ont justement dans ce pays – l’Autriche – tellement progressé dans l’opinion publique qu’il y a une criminalisation qui est faite les accusant de former une « mafia » contre l’industrie.

Mais cela ne doit pas empêcher de voir que dans ce pays il y a une hégémonie complète contre le nucléaire.

D’où vient leur énergie électrique alors ?

Elle provient à 29,9 % de l’énergie hydraulique, à 38,6 % des énergies renouvelables (avant tout la biomasse).

Ensuite, on trouve 17,2 % de gaz naturel, 11,7 % de pétrole, 2,6 % de charbon.

En France, l’énergie hydraulique ne représente que 12,4% du total, alors que le nucléaire fait 76,2% et les centrales thermiques classiques 10,4%.

On pourra arguer que l’Autriche dispose de la possibilité d’un fort parc hydroélectrique, comme la Suède par exemple aussi. Voici un petit tableau de comparaison:

C’est également le cas en Norvège, au Brésil, en Islande, etc. Cependant, en France le parc hydroélectrique est déjà important, avec 447 centrales construites entre 1896 et 1996, et 239 grands barrages dont 149 de plus de 20 mètres.

Et on considère que le potentiel hydroélectrique français n’est employé qu’à 75%. La conclusion est logique : il faut améliorer le réseau existant et prolonger l’effort.

Voici la carte des cours d’eau en France.

Améliorer le réseau, car l’âge du parc est le suivant : 75 % des aménagements ont plus de 24 ans, 50 % plus de 44 ans, 25 % plus de 74 ans.

De plus, de petits systèmes peuvent être employés ; en fait, les possibilités sont immenses.

Ce qui nous ramène en Autriche et son refus catégorique du nucléaire. Une centrale, la centrale nucléaire de Zwentendorf, a été construire de 1972 à 1977. Mais un référendum au sujet de son ouverture fut marquée par un court rejet.

Le résultat fut que la centrale n’a jamais ouvert, et que l’hégémonie du lobby du nucléaire s’est effondrée comme un château de cartes. La vague anti-nucléaire a alors emporté toutes les positions ennemies, jusqu’à la loi de 1999 inscrite dans la constitution.

Voici ce que dit la loi, inscrite dans la constitution:

13 août 1999

Loi constitutionnelle de la république pour une Autriche dénucléarisée

Le conseil national [chambre basse du parlement] a décidé :

1.En Autriche, il n’y a pas le droit de produire des armes nucléaires, de les stocker, de les transporter, de les essayer ou de les utiliser. Il n’y a pas le droit de mettre en place des installations pour le stockage d’armes nucléaires.

2.Des installations qui ont comme but l’obtention d’énergie par la fission nucléaire n’ont pas le droit d’être construites en Autriche. Dans la mesure où certaines existent déjà, elles n’ont pas le droit de rentrer en fonctionnement.

3.Le transport de matières fissiles est interdit sur le territoire national, dans la mesure où rien ne s’oppose aux obligations internationales. Est exclu de cette interdiction le transport pour des buts exclusivement pacifiques, mais pas pour des buts d’obtention d’énergie par la fission nucléaire ou bien l’élimination de leurs déchets. Aucune exception n’est possible.

4.Il est à vérifier par la force de la loi que les dégâts qui existeraient en Autriche en raison d’un accident nucléaire soit dédommagés, et que cela soit également autant que possible le cas lorsque le fautif est étranger.

5.Il appartient au gouvernement d’appliquer intégralement loi constitutionnelle de la république

Quand on veut, on peut: il suffit de changer de style de vie, de s’orienter vers les énergies renouvables, tant le solaire que l’hydraulique. Le serveur hébergeant LTD tourne à l’énergie solaire, cela serait aisément généralisable… si l’on assume une culture tournée vers notre planète, et non contre elle.

Sinon, on a comme résultat des choses ressemblant à ces terribles photographies de l’intérieur de la centrale de Fukushima 1.

La pollution nucléaire massive de la mer et Fukushima

On savait déjà que l’océan subissait de graves attaques avec les usines de retraitement des déchets de La Hague (France) et de Sellafield (Royaume-Uni), à l’origine d’une contamination radioactive dans une large zone.

On connaissait également, dans la région de Mourmansk en Russie, un grand dépotoir de bateaux soviétiques, au nombre de 71, avec propulseurs et résidus de combustible nucléaire, 30 fois ce qu’il y avait à Tchernobyl. On y trouve 21 067 m3 de déchets radioactifs solides, 7 523 m3 de déchets radioactifs liquides, 29 095 éléments combustibles usés.

On trouve également des sous-marins dans l’océan pacifique, ainsi que vingt réacteurs de sous-marins nucléaires et le réacteur de brise-glace qui auraient été immergés depuis 1965 dans l’océan Arctique. L’association Bellona s’occupe de cette question russe, avec également une actualité sur ce qui se passe au Japon.

A cela s’ajoute les essais nucléaires et les déchets radioactifs placés dans des fûts métalliques (avec une « robe » de béton ou de bitume) et littéralement balancés au fond des mers.

Il existe au moins 50 sites dans le monde où des déchets nucléaires sont jetés au fond de la mer, la première ayant eu lieu en 1946, à 80 km des côtes californiennes, et la dernière (tout au moins de manière officielle) dans l’Atlantique, en 1982.

L’arrêt de ces immersions a été motivé par… la volonté de ne pas nuire aux « ressources marines » ! On reconnaît bien là l’esprit de l’exploitation animale et du mépris de Gaïa.

D’ailleurs, quand on pense à la pollution nucléaire de l’océan, il faut avoir en tête le rejet d’effluents liquides faiblement radioactifs en provenance des centrales nucléaires, des installations de retraitement, de l’industrie, des hôpitaux, des centres de recherche, des installations d’armements nucléaires… (Les centrales nucléaires utilisant de l’eau de mer ont des filtres mais leur aspiration de l’eau de mer tue tout de même des centaines de milliers d’êtres chaque année).

Pensons aussi aux accidents de navires fonctionnant au nucléaire ou en transportant, d’avions transportant des armes nucléaires, des générateurs isotopiques produisant de l’électricité pour les aides à la navigation…

Au moins quatre sous-marins à propulsion nucléaire sont perdus dans l’océan ! Ainsi qu’au moins trois engins spatiaux à propulsion nucléaire!

