COP 21 : le treizième jour

La version finale du document officiel de la COP 21 a été publiée, enfin. Un dernier contre-temps a été provoqué par les États-Unis, exigeant qu’un « doit » soit remplacé par un « devrait » concernant le fait d’aller dans le sens de la réduction des gaz à effet de serre, afin que la majorité républicaine au congrès ne bloque pas le texte.

Cela sous-tend que le document issu de la COP 21 n’a pas de valeur légale, juridiquement contraignante, sinon le congrès des États-Unis devrait le voter. Or, bizarrement cette contrainte légale a été le grand mot d’ordre de la COP 21 depuis le départ : c’est donc bien qu’il y a quelque chose qui ne va pas.

Essayons de résumer cela de manière très simple, car pas facile de s’y retrouver dans 39 pages de discours juridiques abscons. Nous allons revenir dans les jours qui suivent sur les différents points importants, un par un.

Voyons cependant quelle est la ligne générale, l’optique choisie. Si on prend la version finale du document comme une sorte de témoignage qu’il faut aller à une transition vers une économie durable, alors c’est un bon document, voire un excellent, de ce point de vue.

En forçant le trait à la Nicolas Hulot (et il ne s’en prive pas, jusqu’à l’absurde), on peut effectivement y voir un poteau indicateur pour la suite. Il y a beaucoup d’appels à faire ceci ou faire cela dans les prochaines années, des invitations à aller de l’avant, etc.

On peut idéaliser la lecture du document et les médias ne s’en sont pas privés, les ministres à la COP 21 non plus, se congratulant les uns les autres, s’embrassant, etc.

Pour résumer, dans cette logique, cela donne : enfin les pays du monde sont ensemble, ont décidé d’aller dans le bon sens, même si c’est insuffisant c’est un début, etc.

Voici un extrait, la toute fin précisément, du discours final de François Hollande, à la clôture de la négociation :

« Mesdames et messieurs, la présence ici aujourd’hui de 196 délégations -vous êtes le monde- après tant de mois de travail, est sans précédent dans l’histoire des discussions sur le climat. Un espoir considérable s’est levé.

Le monde s’est mis en marche, pas seulement dans cette salle mais bien au-delà. Des actions immédiates ont été engagées par les collectivités locales, les citoyens, les chercheurs, les entreprises.

Des coalitions se sont formées, des initiatives ont été prises dans tous les continents et je pense notamment sur les énergies renouvelables à ce qui a été fait pour l’Afrique, ce que l’Inde a porté. Je sais aussi combien nous nous sommes mobilisés sur le prix du carbone. Nous sommes donc capables d’assurer la lutte contre le réchauffement climatique et le développement.

Voilà ! L’Histoire arrive, l’Histoire est là, toutes les conditions sont réunies et elles ne le seront plus avant longtemps. Nous sommes, vous êtes sur la dernière marche, il faut se hisser encore à la hauteur de l’enjeu.

Il n’y aura pas de report, il n’y aura pas de sursis possible, l’accord décisif pour la planète c’est maintenant. Et il ne tient qu’à vous, à vous seuls au nom de ce que vous représentez, l’ensemble des nations du monde, d’en décider.

Le 12 décembre 2015 peut être un jour non seulement historique mais une grande date pour l’humanité. Le 12 décembre 2015 peut être un message de vie et je serai personnellement heureux, presque soulagé, j’en serai même fier que ce message-là soit lancé de Paris, parce que Paris a été meurtrie il y a tout juste un mois, jour pour jour.

Alors mesdames et messieurs, la France vous demande, la France vous conjure d’adopter le premier accord universel sur le climat de notre Histoire.

Il est rare d’avoir dans une vie l’occasion de changer le monde, vous avez cette occasion-là, de changer le monde. Saisissez-la pour que vive la planète, vive l’Humanité et vive la vie. »

Les slogans employés à la fin par François Hollande ne peuvent que laisser un goût amer…

Maintenant, soyons sérieux et non pas dupes des apparences et de la mise en scène. Si on regarde le document en y cherchant des choses concrètes, on n’en trouve aucune. Au sujet des émissions de CO2, il n’y aucun chiffre de donné, aucune date concrète, aucune contrainte légale.

On peut chercher comme on veut, le document n’engage à rien du tout. Peut-être qu’il engagera… à condition que les prochaines réunions décident de quelque chose, et que les pays l’acceptent.

Voilà déjà pour l’esprit général, nous allons dans les prochains jours regarder cela point par point.