Cop21 : assignation à résidence et appel à un « rassemblement » illégal

Le grand cinéma commence! Au lieu de parler d’écologie, au lieu que les thèmes soient abordés démocratiquement, qu’il y ait des débats sur comment changer le monde, on a des « opérations de comm ».

Voici les deux du jour : tout d’abord, profitant de l’état d’urgence contre les islamistes, l’Etat assigne à résidence un militant de la coalition climat 21. De l’autre, il y a un appel pour braver l’état d’urgence et manifester à Paris ce dimanche.
Le rapport avec l’écologie de tout cela? Rien, bien entendu.

Voici le communiqué de la Ligue des Droits de l’Homme pour la première information.

Le ministre de l’Intérieur perd ses nerfs, confond et assimile le mouvement associatif au terrorisme

Après avoir interdit les manifestations citoyennes autour de la COP21, voici que le ministre de l’Intérieur assigne à résidence M. Joël Domenjoud, en charge de la « legal team » de la coalition au motif qu’il ferait partie de l’ultra-gauche parisienne qui veut remettre en cause la tenue de la COP. M. Domenjoud est tenu de pointer trois fois par jour au commissariat.

Si l’on avait besoin d’une confirmation que l’état d’urgence est un danger pour les libertés publiques, cette mesure en attesterait tant elle révèle que la lutte contre le terrorisme n’est ici qu’un prétexte pour interdire toute voix dissonante.

Comme nous l’avions craint, l’état d’urgence s’accompagne de mesures de plus en plus arbitraires.

D’ores et déjà nous demandons la levée immédiate de l’assignation à résidence de M. Joël Domenjoud.

Tout cela est sans doute vrai, mais en même temps on voit qu’un voile pudique a été jeté sur le fait que « l’ultra-gauche » annonce depuis plusieurs semaines vouloir tout casser. Ce qui n’a, à nos yeux, comme nous l’avons déjà dit, strictement aucun intérêt, en l’absence complète de projet positif, réellement écologiste derrière.

Guère étonnant d’ailleurs qu’il y ait une belle convergence entre cette ultra-gauche zadiste et les bobos. C’est dans Libération qu’on lit entre autres cette tribune, appelant à prendre d’assaut la place de la République à Paris ce dimanche…

On ne trouvera dedans aucune référence à l’écologie. Seulement à l’esprit français, et il est dit d’ailleurs que « S’il existe quelque chose comme une valeur française, c’est d’avoir refusé depuis au moins deux siècles de laisser la rue à l’armée ou à la police ».

Ce qui est franchement pittoresque quand on voit que l’histoire de France, c’est historiquement la domination par un « homme fort » au sein d’un Etat ultra-centralisé avec une police ultra-efficace. Mais bon, du moment que les intellectuels bobos refont le monde devant un café et que les anarchistes peuvent jeter quelques pavés tous les 4-5 ans…

Bravons l’état d’urgence, manifestons le 29 novembre

Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour comprendre que l’état d’urgence décrété pour trois mois n’allait pas se limiter à protéger la population française contre de nouveaux attentats.

Ce week-end, une grande partie de la ville de Sens (Yonne) a été soumise à un couvre-feu, sans rapport clair avec les attentats. C’est la perquisition d’un appartement – dont les locataires n’auraient finalement pas été inquiétés – qui a justifié cette punition collective.

Parmi les 1072 perquisitions nocturnes diligentées hors de tout cadre judiciaire par les préfets, moins d’une sur dix a abouti à une garde à vue. À Nice, c’est une fillette de six ans qui a été blessée lors d’une opération de police : les policiers intervenus en pleine nuit avaient enfoncé la mauvaise porte. Dimanche en Loire-Atlantique, c’est une caravane de 200 vélos accompagnée de 5 tracteurs qui a été bloquée par les forces de l’ordre : il s’agissait de dissuader les cyclistes de rejoindre Paris pour la COP21.

Pendant ce temps, le gouvernement reprend sans scrupule des mesures promues hier encore par l’extrême droite. Les journaux nous l’assurent : les sondages confirment l’adhésion massive des Français à cet état d’exception sans précédent depuis cinquante ans.

C’est une victoire pour Daesh que d’être parvenu, avec moins d’une dizaine d’hommes, à faire sombrer l’État dans ses pires réflexes réactionnaires. C’est une victoire pour Daesh que d’avoir provoqué la mise sous tutelle sécuritaire de la population tout entière.

Le dimanche 29 novembre, une gigantesque manifestation était prévue dans les rues de Paris pour faire pression sur les gouvernants mondiaux, à qui personne ne faisait confiance pour trouver une solution au réchauffement climatique. Des centaines de milliers de personnes étaient attendues de toute l’Europe. Manuel Valls, certainement lucide sur le caractère dérisoire des accords qui sortiront de la COP21, craignait beaucoup cette manifestation.

Il a donc décidé de l’interdire, au prétexte que la foule risquerait d’être la cible d’un attentat. M. Valls jouerait-il avec le feu en laissant les Français risquer leur vie en faisant leurs courses de Noël ? Il se donne en tout cas les grands moyens : ceux qui voudraient manifester encourent 6 mois de prison. M. Valls va-t-il nous mettre en prison pour nous protéger des attentats ?

La proposition que nous faisons, nous savons que dans les circonstances actuelles nous aurons du mal à la faire entendre. Depuis dix jours, les écrans ressassent la gloire des « valeurs » françaises. Nous prenons cela au pied de la lettre. S’il existe quelque chose comme une valeur française, c’est d’avoir refusé depuis au moins deux siècles de laisser la rue à l’armée ou à la police. La mobilisation à l’occasion de la COP21 est un enjeu primordial et nous n’acceptons pas que le gouvernement manipule la peur pour nous interdire de manifester.

Dimanche 29 novembre, nous appelons à braver l’état d’urgence et à nous retrouver à 14h sur la place de la République.

P.-S.
Pétition en ligne : https://www.change.org/p/la-rue-bravons-l-etat-d-urgence-retrouvons-nous-le-29-novembre-place-de-la-republique

Paris, le 26 novembre 2015