N’oublions pas les satellites rentrant dans l’atmosphère alors qu’ils contiennent des matières radioactives, ou encore les stations météorologiques automatiques…

Mais aussi, et c’est d’importance, les sources radioactives scellées employées pour les études, la construction, la prospection et l’extraction du pétrole et du gaz…

Ce qui se passe au Japon ajoute à ces contaminations massives de l’océan.

Nous l’avons dit et nous le répétons : aucun média ne parle de cette contamination.

Les animaux et les végétaux de l’océan sont passés par pertes et profits. Difficile de dresser un petit panorama des conséquences. Essayer, car il y a à ce sujet très peu de documents, quasiment pas d’informations, et en fait même pratiquement pas d’études.

Quand il y en a, elles sont de toutes manières liées à l’exploitation (soit de la part de l’industrie nucléaire, soit de la pêche, les deux rentrant parfois en conflit, comme les pêcheurs norvégiens avec l’usine britannique de Sellafield).

Ainsi, la question commerciale actuelle est que le Japon pêche 4,5 millions de tonnes de poissons et que des questions se posent pour la sécurité des importations de ces animaux tués. En gros, les consommateurs paniquent pour « leurs » sushis !

Du côté pro-nucléaire, on se veut rassurant, bien entendu : on peut continuer à exploiter et tuer. Voici maintenant un exemple, typique de la mentalité dominante. Il s’agit de la réponse faite par François Bochud, physicien, directeur de l’Institut de radiophysique du CHUV de Lausanne en Suisse.

– Faut-il arrêter de consommer des produits importés du Japon?
– Non, il n’y a aucune raison d’arrêter de consommer ces produits. Au Japon, les courants partent en direction de l’est, entraînant avec eux le nuage radioactif. Exception faite de la zone immédiate de la centrale de Fukushima, il n’y a pas eu de dépôt radioactif sur le sol japonais.

– Quid des poissons?
– Je ne me fais aucun souci pour les poissons! L’eau est mille fois plus dense que l’air: on est donc bien mieux protégé sous l’eau qu’à l’air libre. Les particules radioactives sont extrêmement diluées. De toute façon, des contrôles vont avoir lieu, en Suisse comme ailleurs. Nous collaborons déjà avec l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).

Pourtant, cela est bien entendu faux. Voici un schéma montrant comment les poissons sont irradiés ou contaminés.

Voici maintenant deux schémas montrant comment la contamination se développe dans l’écosystème.

 

Voici maintenant un exposé succinct mais exemplaire par ce que constate l’Association pour le Contrôle de la Radioactivité de l’Ouest en 2008 :

Le transfert de la substance radioactive en milieu aquatique pourrait en effet avoir de lourdes retombées sur l’ensemble de l’écosystème, estiment les scientifiques. S’intéressant au phénomène de la « bio accumulation », ils ont démontré que l’incorporation du tritium à la matière organique lui permettait de s’introduire à chacune des étapes de la chaîne alimentaire. Il pénètre ainsi dans l’organisme des cétacés, des mollusques et des poissons.

Plus préoccupant, ce processus de transmission s’intensifie lors de l’assimilation du tritium par les molécules organiques. Une enquête menée par l’ACRO dans la baie de Cardiff, située au Sud du Pays de Galles, a révélé que les teneurs en tritium prélevées sur les poissons plats étaient 1 000 à 10 000 fois supérieures à celles contenues dans l’eau de mer du même site !

En fait, les pro-nucléaires partent du principe suivant : la mer est vaste et les sels marins contiennent du potassium et du calcium.

Or, le cesium 137 ressemble au potassium (assimilé par les muscles) et le strontium 90 au calcium (assimilé par les os). Donc, en raison de la richesse des sels marins, il y a moins de risques d’intégration de ces éléments, et de plus le tout sera dispersé rapidement.

En clair, on part du principe que la mer est un dépotoir, et les effets sur les êtres marins, très différents des humains, ne présentent pas d’intérêt en soi. Faire des études n’a pas d’intérêt en soi pour des animaux n’ayant pas d’intérêt en soi, sans compter qu’il faut des moyens et des investissements (il est en effet difficile d’analyser la présence de contamination nucléaire dans l’océan, il faut par exemple dix tonnes d’eau et deux semaines d’analyses pour étudier la présence de neptunium 237).

Tout cela fait que l’humanité, préoccupée par totalement autre chose que sa propre planète, ne se soucie en rien de l’océan, qu’elle ne respecte pas, dans une vision dénaturée totalement suicidaire, comme en témoignent les événements actuels.

Fukushima: la machine s’emballe

[AJOUT de tout début de matinée : à lire les médias français, on peut voir qu’ils ont pratiquement deux heures de retard à peu près sur les informations.

Les médias français annoncent en effet que les techniciens peuvent revenir à la centrale de Fukushima 1.

En réalité, la situation est désormais la suivante :

– le réacteur 4 est en feu,

– une fumée, radioactive, s’échappe du réacteur numéro 3.]

L’un des symboles de la situation hier soir, était « l’idée » de lancer de l’eau sur la centrale Fukushima 1 depuis des hélicoptères. Quand on sait qu’il faut plusieurs m³ par seconde, on comprend le caractère totalement vain de cette proposition, d’ailleurs finalement abandonnée.

Après le coup d’utiliser l’eau de mer (malgré le problème du sel), on est vraiment dans une position délirante. Dans le même genre, il y a l’idée d’utiliser les fissures provoquées par l’explosion pour pulvériser de l’eau de mer à l’intérieur.

Nous sommes en 2011 et voilà à quelle situation nous sommes confrontés. Avec en première ligne, 50 personnes. Ce sont les 50 techniciens qui sont restés, sur les 800 initialement, qui font tout tout seul, se planquant dans la salle de contrôle (bien protégée des radiations) quand ils le peuvent.

Comme à Tchernobyl, on sait que leurs vies sont mises en jeu. Et si la situation continue de s’aggraver, ils ne pourront même pas rester sur place (d’où les plans d’action par hélicoptères).

Et ces 50 personnes se battent donc pour préserver les 100 000 personnes encore présentes dans la zone, l’État japonais leur ayant demandé de se calfeutrer chez eux.

Mais ici on voit les limites du raisonnement : on retrouve encore et toujours le caractère systématique de la position d’utiliser la mer comme dépotoir.

