Euro 2016 : + 20 % d’admissions aux urgences à cause de l’alcool

Comme la France a gagné en demi-finale, on va avoir droit jusqu’au bout à un festival de nationalisme light, de beauferie et d’alcool qui coule à flots.

Comme la mairie de Paris, qui est de gauche, héberge des fanzones, la droite en profite pour essayer de trouver des reproches et justement le magazine en ligne Atlantico en profite pour tenter de charger la mairie.

On y apprend des choses très intéressantes, malheureusement :

+20% d’admissions aux urgences à cause de l’alcool : quand l’État paye au prix fort les dérogations à la loi Evin accordées aux sponsors de l’Euro 2016

L’adjoint à la maire de Paris chargé de la santé dénonce une décision hypocrite de l’État qui, par la voix de ses préfets, a autorisé le sponsoring des « fan zones », ces espaces qui permettent de suivre sur grand écran les retransmissions de match de l’Euro 2016, par une marque de bière, et la RATP à recouvrir entièrement ses arrêts de métro par de la publicité pour de l’alcool.

C’est clair que c’est un scandale et le magazine en profite pour poser quelques questions au docteur Bernard Jomier, adjoint à la Maire de Paris Chargé de la santé, du handicap et des relations avec l’AP-HP.

Ses propos sont très offensifs, c’est le moins qu’on puisse dire :

« C’est plus qu’une hypocrisie d’Etat.

C’est un détournement pur et simple de l’esprit de la loi Evin, dont le contenu avait déjà été détricoté en 2015 par les députés, de droite comme de gauche, en vue d’événements importants tels que l’Euro 2016.

Même Jean-Louis Debré, qui vient de quitter le Conseil constitutionnel, s’est ému de cet étalage publicitaire, qui n’obéit pas aux intérêts de santé publique mais aux intérêts économiques des producteurs d’alcool, qui ont des lobbys très puissants.

L’Etat laisse délibérément l’UEFA détourner l’interdiction de consommation d’alcool dans les stades pour en faire la publicité et la promotion dans les « fan zones », et la RATP recouvrir entièrement ses arrêts de métro par de la publicité pour de l’alcool, qui fait quand même partie des trois premiers problèmes santé publique aujourd’hui en France, avec la pollution de l’air et le tabac.

La présidente de la RATP, que j’ai contactée pour tirer la sonnette d’alarme, m’a dit qu’elle appellerait désormais la régie Métrobus à faire preuve d’une « grande vigilance », mais on n’en voit pas la couleur.

Idem pour l’UEFA, qui n’a pas daigné mettre un centime dans les spots vidéos de prévention contre l’alcool que nous avons montés en vue de l’Euro 2016.

Depuis le début de l’Euro 2016, on constate une hausse de 15 à 20% des passages aux urgences liés à l’alcool. Et ce ne sont ni les brasseurs, ni l’UEFA qui vont payer la facture, mais bien l’Etat.

Ce genre de campagne publicitaire renforce par ailleurs le lien inscrit dans les mentalités entre alcool, événement sportif et jeunesse. Or, le but initial de la loi Evin était justement de briser ces associations d’idées. (…)

Le grand gagnant de l’Euro 2016 ne sera ni l’Allemagne, ni la France ou le Portugal, mais bien les producteurs d’alcool. Cette compétition aura au moins eu le mérite de mettre en évidence qu’une fois encore, la santé publique n’est qu’une variable d’ajustement aux yeux de députés français totalement irresponsables. »

Tout cela est indéniablement vrai. La catastrophe est vraiment totale : l’euro 2016 a été une brique de plus dans la muraille capitaliste associant fête, alcool, grand spectacle et grandes entreprises.

Il est impressionnant de voir l’engouement populiste que cela a entraîné dans cette perspective, y compris d’ailleurs chez les femmes, qui se sont clairement forcées parfois à participer en faisant semblant de s’intéresser, en buvant, etc.

C’est un phénomène vraiment frappant qui montre à quel point « l’association d’idées » dont il est parlé est clairement du terrorisme moral et culturel.

Le docteur Bernard Jomier est par contre bien hypocrite : d’abord, parce qu’il n’assume pas son combat de manière tranchée. Il y a des coupables : qu’ils donnent des noms!

Ensuite, parce que tout le monde sait qu’au café, la bière et le vin coûtent moins chez qu’un jus de fruit loin d’être bon le plus souvent…

Enfin, parce que la droite est hypocrite : elle est elle-même libérale-libertaire au niveau individuel. Aujourd’hui, elle prétend être contre le cannabis, par exemple, demain on sait qu’elle acceptera cela, business oblige!

Ce commentaire sur Atlantico, à la suite des propos du docteur Bernard Jomier, sont exemplaires, avec cette ironie impertinente du beauf prétend défendre son pré carré, à savoir avoir le droit de « faire ce qu’il veut comme il veut »…

Effectivement, il s’agit d’un problème grave : les supporters de foot qui d’ordinaire ne boivent jamais d’alcool ont décidé de s’enivrer à la vue des publicités affichées dans les « fan zones ». Nul doute qu’en leur absence, ils auraient bu de l’eau. Par ailleurs, merci à l’infirmière en chef de la mairie de Paris de s’occuper de ce que nous buvons. Nous sommes trop jeunes pour en juger par nous-mêmes. La grande infantilisation de la population est en marche, accélérée d’ailleurs depuis l’élection de tout-mou. Évidemment, Madame Hidalgo n’entend pas se laisser distancer dans cette course au crétinisme moralisateur. Et vous Monsieur Jomier, est-ce que vous mangez bien vos 5 fruits et légumes par jour ?

Au nom du refus de l’infantilisation et du totalitarisme, au nom du relativisme et de la liberté, les entreprises vendent tout et n’importe quoi à des gens heureux d’être aliénés…