« Tuer la mère, c’est même ‘LA’ régression »

Nous créons une nouvelle catégorie, sur la PMA et la GPA, car c’est un des thèmes essentiels de la campagne de « marchandisation du monde » qui est en cours.

Notre approche est la même que pour le cannabis : non aux démarches opposées à la Nature au nom de la toute puissance de « l’esprit ».

C’est cela qui, pareillement, nous amène à dire qu’on peut tout à fait être gay ou lesbienne, mais qu’il est absurde de s’imaginer être transsexuel, car c’est là séparer l’esprit et le corps.

Notre position en faveur de la Nature a amené certains, surtout des anarcho-antispécistes, à nous calomnier comme étant homophobes, transphobes, etc.

En réalité, ces gens ont abandonné l’émancipation pour accepter le libéralisme-libertaire, la marchandisation du monde comme vecteur d’une pseudo « libération ».

Voici par exemple ce que dit Marie-Jo Bonnet, une historienne figure de la cause homosexuelle, membre du Mouvement de Libération des Femmes, activiste ayant participé à la fondation du Front homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR) et des Gouines rouges.

Même si le mariage est, effectivement, une pratique conventionnelle, si l’on considère l’homosexualité comme étant naturelle, pourquoi alors critiquer le mariage des personnes homosexuelles comme une « revendication petite bourgeoise » ?

La cause homosexuelle est gagnée par une sorte d’idéal néolibéral qui l’amene à tourner le dos à l’idéal de changement social des années 1970.

Les principaux leaders de la cause gay se sont coupés de la contre culture émancipatrice.

Décimée par l’hécatombe du sida dans les années 1990, la communauté homosexuelle a perdu ses esprits les plus vifs, les plus subversifs, les plus critiques (je pense bien sûr à Guy Hocquenghem).

La subversion homosexuelle qui s’exprimait dans une contre-culture originale à travers la danse, la littérature, s’est transformée aujourd’hui dans une revendication petite bourgeoise d’un droit au mariage et à la famille qui pousse à devenir «comme tout le monde».

Autrement dit à rentrer dans le modèle dominant.

Elle constate cela dans Le Figaro, qui lui donne la parole parfois, alors que justement la gauche devenue libérale-libertaire préfère vanter un monde « post-moderne ».

Elle dénonce justement la tendance actuelle d’un faux progressisme, sur Comptoir.org, ici en l’occurrence au sujet du « mariage pour tous » :

Je crois que la situation a empiré depuis l’année dernière dans le mouvement LGBT et dans l’état d’esprit des faux progressistes.

On s’aperçoit que ces faux progressistes — c’est-à-dire tout ce courant LGBT favorable au mariage, un mariage qu’on pourrait qualifier de « bourgeois », de « conventionnel », du « XIXe siècle » — sont devenus en outre sectaires. Ils se permettent de qualifier leurs opposants d’homophobes, de réacs, de cathos de droite…

Ça leur permet de ne pas entendre les critiques qui viennent de la gauche. Je pense notamment à toutes mes amies féministes et lesbiennes, qui sont contre le mariage et qui n’ont pas pu s’exprimer.

Il y a eu un vrai problème démocratique, avec une opposition de deux blocs, la Manif pour Tous et le Mariage pour tous, un peu comme au temps de la guerre froide avec les Occidentaux et les Soviétiques, séparés au centre par le mur de Berlin et une impossibilité totale de communication, de débat démocratique.

Par conséquent, et nous pensons qu’elle saisit ici une question tout à fait essentielle, touchant au rapport à la Nature, elle défend la mère et la maternité :

Il n’y a pas de GPA éthique. Les enfants ne peuvent être un produit d’échange, ce sont des êtres humains.

On ne peut pas donner son enfant. Ce n’est pas un progrès, c’est une régression. Tuer la mère, c’est même LA régression.