Voici un exemple (tiré de Libération, par le vraiment terrible Sylvestre Huet, journaliste scientifique dans ce quotidien) très parlant, et totalement anti-nature dans ce qu’on peut faire de pire:

« L’eau qui passe dans le réacteur numéro 1 à trente tonnes par heure est nécessairement rejetée dans l’océan. Elle est porteuse d’une radioactivité, mais d’une part, il n’y a pas le choix, et d’autre part, cette radioactivité est encore limitée, enfin elle va très vite se diluer dans l’océan Pacifique. En résumé, c’est sale mais c’est obligatoire et pas si grave que cela. »

Ici, la montée en puissance de l’hypocrisie et de la pensée criminelle anti-nature est vraiment évidente. C’est un exemple patent de négation, du fait de se voiler la face, de fuite en avant dans une sorte de prétention à survivre seul, sans la planète… Une totale aberration.

Pourtant, une telle situation devrait permettre d’avoir une vision d’ensemble… sauf si bien entendu on a des intérêts économiques ou une vision d’ingénieur français à la pensée mécanique.

D’un côté, on a ainsi le commissaire européen à l’Energie, Günther Oettinger, qui parle d’apocalypse, ainsi que finalement tous les « responsables » désormais (le plus souvent en faisant volte-face brutalement).

De l’autre, on a le même mode de raisonement qui continue de dominer. Pourquoi ne comprend-on pas immédiatement que cela concerne la nature aussi ? Que la catastrophe n’a rien de naturel, mais a été provoqué par les humains, qui ont fait des choix erronés?

L’humanité peut-elle vivre sans l’océan, qui sert de dépotoir ? Et même en admettant qu’il n’y ait pas le choix afin de protéger la population humaine, pourquoi ce fait-il que la nature est ici une victime n’est même pas mentionnée, n’est même pas prise en compte ?

N’aurait-il pas fallu prendre cela en compte et penser à l’océan, qu’il faut protéger ? La vie sous-marine, les oiseaux dans le ciel, ne méritent-ils pas autant d’être pris en considération, alors que ce sont les humains les responsables?

On a ici un cercle vicieux, qui ne peut conduire qu’à d’autres catastrophes. On a ici un résumé d’une position fausse à la base. On a un exemple des choix catastrophiques faits par l’être humain, choix qui mènent au désastre.

Rappelons ici brièvement la situation.

Le problème majeur est le réacteur numéro 2. Son enceinte de confinement n’est plus étanche, le processus de refroidissement n’est pas opérationnel et on tente de compenser avec de l’eau de mer, alors qu’il y a déjà eu deux explosions.

Le coeur est en partie fondu, et s’il fond totalement, il y aura production de corium, hautement radioactif et le devenant de plus en plus, ainsi que de plus en plus chaud, faisant fondre le fond du confinement et diffusant ainsi de la radioactivité, massivement.

A cela s’ajoute le réacteur numéro 1, où là aussi on injecte de l’eau de mer parce que le refroidissement ne marche pas. De la vapeur radioactive s’est déjà échappée, et il y a eu une explosion en raison de l’hydrogène.

Le réacteur numéro 3 est dans la même situation que le 2, avec toutefois une très forte radioactivité présente.

Le réacteur numéro 4 était en maintenance lors du séisme, mais il y a une piscine de stockage rempli de combustible usagé et il y a déjà eu deux incendies. De la vapeur radioactive s’est ici aussi échappée, alors que l’enceinte de confinement est endommagée.

Dans les réacteurs numéro 5 et 6, tous deux également en maintenance, les deux piscines de stockage voient leur température augmenter, et le niveau d’eau a légèrement baissé pour le numéro 5.

Ces informations sont « officielles » mais les critiques fusent. Dans les médias des autres pays que la France, il est considéré que la situation est catastrophique depuis plusieurs jours ; Iouli Andreev qui a dirigé des opérations à Tchernobyl par exemple considère que l’industrie n’a pensé qu’au profit et a géré le tout de manière catastrophique.

Il est également considéré que c’est la panique chez les responsables japonais, alors qu’une équipe d’experts américains arrive, tandis que les navires de la flotte américaine font des détours afin d’éviter les nuages radioactifs.

Le caractère non démocratique du nucléaire saute aux yeux, depuis son aspect bureaucratique au départ jusqu’au chaos le plus complet en cas de problème. L’humanité doit changer son fusil d’épaule et comprendre Gaïa, le plus vite possible!

Une crise qui s’amplifie, au milieu du black out médiatique

[Ajout en tout début d’après-midi : Les dernières informations sont, comme on pouvait le craindre, catastrophiques.

L’enceinte de confinement du réacteur numéro 2 de la centrale de Fukushima 1 « n’est plus étanche. » Le risque d’un nuage radioactif s’agrandit d’heure en heure. La compagnie Tepco qui gère la centrale considère la situation comme « très mauvaise. »

Les réacteurs 4, 5 et 6 posent maintenant également des problèmes. Il y a deux trous de 8 m² dans le bâtiment autour du réacteur numéro 4.

L’état d’urgence nucléaire a été décrété en tout pour dix réacteurs :

– quatre à Fukushima 1 (Daiichi),

– trois à Fukushima 2 (Daini),

– trois à Onagawa.

Le président de l’Autorité française de sûreté nucléaire (ASN), André-Claude Lacoste, a annoncé qu’il fallait considérer l’accident de Fukushima comme étant de niveau 6 (le 7ème étant équivalent à Tchernobyl) : « Nous sommes maintenant dans une situation différente de celle d’hier. Il est tout à fait clair que nous sommes à un niveau 6, qui est un niveau intermédiaire entre ce qui s’est passé (à la centrale américaine de) Three Mile Island (en 1979) et à Tchernobyl. On est dans une catastrophe tout à fait évidente. »

Alain Juppé, ministre des affaires étrangères, a déclaré que le risque nucléaire est « extrêmement élevé. » Le ministre de l’Industrie Éric Besson a changé son fusil d’épaule et explique : « on est sur le chemin d’une catastrophe nucléaire. »]

 

 

[Ajout en début de matinée : On avait jusqu’à présent pas parlé du réacteur n° 4, qui était à l’arrêt pour maintenance avant le tremblement de terre. Un incendie s’est déclaré dans un bassin de stockage de combustible nucléaire usagé ; au bout de quelques heures il a été éteint, mais selon le premier ministre japonais, dans la zone de la centrale « le niveau de radioactivité a considérablement augmenté. »

On notera que pour éteindre l’incendie, il a été fait appel aux forces d’autodéfense (nom de l’armée japonaise) et à l’armée américaine.

Autre information grave : il y a eu encore une explosion dans la bâtiment du réacteur n° 2, faisant quadrupler la radioactivité dans la zone. Celle-ci monte jusqu’à 11.900 microsieverts.

