« Renoncer à la viande : une fausse bonne idée » ?!

Il y a quelques jours, nous avons publié un article au sujet des prétendus problèmes pour le coeur qu’amènerait le véganisme.

Voici un article encore plus fort. Il est tiré du « New scientist », un hebdomadaire anglais à vocation scientifique, et il a été repris par Courrier International. Son titre: « Renoncer à la viande : une fausse bonne idée. »

Il est long et composé de deux parties. La première partie fait un tableau classique des destructions écologiques provoquées par les élevages intensifs, avec une petite phrase sur la question de la morale.

Puis, la seconde partie, bien plus longue et que nous publions ici, attaque l’hypothèse végane, avec toute une série d’arguments.

Voici donc cette partie, un peu longue, mais très intéressante pour développer une solide réflexion végane, de par son contre-exemple.

Mais n’allons pas trop vite. Si tout le monde renonçait à la viande, cela aurait aussi un coût significatif.

Il est vrai qu’aujourd’hui le bétail est essentiellement nourri de céréales que les êtres humains pourraient consommer, mais le nourrir de cette façon n’est pas une obligation. Au cours de l’histoire humaine, les vaches, les moutons et les chèvres paissaient la plupart du temps sur des terres impropres aux labours, transformant de l’herbe non comestible en viande et en lait consommables par les hommes. Aujourd’hui encore, un troupeau de moutons ou de chèvres peut être la meilleure façon de faire produire de la nourriture à des terres non cultivables.

Adieu laine, cuir, fumier…

Les porcs et les poulets, qui sont dépourvus du mécanisme digestif nécessaire pour manger de l’herbe, pourraient eux aussi se passer de grains. Ils seraient capables de survivre en mangeant les restes et tout ce qu’ils peuvent déterrer.

“Autrefois, le cochon de la famille assurait les fonctions de poubelle sélective et de méthode de recyclage”, rappelle Tara Garnett, directrice du Food Climate Research Network à l’université du Surrey, à Guildford, Royaume-Uni. “Vous donniez vos restes aux cochons, ils les consommaient et vous procuraient de la viande.” Nourris de cette façon, les animaux domestiques apportent calories et protéines à l’alimentation humaine tout en consommant une partie des 30 % à 50 % de nourriture qui finit généralement à la poubelle.

Un autre inconvénient serait la disparition des sous-produits animaux. Un monde sans viande devrait remplacer les 11 millions de tonnes de cuir et les 2 millions de tonnes de laine que l’élevage produit chaque année. De surcroît, le fumier manquerait à beaucoup d’agriculteurs, même si l’emploi d’engrais animaux est bien moins répandu qu’autrefois.

Même les végétariens les plus convaincus reconnaissent que les produits laitiers ou même la viande peuvent être des atouts dans les pays pauvres. “S’il ne fait aucun doute qu’une réduction draconienne de la consommation de viande aurait un effet environnemental positif, nous devons faire preuve de prudence avant d’affirmer que la meilleure solution serait que le monde entier se mette au végétarisme”, précise Pinner.

Pour le milliard de ruraux parmi les plus pauvres du monde, posséder un ou deux animaux constitue souvent le seul espoir d’arrondir un peu leurs revenus, et un peu de protéines animales peut faire une grosse différence par rapport à un régime insuffisamment protéiné.

Après tout, le lait et les œufs sont des moyens très efficaces de produire des calories animales, puisque, en quantité, ils arrivent juste derrière celles fournies par les poulets de chair issus de l’élevage industriel. Malheureusement, un système d’élevage centré uniquement sur la production d’œufs et de lait ne fonctionne pas très bien dans la pratique.

“Il est difficile de passer à un régime sans viande en conservant le lait, car on ne peut pas produire de lait sans produire de viande”, rappelle Helmut Haberl, chercheur à l’Institut d’écologie sociale de Vienne, en Autriche. Les vaches laitières doivent mettre bas chaque année pour pouvoir continuer à produire du lait, et la moitié seulement de leur progéniture seront des femelles. Si beaucoup de végétariens voient des raisons morales de ne pas tuer et manger les veaux – ni les vaches laitières de réforme –, il n’y a sans doute aucune raison rationnelle de gaspiller une telle quantité de viande. Et il en va de même pour l’élevage des poules pondeuses.

Par conséquent, même si un monde sans viande paraît séduisant sur le papier, il est probable que l’on trouverait toujours certains produits animaux dans un futur utopique. Et nous parlons ici de viande, pas seulement de lait et d’œufs. Les vraies questions sont donc de savoir quelle quantité de viande nous voulons et comment nous allons la produire.

Les réponses dépendent de la façon d’approcher la question. La plus logique serait de partir de l’hypothèse selon laquelle le monde demandera toujours plus de viande. C’est en tout cas la tendance actuelle. Dans un tel scénario, l’objectif devra être de produire le plus de viande possible au plus petit coût environnemental possible.

Cela signifie moins de bovins et d’ovins paissant en liberté sur de bucoliques pâturages, et un nombre croissant d’animaux, notamment de poulets, entassés dans des élevages géants ou des enclos surpeuplés. “Si l’on ne doit conserver que certains systèmes d’élevage, je pense que l’on ne conservera que les élevages intensifs”, estime Walter Falcon, économiste agricole à l’université Stanford, en Californie.

