Quand Capital.fr appelle à devenir un « expert ès cannabis »

Voici un exemple très intéressant de ce qui passe actuellement en France au niveau du cannabis. Hier, nous parlions des « études » proposées au Canada pour apprendre à produire du cannabis.

Capital.fr – dont on imagine bien qu’il ne s’agit pas d’un média pour la révolution – a publié un article à ce sujet, dont le titre et le suivant :

Et si vous partiez au Canada pour devenir un expert ès cannabis?

Les deux premières phrases de l’article sont les suivantes :

Et si vous optiez pour une licence en marijuana afin de doper votre CV ? Au Canada, c’est possible !

Le très sérieux Collège communautaire du Nouveau-Brunswick, université située dans l’Est du pays, proposera en 2017 un cursus pour former de futurs experts ès cannabis.

Or, c’est totalement illégal. La loi est formelle : présenter le cannabis sous un jour favorable est interdit. Ici, il y a un appel à connaître la production de cannabis, associé à une valorisation en liaison avec un collège (c’est-à-dire une université) « très sérieux ».

Normalement, ces propos ne peuvent pas être tenus en France. Voici les articles de loi concernant cette question :

Article L. 3421-4
1. La provocation au délit prévu par l’article L. 3421-1 ou à l’une des infractions prévues par les articles 222-34 à 222-39 du code pénal, alors même que cette provocation n’a pas été suivie d’effet, ou le fait de présenter ces infractions sous un jour favorable est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75000 euros d’amende.
2. Est punie des mêmes peines la provocation, même non suivie d’effet, à l’usage de substances présentées comme ayant les effets de substances ou plantes classées comme stupéfiants.
3. Lorsque le délit prévu par le présent article est commis par voie de la presse écrite ou audiovisuelle, les dispositions particulières des lois qui régissent ces matières sont applicables en ce qui concerne la détermination des personnes responsables.

Rien que l’expression « licence en marijuana » est, normalement, une telle provocation que la condamnation serait immédiate.

Seulement voilà, l’Etat a capitulé ! Et s’il devait condamner d’ailleurs toutes les infractions de ce type, il ne chômerait pas…

Après tout, c’est son devoir normalement, mais voici comment Capital.fr explique l’intérêt du cannabis, et pourquoi de notre point de vue l’Etat capitule :

Si ces établissements s’intéressent de si près au cannabis, c’est que les potentiels de business et d’emplois sont énormes au Canada. Ce pays permet la consommation de cannabis à des fins thérapeutiques depuis un règlement de 2001. En 2013, le gouvernement fédéral misait sur des revenus annuels de 1,3 milliard de dollars en 2024 issus du cannabis médical. Actuellement, 40.000 à 50.000 Canadiens utilisent de la marijuana à usage thérapeutique.

Mieux : en devenant premier ministre du Canada à l’automne dernier, Justin Trudeau, a enclenché le processus de légalisation de la marijuana. Son gouvernement compte présenter un projet de loi au printemps 2017. Si cela se concrétise, l’industrie du cannabis au Canada pourrait peser, à terme, la somme totale de 22,6 milliards de dollars (15,5 milliards d’euros), selon une étude du cabinet Deloitte. De quoi faire naitre des “vocations” !

Ce qui est intéressant, ce sont ces guillemets à « vocations », qui montre que la personne écrivant l’article sait très bien que les propos tenus ne sont pas légaux… et pourtant tenus, puisqu’ils présentent un stupéfiant de manière favorable.

Et ne parlons pas de l’image utilisée en présentation…

C’est un exemple riche d’enseignement, s’ajoutant à une liste toujours plus longue : le capitalisme accélère toujours plus la pression pour légaliser le cannabis.

Quand un historien voudra regarder les choses dans 20 ans, il lui suffira de nous lire pour y retrouver les différentes étapes de ce processus expliqué.

Sauf que nous espérons que c’est la défaite de la légalisation qui triomphera dans la bataille qui se profile !