Il est considéré que le réacteur numéro 2 est possiblement abîmé et qu’il y aura très certainement une fuite radioactive.

Fukushima est évacuée. La panique gagne Tokyo, qui sera atteint d’ici une dizaine d’heures par un nuage faiblement radioactif.

C’est une anecdote, mais révélatrice: la bourse de Tokyo a perdu près de 14% en cours de séance, pour finalement revenir à une perte d’un peu plus de 9%.]

Le black out continue et s’approfondit, surtout après la nouvelle impressionnante explosion d’hier matin. Celle-ci s’est déroulée dans le réacteur numéro 3, faisant sauter le toit de l’enceinte de béton. Mais le coeur reste intact… pour l’instant.

Car contrairement aux démentis multiples, ce qui ressort est très clair : dans trois réacteurs, le coeur est « très vraisemblablement » rentré en fusion. L’autorité de sûreté du nucléaire (ASN), un organisme de l’Etat français, le reconnaît lui-même : « La fusion partielle du cœur est confirmée » pour les réacteurs 2 et 3.

André-Claude Lacoste, président de l’Autorité de sûreté du nucléaire (ASN), a même affirmé : « Nous avons le sentiment qu’on est au moins au niveau 5, sinon au niveau 6. »

C’est le réacteur 2 qui apparaît maintenant comme présentant le plus de risques (rappelons par contre que le réacteur 3 contient du MOX, un combustible avec notamment du plutonium). Hier en fin de soirée, il a été rendu officiel que le processus de refroidissement avait échoué et que les barres de combustible étaient de nouveau à l’air libre.

A l’entrée de la centrale, les compteurs de mesure vont jusqu’à 3130 mSV/heure (soit, en une heure, 3130 fois la limite annuelle « normale »).

Expliquons maintenant pourquoi malgré cela, les « experts » peuvent expliquer qu’il ne peut pas, en aucun cas, s’agir d’un second Tchernobyl. Le principe est le suivant : comme l’a expliqué de manière faussement candide Anne Lauvergeon, dirigeante d’AREVA, à Tchernobyl il y avait un réacteur « qui fonctionne et qui explose. »

Comme là au Japon le réacteur s’est arrêté automatiquement avec le tremblement de terre, qu’il n’a pas explosé, alors la formule choc pourrait devoir tomber : rien à voir avec Tchernobyl.

Il y a pourtant un « mais » de taille. En effet, Tchernobyl c’est surtout un nuage radioactif. Or, là, si l’enceinte de confinement cède, on aurait également un nuage radioactif. Cela revient donc au même…

A Tchernobyl il s’agissait notamment d’une erreur de manipulation, à Fukushima l’origine est l’absence répétée et prolongée de refroidissement du coeur du réacteur (d’où une réaction chimique et l’éventuelle fusion du coeur, élevant la pression et risquant de percer la protection, et d’éjecter un nuage radioactif dans le ciel).

La dirigeante d’Areva est donc « gonflée » de prétendre s’étonner de voir qu’il y a « parfois plus d’énervement (en France) que dans l’extraordinaire sang-froid des Japonais » (sic) et d’expliquer que… « Ce n’est pas une catastrophe nucléaire. »

L’argument des pro-nucléaires est qu’en fait, tant que cela ne saute pas, alors ce n’est pas un accident nucléaire !

De la même manière, les pro-nucléaires se moquent de ceux et celles utilisant parfois le terme « fusion nucléaire » car il s’agit en réalité de la fusion du coeur, et non pas d’une fusion nucléaire (en clair, d’une explosion atomique). Ils jouent là-dessus pour dénoncer toute critique, la neutraliser.

Les pro-nucléaires jouent cependant également sur un autre aspect : le temps. Voici le communiqué de l’Observatoire du nucléaire, qui considère sans nul doute justement que si Hulot demande un référendum, alors que sa fondation est sponsorisée notamment par EDF, cela sert en fait les pro-nucléaires, qui disposent de moyens énormes et de relais médiatiques surpuissants:

Observatoire du nucléaire – Communiqué n°2 du lundi 14 mars 2011

Nucléaire : les écologistes qui demandent « un débat » ou « un référendum » n’ont RIEN COMPRIS

La seule chose à revendiquer est la fermeture la plus rapide possible des réacteurs nucléaires

Le gouvernement français n’est pas le seul à ne pas prendre la mesure de l’ampleur du drame nucléaire en cours au Japon : c’est la pire catastrophe nucléaire de tous les temps, au delà même de celle de Tchernobyl, du fait du nombre de réacteurs en perdition.

En effet, de curieux écologistes, tout en reconnaissant la dangerosité extrême du nucléaire, se laissent aller à des revendications d’une incroyable mollesse, en demandant « des débats », ou « un référendum », ou « une sortie du nucléaire en 30 ans ».

La palme est une fois de plus obtenue par Nicolas Hulot, dont la fondation est largement subventionnée par EDF. Cet « écologiste » promu par TF1 se contente de demander… un « grand débat sur le nucléaire ». C’est risible.

De la même manière, des représentants de l’écologie politique demandent une sortie du nucléaire… en 20 ans, 25 ans, ou même 30 ans. Il s’agit d’une véritable forme de négation de la réalité du risque nucléaire puisque cette revendication revient à accepter ce risque pendant encore des décennies.

Par ailleurs, la revendication d’un référendum revient à laisser la main aux pronucléaires qui disposent de moyens gigantesques pour modeler l’opinion publique en agitant le spectre de la pénurie.

Il n’y a pas eu de référendum pour imposer le nucléaire en France, pourquoi en faudrait-il un pour prendre acte de la catastrophe en cours au Japon et décider de sortir du nucléaire ?

Pourtant, les réacteurs nucléaires français arrivent à 30 ans d’âge, la durée de vie prévue à l’origine. EDF se prépare à investir 35 milliards d’euros pour rénover ces réacteurs : il faut d’urgence stopper ce processus et reverser ces sommes dans les programmes alternatifs.

Chacun doit comprendre que tout a changé sur la question du nucléaire : il n’est plus temps de polémiquer sur le prix de l’électricité nucléaire ou sur la supposée indépendance énergétique. Il n’est plus temps de se demander s’il est possible de sortir du nucléaire : c’est possible mais surtout c’est indispensable… et en toute urgence.

