« Affrontements stupides et stériles entres anarchistes et policiers à Nantes »

La manifestation contre les violences policières hier à Nantes est le grand thème de tous les médias, trop heureux de pouvoir ne plus parler de la mort de Rémi Fraisse et de faire disparaître la cause écologiste. Voici une évaluation de cela, faite par NALO à Nantes, qui nous semble tout à fait pertinente dans son approche.

Car encore une fois, où est passée l’écologie? C’est à croire qu’en France dès que la cause écologiste apparaît, elle est condamnée à disparaître, de par le mépris et l’indifférence qui prédominent… C’est inacceptable!

Affrontements stupides et stériles entres anarchistes et policiers à Nantes

Ce samedi après-midi a été marqué par des affrontements en ville entre des centaines d’individus et la police.

Tout cela a été bien mis en scène depuis le début de la semaine, avec la presse et les chaînes d’information en continue faisant monter la sauce en parlant de « guérilla ».

Le prétexte à cela est la mort du jeune écologiste Rémi Fraisse lors de l’opposition au barrage de Sivens. Il faut bien sûr parler de prétexte car ces gens qui manifestent se moquent bien de la défense de la nature. Aucun de leurs communiqués d’appel au défilé d’aujourd’hui à Nantes ne parlait d’écologie.

C’est à juste titre qu’aucune organisation ou association de défense de la nature ne s’est jointe à ce rassemblement qui n’est rien d’autre qu’une tentative de récupération.

Par ailleurs, on ne pourra pas s’empêcher de penser que la préfecture a délibérément laissé ces quelques centaines d’individus brûler des poubelles et lancer des cailloux dans le centre. Qui peut croire que l’État français n’est pas capable d’empêcher cela ?

Nous ne somme pas crédule, d’autant plus que la manifestation était officiellement « interdite ».

Afin d’être certain que ce mouvement sera impopulaire, la TAN a pour sa part décidé d’interrompre le trafic des trams et des bus dans le secteur. Les autorités aimeraient bien voir la population se mettre à dos les écologistes et les associations de défense de la nature.

L’enjeu est important, il s’agit d’empêcher toute pression populaire et démocratique contre les grands projets de destruction de l’environnement. On peut être certains que des entreprises comme Vinci ou des personnalités politiques comme Jean-Marc Ayrault ont du mal à supporter qu’on les empêche de bétonner en paix.

Les mises en scène d’affrontement d’aujourd’hui sont une véritable aubaine pour eux, afin de critiquer leurs opposants, de les ridiculiser.

Il ne s’agit pas pour notre part d’être absolument « pacifiste » ou « contre la violence ». Cela ne voudrait rien dire car la violence n’est pas une sorte de choix stratégique ou politique. C’est une réalité, brutale, dont la mort de Rémi Fraisse est une sinistre illustration.

Mais la violence, c’est aussi et surtout celle de cette société qui agresse et malmène continuellement la nature et les animaux.

Là est le cœur de la question, la grande actualité de notre époque. Défense sans compromis de la nature, défense ferme et déterminée des zones humides, si indispensables à la vie sur Terre : tels doivent être les mots d’ordre de la mobilisation !

Ce combat, nous le souhaitons populaire et massif, plein d’engagement et d’abnégation. Mais cela n’a rien à voir avec ces affrontements stupides et stériles entres anarchistes et policiers cette après-midi en ville.

Voici un petit exemple qui reflète bien l’approche des gens qui manifestaient aujourd’hui :

Cette fresque a été réalisé récemment par des graffiteurs sur des quais de Loire sur l’Île de Nantes. On y voit le prénom de Malik (certainement Malik Oussekine, assassiné par des policiers à moto en 1986), les prénoms de Zyed et Bouna (deux jeunes électrocutés à cause de la police en 2005), et donc le prénom de Rémi, mort fin octobre sur le chantier du barrage de Sivens, à cause d’une grenade des Gardes Mobiles.

L’image du policier en cochon et du « méchant financier » en rat est absolument odieuse. Pourquoi insulter ainsi les cochons et les rats ? Qu’on-t-ils à voir avec les policiers ou bien « la finance » ? Les cochons ne sont pas responsables des crimes de la police.

Malheureusement, c’est un grand classique, d’ailleurs une partie des gens au rassemblement de lundi dernier à la mémoire de Rémi Fraisse scandaient ce slogan stupide : « flics : porcs, assassins »

De la même manière, l’inscription en bas à droite de la fresque, « Pourquoi On Resterait Calmes ? » est en fait une référence à un titre du groupe de rap La Rumeur qui prend pour titre cet acronyme, « P.O.R.C. » (en réponse au Ministère de l’Intérieur et aux syndicats de police).

Ce mépris pour les animaux n’est pas une simple anecdote mais reflète une vision du monde bien particulière, qui n’a rien d’alternative. Finalement c’est la même vision du monde qu’ont les bétonneurs, les « capitalistes », ou les promoteurs de l’agro-business : le mépris de la nature et des animaux.

Par ailleurs, il faut savoir que cette fresque est revendiquée par des groupes « antifa », c’est à dire des gens qui mettent en l’avant l’antifascisme. Pourtant, c’est le b.a.-ba de savoir que c’est un classique de l’extrême-droite de représenter ses ennemis par des animaux. C’est par exemple une « tradition » pour les nazis de représenter les juifs par des pieuvres, des vers, des vautours, ou bien encore… des rats.