Les élections législatives se sont déroulées hier et il est arrivé une chose assez étrange : nous avons reçu de très nombreux mails à ce sujet.
Des gens, des journalistes, des institutions mêmes, nous ont pris pour tel ou tel parti politique se revendiquant de l’écologie.
Tel électeur dit avoir voté mais attend plus, telle électrice demande pourquoi il n’y avait pas de bulletin dans l’enveloppe qu’elle a reçu, telle autre s’étonne de l’absence de candidat.
Tel journaliste d’une grande chaîne de télévision demande une photo de tel candidat, telle chambre de commerce et d’industrie propose d’envoyer une plaquette à tous les candidats, tel quotidien régional de grande importance demande les coordonnées de tel candidat (il y a plusieurs cas).
Il y a même eu une société s’occupant, selon ce qu’elle dit, de la mise sous enveloppe des circulaires et bulletins de vote pour les élections législatives….
Le fait de recevoir des mails étranges n’est pas nouveau : LTD est très lu et de ce fait, il y a aussi beaucoup de gens lisant de travers. Cela est même allé jusqu’à quelqu’un proposant de rejoindre un collectif « écologiste » du Front National : en fait, il y a un article qui critiquait ce collectif, et la personne a mal lu… ne l’a pas vraiment lu… C’est difficile à dire.
Mais apparemment il en va de même pour les journalistes. En fait, c’est aussi un problème de lisibilité, beaucoup de gens ne percevant pas trop ce qu’est LTD. Un courant d’idées, un groupe, des gens en réseaux, un média donnant un point de vue quotidien, un activisme culturel, un centre de références pour des gens « vénérant » la Nature ?
C’est sans nul doute un peu de tout cela et cela pose problème à des gens habitués à une perspective très utilitaire, que ce soit avec des associations (où les dirigeants aiment particulièrement à se mettre en avant, même si c’est une coquille vide parfois) ou des petits partis politiques.
Si d’ailleurs ceux-ci se présentent, c’est pour une raison simple : s’il y a des candidats ayant obtenu chacun au moins 1% des suffrages exprimés dans au moins 50 circonscriptions, cela donne alors 1,42 euros par voix obtenue chaque année d’ici les prochaines élections.
Francetvinfo cite ici un spécialiste de la question soulignant ce qui en découle :
« Pour René Dosière, spécialiste du financement des partis, ces détournements sont « faciles ». « Dans ma circonscription – 70 000 électeurs et 40% d’abstention en général – 1% ça fait 420 voix. Si vous avez un nom correct, que vous mettez en avant la nature, la protection des animaux, etc, 400 voix ce n’est pas compliqué à obtenir », estime-t-il sur franceinfo, dénonçant une porte ouverte à « la tricherie et à l’escroquerie vis à vis des fonds publics ». »
Or, c’est évidemment impossible à prouver. N’importe qui peut se cacher derrière une sincérité apparente…
Après, on est libre de trouver certaines approches ridicules et peu sérieuses. Quand une candidate, comme le raconte la Montagne, investit 13 euros dans sa campagne électorale, c’est vraiment qu’elle sert de faire-valoir et ne compte avoir aucune influence…
Cette candidate creusoise de 48 ans ne fait pas partie des « notables ». Et pour cause : la candidate de l’Alliance écologique indépendante est actuellement demandeuse d’emploi : « J’ai dû cesser mon activité de commerçante en produits bio. J’étais en auto-entreprise et j’ai fini avec un bilan négatif. Je me retrouve avec des dettes et au RSA », explique cette habitante de Saint-Saint-Sébastien.
Cécile Pinault espère se reconvertir et va suivre des formations, mais sa situation matériellement précaire ne lui fait pas renoncer à la défense de ses idées. Installée en Creuse depuis 2010, elle a connu à Nice Jean-Marc Governatori, qui a su la convaincre. Ce chef d’entreprise niçois a lancé plusieurs micro-partis et alliances, principalement d’inspiration écologique, depuis 1997 : les résultats électoraux de ces formations sont restés confidentiels lors des différentes échéances électorales nationales ( sauf lors des dernières élections régionales en PACA). Cela dit, l’ Alliance écologique indépendante se maintient sur la durée.
Cécile Pinault était déjà suppléante pour ce parti en Creuse en 2012 : avec le titulaire, Felix Crespo, ils avaient glané 363 voix ( 0,6%).
Avec un certain fatalisme teinté d’humour , la candidate annonce qu’elle a investi davantage cette année dans la campagne : « En 2012, j’avais collé mes affiches sur les panneaux électoraux avec un rouleau d’adhésif, cette fois-ci, j’ai acheté un pinceau et de la colle » Ses frais de campagne ne sont pas trop durs à chiffrer : « 8 euros pour la colle, 5 euros pour le pinceau ».
Cette candidate super sobre et qui applique en quelque sorte les principes de la « décroissance » à la politique ne va pas se ruiner non plus en carburant : « L’alliance écologique indépendante ne m’a envoyé qu’une quinzaine d’affiches. Je les ai collées sur ma commune, Saint-Sébastien, à la Souterraine, Dun-le-Palestel et Guéret ».
Ou bien, lorsque le « parti animaliste » utilise un chat sur son affiche, on voit bien qu’il s’agit de jouer sur les émotions, de manière éminemment grossière… Le minou est sympa, allez on vote pour lui: telle est la réaction attendue.
C’est le problème avec l’écologie et la défense des animaux. Il y a eaucoup d’émotion, aucune perspective sociale, énormément de sincérité, mais des éléments hyper-carriéristes…
Et comme la situation est dramatique, il y a beaucoup de tension, de nervosité, et il est facile pour les hyper-carriéristes de s’imposer en présentant apporter des solutions, une perspective, etc.
De plus, tout le monde aime la Nature et les animaux : c’est l’avantage et le désavantage, et pour l’instant c’est ce dernier aspect qui l’emporte, car cela bloque la bataille du contenu.
Et cela dessert la cause, car sans changement de fond en comble, les animaux resteront forcément victimes de l’exploitation animale, la Nature sera forcément victime de la course au profit…
Ce qu’il faut, c’est une morale stricte, une culture entièrement tournée vers la Nature, un engagement à toutes épreuves.