Jean-Luc Mélenchon, Famille chrétienne et la définition de la vie

Qu’est-ce que la vie ? Cette question si facile et si difficile a bien une réponse et on peut la trouver dans ce qui est dit et pas dit dans une interview accordée par Jean-Luc Mélenchon à Famille chrétienne.

Sur l’avortement, il n’y a aucune volonté politique de promouvoir des alternatives ou des aides, nécessaires pour qu’un véritable choix soit posé. Est-ce normal, selon vous ?

C’est une faillite de la société de ne pas aider les jeunes gens à éviter des grossesses non désirées.

Mais nos points de vue divergent : vous considérez que le fœtus est une personne, je considère qu’il ne devient une personne que lorsque l’enfant est désiré.

Parce qu’il entre alors dans les rapports sociaux qui fondent l’humain.

Pour moi, la priorité est d’abord à la femme.

Vous n’avez pas d’autres droits que de solliciter la Grâce pour la convaincre de rejoindre votre point de vue…

Jean-Luc Mélenchon a tout à fait raison, non pas dans son point de vue, mais dans ce qu’il explique.

Dans notre société, un fœtus n’a pas de reconnaissance en tant qu’être vivant, sauf à une condition : la reconnaissance sociale.

Le cochon d’Inde choisi dans l’animalerie a « droit » à la vie, son frère non vendu n’y a pas droit : c’est une question, comme le dit Jean-Luc Mélenchon, d’entrée dans les rapports sociaux qui fondent l’humain.

Cela signifie que c’est la société qui reconnaît à un être vivant s’il a un droit à l’existence, ou à un développement de son existence.

Or, c’est naturellement anti-scientifique : la vie est la vie et on ne peut pas décider subjectivement. Soit il est un être vivant, soit il ne l’est pas. On ne peut pas décider abstraitement de ce qui est vie et ce qui ne l’est pas.

On peut dire qu’une vie a moins de valeur – ce qui est horrible et à repousser – mais on ne peut pas nier l’existence de la vie.

Pourtant, c’est bien ce que fait la société et c’est là une absurdité qui amène à un irrationalisme complet.

Les fermes-usines sont un exemple de généralisation de cette absurdité : la société considère que les animaux nés pour mourir dans les abattoirs ne sont pas réellement des êtres vivants, mais seulement des produits vivants.

Leur caractère naturel est nié. Les gens exigeant des « réformes » dans les abattoirs nient pareillement ce caractère naturel, car acceptant que la vie des animaux soit encadrée par une fin servant une production humaine.

Voilà pourquoi nous sommes contre l’anthropocentrisme et que nous raisonnons non pas en partant simplement de l’humanité isolée, mais de la Nature dans son ensemble, de la planète comme lieu de la vie organisée à très grande échelle.

Nous n’acceptons ni la vie comme « grâce », car c’est soumettre la vie à un Dieu qui n’existe pas, ni la vie comme « choix », qui est l’existentialisme que défend ici Jean-Luc Mélenchon.

La vie c’est la Nature en mouvement, permettant à des êtres développés de développer leur sensibilité jusqu’à un degré élevé, dont la complexité nous échappe encore beaucoup.

Les arbres et les plantes aussi ont une sensibilité et il est regrettable de procéder à leur destruction : très certainement, l’humanité dans le futur évitera de le faire, ce qui ne veut nullement dire qu’on mangera des choses chimiques infâmes.

Au contraire, on aura une technologie permettant d’éviter de faire en sorte que pour vivre, la vie supprime la vie. Cela permettra un incroyable renforcement de la vie et de toutes manières, si la vie produit des êtres intelligents capable de changer beaucoup de choses, c’est bien en ce sens là.