Cela est dû au fait que le pâturage en plein air est par nature inefficace. Les animaux brûlent de grandes quantités d’énergie en se déplaçant dans le paysage pour manger des végétaux relativement inassimilables. Ils ont un rythme de croissance inférieur aux animaux de l’élevage industriel et émettent donc plus de méthane au cours de leur existence. D’après le rapport Livestock’s Long Shadow, un bœuf élevé dans un pâturage américain émet 50 kilos de méthane par an, alors qu’un bœuf d’élevage industriel n’en émet que 26.

Mais même un bœuf élevé en enclos est un producteur de viande bien moins efficace qu’un porc ou un poulet industriel. Alors que ces derniers reçoivent une nourriture essentiellement composée de grains et entrent donc en concurrence directe avec les humains sur le plan alimentaire, ils transforment efficacement leur nourriture en viande tout en ne produisant que peu de méthane, ou pas du tout.

Cela permet de maintenir leur coût environnemental à un niveau faible : d’après l’analyse de Bo Weidema, consultant en développement durable au sein du cabinet 2.-0 LCA, basé à Aalborg, au Danemark, 1 kilo de viande de poulet industriel représente une émission de gaz à effet de serre équivalant à seulement 3,6 kg de CO2, 1 kilo de viande de porc à 11,2 kg de CO2, et 1 kilo de viande de bœuf à 28,1 kg de CO2. Passer du bœuf au poulet

De tels élevages intensifs causent de nombreux problèmes, notamment celui de la gestion de grandes quantités de déjections. Théoriquement – et de plus en plus dans la pratique –, une grande partie de ce fumier pourrait être utilisée pour produire du biogaz et, à partir de là, de l’électricité. Si la totalité du fumier animal produit aux Etats-Unis était retraitée de cette façon, il serait possible de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’environ 100 millions de tonnes chaque année, ce qui équivaut à 4 % des émissions entraînées par la production d’électricité (Environmental Resarch Letters, vol. 3, p. 034002). Grâce à des incitations pertinentes, les sites d’élevage industriel pourraient causer bien moins de dégâts environnementaux qu’aujourd’hui.

Mais il existe une autre alternative : considérer le bétail comme partie intégrante de l’écosystème. Garnett envisage de redonner aux animaux leur rôle d’unités de recyclage qui mangeraient les restes et paîtraient sur des terres non propices aux cultures. “Dans ce contexte, dit-elle, les émissions de méthane par animal seraient supérieures, mais la quantité totale des émissions diminuerait en raison du moins grand nombre d’animaux.”

Moins d’animaux signifierait bien entendu moins de viande. Nul ne sait vraiment quelle serait l’ampleur de cette diminution. Mais un tel avenir exigerait un ajustement majeur dans nos préférences alimentaires. Les gens devraient manger moins de viande. Nous devrions également accepter de changer le type de viande que nous mangeons. “Vous n’obtiendrez pas de poulets gras à la poitrine développée en leur donnant vos reliefs de repas et en les laissant picorer à la recherche de vers de terre, prévient Garnett. Vous aurez des animaux décharnés.”

Les gens sont-ils vraiment prêts à ne manger qu’une ou deux fois par semaine du bœuf de plein air coûteux et de maigres poulets de basse-cour ? Il est évident que la plupart d’entre nous, aujourd’hui, n’y sont pas disposés et font passer le bas prix de la viande et son abondance avant les préoccupations écologiques. Mais un changement de comportement s’amorce.

Vu la déforestation, l’érosion des sols, la pollution des eaux et les émissions de gaz à effet de serre que l’on connaîtra si la production mondiale de viande continue à augmenter au rythme actuel, certains réduisent déjà leur consommation. Mais la tendance lourde semble être, à l’évidence, de consommer moins de viande, et non de cesser complètement d’en manger.

Ici, la réponse est très facile… Si l’on associe libération de la Terre et libération animale. En effet, l’article est intelligemment tourné : il considère que rien ne changera dans la production, seulement dans la consommation, au sens où moins de « viande » sera consommée.

Et là il inverse le tout en disant que ce changement de consommation doit être « relatif » car la production ne permet pas ce genre de changement.

C’est très intelligent, car plutôt que de mettre l’accent sur la consommation et sa dimension morale, il déplace le terrain vers le « réalisme » de la production.

Il ajoute alors la question des pays pauvres, afin de faire culpabiliser les vegans qui voudraient « imposer » leur modèle au monde entier.

Puis, il explique benoîtement que les changements de comportement ne peuvent qu’être lents, parce que c’est comme cela, parce que les gens sont comme cela, etc.

Sauf que justement, là la libération de la Terre intervient. Par exemple, il est ridicule d’affirmer que sans l’élevage, il n’y aura plus de fumier, alors que les humains pourraient tout à fait utiliser leurs propres excréments !

De la même manière, la planète propose bien des alternatives au cuir et à la laine… En fait, les alternatives existent, si on accepte de changer tout le modèle ! Car c’est tout le modèle qu’il faut changer, la couse au profit aux dépens de la planète, il faut y mettre un terme. La folie productrice criminelle doit stopper, la planète doit redevenir bleue et verte.

Là, l’article en question vise à freiner cette nécessité d’un changement complet. C’est un signe de la tendance de fond : la libération animale et la libération de la Terre sont incontournables!