C’est à la population de signifier aux dirigeants français, aveugles et sourds, et aux ridicules « écologistes cathodiques » (Hulot, Arthus-Bertrand) qu’ils doivent cesser leurs manoeuvres dilatoires: il faut décider immédiatement de s’engager dans la sortie du nucléaire, fermer dans les jours qui viennent les réacteurs les plus vieux , et programmer la fermeture rapide des autres, par exemple lorsqu’ils arrivent à 30 ans d’âge, c’est à dire leur durée de vie prévue à l’origine.

A vrai dire, on est pas encore arrivé au niveau de Tchernobyl – une telle affirmation reste théorique, justement d’ailleurs parce qu’elle oublie la nature et toutes les personnes humaines mortes des conséquences.

Mais il est vrai qu’il s’agit d’un échec complet pour l’industrie du nucléaire, d’un désaveu plus clair qu’avec Tchernobyl, car là-bas les conditions étaient finalement précaires, alors qu’au Japon c’était sensé être la fine fleur de la technologie.

On voit mal cependant, si les pro-nucléaires ont les moyens de contrer un référendum, pourquoi ils iraient fermer les centrales nucléaires alors qu’ils sont en position de force… Il y a là une contradiction patente.

En fait, les choses sont ainsi : si l’on ne veut pas de nucléaire, alors il faut assumer la libération de la Terre et se confronter à tout le système fondé sur l’exploitation animale. Aucune réforme du nucléaire n’est possible, pas plus qu’aucune réforme de l’exploitation animale, car les intérêts économiques sont bien trop massifs.

Dans la défense de Gaïa, aucune demi-mesure n’est possible… comme on le voit aisément avec l’ampleur de la situation, dans une destruction qui ne cesse de s’accélérer !

Le point de vue d’Edmund Lengfelder

Quelle est la situation au Japon ? Tout le monde aura aisément remarqué qu’il y a une multitude d’analyses, de commentaires, de remarques, voire d’informations… mais qu’elles sont contradictoires, rassurantes d’un côté, inquiétantes de l’autre.

Avec toujours, du côté officiel japonais (et français), la volonté de minimiser les problèmes, voire en fait de gagner du temps en espérant que cela ira mieux.

Pourtant, il n’est pas bien difficile de voir que dans les autres pays, les informations circulent plus facilement qu’en France, et même que dans certains pays les médias donnent la parole aux voix critiques. La raison est simple : les intérêts pro-nucléaires sont plus faibles, voire inexistants, alors qu’en France le nucléaire est une raison d’État.

On a ainsi Edmund Lengfelder, un physicien allemand spécialiste de la catastrophe de Tchernobyl, considère ainsi que ce qui va se passer au Japon sera pire. Son point de vue est ouvertement diffusé dans des grands journaux allemands.

Impossible en France, où l’on se contente de donner la parole à des écologistes se contentant de dire qu’il faut sortir du nucléaire, sans rien proposer comme vision du monde cohérente. Nous reviendrons dessus, mais voyons déjà ce que Lengfelder a à dire.

Il faut dire qu’il s’agit d’un expert mondial des radiations, auteur de plus de 200 publications ; il a voyagé plus de 150 fois à Tchernobyl, entre 1986 et 2006, en tant que médecin et scientifique.

Il constate qu’une centrale d’une capacité de 800 Megawatt a en pratique une capacité allant jusqu’au double, soit de 1600 Megawatt. Or, pour refroidir cela, il faut plusieurs mètres cubes d’eau par seconde. Mettre de l’eau de mer ne suffira pas, et d’ailleurs il faut que cette eau tourne car elle se réchauffe extrêmement vite.

De plus, il considère qu’il y a plus de matières radioactives qu’à Tchernobyl, et qu’il y a une population humaine bien plus grande aux alentours. Il part du principe que cela sera pire que là-bas, par conséquent, et que de toutes manières les autorités cachent autant qu’elles peuvent les informations.

Les jours qui viennent seront donc très importants (rappelons que si le refroidissement réussit, il devra durer… deux années!), le risque le plus grand étant avec le réacteur numéro 3 de Fukushima.

Mais revenons justement sur cette question de la vision du monde, et des limites évidentes de la critique en France du nucléaire.

En fait de ce point de vue, il est évidemment très bien que de nombreuses voix s’élèvent contre le nucléaire. Contrairement à la marée noire en Louisiane, où il y avait peu d’informations, et même en fait très rapidement aucune en France, les incidents au Japon sont donc largement médiatisés et les critiques nombreuses.

Tant mieux d’un côté, car c’est un pas en avant dans la compréhension de la menace qu’est le nucléaire. De l’autre, on reste trop souvent coincé dans une attitude anthropocentriste. En fait, c’est tout le temps qu’on retrouve cette attitude anthropocentriste.

Nous parlions hier de comment l’océan était conçu comme un dépotoir radioactif espéré. Eh bien même Edmund Lengfelder tient le même genre de discours, ne concevant une catastrophe (qu’il considère comme très probable) qu’à partir de l’angle de la population humaine.

Naturellement, c’est une question très importante. Mais elle l’est également si la nature est victime en général des activités humaines!

Ainsi, on a l’impression a posteriori que la marée noire n’intéressait finalement pas, car c’était dans l’océan, et que les victimes étaient animales et végétales. L’impression, on pouvait bien entendu l’avoir à l’époque, surtout que les personnes véganes en France ne se sentaient, dans leur écrasante majorité, même pas concernées.

Cela est vraiment très grave. Une telle mentalité ne peut que conduire l’humanité dans un cul-de-sac, un cul-de-sac où elle est en fait même déjà. Si on ne comprend pas que Gaïa est un tout dont nous sommes une partie, si l’on pense vraiment s’en sortir « tout seul », on est en plein délire.

Et cette tendance continue : il n’y a dans les médias absolument aucun commentaire de l’impact sur la nature, sur les animaux, sur les végétaux.

Encore une fois, la nature est « oubliée », elle n’existe pas. De la part des pro-nucléaires, cela n’est pas étonnant. Mais comment peut-on prétendre sortir du nucléaire si l’on en reste à un repli de l’être humain sur lui-même ?

Voici par exemple ce que dit Nicolas Hulot, les propos étant relatés par l’AFP :

« Je pense que le nucléaire doit faire l’objet, a minima, d’un débat national, d’un référendum », a déclaré l’écologiste, qui réfléchit à une candidature à la présidentielle de 2012, depuis l’Amérique du sud où il est en tournage.

« On voit bien que quand il y a une paille dans le système, on est complètement dépassé par les événements. Il faut sortir de cette arrogance, de penser toujours que la technologie, le génie humain peut tout », a-t-il ajouté.