C’est pire que la société grecque où les hommes dirigeaient la cité pendant qu’on mettait les femmes dans le Gynécée, où au moins elles pouvaient rester mère. La gestation pour autrui, c’est avant tout la destruction de la mère. D’ailleurs on ne parle même plus de maternité mais de «gestation».

Elle voit donc tout à fait de manière claire la nature économique de la revendication de la PMA et de la GPA :

Ce n’est ni une revendication de droite ni une revendication de gauche.

D’ailleurs les pays ultra libéraux ont ouvert toutes grandes les vannes de la PMA, y compris les pays catholiques comme l’Espagne, parce que c’est un marché et ça rapporte.

En France, c’est un gouvernement de droite qui a donné l’autorisation de fonder des CECOS (Centres d’Etudes et de Conservation des Oeufs et du Sperme), en l’occurrence Simone Veil qui voulait montrer que l’avortement n’empêchait pas la natalité.

Nous sommes nombreux à gauche à s’opposer à la médicalisation de la grossesse et plus nombreux à refuser la GPA. Quant à moi, je ne vois pas en quoi la PMA serait un «progrès».

L’insémination artificielle avec donneur anonyme est un pis aller qu’on a décidé de réserver aux hommes stériles pour sauvegarder l’image de l’homme «viril». Avec en prime le mensonge sur l’origine de l’enfant, toujours dangereux car il mène à la forclusion, c’est-à-dire à l’impossibilité psychique d’accéder à son origine.

En fait, de manière simple, si l’on veut défendre le féminisme, on est obligé d’être d’accord avec Marie-Jo Bonnet : les partisans ultra- libéraux du capitalisme gay ont torpillé la cause homosexuelle…

Elle constate amèrement :

Les rapports de pouvoir à l’intérieur même du mouvement ont changé: les revendications féministes ne peuvent plus s’y faire entendre car malheureusement, le mouvement homosexuel ne s’intéresse plus vraiment à l’égalité hommes-femmes.

Il est devenu impossible de militer ensemble, hommes et femmes, gays et lesbiennes, car nous n’avons plus les mêmes objectifs et priorités. Le féminisme et la cause gay, jadis unis dans un même combat pour la liberté, sont aujourd’hui deux causes divergentes.

Ainsi la Coordination lesbienne a quitté l’inter-LGBT de Paris à cause de ses positions favorables au marché et la prostitution, des positions contraires aux fondamentaux féministes.

C’est donc le paradoxe : dans les années 1970, les féministes refusaient de participer à leur propre soumission comme « poule pondeuse » et aujourd’hui elles défendent la maternité par opposition au principe commercial de gestation.

C’est qu’elles défendent le droit biologique à la maternité, mais refusent que l’existence de la femme soit anéantie par les biotechnologies…

Cela pose la question de la Nature et ici Marie-Jo Bonnet s’en sort par une pirouette :

On a dans le mouvement LGBT contemporain un déni du corps et de sa réalité biologique qui sont étonnants. L’idée que toute différence serait une domination construite, alors qu’il existe indéniablement un «reçu» un donné à la naissance.

Le mouvement «queer» importé des Etats-Unis imagine que nous sommes des sujets sans structure ni identité, capables de passer d’un sexe à l’autre.

La personne ne se définit pas uniquement par le «social», par les «stéréotypes sociaux», mais par des choses beaucoup plus profondes et multiples, un inconscient, une psychologie, une liberté de contester les conditionnements sociaux et d’assumer ce que l’on est.

Le communautarisme LGBT réduit le sujet à une seule dimension: sa sexualité, et en fait une essence.

C’est vrai, mais à un moment il va bien falloir choisir l’origine de la déviation queer et il est facile de voir que c’est la négation de la Nature.

Refuser la marchandisation de la vie du capitalisme moderne est quelque chose de tout à fait juste, mais si l’on ne veut pas basculer dans le religieux et le conservatisme, il faut bien soutenir l’épanouissement dans la reconnaissance de la vie naturelle…