Emmanuel Macron au salon de l’agriculture

Incroyable, il n’y a pas d’autres mots pour décrire ce qui s’est passé au salon de l’agriculture. Et en même c’est tellement banal, tellement guignolesque comme on sait le faire dans notre pays. Car quelle scène : Emmanuel Macron va pour saluer des gens déguisés en animaux et à la question comment ça va, il y a une personne qui répond que cela va mal.

Emmanuel Macron tente de maintenir sa prestance et bascule sur une salutation à la vache, c’est-à-dire l’éleveur déguisé en vache. Celui-ci dit que la vache est inquiète pour son avenir : Emmanuel Macron explique qu’il va rassurer la vache. Et qu’il va rassurer le poulet.

Surréaliste. A un autre moment, un éleveur offre un poulet à Emmanuel Macron. Ce dernier est obligé d’accepter par démagogie, tentant de la prendre tant que bien mal. L’infantilisme est total.
Une heure après, l’éleveur et le poulet en question sont à BFMTV pour parler en bien d’Emmanuel Macron. C’en est presque burlesque.

Moins comique, l’intervention très agressive de la fraction pro-industrielle « dure » des partisans de l’herbicide glyphosate et de l’absence de normes a été vigoureuse.

D’ailleurs, aujourd’hui dans le Journal du Dimanche Nicolas Hulot a en partie reculé sur l’interdiction du glyphosate dans les trois ans :

« On est en train de recenser les alternatives qui existent et de leur donner les moyens de faire leurs preuves. Mais je ne suis pas buté et personne ne doit être enfermé dans une impasse: si dans un secteur particulier ou une zone géographique, certains agriculteurs ne sont pas prêts en trois ans, on envisagera des exceptions. »

Evidemment, lui-même ne s’est pas déplacé au Salon de l’agriculture : cela aurait été dangereux pour lui. On sait bien que c’est une mobilisation ultra-réactionnaire, agressive au plus haut degré.

Certains, apparemment, apprécient cela, puisqu’il y a eu des gens cherchant à tout prix à se manger de la matraque téléscopique. En quête de rédemption, des militants de l’association 269 qui réclament « justice pour les animaux » sont allés réclamer cela en plein salon lors de la visite d’Emmanuel Macron.

On image quelle a été la situation avec des gens exigeant la fin de l’élevage au milieu d’éleveurs chauffés à blanc pour accueillir Emmanuel Macron. Les gens de 269 se sont faits bien entendu  expulser manu militari, pouvant remercier les caméras de ne pas se faire lyncher.

Aberrant, franchement.. Réclamer l’abolition de l’élevage aux éleveurs… pourquoi ne pas manifester non plus place Vendôme à Paris devant les bijouteries de luxe pour réclamer l’abolition des riches ?

Au-delà de la négation de la société (et donc du principe de révolution), c’est dangereux. Car l’association 269 a communiqué de la manière suivante :

« L’action directe menée ce matin par les activistes de 269 Libération Animale au Salon de l’agriculture devant le stand INTERBEV juste à côté de la délégation présidentielle est relayée dans tous les grands médias nationaux.
Il est primordial de faire savoir qu’il existe un mouvement d’opposition à l’exploitation animale et que ce mouvement est déterminé et offensif.
Forçons les gouvernants à regarder vers nous !
Le militantisme légal et traditionnel est impuissant face à un tel système.
Il est temps d’envahir les lieux où l’oppression se déroule ou se défend. »

C’est un appel à aller au casse-pipe. Ce n’est pas un appel à s’organiser en évitant la répression, comme peut le faire par exemple l’ALF, que l’association 269 rejette formellement, ce qui en dit long. C’est un appel à faire tout pour passer à BFM télévision en prime time, quitte à se faire coffrer et condamner.

L’association appelle même à faire de son corps une « arme »… On est là en plein culte chrétien du martyr.

Pendant ce temps-là, la grande majorité du pays reste étranger à tout cela, alors que les petits agriculteurs se font happer par les discours des éleveurs sur la « concurrence déloyale » des autres pays.

Quiconque pose un regard objectif voit bien que tout cela est très mal parti, à moins d’aller diffuser le véganisme dans la population, et non plus dans les centre-villes ou le salon de l’agriculture !