« Le nucléaire, en l’état, ne peut pas être la réponse à nos besoins énergétiques », a dit l’animateur de télévision.

« On a encore une fois la démonstration, on ne peut pas remettre le sort de l’humanité dans une vulgaire et tragique roulette russe, a-t-il ajouté.

Ce que Nicolas Hulot n’a pas compris, c’est qu’il ne s’agit pas du sort de l’humanité par rapport au nucléaire, mais du sort de l’humanité tout court. De par son attitude générale sur la planète, l’être humain va tout droit à son propre anéantissement.

En se comportant de manière égoïste, à l’échelle individuelle comme à l’échelle des espèces, l’humain ne gère rien et ne veut rien gérer, il considère qu’il n’a aucune responsabilité, et que finalement il n’aura jamais rien à payer comme prix.

Un « événement » comme celui au Japon en ce moment vient bouleverser cette vaine prétention. Mais cela ne sera qu’un avertissement vain si à côté l’humanité continue d’aller dans le sens de l’écocide généralisé, de la destruction des écosystèmes, de l’exploitation animale.

Par exemple, il y a quelques jours les Nations-Unies ont publié un rapport montrant que les abeilles subissent des attaques toujours plus grandes dans le cadre des bouleversements provoqués par les humains. On peut lire ici le rapport, en anglais.

C’est un excellent exemple. La guerre contre Gaïa a lieu tous les jours, et les terribles accidents nucléaires au Japon en sont une partie importante, mais une partie seulement. C’est bien la direction prise par l’humanité qui doit être renversée!

Accident atomique, mensonges et eau de mer

[Ajout de milieu d’après-midi : Trois réacteurs de Fukushima sont refroidis à l’eau de mer (et au bore). Au moins le premier a vu son réacteur fondre en partie. Le troisième réacteur contient du plutonium et présente le danger le plus important en cas de fusion.

En ce qui concerne le réacteur numéro 1, s’il parvient à rester confiné, le refroidissement de secours devra durer… au moins deux années ! Des experts, notamment américains, sont en tout cas très sceptiques sur la capacité de la centrale à résister à la panne de refroidissement.

Pour l’instant, 215 000 personnes ont été évacuées, dans un rayon de 20 kilomètres, alors qu’il apparaît que la radioactivité s’est déjà au moins diffusée dans un rayon de 50 kilomètres. Des secouristes munis de combinaison spéciale passent la population locale au compteur geiger pour vérifier si elle est irradiée.

Les informations sont contradictoires au sujet d’une autre centrale, celle d’Onagawa. L’état d’urgence nucléaire y a été décrété, en raison là aussi d’une panne de refroidissement.

Mais, vers 16 heures l’Agence de sûreté nucléaire japonaise a expliqué que la situation était « normale » !

La hausse de la radioactivité dans cette centrale est soit expliquée par une panne de refroidissement, soit par une radioactivité apportée depuis la centrale de Fukushima.]

 

[Ajout en fin de matinée: ce matin, le gouvernement japonais a reconnu qu’il y avait vraisemblablement la fusion de deux coeurs de réacteurs. Edano a ainsi expliqué au sujet du réacteur numéro 1 : « C’est dans le réacteur. Nous ne pouvons pas le voir. Mais on part du principe qu’il y a eu une fusion du coeur du réacteur. »

Au sujet du réacteur numéro 3 : « Nous partons du principe que là aussi il y a eu une fusion du coeur du réacteur. »

On sait maintenant que six des dix réacteurs de Fukushima 1 et 2 se sont retrouvés sans aucun système de refroidissement.

Ce matin, à 8 heures, le gouvernement japonais a prévenu d’une nouvelle explosion à Fukushima 1. Sony a fait distribuer 30 000 radios aux personnes dans les zones concernées, alors que des pastilles d’iode sont distribuées à la population.

200 000 personnes ont déjà été évacuées (rappelons que 390 000 personnes sont également réfugiées, en raison du tremblement de terre).

On a remarqué que dans la préfecture de Miyagi, le taux de radioactivité est 400 fois plus grand que la normale ; on pense que le vent a poussé la radioactivité depuis Fukushima.]

A l’heure où nous écrivons cet article, on est en train d’utiliser… de l’eau de mer comme liquide de refroidissement pour refroidir le coeur du réacteur de Fukushima. Cela est évidemment totalement non conventionnel (d’où le fait qu’on en parle nulle part), c’est totalement improvisé, et cela montre la gravité de la situation!

Voici deux photographies, montrant la centrale avant et après l’explosion d’hier matin:

Et le réacteur numéro 3 a également un problème de refroidissement, et est désormais confronté à la même problématique que le réacteur numéro 1!

Contrairement à ce qui est dit dans les médias français et les « experts » liés à l’Etat français, ce qui est ici en jeu, c’est l’éventuelle fusion du cœur du réacteur nucléaire !

En fait, on pense qu’au moins une fusion partielle a eu lieu. Un tel événement est différent de la gravité de Tchernobyl en 1986 et Three Mile Island en 1979 ; néanmoins, il s’agit d’un incident grave, et surtout il n’est pas terminé, il y a encore le risque de la diffusion très réelle d’un nuage nucléaire.

On notera au passage que parmi les 9 fusions partielles ayant déjà eu lieu, on trouve la centrale française de Saint-Laurent, située entre Orléans et Blois. Une fusion partielle y a eu lieu en 1969 ainsi qu’en 1980, et l’Autorité de sûreté nucléaire a établi un rapport en octobre 2002 expliquant qu’en cas de séisme, il y aurait des problèmes avec le système de refroidissement…

Pour l’instant, 140 000 personnes ont déjà été déplacées. 110 000 ont été sommées de quitter le secteur de la centrale Fukushima 1 et 30 000 celui du secteur de Fukushima 2. Et il faut noter que ce ne sont pas moins de 5 réacteurs où le système de refroidissement est en panne en raison du tremblement de terre !

Selon Asahi TV, déjà 200 personnes ont été contaminées par la radioactivité.  L’Etat japonais distribue également dans les zones concernées de l’iode (afin de saturer la thyroïde en iode non radioactive).

Cette évacuation et cette distribution d’iode tranche avec le discours que l’on entend en France, discours qui est évidemment très différent ce que l’on peut trouver dans d’autres pays !

Il faut tout de même une mauvaise foi énorme pour affirmer, comme le ministre de l’Industrie Eric Besson hier dans une conférence de presse, que c’était « un accident grave mais pas une catastrophe nucléaire. »

Un réacteur en risque de fusion, sans doute en fusion partielle, cela s’appelle une catastrophe, ni plus ni moins, et il suffit de voir ce qui se passe, comme les mesures d’évacuation, pour le constater.

