Katka, culture et dépendances

Ce vendredi à 23H05, Arte diffuse « Katka », un documentaire poignant (on peut voir un extrait ici), qui a eu un grand retentissement en République tchèque. Voici la présentation faite par Arte:

La bataille contre la drogue d’une jeune junkie tchèque, filmée pendant quatorze années.

Katka a commencé à se droguer à l’âge de 16 ans. « Pour être différente », disait-elle. Trois ans plus tard, c’est dans le centre de désintoxication où la jeune fille tentait de lutter contre son addiction que la réalisatrice Helena Trestikova a fait sa connaissance. Elle la suit alors dans son quotidien, entre violence et apaisement, désirs de « vie normale » et rechutes, espoirs et renoncements.

En 2001, un premier documentaire est diffusé à la télévision tchèque. Cette peinture d’une existence dévastée par la drogue a un tel impact sur le public que la réalisatrice décide de poursuivre son travail.

Durant les neuf années qui ont suivi, elle a tenté de répondre aux questions restées en suspens : quelle vision de la vie Katka peut-elle avoir sous l’emprise des stupéfiants ? Comment les services médicaux peuvent-ils l’aider ? Si la jeune femme est le personnage central du film, Helena Trestikova y décrit également la spirale infernale de l’addiction, la violence de la rue, les limites des centres spécialisés qui, à défaut d’offrir une véritable écoute, choisissent la substitution chimique…

Aujourd’hui encore, Katka erre de squats en squats, son mari est en prison et son enfant (dépendant à la naissance) lui a été enlevé. Telle est la réalité terrible de la drogue et un tel documentaire le rappelle (il sera rediffusé le 21 juillet 2011 à 03h05, et on notera éventuellement que la réalisatrice, Helena Třeštíková, passe en France, à Paris au centre culturel tchèque au début octobre 2011, pour présenter ce documentaire).

Les personnes droguées sont des victimes. Les drogues sont des tentatives de s’échapper d’un monde insatisfaisant, justement selon nous parce qu’il est dénaturé!

Voici à titre d’illustration des paroles d’une chanson vraiment très parlante sur cette réalité, montrée ici sans fards, depuis justement des lieux totalement dénaturés, des ghettos populaires. Il s’agit de la chanson « Culture et dépendances » (on peut voir le clip ici) de Gmoni, Diem et P.O. :

Cousin tu peux m’appeler bolosse
mon attitude fait peine à voir ce soir
il me faut de la verte et je ferais tout pour en avoir

l’espoir d’une vie sans histoire a basculé un jour d’été
depuis je traîne ma dépendance
jusqu’au point d’être endetté
je suis embêté

comment stopper l’hémorragie
y’a qu’en présence de substances illicites
que mon corps réagit

(…)

Devenu celui que je redoutais
devenu celui qui vraiment me rebutait
au départ j’en doutais,
ce n’est pas mon coeur que j’écoutais

(…)

demande moi ne serait ce qu’une taffe et je deviens malentendant
dans mon petit monde pas de prétendant,
que des p’tits joueurs que j’fume pépère
le sbire au bec, sa fumée blanche

(…)

c’est ma culture ma dépendance
nigaud remballe toute tes sornettes
pas besoin de ta cure, ton programme
moi et mon spliffe on s’en sort net

Une Dernière taffe, encore un dernier verre
un dernier rêve, interminable, jme sens minable
toutes les dépendances

y a qu’à toi-même que tu ne peux pas mentir
ce rôle finira par t’anéantir
il n’y a qu’à ralentir
mais cela empire
ta conscience c’est la seule à en rire

(…)

on oublie à force qu’on s’enivre
forcément qu’on s’ennuie
forcément qu’on sent qu’on s’enlise
mais on ferme les yeux en pensant qu’on s’en tire

l’ivresse masque les penchants sensibles
créée des gestes insensés
mais les douleurs s’effacent
quand les pupilles se dilatent
et du coup la santé se dégrade
tu fuis ces voix qui te parlent

(…)

tes nuits blanches parfois sont des cauchemars

Une Dernière taffe, encore un dernier verre
un dernier rêve, interminable, jme sens minable
toute les dépendances

(…)

je t’avoue que j’aimerais y mettre un stop mec
la vérité c’est que je me répète
à la longue la folie de ce monde m’inquiète
faut que je trouve un point de chute, un refuge

Ce n’est pas pour rien que l’un des principaux groups de musique straight edge de la fin des années 1980 (la génération ’88), Youth of Today, est devenu « Shelter », qui veut dire « Refuge » et était lié aux Hare Krishna.

Refuser les drogues dans ce monde est difficile, et Youth of Today a refusé la drogue pour en tomber dans une autre: une drogue religieuse. Religion, nation, voilà des obsessions, des drogues tout aussi brutales que l’alcool, le haschisch ou l’héroïne.

Etre vegan straight edge, c’est affirmer que ce monde nous suffit quand il est lui-même, quand il est naturel. D’où l’ouverture de notre esprit, de notre coeur et de nos sens aux animaux non humains, aux végétaux…