Des fleurs pour Algernon

Des fleurs pour Algernon (Flowers for Algernon) est une œuvre de plus en plus connue ces dernières années. C’est une nouvelle de science-fiction, publiée en 1959 aux États-Unis, et dont l’auteur est Daniel Keyes (né en 1927).

Il y a vraiment lieu de s’intéresser à ce succès irrépressible, parce que le cœur de cette nouvelle est la vivisection et son idéologie triomphaliste. C’est d’autant plus efficace que l’irrationalisme de tout cela est masqué par un discours de type humaniste.

L’histoire, qui se veut profondément émouvante, est la suivante. On a un jeune personnage, Charlie Gordon, qui est arriéré mentalement. Arrivent alors deux scientifiques qui lui proposent une solution, de type magique.

Bien entendu, c’est la vivisection qui a permis de découvrir cela… Charlie Gordon se fait alors opérer, et il devient extrêmement vif et intelligent, plus même que les grands professeurs, etc.

L’ouvrage aborde alors un thème difficile et courageux, puisque Charlie réalise toute une réflexion sur toutes les humiliations qu’il a subi, de la part de sa famille, ou encore des professeurs. Il y a le thème de la terrible brutalité contre les personnes « différentes » qui est développé.

De manière intéressante, Charlie tombe amoureux, mais il manque de maturité sentimentale. Il couche alors avec une autre femme, qui va cependant l’abandonner.

Car Charlie perd ce qu’il a gagné, ses facultés disparaissent. Il a juste le temps de connaître une relation authentique avec la femme dont il est amoureux, et qui ne l’abandonne pas jusqu’au dernier moment.

A la fin, il décide d’ailleurs d’aller dans un institut spécialisé éloigné de tous les gens qu’il connaît (et qui n’est pas au courant de ce qu’il a vécu).

Il demande également que des fleurs soient déposées sur la tombe d’Algernon, tombe placée dans le jardin de là où il habitait jusque-là.

Car Algernon, justement, c’est une souris. Toute la nouvelle s’appuie sur l’expérience faite sur elle. La vivisection, idéalisée au possible, est au cœur de l’histoire.

Charlie l’a même prise avec lui car il a constaté une « erreur » de calcul des professeurs et il continue les recherches justement pour empêcher le « retour en arrière ». Il constate ainsi la dégénérescence d’Algernon, puis sa mort.

On a donc une œuvre touchante, parce qu’elle parle de la dignité des humains, de la bataille pour être reconnu en tant que tel, sans préjugés. Le problème est que tout cela est construit sur l’idéologie de la vivisection.

De la même manière qu’on a l’image du savant fou découvrant la formule magique résolvant les équations les plus folles, ici on a l’idéologie voulant qu’au moyen de la vivisection, on ferait des découvertes exceptionnelles, des avancées fulgurantes.

C’est, pour le coup, de la vraie science-fiction, le contraire de l’anticipation. C’est totalement irréaliste, purement mensonger.

D’ailleurs, la nouvelle version de La planète des singes – celle de 2011 (La Planète des singes : Les Origines) – développe exactement le même thème, avec une vapeur de perlimpinpin permettant de combattre la maladie d’Alzheimer et testé sur des grands singes qui, subitement « intelligents », se révoltent.

Le scénario est anti-animaux au possible, avec un esprit contraire aux très bons films de la fin des années 1960-1970 (de La planète des singes à La Bataille de la planète des singes).

Des fleurs pour Algernon est par conséquent une œuvre totalement pernicieuse, car non seulement elle n’est pas correcte dans l’apologie de la vivisection comme solution miracle, mais qui plus est elle a pavé la voie à tout un discours fondé là-dessus.