A moins, comme l’industrie du nucléaire le souhaite, que tout cela soit banalisé. On en est quand même à un stade où l’on peut lire aussi « facilement » que cela, dans l’actualité minute par minute du Figaro :

23h05 : L’opérateur d’une centrale nucléaire du nord-est du Japon affirme qu’un autre réacteur donne des signes de problèmes, avec un risque d’explosion.

Charmant ! Tout aussi charmant est la solution mis systématiquement en avant par tous les « experts. » Cette solution est que le nuage radioactif… soit poussé par les vents vers l’océan.

Systématiquement, on a eu droit au coup de l’océan devant servir de dépotoir radioactif ! Et ce depuis Michel Chevalet sur i-télé jusqu’à Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Écologie!

Voici ce que dit par exemple Sophia Majnoni, chargée de campagne nucléaire-énergie de Greenpeace:

«La grande question est maintenant de savoir ce que contient le nuage et où il va se diriger: vers la mer ou vers des zones habitées – et bien au-delà des 20 ou 30 kilomètres évacués. »

André-Claude Lacoste, président de l’Autorité française de sûreté nucléaire (ASN), a la même vision du monde:

« Il semble que la direction des vents éloigne pour le moment une éventuelle pollution vers le Pacifique. »

L’océan comme dépotoir, voilà l’espoir de ceux qui ne comprennent rien à Gaïa, et ce jusqu’à Greenpeace qui, comme on le voit, critique mais ne propose pas une vision du monde cohérente non plus.

La chargée de campagne nucléaire-énergie de Greenpeace s’inquiète pour les populations, mais a exactement la même position vis-à-vis de l’océan : c’est comme si cet océan n’existait pas!

C’est une excellente illustration du manque de réalisme par rapport aux problèmes de notre époque. Ce qui est en jeu, c’est le rapport de l’humanité à la planète. Il ne doit pas s’agir de raisonner de manière anthropocentriste et d’espérer échapper aux problèmes créés par l’humanité elle-même.

Il s’agit d’avoir une autre vision du monde, de comprendre qu’aucune perspective n’existe dans la guerre à Gaïa, dans la négation de son existence, existence dont nous ne sommes qu’une petite partie!

Voici par exemple deux cartes, montrant la zone touchée par le tsunami:

Quant aux photographies des dégâts causés, elles sont très parlantes aussi. La force de Gaïa est énorme, et au lieu de vivre en harmonie avec elle, il y a eu l’aberration de construire des centrales nucléaires dans une zone sismique, de placer une centrale au bord de la mer malgré les risques de tsunami… Tout cela pour maintenir un rythme élevé de course au profit, de destruction!

Séisme au Japon et risques nucléaires

[AJOUT : ce matin à 9 heures 30 une puissante explosion a eu lieu à la centrale nucléaire de Fukushima N°1, dans le nord-est du pays. Le toit et les murs se sont effondrés.

Un nuage blanc s’élève au-dessus du site. Le gouvernement japonais confirme l’explosion, ainsi qu’une fuite radioactive. La population a été évacuée dans un rayon de 20 kilomètres.

Fukushima est à 250 kilomètres de Tokyo, et la ville a elle-même 290 000 personnes y vivant. Le nuage nucléaire pourrait atteindre les Etats-Unis et le Canada dans les 10 jours. Le risque actuel est en effet que le refroidissement échoue et qu’on ait la même situation qu’à Tchernobyl.

Ici une photo de l’explosion.

Nous reviendrons dessus au fur et à mesure dans la journée.]

Hier, nous parlions de la campagne pour rappeler la signification de Tchernobyl, et malheureusement le tremblement de terre au Japon vient justement rappeler la précarité terrible des centrales.

Un tremblement de terre d’une grande magnitude a eu lieu au Japon, sur lequel nous reviendrons. Mais l’actualité c’est pour l’instant le risque nucléaire. Voici en effet la carte du Japon, avec les emplacements des centrales nucléaires par rapport au lieu du séisme.

Le Japon est une zone sismique, et théoriquement toutes les possibilités ont été prévues. En pratique, on a frôlé la catastrophe, en fait on frôle encore la catastrophe. Le système de refroidissement de 3 réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi est tombé en panne.

Les générateurs de secours se sont alors mis en marche… mais n’ont tenus que 55 minutes ! Résultat, c’est l’US Air Force qui a apporté par avion du liquide de refroidissement, selon les USA. Officiellement, le Japon a refusé la pression.

Et, en tout cas pour relâcher la pression, des rejets radioactifs vont être effectués, ou ont déjà été fait, ici les informations sont contradictoires.

Soulignons les propos très forts de Yukio Edano, Secrétaire général du Cabinet, qui révèlent le fond de cette question:

« Il est possible que des matières radioactives du réacteur fuient à l’extérieur, mais on s’attend à ce que la quantité soit faible, et il faut considérer le vent soufflant vers la mer. »

Quand on ne considère pas Gaïa, on peut comme on le voit ici, de manière « rationnelle », considérer comme une solution que la mer serve de dépotoir nucléaire…

Ne parlons pas non plus de la question démocratique de l’opinion publique!

En tout cas, dans la nuit, la situation était telle que dans l’unité de contrôle centrale de la centrale, le niveau de radioactivité est 1 000 fois supérieur à la normale. La situation était encore tendue.

Voici une image de la centrale.

Il y a également eu le feu pendant huit heures dans le bâtiment abritant la turbine de la centrale d’Onagawa. Un autre feu dans la centrale de Fukushima Daini a duré deux heures.

L’état d’urgence nucléaire a ainsi été décrété. Il va de soi qu’une telle décision montre l’importance du problème, les Etats étant d’une opacité et d’une désinformation sans bornes dans ce domaine (on se souvient du nuage radioactif de Tchernobyl qui se serait… arrêté aux frontières de la France!).

Voici la situation, officiellement:

Centrale Onagawa :
N°1, arrêt automatique
N°2, arrêt automatique
N°3 arrêt automatique

Centrale Fukushima N°1(daiichi)
N°1, arrêt automatique
N°2, arrêt automatique
N°3. arrêt automatique

Centrale Fukushima N°2 (daini)
N°1, arrêt automatique
N°2, arrêt automatique
N°3, arrêt automatique
N°4 arrêt automatique

Centrale Tokai

Concernant la centrale Fukushima Daiichi
15h42(heure japonaise) : Perte de toutes les alimentations électriques (le courant normal extérieur et le générateur diesel d’urgence en panne)
15h45 : A cause du Tsunami, le réservoir d’essence laisse fuir le pétrole.
16h36 : On constate qu’on ne peut plus alimenter le système de refroidissement sur le 1er et le 2e réacteur.

