Les combats de coqs, une pratique populaire ?

Voici un très intéressant texte sur les combats de coqs organisés dans le Nord, réalisé par l’Amicale progressiste.

Dimanche 1er mars 2015, un combat de coqs a été organisé dans la ville de Gondecourt, proche de Seclin. À cette occasion, France3 Nord Pas-de-Calais rappellait que :

« En vertu d’une loi de 1964, les combats ne sont autorisés en France que dans les localités où une tradition ininterrompue peut être établie et la création de nouveaux gallodromes est interdite. Le Nord/Pas-de-Calais est la seule région de France métropolitaine où ces combats sont encore autorisés.

La Fédération des « coqueleurs » du nord de la France revendiquait début 2013 quelque 2.000 licenciés. »

Le Nord Pas-de-Calais est donc la seule région de France où ce « loisir » barbare est encore autorisé. Et, du fait de la mobilisation face au combat de Gondecourt, l’événement a été pas mal repris dans les médias. Deux qualificatifs revenaient alors souvent : un « loisir » traditionnel et populaire. Voyons ce qu’il en est.

Le combat de coqs est en effet une pratique qui existe depuis des siècles. Les plus anciennes preuves remonteraient à la Grèce antique. Mais que cette activité soit pratiquée depuis plusieurs siècles ou non, là n’est pas la question. L’être humain évolue, la culture se fait de plus en plus fine et éclairée et il existe pleins de spectacles ont disparu.

Aujourd’hui, beaucoup se disent que les combats de coqs ne devraient plus exister. Ils semblent appartenir à une culture d’un autre âge. Pourtant ils existent encore et les médias en parlent comme si c’était une pratique commune dans le Nord. Alors est-ce que ces combats sont si populaires ? Où sont-ils pratiqués ?

L’article de France3 expliquait donc que la fédération du Nord rassemble 2000 adhérents. En cherchant rapidement, on se rend rapidement compte qu’en réalité, plus de 40 % de ces adhérents sont des belges venus assouvir leur plaisir macabre dans le Nord. En effet, les combats de coqs sont interdits en Belgique depuis 1929.

En chiffres, dans les clubs du Nord Pas-de Calais, il y a donc environ 1200 personnes inscrites. Sachant que le Nord Pas-de-Calais compte 4.042.015 habitants, ces personnes représentent 0,0002 %, autant dire rien du tout.

Mais peut-être ces gens se concentrent-ils dans des zones particulières. Dans son article, France3 utilisait une photo d’un combat de coqs se déroulant à Hantay, une commune se trouvant un peu plus à l’Ouest que Gondecourt mais toujours dans la périphérie lilloise.

Les gallodromes sont-ils concentrés en certains endroits ? En 2013, la région comptait trente-deux gallodromes officiels. Et un amateur de combats de coqs a mis en ligne en 2010 la liste d’une bonne vingtaine de gallodromes. Il y en a à peu près autant dans le Nord que dans le Pas-de-Calais.

Dans le Nord, les gallodromes se concentrent autour de plusieurs villes :

  • 2 gallodromes près d’Hazebrouk : Godewaersvelde et Boeschepe (une commune qui est coupée en deux par la frontière franco-belge),
  • 4 gallodromes autour de Lille : Gondecourt, Hantay, Fromelles (au Nord de Gondecourt et Hantay), Camphin en Pévèle (légèrement au Sud-Est de Villeneuve d’Ascq),
  • 1 entre Lille et Douai : Tourmignies (à l’Est de Phalempin),
  • 4 gallodromes de Douai à Marchiennes : à Douai même, Cuincy (situé dans le Pas-de-Calais mais très proche de Douai), Flines-les-Raches (près de Marchiennes), Raimbeaucourt (au Nord de Douai, juste à côté de Flines-les-Raches),
  • 4 galodormes autour de Saint-Amand-Les-Eaux : Saint-Amand-Les-Eaux même (Place du Mont des Bruyères), Rouillon, Vieux-Condé et un à Mouchin (un peu plus loin, au Nord d’Orchies, à la frontière belge).

La liste montre donc que les gallodromes se trouvent dans le triangle Lille-Douai-Saint-Amand-Les-Eaux et qu’il y a une répartition est assez uniforme sur cette zone, mais plutôt en zone urbaine ou en périphérie.

Si l’on ne peut se réjouir qu’il existe encore 15 gallodromes dans le Nord, le chiffre montre que le combat de coqs est une tradition mourante. Les adhérents eux-mêmes ne s’y trompent pas. La Voix du Nord a publié le témoignage de deux adhérents, le deuxième étant particulièrement édifiant de la « culture » du combat de coqs  :

« La disparition des gallodromes, la difficulté à attirer du sang neuf : « Bien sûr, on a quelques jeunes mais c’est pas la majorité… Faut dire que c’est contraignant. » Moins de coqueleux et moins de gallos : du coup les derniers établissements attirent de loin, même de Belgique où les combats sont interdits. »

« [Roger, 80 ans] évoque avec nostalgie la grande époque. « Il y a une trentaine d’années, y’avait 400 personnes pour les combats. Les gens avaient plus d’argent… Parce que ça coûte cher, ne serait-ce qu’en essence pour aller battre… Et maintenant les femmes veulent partir en vacances et faut des sous pour ça, alors les hommes ne jouent plus aux coqs » »

En conclusion, les combats de coqs ne sont pas populaires. Ils ne sont pas répandus massivement. Et, par conséquent, c’est un « loisir » archaïque qui pourrait – et qui devrait – être interdit facilement.

[On notera qu’il y a également une présentation sur le site de l’Amicale progressiste une présentation du tableau suivant, de Rémi Cogghe.]