Exploitation animale : la « filière volaille de chair » en 2025

Continuons de regarder le document analysant l’horizon 2025 de l’exploitation animale, et portons notre attention sur la « filière volaille de chair ». Ici, le document souligne tout de suite l’importance de la filière, car celle-ci a une particularité : elle est en croissance à l’échelle mondiale.

« La viande de volaille est produite et consommée partout dans le monde. Les échanges internationaux sont en croissance régulière, et se sont développés au rythme d’environ + 5 % / an sur les dix dernières années. Ils sont dominés par trois acteurs : le Brésil, les États-Unis et l’Union européenne.

Le marché mondial de la viande de volailles devrait rester dynamique dans les prochaines années tiré par une demande en expansion dans les trois principales régions d’importations, l’Asie, le Proche et le Moyen-Orient et l’Afrique Centrale. »

Pour avoir un ordre d’idée, cette filière de l’exploitation animale concerne chaque année pas moins de 143 millions de poulets, 26 millions de canards, 23,2 millions de dindes, 10,2 millions de pintades… Autant d’animaux dont la vie consiste à souffrir et mourir dans des conditions atroces.

Mais cela ne suffit pas à l’exploitation animale, dont le problème n’est pas moral mais économique : c’est la concurrence, allemande et hollandaise en Europe, et du Brésil à l’international. Qu’à cela ne tienne, voici ce qui est prévu.

« Pour le secteur de la volaille de chair, les enjeux concernent principalement la reconquête du marché intérieur en particulier du poulet standard, la mutation de la filière d’exportations vers les pays tiers et la durabilité de la filière. »

« Aider les entreprises à investir : moderniser les sites industriels pour les rendre plus compétitif et saturer les outils d’abattage découpe viables et réduire les surcapacités
2014 :Plan abattoirs (cIA/OnA/Aides FAM)
Plans de reconquête industrielle pour la France (abattoir du futur) »

Mais attention, il ne s’agit pas seulement de mener la « reconquête du marché poulet standard ou du poulet
industriel ». Il s’agit également de faire en sorte que la société participe à cet effort… Et donc d’anéantir tous les résultats des campagnes en faveur des animaux.

« Il faut promouvoir une filière durable, attractive pour les éleveurs et les entreprises, reconnue par la société en travaillant sur l’image et l’acceptabilité environnementale et sociale de la production »

Plus loin dans le document, cela sera résumé en :

« Renforcer le dialogue entre la société civile et la filière et répondre aux attentes sociétales »

Ce qu’on voit ici est crucial. Il serait en effet tout à fait faux de penser que la société est passive sur le plan culturel et qu’il s’agirait, pour ainsi dire mécaniquement, de faire passer le message pour que des progrès aient lieu.

Si c’était vrai, le réformisme aurait raison et toute autre attitude serait de l’impatience. Malheureusement, ce n’est pas le cas, rien n’est statique. Ce qui est gagné un jour peut être perdu le lendemain, et inversement. Une campagne peut avoir un grand succès, puis parce qu’elle était mal ciblée, s’essouffler et n’aboutir à rien. Il faut voir sur le long terme et tracer des bilans, mais cela n’est pas fait. Ce qui fait que souvent les mêmes erreurs sont faites, avec les mêmes échecs.

En l’occurrence, on ne peut pas lutter pour les animaux et ne pas prendre en compte les initiatives de l’exploitation animale. Déjà parce qu’on est censé vouloir son abolition lorsqu’on est logique et moralement conséquent. Mais également parce celle-ci organise de nombreuses initiatives, tel le centre d’information des viandes, pour faire passer son propre message et maintenir ses positions.

Là, cela va encore plus loin toutefois, puisqu’il est parlé de dialogue entre la société civile et la filière. Il est dit que ce dialogue doit être « renforcé » : c’est un langage de bureaucrate qui ne trompera personne ; il n’y a actuellement aucun dialogue de ce genre, à part des critiques soit de l’élevage en général soit plus couramment de l’élevage industriel.

Mais on doit donc s’attendre à ce qu’un dialogue s’instaure. Comment ? Cela il faut y réfléchir, cela il faut l’analyser, le repérer, afin de pouvoir faire des contre-mesures… Sans quoi la bataille pour l’opinion publique sera nécessairement perdue.

Sans doute faut-il également s’attendre ici, mais l’avenir le dira, à ce que le réformisme tourne le dos à son prétendu objectif de réforme globale. Plus le temps passe et plus l’horizon de la libération animale apparaît pour ce qu’il est : un doux rêve de gens marginalisés et pacifistes, ou bien un objectif révolutionnaire violemment antagonique au système en place.

Par conséquent, le réformisme assumera tous les compromis au nom de la protection animale, se faisant l’outil dans l’opinion publique de l’exploitation animale « modernisée ». Après tout, historiquement c’est ce qui s’est passé avec les syndicats, et à une bien autre échelle. On voit mal les choses se dérouler de la même manière ici !