A la piscine de combustibles usés des réacteurs 1, 2, 3, de l’eau déborde et la pompe d’eau de mer ne fonctionne plus. L’incendie a été déclarée à côté du réservoir de pétrole près du 4e réacteur.

Pour l’instant, l’autorité déclare qu’ il n’y a pas de fuite radioactive. Le niveau de l’eau de refroidissement du 2e réacteur est actuellement à 3m au lieu de 5 m.

L’état d’urgence nucléaire a été décrété à 19h03 par le comité d’urgence auprès du cabinet du premier ministre, notamment sur la centrale Fukushima Daiichi (N°1)

Elle a décidé suivant et le premier ministre ordonne à 21h23 de :
-évacuer la population dans le diamètre de 3km autour de la centrale Fukushima.
-solliciter de rester à la maison à la population de 10km de la centrale
-envoyer un camion générateur de haute tension, un autre de basse tension. trois autres camions générateurs de basse tension.

18h25 : Le camion-générateur de la préfecture de police est arrivé à la centrale Trois autres camions sont attendus. (d’après la déclaration de le comité d’urgence auprès du premier ministre 22h35)

Tout cela est malheureusement très révélateur. Même le Japon, préparé à ce genre de situation, a du mal à gérer. Il aurait suffi que la situation soit plus difficile pour que les problèmes soient massifs.

Et quand on voit cela, il faudrait davantage de centrales nucléaires ? Et même des centrales sous-marines, comme celles que la France veut mettre en place d’ici quelques années?

Tchernobyl : 25 ans – 25 jours d’actions

Le réseau Sortir du nucléaire appelle à une campagne au sujet de Tchernobyl durant le mois d’avril, sous le mot d’ordre: 

26 avril 1986 – 26 avril 2011 : 25 ans de mensonge de l’industrie nucléaire,
de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMStchernobyl,) et des autorités.

L’idée est de faire en sorte que le maximum d’initiatives ait lieu dans toute la France. Avant de publier l’appel, rappelons à quoi rassemble le paysage atomique en France:

En cliquant sur la carte, on a la version en grand. Mais on peut également voir directement sur la carte interactive réalisée par le Réseau Sortir du Nucléaire.

Voici maintenant l’appel pour la campagne Tchernobyl:

25 ans de Tchernobyl
25 jours d’actions internationales du 2 au 26 avril
Changeons d’ère, Sortons du nucléaire

26 avril 1986 – 26 avril 2011 : 25 ans de mensonge de l’industrie nucléaire, de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et des autorités.

Avec l’ouverture de Tchernobyl au tourisme, certains aimeraient reléguer la catastrophe dans le passé. A nous de rappeler que la catastrophe de Tchernobyl est toujours une réalité et que Tchernobyl continue de tuer. A nous de rappeler que le nucléaire, en France et dans le monde, constitue plus que jamais une menace pour les êtres humains et l’environnement. A nous de rappeler que, partout dans le monde, les énergies alternatives progressent plus vite que le nucléaire, et n’attendent que d’être développées.

Eviter un Tchernobyl, en France ou ailleurs, c’est possible… si la France s’autorise enfin à remettre le nucléaire en question et à se pencher sur les alternatives.

Alors que tous les partis se préparent pour les élections de 2012, faisons entendre notre voix et imposons le nucléaire dans le débat.

Le 1er avril, le Réseau « Sortir du nucléaire » lancera officiellement cet évènement. Ensuite, pendant 25 jours, à vous d’agir localement !

Du 2 au 26 avril,
Rejoignez-nous, Mobilisons-nous !

Organisez pendant tout le mois d’avril des actions et des évènements sur le nucléaire et ses alternatives. Participez notamment à notre action phare Opération « Tcherno-ville »
http://www.chernobyl-day.org/Organi…

Prenez part à la tournée des témoins du nucléaire et des porteurs d’alternatives coordonnée par le Réseau en organisant une soirée-débat
http://www.chernobyl-day.org/Prenez…

Venez manifester votre refus du nucléaire devant l’installation nucléaire la plus proche de chez vous lors du week-end de Pâques (23-24 avril) en organisant une action : sit-in, die-in, happening, blocage symbolique, flash-mob….
http://www.chernobyl-day.org/Action…

Mobiliser, dénoncer et montrer que des alternatives crédibles existent, tels seront les objectifs de ces 25 jours d’actions.

Voici par exemple l’appel pour l’iniative Tcherno-ville:

Action phare Tcherno-Ville

Le Réseau « Sortir du nucléaire » lance cette année une nouvelle action phare : TCHERNO-VILLE !

L’objectif est de rebaptiser le plus de communes possibles en Tcherno-ville, en apposant l’écriteau TCHERNO-VILLE en dessous du panneau de votre commune, afin d’illustrer le danger permanent auquel nous expose le nucléaire.

Cette opération prendra la forme d’une flash-mob ou mobilisation-éclaire. Celle-ci nécessite très peu de préparation et deux ou trois personnes suffisent pour l’organiser !

Comment faire en pratique ?

  1. Commandez des masques ou fabriquez-le vous-même
  2. Commandez le panneau TCHERNO-VILLE ou Téléchargez-le
  3. Repérer quel panneau d’entrée ou de sortie de votre ville sera le plus approprié, en fonction de son emplacement, de la visibilité et de la circulation
  4. Rassemblez quelques militants motivés pour participer à la mobilisation
  5. Adaptez le communiqué de presse type annonçant l’opération, qui sera prochainement mis à votre disposition, et envoyez le à la presse quelques jours avant l’action en l’invitant à assister à votre action
  6. La semaine précédent votre action, collez le panneauTCHERNO-VILLE sur du carton, perforez le en haut et en bas, et munissez vous de fil de fer
  7. Le jour J, réunissez vous, munis de vos masques et habillés de blanc, un peu avant l’heure de l’opération. A l’heure dite rebaptisez votre commune en TCHERNO-VILLE. Vous pouvez bien entendu laisser libre court à votre imagination et imaginer un cérémonial ou un scenario.
  8. N’oubliez pas de prendre des photos et de nous les envoyer à laura.hameaux@sortirdunucleaire.fr