Les « coproduits » de l’exploitation animale

Le journal Le Monde a publié un article d’enquête sur un aspect évidemment très opaque de l’économie. Le titre dit déjà tout : « Coproduits et cadavres d’animaux : une industrie parallèle« .

On l’aura compris, le quotidien s’interroge sur la manière dont des parties des corps des animaux sont récupérés et utilisés dans l’industrie, de manière massive.

Voici quelques points utiles à connaître, par exemple avec la question de la réglementation :

Pour s’y retrouver, un règlement européen (n° 1069/2009) les a classés en trois catégories.

La première catégorie comprend les matières présentant un risque pour la santé publique (comme par exemple celles qui présentent un risque maximum d’Encéphalopathie spongiforme bovine (ESB, soit la maladie de la vache folle) ou la présence de substances interdites, comme les hormones de croissance).

Elles doivent être détruites en tant que déchets, par incinération ou mise en décharge, après avoir subi un traitement thermique approprié.

Dans la seconde catégorie, se trouvent les matières organiques qui présentent un risque de contamination avec d’autres maladies animales.

C’est le cas des animaux morts ou abattus dans le cadre de mesures sanitaires mais aussi ceux qui risquent de présenter des traces de médicaments vétérinaires. Ces matières ne se retrouveront pas dans l’alimentation animale. En revanche, elles peuvent être recyclées et utilisées après application d’un traitement thermique dans certains secteurs limités comme la production de biogaz ou le compostage.

La troisième catégorie concerne les morceaux issus d’animaux sains mis à mort en abattoir et destinés à la consommation humaine. Seuls ceux-là peuvent être intégrés dans l’alimentation des animaux. Ce sont aussi ces produits qui se retrouvent dans l’alimentation humaine (gélatine par exemple), ou en lipochimie (savon), cosmétique…

Voici ce qui est expliqué au sujet de la manière dont cela se passe :

En 2014, 3,25 millions de tonnes de tous ces produits ont été collectés en France, selon le rapport du Syndicat des industries françaises des coproduits animaux (Sifco). Les sociétés d’équarrissage sont les seules à être habilitées à enlever puis traiter les cadavres d’animaux retrouvés morts dans les élevages. Pour le reste, des sociétés spécialisées ainsi que les abattoirs travaillent ces matières. (…)

Les sociétés d’équarrissage et de transformation envoient leurs camions dans les élevages et abattoirs pour récupérer les cadavres et coproduits. Ils sont ensuite acheminés vers les usines où ils vont être traités. « Après avoir chauffé la matière, il rester une pâte, que l’on va presser pour séparer la graisse et les protéines », explique Sophie Grégoire [directrice de la communication du groupe Akiolis].

Les protéines récoltées vont servir à réaliser des farines animales, lorsqu’elles viennent de cadavres d’animaux – donc impropres à la consommation humaine –, qui seront utilisées en cimenterie et chaufferie.

Par ailleurs, les fameuses protéines animales transformées (PAT) sont obtenues à partir de la matière issue d’animaux sains dont la viande est consommée. Elles servent en grande partie dans l’industrie « petfood » et la pisciculture. En revanche, l’interdiction de leur usage dans l’alimentation des ruminants est maintenue.

La graisse ira, quant à elle, dans le secteur de l’oléochimie, c’est-à-dire qu’elle se retrouve dans la composition des savons, lubrifiants, peintures ou encore de cosmétiques.

C’est un aspect à prendre en compte : l’industrie de l’exploitation animale dépasse largement la simple alimentation, elle est de manière tout à fait logique une course au profit absolument totale. Imaginer réformer un tel système est totalement idéaliste…